63. Le Doyen Pectorius

16 minutes de lecture

Yuki, 16 ans
Adolescente perturbée

Je suis… vivante ? Comment est-ce possible ?

J’ouvre les yeux et je suis entourée de mes Pokémon et Akira qui me tient dans ses bras. Quelques minutes se sont écoulées depuis ma tentative de suicide. Je réalise qu’ils m’ont secouru avant que je ne quitte ce monde. Je ne peux pas parler, ma gorge me fait trop mal à cause de ma bêtise. Akira pleure de rage et ne sait pas quoi me dire pour me remonter le moral. Je me contente de lever faiblement ma main vers son visage, qu’il repousse violemment.

— Comment as-tu osé vouloir t’enlever la vie !? me crie-t-il.

Je réalise qu’il n’est pas seul. Près de nous, un médecin se penche vers moi et prend mon pouls.

— Son rythme cardiaque commence à s’accélérer à nouveau, les premiers soins ont fonctionné, dit-il. Nous devons quand même l’emmener aux urgences et nous assurer que son état ne se détériore pas durant la nuit.

J’ai été réanimée. Je crois que j’ai été inconsciente quelques minutes. Akira connaît la réanimation cardio-pulmonaire pour l’avoir apprise avec moi durant des ateliers de premiers soins, l’an dernier. Je ne pensais pas qu’il allait revenir… J’avais abandonné tout espoir qu’il revienne dans ma vie parce que je n’ai fait que lui mentir ces dernières semaines.

Trois jours après l’incident, je récupère lentement et je peux recommencer à parler graduellement. Ma gorge prendra un certain temps à guérir complètement, mais je m’en remettrai. Akira ne me quitte plus une seconde et a engagé quelqu’un pour s’occuper de nos Pokémon durant qu’il sera occupé avec moi.

Il m’aide à me nettoyer et à me changer, il ne me regarde pas bien entendu. C’est un vrai gentleman, sous ses airs farouches. J’ai décidé d’écrire une lettre plus en détails que la dernière pour lui dire ce qui m’a poussé à vouloir m’enlever la vie. Puis, il m’a passé un stylo et du papier après avoir demandé la permission au docteur qui m’examinait. Il fallait qu’il me surveille de près, parce qu’ils avaient peur que je fasse une rechute et que je me perce les veines avec le stylo.

Je dois leur expliquer que je ne songe plus à me tuer, que c’était une erreur et que je m’en sortirai. Ils ont fini par me faire confiance, puis j’écris tout ce que j’ai à dire dans cette lettre. Lorsque Akira a terminé, il froisse la feuille et la met dans sa poche.

— Je vois, dit-il. Ça explique pourquoi tu t’es comporté comme une imbécile avec tout le monde. La peur t'a fait tellement divaguer que t’en est devenue folle et mythomane.

Je hoche la tête. Je l’avoue : j’ai dépassé les bornes.

— Mais tu dis que tu acceptes de te faire aider par les professionnels, soupire-t-il. Au moins, tu veux faire un effort pour changer…

— J’ai… besoin… de… m’ex… cu… ser, j’exprime faiblement.

— Ne parle pas, dit-il. Laisse ta gorge reposer.

— Es… telle… doit… sa… voir…

— Pour le moment, elle est en vacances à Alola et je ne veux pas que tu la déranges. Lorsque tu te sentiras mieux, j’essaierai d’organiser un truc.

— Elle… m’en… veut… C’est… de… ma faute…

— Bah évidemment qu’elle t’en veut… Elle ne pouvait pas prévoir que tu fuyais un prédateur sexuel depuis tout ce temps. Même si j’avais des doutes. Tu sais que je ne t’aurais pas rejeté si tu m’avais tout dit, hein ?

J’essuie les larmes qui coulent le long de mes joues. Ce bâtard de Shin Morinoko a tout balancé aux journaux, de toute façon. Il ne manquerait plus qu’il ait dévoilé notre histoire à mon père, de quoi lui causer un arrêt cardiaque. Papa n’est pas le citoyen modèle, mais j’y suis très attachée. Je ne veux pas qu’il lui arrive malheur, même si je n’approuve pas ses gestes.

Akira porte des vêtements plutôt décontractés et me regarde de ses yeux sombres. C’est rare que je le vois ainsi, les cheveux attachés en queue de cheval. Normalement, sa frange couvre une partie de son visage. Il caresse la tête de Nymphali, posée sur ses genoux. Celle-ci a dormi à mes pieds durant les trois nuits que j’ai passées à l’hôpital.

Mes parents ont été avertis où je suis et sont en route pour venir me voir depuis Kalos, en avion. Ils ne pourront pas arriver avant la fin de cette semaine, dues aux tempêtes hivernales.

Je dois donc me préparer mentalement afin de leur annoncer pourquoi j’ai pris tant de temps à reprendre contact avec eux. Évidemment, je n’espère pas que tout cela soit joyeux parce que j’ai appris qu’ils sont en plein divorce…

— Tu m’as manquée, dit Akira.

