CHAPITRE 10

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Sylvia était surexcitée, c’était aujourd’hui que débutait leur croisière sur le Nil. Après avoir rendu leur voiture à l’agence de location près de leur hôtel, ils se rendirent à l’embarcadère. Il régnait une telle effervescence sur le port que la jeune femme serra un peu plus fort la main de Marco pour être sûre de ne pas être happée par le flot de la foule des passagers qui se précipitaient vers leur bateau.

Leur embarcation, le Steam Ship Suddan, était un authentique bateau à vapeur construit au début du XXème siècle fût la source d’inspiration de la célèbre auteure de romans policiers, Agatha Christie. C’était à la suite d’une croisière sur cette magnifique construction, qu’elle envoya son célèbre détective, Hercule Poirot, résoudre une nouvelle énigme dans son roman « Mort sur le Nil ».

Ils avaient choisi ce bateau à vapeur, plutôt qu’un bateau de croisière plus luxueux, à cause de son histoire et de son charme. Les photos les avaient séduites, mais ils tombèrent totalement sous le charme en le voyant de leurs propres yeux. Le bateau ressemblait énormément à ceux que l’on pouvait voir voguer sur le Mississipi aux Etats-Unis, hormis la roue centrale qui était moins grande.

L’un des membres d’équipage leur indiqua leur chambre. Sylvia et Marco avaient la suite El Haramlek et Raphaël et Virginie celle juste en face, Affendina. Elle fût émerveillée en découvrant le décor du début du XXème siècle. Le lit en fer à barreaux, les boiseries aux murs, les meubles anciens en bois massif et les vieux fauteuils recouverts de tissus. Un énorme édredon orange recouvrait le lit donnant envie d’aller se blottir en-dessous. Marco balança leurs sacs à dos dans un coin de la chambre. Sylvia était debout devant la fenêtre à admirer la vue sur le fleuve, lorsque deux bras puissants la saisirent par la taille et la jetèrent sur le lit avant que Marco ne vienne recouvrir son corps avec le sien. Il l’embrassa avidement tandis que ses mains commençaient à la déshabiller. Elle posa ses mains au niveau des épaules de son compagnon pour le repousser gentiment.

- Marco, chéri, pas maintenant. J’aimerais être sur le pont lorsque le bateau va quitter le quai.

Il lui saisit violement les poignets et les lui bloqua au-dessus de la tête. Son regard n’était pas tendre, mais dur et impénétrable.

- Ne me dis jamais non, compris, ordonna-t-il juste avant de l’embrasser de nouveau brutalement.

Elle ne dit rien, stupéfaite et laissa Marco lui faire l’amour sans y prendre réellement de plaisir. Cette fois encore, elle eut l’impression qu’il avait besoin d’évacuer son stress ou sa frustration par le sexe. Ne voulant pas créer une dispute et gâcher leur voyage, elle n’insista pas et céda au désir de son compagnon. Mais qu’est-ce qui avait bien pu le mettre dans cet état ? Elle ne comprenait pas. Tout allait bien pourtant entre eux et avec leurs amis. Pourquoi paraissait-il en colère ? Peut-être avait-il peur de prendre le bateau, mais n’osait pas l’avouer ? Peut-être avait-elle fait quelque chose de mal sans s’en rendre compte ? Elle décida de chasser ses questions sans réponses, de son esprit et de profiter du moment présent. Marco finirait bien par se calmer et redevenir l’homme souriant et agréable qu’il était habituellement.

Une fois son désir assouvi, il se releva et se rhabilla. Il paraissait un peu plus calme pourtant son ton était cassant lorsqu’il lui dit :

- Bah alors qu’est-ce que tu attends ? Je croyais que tu voulais être sur le pont pour le départ. Dépêche-toi.

