CHAPITRE 4

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Comme Sylvia le présentait, durant les mois suivants, elle vit Marco repartir du restaurant avec différentes filles et vu que la saison touristique battait son plein, il ne manquait pas d’occasion de faire des rencontres. Même si elle ne supportait pas son machisme et son côté « je sais que je suis beau gosse et que je les fais toutes craquer », Sylvia ne pouvait s’empêcher de ressentir une petite pointe de jalousie à chaque fois qu’elle le croisait avec une fille à son bras.

Sandy ne semblait pas en être affectée et tant mieux. Elle avait dit vrai, cette relation ne comptait pas à ses yeux. Ils s’amusaient l’un avec l’autre, sans ambigüité, sans conséquences. Sylvia en fût soulagée pour sa jeune collègue. Elle ne savait que trop bien à quel point une relation pouvait changer une vie.

Fin Août le restaurant eu une réservation pour tout un car de touristes Espagnols. Un tiers de la salle de restaurant fût réservée juste pour ce groupe et André monopolisa trois serveurs, dont Sylvia, juste pour eux. Il n’y avait que les deux guides qui parlaient Français, tout le reste du groupe était exclusivement hispanophone. Sylvia très à l’aise avec cette langue, vient en renfort des guides comme traductrice. Ce qu’elle ne savait pas c’était que le directeur de l’agence de tourisme Espagnole faisait également parti du voyage. Sylvia lui fit grande impression, si bien qu’à la fin du repas il demanda à lui parler. Ils allèrent s’installer au bar.

- Señorita, tout d’abord je me présente Pedro SANCHEZ, je suis le directeur de l’agence de voyage qui organise cette excursion.

- Enchantée Mr SANCHEZ, répondit-elle intriguée.

- Je vous ai observé durant tout le déjeuner et j’ai été impressionné par l’aisance avec laquelle vous parlez notre langue. Vous avez des origines Espagnoles ?

- Non pas du tout. J’ai juste beaucoup de facilité dans les langues étrangères. Je suis trilingue en fait : Français, Anglais et Espagnol. Depuis deux ans, je prends également des cours d’Italien et de Néerlandais vu que nous avons beaucoup de touristes venant de ces pays-là.

- Vous m’impressionnez encore plus, dit-il avec un sifflement d’admiration.

- Merci, mais que me voulez-vous ?

- Voilà, j’aimerais vous proposer un poste comme guide touristique. Je ne peux pas passer à côté d’une perle comme vous. Hormis vos compétences linguistiques, vous avez un excellent relationnel avec la clientèle, vous êtes pétillantes, consciencieuse, attentive aux besoins des autres, souriante et je dois avouer que vous êtes très jolie, dit-il avec un grand sourire.

- Merci pour les compliments. J’avoue je suis un peu déboussolée. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je… Je ne sais pas quoi vous répondre.

- Vous aurez un salaire très confortable, je peux vous aider à trouver un logement et vous aurez une période de formation gratuite d’un mois. C’est l’occasion pour vous de voyager. Nous avons plusieurs circuits dans toute l’Europe et l’Afrique du Nord.

- C’est… c’est incroyable…c’est comme un rêve qui se réalise. Je dois vous avouez que j’avais envisagé de faire des études de tourisme après le lycée, mais j’ai dû y renoncer. J’ai de la peine à croire que vous m’offrez une telle opportunité. C’est… c’est inimaginable.

- Ecoutez, je dois repartir, je ne peux pas retarder plus longtemps le départ du bus. Je vous donne ma carte, dit-il en lui tendant un petit carton, vous réfléchissez et vous me rappelez dans quelques jours.

- D’accord, dit-elle toute chamboulée. Je vous appellerais sans faute. Merci beaucoup Mr SANCHEZ.

- J’espère sincèrement que vous accepterez. A très bientôt señorita.

- A bientôt Mr SANCHEZ. Encore merci pour votre offre.

Ils se serrèrent la main, puis Pedro SANCHEZ rejoignit le groupe de touristes qui n’attendait que lui pour reprendre la route.

Sylvia s’était rassise au bar, abasourdie. Elle fixait la carte de visite qu’elle avait entre les mains, sans vraiment la voir. Elle n’arrivait pas à y croire. Sans même la connaitre, cet homme lui offrait une opportunité en or de réaliser son rêve.

