CHAPITRE 11

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Le petit groupe de globe-trotteur, entama la dernière partie de leur voyage en Egypte, par la visite de la ville de Sohag. Ils visitèrent le monastère rouge, puis le monastère blanc, le temple d’Akhmîm, le temple d’Abydos et enfin s’arrêtèrent pour admirer la statue de Méytamon. Ils dinèrent dans un petit restaurant puis gagnèrent leur hôtel pour y passer une bonne nuit de sommeil bien mérité.

Leur prochaine étape, Mallawi, n’étant pas une ville très fournie en visite, ils s’octroyèrent une petite grasse matinée et prirent leur temps pour se préparer avant de prendre la route. Ils arrivèrent pour déjeuner à la terrasse d’un petit restaurant dans le centre de la ville. Il faisait très chaud ce jour-là alors ils préférèrent se mettre au frais au musée de Mallawi puis à leur hôtel. Les hommes passèrent un bon moment à boire un verre au bar tandis que les femmes faisaient un peu de shopping dans la boutique de l’hôtel climatisé. Ils se retrouvèrent ensuite dans la salle de restaurant avant de regagner leurs chambres respectives jusqu’au lendemain matin.

L’humeur de Marco était en dent de scie. Un jour il était adorable et le lendemain infernal, mais seulement avec Sylvia. Il suffisait qu’elle ne lui prête pas l’attention qu’il demandait pour que ça le contrarie et ce jour-là était un mauvais jour. Il ignora complètement sa compagne durant tout le trajet jusqu’à Al-Minya. Il refusa d’être pris en photo parmi les vestiges du temple de Ramsès II et resta à l’extérieur de la basilique prétextant qu’il en avait marre de visiter des lieux de culte. Ils modifièrent alors leur programme et au lieu de visiter le monastère et les basiliques, firent le palais datant des années dix-neuf-cent-trente et l’agora grecque authentique. Le soir dans leur chambre d’hôtel, Sylvia lui demanda la raison de son humeur de chien car elle ne comprenait pas ce qui avait bien pu le rendre comme ça.

- Mais tout va bien. Je ne suis pas de mauvaise humeur, c’est toi qui me casses les couilles avec tes visites à la con. Ras-le-bol de voir continuellement les même vieilles pierres, les mêmes monuments et puis je n’en peux plus de cette chaleur. Tu aurais pu choisir une autre destination.

- C’est ce pays que j’avais envie de visiter et puis je te rappelle que j’avais déjà réservé mon voyage avant que l’on se mette ensemble. Je ne t’ai jamais obligé à venir.

- Parce que tu crois que j’avais le choix ? Je n’allais pas te laisser prendre du bon temps alors que moi je serais resté en France tout seul comme un con.

- Allez, vois le bon côté des choses. On fait des découvertes fantastiques, on rencontre des gens d’une autre culture, on goûte des plats dont on ne se doutait même pas l’existence et on passe du temps tous les deux, dit-elle en venant se blottir contre lui pour lui faire passer son air ronchon. Et puis il en reste plus que quatre jours avant que l’on reprenne l’avion pour rentrer chez nous.

- Je ne peux pas changer nos billets de toute façon, alors je suis obligé de supporter vos conneries, mais ne m’en demande pas plus.

- Merci.

Elle l’embrassa et ils allèrent se coucher, mais Marco lui tourna le dos et s’endormi immédiatement sans même lui souhaiter bonne nuit.

Au réveil, Marco était légèrement de meilleure humeur, mais resta un peu à l’écart de ses compagnons. Il ne décrocha pas un mot sur la route vers Beni Suef. Lors de la visite du musée comme celle de la pyramide de Meïdoum, il resta en arrière et refusa de poser pour les photos. Sylvia n’insista pas, ça ne servait à rien de le forcer au risque de le mettre en colère. Comme la veille, ce soir-là, Marco se coucha sans même se préoccuper de sa compagne.

Il ne leur restait plus que deux jours de visite avant de rentrer en France. Sylvia était ravie de rentrer et en même temps déçue que ce merveilleux voyage se termine. L’Egypte est un pays mystérieux, fascinant et imprévisible.