Je me suis demandée pourquoi il me fixait du regard. Voilà pourquoi.

— Je… croyais… que… tu… ne… vou… lais… plus… me… parler… ?

— Tu es folle, mais je suis davantage cinglé que tu ne l’es. C’est bien moi qui préfère la compagnie des Pokémon aux humains, pas vrai ? Je te rappelle que j’ai été élevé dans les rues par Salamèche, Goupix et Zorua.

Je ris un peu et tousse de douleur. Je sais que dans le fond, il est tout aussi paumé que moi dans certaines choses. Ça lui a pris un temps énorme à s’adapter aux humains, parce qu’il n’a jamais été à l’école. Seul son mentor, son père adoptif en fait, a eu le courage et la patience de lui apprendre à lire et écrire. Un brillant scientifique d’après Akira. Malheureusement, cet homme est mort, happé par une voiture. Depuis ce jour, mon ami a une profonde soif de vengeance et de justice.

Akira n’a pas eu une enfance facile, mais il a quand même réussi à se créer une place entre le monde des Pokémon qu’il comprend mieux que quiconque et celui des humains, qu’il craint comme la peste. Je crois que sa souffrance résonne avec la mienne, ce qui fait que nous étions destinés à nous rencontrer tôt ou tard.

J’ai de bonnes raisons d’être aussi folle, mais il ne part pas. Il ne m’abandonnera pas. Il a simplement eu besoin de prendre ses distances quelques jours afin de se remettre les idées en place.

C’est sur un coup de tête qu’il est revenu vers moi, parce qu’il voulait me demander ce qui n’allait pas. Si ce n’était pas de lui, je serais morte à l’heure qu’il est. Enfin, peut-être pas parce mes Pokémon sont sortis de leurs Poké Balls lorsqu’ils ont senti ma détresse et ont fracassé la porte de sortie de la chambre afin d’alerter tout le monde. Je devrais payer pour ce qui a été cassé, mais cela n’a pas d’importance. Ils m’ont sauvé la vie… Cette vie que je ne mérite pas.

— Je… pense… re… tour… ner… à… Kalos… avec… mes… parents… je marmonne en me tournant vers Akira. Je… dois… affon… ter… Shin…

— Yuki, s’il te plaît, repose ta voix.

— Mmpf…

Akira s’inquiète beaucoup pour moi, mais je vais bien… Enfin, mieux qu’il y a trois jours. Je vais pouvoir recommencer à manger des trucs solides à partir de demain, je crois. On va commencer par de la soupe. Ça fait trois jours que je consomme de la purée de pommes de terres et je dois dire que je m’ennuie des sandwichs que me préparaient Akira. Nous sommes tous deux de mauvais cuisiniers, mais ses sandwichs sont excellents.

— Tu n’as pas besoin de répondre par ta voix… Mais d’un signe de tête, est-ce que ça va mieux, maintenant que tu m’as tout révélé dans cette lettre ? me demande-t-il en caressant le dos de Nymphali. Je sais que ça ne va pas tout régler, mais au moins, maintenant, tu parles…

J’hésite un moment à répondre, puis je hoche la tête en clignant les yeux. C’est un lourd poids qu’on m’a enlevé des épaules.

Puisque je ne compte pas rester à Kanto et que je souhaite retourner avec mes parents chez moi, je ne pourrai pas m’adresser à Estelle directement. Je devrais donc me résoudre à lui écrire une lettre et espérer qu’Akira veuille bien la lui lire… si elle refuse de la lire elle-même. Si je peux reprendre des forces et trouver le moyen de la contacter par téléphone, ce serait déjà plus facile… Mais je doute qu’elle désire me reparler après tout ce que je lui ai fait vivre.

— J’ai… be… soin… d’une… autre… feuille… je dis, avant de lever le stylo.

Akira comprend et dépose Nymphali à mes pieds. Il s’éloigne aussitôt pour aller demander à une infirmière de l’assister. J’ai beaucoup de choses à dire dans cette lettre, alors je vais commencer par le début : mes excuses. C’est tout ce que je peux faire pour le moment, étant donné que je suis dans cet état complètement absurde et qu’elle n’a pas mérité mon courroux. Je ne m’attends pas à ce qu’on redevienne amies, mais je veux qu’elle sache que ce n’est pas elle que je déteste, mais moi. Elle n’a rien à se reprocher. Peut-être devrai-je simplement ne pas lui écrire de lettre ? Mais je suis coincée ici pour au moins une autre semaine, autant tuer le temps en écrivant des mots à mes contacts… et mes amis.

¤*¤*¤

Estelle, 16 ans
Cueilleuse de baies sauvages

Lili’i est un charmant petit village au nord d’Ekaeka. Nous avons été invités, moi, les jumeaux, Jake, et mes parents à aller participer aux festivités. Le Doyen Pectorius ne pouvait pas nous voir durant la journée, alors il nous a invités à venir le voir chez lui au beau milieu d’un tournoi de combats où se trouvent plusieurs Dresseurs ; alors que ça danse, chante et joue des instruments de musiques.