Stupéfaite, elle s’empressa de remettre ses vêtements et le suivi à l’extérieur. Immédiatement, elle se détendit et oublia tout ce qui venait de se passer dans le cadre merveilleux et apaisant qu’offrait leur lieu de résidence pour la semaine. Ils prirent place dans des fauteuils en rotin, autour d’une table en bois. Des plantes étaient disposées à intervalles réguliers, apportant une note de couleur et de fraicheur parmi tout ce bois sombre.

La sirène retentie plusieurs fois, annonçant leur départ imminent. Sylvia était toute excitée. Elle se releva et s’appuya à la balustrade pour avoir une meilleure vue sur le fleuve. Un léger vent faisait voleter ses cheveux. C’était ça le bonheur. Marco, quant à lui, restait assis et regardait vers la berge, impassible. Il poussa même un profond soupir, comme s’il s’ennuyait. Mais comment pouvait-on s’ennuyer dans un cadre aussi féérique ? Il était de mauvaise humeur et bien tant pis pour lui. Elle, elle comptait bien profiter de cette croisière au maximum.

Virginie et Raphaël les rejoignirent quelques instants plus tard. Ils venaient de faire le tour du bateau, en repérage et pour se familiariser avec leur habitation pour les jours à venir. Virginie donna à Sylvia, un dépliant résumant les activités et les animations proposées tout au long de la traversée. Il y avait également le détail des visites à faire lors de leurs escales. Ils en prirent connaissance ensemble, sauf Marco qui resta en retrait à bouder et se mirent d’accord sur le choix de leurs excursions.

Ils passèrent leur journée à errer sur le bateau, prendre un bain de soleil sur un transat en lisant un livre et le soir ils dinèrent sur le pont tout en regardant le coucher de soleil. C’était féérique.

Au moment d’aller se coucher, Marco était toujours de mauvaise humeur. Lorsqu’elle se glissa sous les draps, elle se rapprocha de lui, se colla contre son dos et l’enserra dans ses bras pour un tendre câlin. Il ne bougea pas d’un poil. Elle l’embrassa dans la nuque.

- Chéri qu’est-ce qui ne va pas ? Tu as été de mauvaise humeur toute la journée, demanda-t-elle doucement.

- Tu me demandes pourquoi je fais la tête ? Non mais tu as vu comment tu t’es comporté avec ce mec ce matin, répondit-il agressif.

- Hein ? Quoi ? Quel mec ? Mais de quoi tu parles ?

- Ce matin quand ce gars nous a conduit à nos chambres, tu n’arrêtais pas de lui sourire et de lui faire tes yeux de biche.

- Non, mais n’importe quoi. Je lui ai souri oui, mais comme je souri à n’importe qui et je ne lui ai pas fait mes yeux de biche, comme tu dis. Tu as mal interprété ce que tu as vu.

- Tu dis que je suis un menteur ? s’énerva-t-il.

- Non, pas du tout, se défendit-elle. En fait tu es en train de me dire que toute la journée, tu as fait la tête parce que tu étais jaloux d’un soi-disant rival alors que ce mec, je n’y ai prêté aucune attention, je ne sais même pas son nom, ni quelle tête il a. Arrête un peu ta parano. Il faudrait que je sois complètement stupide pour draguer un mec sous tes yeux. Et puis pourquoi je voudrais d’un autre homme alors que j’ai un superbe étalon dans mon lit, dit-elle en descendant sa main vers l’entre-jambe de son compagnon.

- Bella arrête, dit-il sans repousser sa main.

- Je n’ai pas envie d’arrêter. Tu sais que tu es mignon et très excitant quand tu boudes, dit-elle en lui mordillant l’oreille puis en déposant des petits baisers dans son cou.

La réaction du corps de Marco fût immédiate. Il ne pouvait pas tricher. Elle senti son membre se raidir sous ses doigts et quelques secondes plus tard, il se retourna vivement et se jeta sur elle pour lui faire l’amour passionnément. Enfin la dispute était finie et ils allaient pouvoir profiter de ces moments exceptionnels dans un pays merveilleux.

Le lendemain, lorsqu’ils se réveillèrent, le bateau avait accosté à Esna. Leur programme de la journée était promenade sur le souk et visite du temple Khoum. Toujours son appareil photo à portée de main, la jeune femme fixa sur la pellicule, toutes ses découvertes. Elle avait déjà une bonne dizaine de bobines pleines dans sa valise, mais en avait prévu encore une bonne quinzaine. Son album photo allait être monstrueusement gros en rentrant en France.

Marco avait retrouvé son sourire et sa bonne humeur. Dès leur descente du bateau il avait passé son bras sur les épaules de sa compagne et ne l’avait retiré qu’à de rares occasions. Cette journée fut assez tranquille, Esna n’étant pas une ville très intéressante touristiquement parlant. Ils regagnèrent le bateau à dix-sept heure, pour un départ trente minutes plus tard en direction de Louxor. Comme la veille, ils dinèrent sur le pont en regardant le soleil se coucher sur le fleuve.

Louxor. Ils feraient une autre escale dans cette ville à la fin du voyage, ce qui leur permis de diviser leurs visites en deux parties. Pour ce premier jour, ils choisirent de découvrir le temple d’Abu Simbel, celui d’Amon ainsi que le musée de la momification. Le bateau devait reprendre la navigation à dix-huit heure en direction de Qena.

Qena. Ils visitèrent le temple Dendérah. Ce temple dédié à la Déesse Hathor est recouvert du sol au plafond, en passant par les colonnes, de hiéroglyphes et de portraits gravés dans la pierre. C’était impressionnant. Sylvia ne savait plus où regarder. C’était à en avoir le vertige. Ensuite ils explorèrent les ruines de la mosquée puis se baladèrent dans la ville réputée pour ses poteries. Le soir venu, ils regagnèrent le bateau pour un dernier voyage sur ce fleuve magnifique. Leur terminus était Louxor. Ils étaient à la fois impatients de poursuivre leur découverte de cette ville et en même temps nostalgique. Encore deux jours et leur croisière prendrait fin.

C’est avec plaisir qu’ils s’éveillèrent sur les quais de Louxor. Ils prirent leur petit déjeuner sur le pont, face à la ville en effervescence. Ce jour-là ils avaient programmé une excursion dans la vallée des rois. En rentrant ils feraient un détour par les colosses de Memnon et finiraient leur journée au musée de Louxor avant de rentrée passer leur dernière nuit sur le Steam Ship Suddan. L’équipage avaient organisé une soirée dansante, dans le grand salon, après le diner. Cette soirée fut source d’un nouveau désaccord entre Marco qui ne voulait pas s’y rendre et Sylvia qui mourrait d’envie d’aller danser et de s’éclater. Elle réussit à le convaincre en lui promettant tout un tas de petites choses coquines. Ensuite ce fut le choix de sa tenue qui le rendit de mauvaise humeur. La robe qu’elle avait choisie était trop décolletée et trop courte. Elle se changea et opta pour une longue robe au décolletée moins plongeant. Enfin satisfait, Marco la suivie jusque dans la salon où la soirée avait déjà commencé. Dès son entrée dans la pièce, Virginie se précipita vers elle et l’entraina immédiatement sur la piste de danse. Marco s’installa au bar et ne quitta pas sa compagne des yeux. A plusieurs reprises, des hommes invitèrent Sylvia à danser, mais elle refusa après avoir jeté un oeil en direction de Marco qui la fusillait du regard. Elle remarqua qu’il faisait un gros effort pour contrôler sa jalousie lorsqu’elle s’octroya le droit de se trémousser avec Raphaël. Elle savait qu’elle aurait le droit à une scène dès qu’ils seraient dans leur chambre, mais pour le moment elle mit cette idée de côté et profita de cette dernière soirée sur ce fabuleux bateau.