Elle n’avait pas prêté attention à Marco qui était derrière le bar et avait écouté la conversation discrètement, tout en travaillant.

- Qu’est-ce que tu vas faire Bella ?

- Je ne sais pas encore, répondit-elle tout en réfléchissant.

- Je n’ai pas envie que tu partes, dit-il avec un regard de chien battu.

- C’est une opportunité en or. Il faut vraiment que je pèse le pour et le contre. Je vais en discuter avec Raphaël.

- C’est ton petit ami ? Demanda-t-il le visage fermé et les sourcils froncés.

- Ça ne te regarde pas, répondit-elle agacée.

- C’est le gars contre qui tu jouais au billard l’autre jour ?

- Mais de quoi tu te mêles ? répondit-elle en s’éloignant.

Marco contourna le comptoir et la rattrapa par le bras.

- Réponds-moi, c’était le gars de l’autre jour au bar ? dit-il d’un ton autoritaire.

- Lâche-moi, tu me fais mal, dit-elle en essayant de dégager son bras de l’étreinte de Marco.

- Oh pardon Bella, je ne voulais pas te faire mal, dit-il en la relâchant immédiatement.

Il venait de se rendre compte de ce qu’il faisait et son visage changea d’expression. Il avait vraiment l’air désolé et mal.

- Je…Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Ça me met la rage de te savoir avec ce gars. Il n’est pas fait pour toi.

- Tu n’as pas à connaitre les détails de ma vie privée et ça n’est pas à toi de me dire avec qui je dois sortir.

Elle tourna de nouveau les talons et sorti sur la terrasse du restaurant. Marco la suivi, bien décidé à poursuivre cette conversation.

- Bella, ne sois pas fâchée s’il te plait.

- Je ne suis pas fâchée. Je trouve juste que tu vas trop loin. Tu ne me connais pas, tu ne connais pas Raphaël et tu te permets de juger notre relation sans en connaitre les tenants et les aboutissants. Comment peux-tu te permettre de dire qu’il n’est pas l’homme qu’il me faut alors que tu ne sais rien de nous ? Oh et puis cette conversation est inutile, dit-elle en soupirant.

- C’est vrai je ne vous connais pas, mais je ne demande que ça, de te connaitre, dit-il en lui prenant les mains.

Elle ne retira pas ses mains des siennes et le regarda droit dans les yeux, attendant la suite de sa révélation.

- Je ne sais pas si c’est vraiment sérieux avec ce mec, mais je veux que tu saches que je suis très attiré par toi. J’aimerais que l’on sorte boire un verre et puis on verra ce qui se passera par la suite. Ça te dit ?

- Je ne sais pas trop. Je ne suis pas ce genre de fille.

- Quel genre ?

- Juste une histoire d’un soir, comme Sandy ou toutes les autres avec lesquelles je t’ai vu repartir le soir ces dernières semaines.

- C’est vrai que j’aime m’amuser et profiter de la vie, mais toi c’est différent. Tu m’as profondément touché là, dans mon cœur et je n’avais jamais ressenti ça avant, dit-il en posant la main de la jeune femme sur son torse au niveau de son cœur.

- Pourquoi me le dire maintenant ? Pourquoi ne pas m’avoir dit ce que tu ressentais avant ?

- Je ne sais pas. Peut-être que c’est la peur de te voir partir pour ce poste que l’on te propose en Espagne qui m’a fait ressentir l’urgence de t’avouer mes sentiments.

Sylvia était troublée par la révélation de Marco et elle ne savait plus très bien ce qu’elle devait faire et quoi penser. Elle aurait voulu le croire, mais elle doutait de la véracité de ses sentiments. S’il était aussi attiré par elle qu’il le disait, pourquoi être sorti avec toutes ses femmes ? Et pourquoi ne pas le lui avoir dit avant ? Elle décida d’accepter sa proposition à sortir pour en avoir le cœur net.

- J’accepte de sortir boire un verre avec toi, ainsi nous pourrons faire plus ample connaissance.

- Ton mec ne va rien dire que tu sortes boire un verre avec un autre ?

- Non Raphaël ne dira rien.

Elle ne voulait pas lui révéler tout de suite la vraie nature de sa relation avec Raphaël. Elle voulait se laisser une porte de sortie au cas où leur tête à tête se passerait mal. Elle lui révèlerait la vérité lorsqu’elle serait sûre qu’elle puisse lui faire confiance.

- Super alors ce soir ça te va ?

- Oui, très bien.

- Merci de me donner une chance Bella, dit-il avant de déposer un baiser sur sa joue.

Il retourna à son poste derrière le bar, laissant une Sylvia émue sur la terrasse. Elle mit quelques secondes à reprendre ses esprits puis repris son travail. Comment se faisait-il qu’elle puisse être autant chamboulée par un simple baisé amical d’un homme qui l’agaçait autant ? Elle avait le cœur qui battait la chamade, les mains moites et des papillons dans le ventre. Elle se sentait comme une collégienne qui venait d’accepter son premier rencard.

A sa pause, Sylvia téléphona à Raphaël.

- Salut ma chérie, comment vas-tu ?

- Salut mon chéri. Ça va et toi ?

- Beaucoup de boulot, je ne vois pas le temps passer. On ne fait que se croiser avec Virginie, c’est chaud. Vivement la fin de la saison.

- Ouais je te comprends, c’est pareil ici. Dis-moi, j’ai besoin de te voir pour te parler d’un truc, tu crois que tu peux arriver caler un petit moment pour moi dans ton emploi du temps de ministre ?

- Pour toi ma chérie, je trouverais toujours un moment. Ce soir, je ne travaille pas, on peut se voir après ton boulot.

- Ce soir je ne peux pas, j’ai un rendez-vous.

- Ah ? Avec qui ?

- Avec Marco, le barman du boulot.

- Je croyais que tu ne pouvais pas le voir ?

- Ouais, je ne sais même pas pourquoi j’ai accepté. Il me faisait de la peine avec son regard de chien battu, alors j’ai cédé. On verra bien ce que ça donne.

- Tu me raconteras ?

- Oui ne t’en fais pas. Bon alors qu’en est-ce qu’on peut se voir ?

- Lundi je suis en repos.

- Moi aussi, on pourrait déjeuner tous les trois avec Virginie ? Comme ça j’aurais son avis aussi.

- Ok ça marche. Va pour lundi midi à la maison, comme ça on sera plus tranquille pour parler.

- Super. Alors à lundi mon chéri. Embrasse ta femme pour moi.

- Bisous ma chérie.

Elle raccrocha, heureuse de cette conversation. A chaque fois qu’elle avait Raphaël au téléphone, il lui faisait oublier tous ses soucis et sa mauvaise humeur. Il était son rayon de soleil, sa bouffée d’oxygène.

Lorsqu’elle se retourna pour rentrer dans le restaurant, elle sursauta en trouvant Marco adossé au mur. Visiblement il avait entendu une partie de la conversation et à sa tête, il y avait quelque chose qui lui avait déplu. Il la toisa d’un œil mauvais alors qu’elle passait devant lui, l’air de rien. Ce n’était pas parce qu’elle avait accepté d’aller boire un verre avec lui, qu’elle devait lui rendre des comptes sur ses appels téléphoniques. Et puis elle n’appréciait pas qu’on l’espionne, alors tant pis s’il avait entendu des choses qui ne lui plaisaient pas.

Le service du soir fût plus tranquille que celui du midi. Les derniers clients partirent à vingt-deux heure trente. Le temps de tout ranger et nettoyer, Sylvia finit à vingt-trois heure quinze. Marco venait de terminer aussi et l’attendait à l’entrée du restaurant. Elle était très nerveuse. Marco lui proposa d’aller boire un verre dans le bar qui se trouvait au bout de la rue, comme ça pas de voiture à prendre et de problème de stationnement. Sylvia trouva que c’était une très bonne idée. Ils marchèrent jusqu’au bar, dans un silence gêné. Ils ne savaient pas ni l’un, ni l’autre, comment entamer la conversation.

Marco lui ouvrit la porte. Ils s’installèrent à une table dans un coin un peu tranquille. Le serveur vint prendre leur commande. Vue l’heure tardive Sylvia opta pour un diabolo menthe et Marco prit une bière.

- Alors comme ça tu es trilingue ? Commença-t-il.

- Oui, j’ai toujours été très douée dans les langues étrangères. Je parle couramment l’Anglais et l’Espagnol et depuis deux ans, j’apprends l’Italien et le Néerlandais.

- Ehhh je pourrais t’aider pour l’Italien, c’est ma langue natale.

- Pourquoi pas. On verra.

- Pourquoi as-tu voulu prendre ces cours ?

- J’aime apprendre. J’adore discuter avec les gens, connaitre d’autres cultures. J’ai choisi le Néerlandais par rapport à la population touristique par ici. L’Italien par contre, c’est plus pour la musicalité de la langue et j’aime beaucoup les langues latines. Je pense qu’ensuite j’apprendrais aussi le Portugais. Ça ne doit pas être bien compliqué lorsque l’on connait déjà l’Espagnol et l’Italien. Ce sont des langues assez proches.

- Moi aussi je suis trilingue, dit-il avec un large sourire.

- Ah bon ? et quelles langues parles-tu ? demanda Sylvia intriguée.

- Je parle l’Italien, ma langue natale, le Français et aussi le langage de l’amour, dit-il en lui prenant la main pour y déposer un petit baiser tout en ne la quittant pas des yeux.

Sylvia senti le rouge lui monter aux joues et ne sût pas quoi répondre. Heureusement, le serveur leur apporta leurs consommations, lui permettant de reprendre constance.

- Tu as réfléchi à la proposition du bonhomme de tout à l’heure ? demanda Marco.

- Non pas encore. J’attends d’en parler avec Raphaël et Virginie. Leur avis est très important pour moi. Raphaël est toujours de très bons conseils et il sait ce qui est le mieux pour moi. Il me pousse toujours à réaliser mes rêves, à me dépasser. Il m’aide à repousser mes limites et à m’épanouir. Il est vraiment formidable.

Tout en disant cela, elle vit le visage de Marco changer. Son regard devint dur, il fronça les sourcils et elle vit les muscles de sa mâchoire se contracter. Elle décida de changer de sujet pour détendre l’atmosphère. Elle lui demanda quels étaient ses goûts musicaux. Ils se découvrirent un goût commun pour le R&B, le pop rock et le blues rock. Ils discutèrent jusqu’à la fermeture du bar à une heure du matin, puis regagnèrent leurs voitures garées sur le parking du restaurant.

- Merci pour le verre, dit poliment Sylvia.

- Merci pour la soirée Bella, ce fût très agréable, répondit-il en lui prenant les mains et en se rapprochant d’elle.

Elle recula d’un pas, mais se retrouva plaquée contre la portière de sa voiture. Marco s’approcha un peu plus, jusqu’à ce que leurs deux corps entrent en contact. Leurs yeux ne s’étaient pas lâchés et Marco tenaient toujours les mains de Sylvia dans les siennes. Leurs doigts s’entrelacèrent tandis que Marco se pencha pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Elle ferma les yeux. Tout son corps fût parcouru d’un courant électrique grisant. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas ressenti un tel frisson en embrassant un homme et elle s’aperçue que ça lui avait manqué. Elle lui rendit son baiser. Ses lèvres étaient douces et chaudes et il embrassait divinement bien. Elle regretta presque qu’il y mette fin. Il lui caressa la joue en lui souhaitant une bonne nuit avant de monter dans sa voiture. Sylvia avait l’impression de flotter sur un petit nuage. Elle ne s’attendait absolument pas à une telle réaction de son corps face aux baisers de ce bel étalon. Waouh, c’était incroyable ce qui s’était passé entre eux ce soir. Elle avait du mal à réaliser. Elle s’attendait à ce qu’il essaie de l’embrasser, mais elle fût quand même surprise par son geste le moment venu. Elle n’avait pas eu envie d’y résister. Elle avait, elle aussi, eu envie de ce baiser. Elle l’avait mal jugé au premier abord. C’était un homme agréable, charmant, gentil, plein d’humour et avec qui elle avait pris plaisir à discuter. Certaines de ses réactions l’avait surprise, mais bon personne n’est parfait.

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