Ils célèbrent la période des fêtes différemment de nous et au moins une fois par saison, ils organisent des rencontres de ce genre afin de passer du bon temps entre eux. Bien évidemment, le Professeur Euphorbe se trouve à Lili’i et est venu discuter avec Jake pendant un moment. Ces deux-là se tiennent beaucoup ensemble depuis qu’ils ont fait connaissance. Je crois qu’ils pourraient devenir de bons amis.

— Hé Est’ ! lance Kylie derrière moi. Faut trop que tu goûtes à ce jus de Nanana !

Elle s’approche et me sert un verre à punch rempli presque au bord. Elle faillit en renverser sur moi donc je dois faire attention de ne pas causer de dégâts. C’est effectivement mieux à ce quoi, je m’attendais. Les fruits de cette région sont tellement frais que ce jus n’a pas le même arrière-goût réfrigéré des produits qu’on retrouve dans les magasins.

— Je pourrai vivre ici toute ma vie ! s’exclame Kylie en vidant son verre.

— N’exagérons pas, je glousse. Il faudra bien que tu retournes chez toi un jour.

— Ouais, ouais. Je sais. Puis, on a toujours la Ligue Pokémon qui nous attend à Kanto.

C’est alors qu’un Dresseur que nous avons affronté durant les duels se pointe près de la table à punchs et salades. Il est prétentieux et se croit meilleur que tout le monde. Il a perdu tous ses combats et se pavane comme un coq. Il me donne envie de lui planter son poing dans la figure, mais puisque j’ai été élevée autrement, je fais de mon mieux pour me contrôler. Oui, oui… c’est moi-même, la folle qui a voulu tuer Diana toute seule dans l’usine, qui dit ça. Il faut que j’apprenne à contrôler ma colère…

Ce jeune homme porte un costume festif comme la plupart des habitants du village, je n’arrive pas à voir la couleur de ses cheveux, ni de son visage ; parce qu’il porte une casquette en l’envers et un masque de monstre par-dessus son visage. Il n’arrête pas de lancer des insultes et des remarques désobligeantes aux autres Dresseurs, ce qui vexe à peu près tout le monde.

Kylie a la même idée que moi et fait de son mieux pour ne pas péter un câble. Après avoir bu d’un trait son verre de punch, il se tourne et lance une insulte en direction d’un Dresseur qui était en train de se battre dans le ring.

— Tu te bats comme une pédale ! lance celui-ci. Même ma mère pourrait te faire battre les doigts dans le nez ! C’est de la triche ! Ton combat est cheaté ! C’est bâclé quoi ! Ne faites pas avancer ce connard dans le tournoi, messieurs les juges !

— Ta gueule, Aaron ! lance quelqu’un dans la foule.

Je soupire alors que Kylie jette son verre par-dessus son épaule, puis s’éloigne dans la direction du morveux. Quelques secondes plus tard, Papa Flint m’interpelle à quelques mètres à ma gauche. Il a quelqu’un à me présenter. Je vois que Scottie est déjà avec eux, ensuite Papa Gabriel prépare quelque chose sur sa table. Ce sont des sandwichs.

— J’VAIS T’EN FAIRE, UNE PÉDALE ! lâche Kylie, derrière nous.

On peut entendre les cris d’Aaron qui se fait piétiner dessus par Kylie alors que certains essaient d’arrêter mon amie dans sa furie. Je hausse les épaules, mais pour une fois, je suis contente d’avoir cette punk dans les parages.

Les amis à la maison, ne faites pas ce que Tante Kylie fait. C’est très mal… Quoique… c’est vraiment jouissif quand c’est quelqu’un qui nous tape royalement sur les nerfs.

Lorsqu’elle a terminé de se débattre avec certains types qui ont voulu intervenir pour l’arrêter ; après avoir cassé la gueule du pauvre lourdaud qui énervait tout le monde avec ses remarques cinglantes, Kylie revient vers nous en sifflant un air joyeux. Aaron pleure sa mère alors qu’il essaie de ramper en dehors de la piste de combat.

Bon débarras.

Distraction à part ; le nouvel intrus est grand et large. Moins gros et imposant que mon père trans, mais plus vieux. Il porte une longue robe de bain typique d’Alola. En dessous de celle-ci, on peut voir un tee-shirt bleu et un short blanc. Il est aussi barbu que Papa Gabriel, je crois qu’il devrait se raser. Sa chevelure est un peu en bataille lui aussi, mais il l’attache en petite queue de cheval qui flotte un peu en l’air.

— Ah, vous voilà ! dit-il. Je suis Pectorius, le Doyen de cette île. Enchanté de faire votre connaissance, mesdames. Monsieur Markios m’a parlé de vos récents exploits. Impressionnant !

— Je suis Estelle, je dis. Elle, c’est Kylie.

— