CHAPITRE 9

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Ils se retrouvèrent tous, le lundi matin à l’aéroport de Biarritz. Leur voyage se ferait en plusieurs étapes. Les avions en partance de Biarritz ne faisaient que les vols intérieurs. Ils devaient donc prendre un vol pour se rendre sur Paris Charles De Gaulle d’où ils prendraient une correspondance pour Le Caire en Egypte. Ils avaient pour neuf heure de voyage en tout, y compris le temps d’attente pour la correspondance à Paris. C’était un long voyage, ils prirent leur repas dans l’avion, ils dormirent ou regardèrent des films pour que le temps passe plus vite et le vol se passa sans encombre.

En sortant de l’aéroport, après avoir récupéré leurs sacs à dos, ils eurent presque le souffle coupé par la différence de température entre le bâtiment climatisé et les trente-deux degrés qui régnait à l’extérieur. Leurs yeux mirent quelques secondes à s’habituer à la forte lumière du soleil. Sylvia observa quelques instants avec admiration, la vie remuante et bruyante de la capitale. Marco lui prit la main et la guida vers l’agence de location de voiture.

Ils prirent un véhicule pour rejoindre Assouan le point de départ de la croisière sur le Nil. Ils avaient prévu de ne pas faire la route d’une traite, mais sur une semaine. Pendant ces quelques jours dans le désert, ils avaient prévu de visiter plusieurs villes étapes dans lesquels ils s’arrêteraient pour passer la nuit à l’hôtel. Vu l’heure et à cause de la fatigue du voyage, ils trouvèrent un hôtel à proximité et s’y installèrent. Ils débuteraient leur périple dès le lendemain matin.

Leur première étape se fit à Medinet El-Fayoum. Ils y arrivèrent en milieu de matinée, déposèrent leurs affaires à l’hôtel avant de se rendre sans plus attendre sur le grand bazar et le marché. Sylvia, son appareil photo en bandoulière autour du son cou, mitraillait tout ce qu’elle voyait pour garder un souvenir en images, de tout ce qu’elle voyait. Ils ne s’arrêtèrent pas pour déjeuner, mais goûtèrent à droite et à gauche les spécialités qui leur faisaient envies : des koftas (saucisses de viandes, oignons et épices), des fruits et légumes frais, des dattes et plusieurs autres curiosités culinaires. Les estomacs bien remplis, ils allèrent visiter les bains et l’extérieur de la mosquée Qait Bay. Les femmes n’étant pas admises dans l’enceinte du lieu de culte, ils n’en explorèrent que les alentours. Marco ne lâcha pas Sylvia d’une semelle et dès qu’un homme la détaillait un peu trop, il s’empressait de passer un bras autour du cou de sa compagne pour bien faire comprendre à l’individu, qu’elle était déjà prise et qu’il n’avait pas intérêt à insister. Sylvia ne remarqua pas ce petit manège, absorbée dans sa contemplation de la ville et de ses merveilles. Ce soir-là, ils dinèrent à l’hôtel et se couchèrent tôt, totalement épuisés, mais la tête remplie de belles découvertes. Leur première journée à quatre s’était très bien passée, Sylvia était heureuse. L’animosité entre les deux hommes, avait disparu. Ils n’étaient les meilleurs amis du monde, mais ils se toléraient et c’était un bon présage pour la suite.

Le deuxième jour, ils prirent la route de bonne heure pour El Bawiti, dans l’Oasis d’Al- Bahariya. Il faisait déjà chaud, mais heureusement leur voiture était équipée de la clim. Marco avait pris le volant, Raphaël à ses côtés pour lui indiquer le chemin et les filles à l’arrière. L’ambiance était bonne et légère. Ils déjeunèrent dans un petit restaurant puis divaguèrent dans les rues de la ville. L’architecture était complètement différente de ce qu’ils pouvaient voir en France. Les maisons en pierre et en terre étaient naturellement climatisées et leur couleur se confondait avec la teinte du sable. Les palmiers dattiers offraient des espaces de verdure dont la fraîcheur agréable, contrastait avec la chaleur étouffante du désert.