Le Caire, capitale du pays. Il y avait beaucoup de musée, de palais et de lieux religieux dans cette ville alors pour ne pas se lasser, ils décidèrent de faire les pyramides de Gizeh, le musée d’art copte et le palais Mamelouk. Marco était toujours d’humeur égale à la veille. Au moins, il ne râlait pas et ne faisait pas de réflexions désobligeantes.

La dernière journée était consacrée à la ville d’Alexandrie. C’est le port principal du pays au célèbre phare. Sylvia aurait aimé visiter la bibliothèque qui fût recréée à la suite de sa destruction au septième siècle, sur ordre du calife Omar, mais ils n’avaient pas assez de temps. Alors il se baladèrent dans la citadelle de Qaitbay et le palais Montazah et ses jardins. Ils passèrent la nuit sur place et regagnèrent le Caire le lendemain pour prendre l’avion du retour.

Voilà, l’avion venait de décoller. Fini les vacances, fini ce beau voyage, fini le rêve. Marco était de meilleure humeur, presque joyeux même. Il discutait avec Raphaël et était redevenu le Marco tendre et amoureux. Sylvia pensa qu’effectivement, trois semaines ça avait été trop long pour lui, pour un premier voyage à quatre. Le vol se déroula dans une ambiance détendue et ils furent étonnés lorsque le haut-parleur annonça l’atterrissage, tant le temps leur avait paru passer rapidement.

Marco et Sylvia venait d’arriver dans l’appartement de cette dernière. Ils déposèrent leurs sacs dans l’entrée et il alla s’écrouler dans le canapé.

- Ahhhhh ! Enfin débarrassé de ces boulets.

- Quoi ? S’étouffa presque Sylvia. De qui tu parles ?

- Bah de tes potes. Non sérieux ils sont trop chiants.

- Je croyais que tu appréciais Raphaël et Virginie.

- Tu rigoles ou quoi ? Ils sont gnangnan et ils ne savent pas s’amuser. Ah non vraiment ce voyage ça a été une torture.

Sylvia en resta sans voix. Elle n’en revenait pas de ce qu’elle entendait. Il avait joué la comédie durant ces trois semaines. Elle comprenait mieux désormais, ses accès de colère lorsqu’ils se retrouvaient seuls. Il avait besoin d’évacuer sa frustration et son mécontentement.

- Mais pourquoi tu ne m’as rien dit. On se serait arrangé pour se séparer de temps en temps et faire les visites en couple.

- Pour que je passe pour le mec chiant et jaloux qui casse l’ambiance. Tu aurais dû voir que je n’étais pas bien, mais tu étais trop occupée à t’éclater avec tes amis.

- Je suis désolée. Je pensais que tu t’amusais.

Il regarda son téléphone, tapa un message avant de le ranger dans sa poche tout en se dirigeant vers la porte d’entrée.

- Je sors voir mes potes avec eux au moins je vais me changer les idées.

- Mais Marco, on vient à peine de rentrer…

- Et alors. Ça fait trois semaines que je ne les ai pas vu, tu ne vas pas me prendre la tête.

Il claqua la porte derrière lui, laissant Sylvia en plein milieu du salon, hébétée. Elle ne comprenait plus rien au changement radical de comportement de son compagnon. C’était vrai qu’en Egypte il a eu des moments où il n’était pas bien, surtout la dernière semaine, mais elle ne pensait pas que c’était à ce point-là. Elle comprenait, qu’il ait besoin de sortir retrouver ses copains et prendre l’air.

Elle rangea leurs affaires et se prépara à diner. Marco mangerait surement à l’extérieur et ne rentrerait que tard dans la nuit voir demain matin. Lorsqu’il était avec sa bande, il ne voyait pas le temps passer. Elle l’avait compris et l’acceptait. Elle aussi avait besoin par moment, de sortir avec ses copines ou Raphaël sans qu’il ne soit avec elle. Etre en couple ça n’est pas passer vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble, sept jours sur sept. Pour qu’un couple dure et que l’un n’étouffe pas l’autre, chacun a besoin d’avoir ses moments rien qu’à lui, son jardin secret, ses activités sportives ou autres en dehors du couple. Marco avait l’habitude de sortir dans les bars et les boites de nuit, pourquoi ça changerait maintenant qu’il était avec elle ?

Comme elle le pensait, Marco ne rentra qu’au petit matin. Elle dormait profondément et fût réveillée en sursaut par des bruits provenant du salon. Vu l’odeur d’alcool qui l’entoure et à sa façon de tituber, il avait dû passer toute la nuit dans un bar et bien en profiter. Elle l’aida à se coucher et retourna dans le salon nettoyer les dégâts causés par l’homme qui dormais dans la pièce d’à côté.

Lorsque Marco sorti de son sommeil éthylique, c’était déjà le milieu de l’après-midi et Sylvia était dans le salon à regarder la télévision. Il agit avec elle comme si de rien n’était. Aucune explication, aucune excuse sur son comportement quelques heures auparavant. Pour lui tout était normal. Sylvia n’était pas en colère, seulement déçue et toujours extrêmement choquée par les paroles de Marco concernant Raphaël et Virginie. Elle devait partir pour l’Espagne dans une semaine et décida de laisser de côté cet incident pour profiter à fond de ces moments à deux avant son départ.

Marco reprit le travail le lendemain ce qui laissa à Sylvia toute la liberté de se préparer pour son nouveau travail. Elle alla chez le coiffeur, fit quelques achats de vêtements et de produits d’hygiène, cuisina tout un tas de plats qu’elle congela pour que Marco ne meurt pas de faim en son absence, rangea et nettoya l’appartement à fond.

Tous les soirs, elle attendait que Marco rentre du travail pour passer un petit moment avec lui, mais il était fatigué de sa journée et alla directement se coucher. Elle comprit et ne lui en voulu pas. C’était normal d’être dans cet état après toute une journée à servir les clients et puis vue l’heure tardive et la nuit bien avancée, ça n’était pas le moment propice aux échanges. Elle le suivit dans la chambre et se coucha tout contre lui pour au moins profiter de sa chaleur et de son odeur.

Sylvia et Raphaël se retrouvèrent dans un café, dans le milieu de la semaine. Même s’ils venaient de passer trois semaines ensemble, ils avaient besoin de se voir pour parler de leur retour à la vie quotidienne, se remémorer leur voyage et échanger leurs impressions à postériori. Raphaël lui avoua qu’il ne comprenait toujours pas comment elle pouvait être avec un mec comme Marco, mais que si c’était son choix et qu’elle était heureuse, il ferait en sorte d’être conciliant et qu’il tolérerait sa présence.

- Merci mon chéri. Je ne vous demande pas de devenir les meilleurs amis du monde, mais au moins si vous vous supportez c’est déjà ça. Vous êtes les deux hommes qui comptent le plus dans ma vie, enfin trois si on compte Nicolas. Tu sais qu’il me manque toujours autant. J’ai du mal à me le représenter autrement que le nourrisson que je viens de mettre au monde. J’essais de me l’imaginer en croisant un petit garçon d’à peut près du même âge, mais ça n’est vraiment pas pareil que si je l’avais vu grandir.

- Je sais ma chérie. Un jour, je suis sûr que tu le retrouveras.

- Je vis avec ce maigre espoir.

- Tu as parlé de Nicolas à Marco ?

- Non. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que le moment ne s’est pas présenté. Je ne me vois pas en plein milieu du repas ou pendant qu’on regarde un film, lui sortir « tiens au fait chéri, j’ai un fils. Je l’ai eu à dix-sept ans et je l’ai fait adopter ». T’imagine le malaise ?

- Pourtant il faudra que tu lui dises un jour.

- Oui, bien sûr. Bon on peut changer de sujet s’il te plait ?

Sylvia sentit sa gorge se nouer et les larmes lui monter aux yeux. Evoquer son fils était toujours aussi douloureux malgré les années écoulées. Raphaël comprenait et elle espérait que Marco comprendrait également. Même si Nicolas ne ferait peut-être jamais parti de leurs vies, il restait son passé et une partie d’elle-même qu’elle ne pourrait jamais ignorer, ni oublier. Raphaël avait raison, il était temps qu’elle avoue cet épisode avec Marco. Il lui fallait juste trouver le bon moment. Tout à coup, elle devint extrêmement nerveuse. Comment le lui annoncer ? Comment allait-il réagir ? Comment la jugerait-il ensuite ?

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