Effectivement, elle ne s’était pas trompée, à peine eut-elle refermé la porte de leur chambre que Marco laissa éclater sa colère.

- Ça va, tu es contente ? Tu t’es bien pavanée devant tout le monde ? Non mais tu te rends compte pour qui tu me fais passer en t’affichant comme ça avec ce mec, dit-il en pointant un doigt vers la chambre de Raphaël. Tu m’as mis la honte ce soir Sylvia.

- Je t’ai mis la honte ? Tu n’avais qu’à venir danser avec moi au lieu de rester au bar à bouder, d’autres hommes n’auraient pas cherché à m’inviter.

- Alors maintenant ça va être de ma faute si madame est volage.

- Ah parce que danser avec un autre homme que toi, c’est être volage maintenant. Il faut vraiment que tu arrêtes avec ta jalousie maladive. Si tu ne fais pas d’efforts pour te contrôler, je t’assure que je vais finir par te quitter.

Il se jeta sur elle, la plaqua violement contre le mur, l’une de ses mains emprisonnant le menton de la jeune femme, les doigts autour de sa bouche faisant ressortir ses lèvres et son autre main apposée sur le mur tout proche de sa tête. Le regard de Marco était froid et son visage déformé par la colère, terriblement effrayant. Sylvia devint livide et se mit à trembler de peur.

- Jamais tu ne me quitteras tu entends ? JAMAIS, cracha-t-il, parce que tu es à moi et sans moi tu n’es rien.

La jeune femme n’osa plus bouger, ni répliquer. Elle avait peur qu’il ne devienne violent si elle s’opposait de nouveau à lui. Alors elle resta muette et attendit. Qu’allait-il faire ? Ses yeux ne quittaient pas ceux de Marco. Tout à coup le regard de celui-ci changea, se radoucit et elle put même y lire de la douleur, de la détresse.

- N’est-ce pas Bella, dit-il d’une voix implorante, tu ne me quitteras pas, hein ? Je t’aime et je serais perdu sans toi. Dis-moi que tu ne me laisseras jamais, dis-le moi.

- Je ne te quitterais jamais, murmura-t-elle les joues baignées de larmes, peinée de le voir soudainement si malheureux.

Ayant obtenu ce qu’il voulait, il l’embrassa fougueusement, la plaquant encore plus contre le mur, lui coupant presque la respiration. Sa main avait relâché le visage de la jeune femme pour descendre vers le haut de sa cuisse. Il remonta sa robe et la saisit par les hanches, l’obligeant à passer ses jambes autour de sa taille. Il était impatient et brutal comme à chaque fois qu’il avait besoin de laisser s’exprimer sa colère. Elle s’accrocha à son cou pour ne pas perdre l’équilibre et savoura cet instant où il était de nouveau totalement avec elle et en elle. Plus rien d’autre ne comptait que cette communion entre eux.

Sylvia eut du mal à se réveiller. Ils avaient fait l’amour à plusieurs reprises cette nuit-là. Marco avait été comme possédé par le démon du sexe et semblait ne jamais être rassasié. Il en voulait toujours plus jusqu’à ce qu’il finisse enfin par s’endormir au petit matin. Elle regarda sa montre et sauta du lit lorsqu’elle s’aperçut qu’il était déjà 8h30. Ils avaient rendez-vous avec Raphaël et Virginie à 9h00. Elle s’empressa de réveiller Marco. Un peu grincheux, à cause du manque de sommeil, il se prépara en trainant les pieds tandis que Sylvia finissait de ranger leurs affaires avant de quitter définitivement leur cabine.

C’est avec dix minutes de retard, qu’ils retrouvèrent leurs amis sur le quai. Ils avaient mis à profit cette attente pour aller louer une voiture. Aujourd’hui ils avaient prévu de visiter Thèbes aux cent portes, La cité des morts, le Médinet Habou et le Ramesseum et finiraient enfin la journée dans un restaurant au centre de Louxor.

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