En fin de journée, ils se présentèrent au chamelier qui les intégra dans la caravane qui partait peu de temps après pour leur campement de nuit en plein désert. Sylvia était impressionnée par la taille de ces animaux si fascinants et si impressionnants à la fois. Pour surmonter sa crainte, elle décida d’avoir un premier contact avec lui en le caressant d’abord au niveau du flan, puis elle remonta vers son long cou. Très docile, il se laissa faire. Elle sursauta et recula vivement de quelques pas lorsqu’il tourna la tête vers elle, mais constatant qu’il n’était nullement agressif, elle s’approcha de nouveau et recommença à le caresser. Plus en confiance, mais avec tout de même un peu d’appréhension, elle monta sur le dos de l’animal avec l’aide de Marco et du chamelier, Ali. C’était bizarre, impressionnant de se retrouver à cette hauteur et de se sentir aussi instable. C’était comme si à chaque pas, elle allait se retrouver la tête la première dans le sable. Au bout d’un moment la peur fit place au plaisir et à l’émerveillement du paysage qui l’entourait.

Quelques kilomètres plus tard, ils découvrirent le campement dans lequel ils allaient passer la nuit. Leurs couchettes étaient de simples tapis posés à même le sable. Pour qu’ils ne prennent pas froid la nuit, des duvets étaient mis à leur disposition et de grands paravents de tissus aux arabesques multicolores formaient un U autour d’eux pour les protéger du vent. Lorsque les températures baissèrent, Ali alluma un feu de camps, leur prépara du thé qu’ils dégustèrent accompagné de viande de poule, de riz, de pita et de soupe. Dans le désert, l’absence des lumières de la ville leur permis de découvrir la beauté d’un ciel étoilé. Raphaël et Sylvia s’allongèrent dans le sable, l’un à côté de l’autre et s’amusèrent à trouver la grande et la petite ourse et les différentes constellations qu’ils connaissaient. Cette proximité ne plut pas à Marco :

- Sylvia, dit-il d’un ton sec, il est tard. On devrait aller se coucher.

- Vas-y si tu veux, je vais rester encore un moment à regarder les étoiles.

- Non tu viens, répondit-il d’un ton implacable.

Raphaël voulu intervenir mais elle l’arrêta d’un geste. Elle se leva en soupirant et le rejoignit dans leur abri nocturne. Elle était contrariée et lorsqu’il se rapprocha d’elle pour la prendre dans ses bras, elle se recula.

- Bella qu’est-ce qu’il y a.

- Tu n’avais pas à me parler sur ce ton. On ne faisait rien de mal avec Raph, on regardait simplement les étoiles.

- Tu sais que je n’aime pas quand il est aussi proche de toi.

- Bon sang, quand vas-tu avoir enfin confiance en moi ? Je te l’ai dit je ne sais combien de fois qu’il n’y a plus rien entre nous qu’une profonde amitié. C’est toi que j’aime et tu n’as rien à craindre.

- C’est que… tu es tellement belle que je n’aime pas qu’un autre homme que moi n’en profite.

- C’est avec toi que je suis et avec personne d’autre. Je ne regarde aucun homme à part toi. Tu n’as absolument rien à craindre et surtout pas de la part de Raph.

- J’espère bien car sinon vous le regretteriez, dit-il avant de l’embrasser avec la même brutalité que celle qu’elle avait ressentie dans le son de sa voix.

Ils s’endormirent étroitement enlacés, dans le silence le plus total.

Ils se réveillèrent aux aurores et purent admirer le lever du soleil dans ce paysage absolument unique et merveilleux. Après un rapide petite déjeuner, ils remontèrent sur les chameaux et regagnèrent El Bawiti. Après avoir récupéré leur voiture, ils prirent la route pour l’Oasis Al Farafra. L’environnement était totalement différent de l’oasis précédent. Ici ils purent observer les stalactites et les peintures rupestres préhistoriques de la grotte de Jara, les sources, les marécages et bien sûr la très belle citadelle. Marco avait trouvé un nouveau stratagème pour éloigner Raphaël de Sylvia : il avait décidé de faire de son compagnon de voyage, son meilleur ami pour le plus grand plaisir de Sylvia, reléguant les deux femmes entre elles derrière eux.

- Dites donc les gars, ça ne vous gêne pas trop de nous laisser à l’arrière ? protesta gentiment Virginie.

- On est dans un pays musulman. Ici les hommes et les femmes ne se promènent pas ensemble. Soyez déjà heureuses qu’on vous laisse nous approcher de si près, dit-il en se pavanant comme un coq.

- Eyh ! On n’est pas musulman nous.

- Peut-être, mais « quand on est à Rome, il faut vivre comme les Romains », répondit Marco avec un sourire taquin.

Les deux hommes de tapèrent dans les mains et éclatèrent de rire. Ce soir-là, alors que Sylvia tentait de trouver le sommeil, elle entendit Raphaël et Virginie se disputer dans la chambre voisine. Elle devina aisément le motif de cette scène de ménage et ça lui fit mal au cœur de les entendre ainsi se déchirer à cause du comportement blagueur de Marco.

Au petit déjeuner le lendemain matin, la relation entre Virginie et Raphaël était tendue. La nuit n’avait visiblement pas apaisé leur conflit. Raphaël ignorait clairement Virginie qui faisait la tête et préféra aller déjeuner et rire avec son nouveau pote plutôt que d’essayer de se réconcilier avec sa femme. Sylvia décida de parler avec elle.

- Je vous ai entendu vous disputer hier soir. Allez ne le prend pas comme ça, c’est plutôt sympa qu’ils s’entendent aussi bien au lieu de se tirer dans les pattes.

- Oh ça ne me dérange pas qu’ils soient devenus copains, ce qui me dérange c’est le changement de comportement de Raphaël surtout envers moi. Depuis qu’il traine avec ton mec, il est de plus en plus macho, directif et je n’aime pas du tout ça.

- Oh !

- Ne le prends pas mal, hein ! Si toi tu supportes ce genre d’homme et si ça fonctionne entre vous tant mieux, mais moi, je préférais le Raphaël d’avant.

- Je vois. Je pense que ça n’est que passager, ça doit être l’effet « vacances ». Une fois revenu en France, il redeviendra l’homme que tu as connu et que tu aimes.

- Je l’espère.

- Allez en attendant, on va profiter de ce merveilleux pays. Puisque ces messieurs veulent s’amuser entre eux et bien on va en faire de même et s’éclater entre nana, ok ?

- Tu as raison. Je ne vais pas pourrir mes vacances pour ça. Let’s go !

Direction la vielle ville de Mut, dans l’oasis Al Dakhla. La bonne humeur était de retour au sein du petit groupe et durant tout le trajet les filles cassèrent les oreilles de leurs compagnons en chantant à tue-tête leurs tubes préférés. Ils furent de nouveau émerveillés par la diversité des paysages et des richesses de ce pays. Ce jour-là, ils visitèrent les sources thermales de Bir Tarfawi et Bir Al-Gebel, les ruines des villages Al-Qasr et Balat et enfin la vieille ville de Mut où ils passèrent la nuit.

Au petit déjeuner le lendemain matin, Sylvia constata avec plaisir en voyant les mines béates de ses amis, que Raphaël et Virginie s’étaient réconcilier et avaient dû passer une très bonne nuit. Ils entrèrent dans la salle de restaurant étroitement enlacés et un grand sourire aux lèvres. Il leur suffisait de trouver un équilibre. La journée les mecs entre eux à faire les coqs et à rire de leurs blagues machistes et la nuit les couples se retrouvaient et profitaient de leurs moments d’intimité dans ce cadre merveilleux.

C’est dans une ambiance détendue et joyeuse qu’ils gagnèrent l’Oasis de Kharga. Ils firent d’abord un détour pour visiter le temple perse consacré à Amond’hibis avant de se rendre à la forteresse d’ain Um-Dabadib puis ils finirent la journée au musée archéologique.

Le dernier jour de cette première semaine en Egypte, ils se rendirent à Assouan. De là, devait débuter leur croisière de cinq jours et cinq nuits sur le Nil.

La ville d’Assouan construite autour de son barrage, regorgeait de curiosités à découvrir : Le souk où s’étendait, entre-autre, des étals d’épices, de fruits et légumes, de vannerie, de poterie, d’écharpes en laine et de tapis de bédouins. Sylvia fût submergée d’émotion en visitant le mausolée de l’Aga Khan qui du haut de sa colline apparait comme un gardien du Nil et des Felouques qui y voguent paisiblement. En fin de journée ils visitèrent le temple de Philae puis terminèrent leur excursion par une dégustation de poisson frais sur un bateau flottant au son de la musique Nubienne.

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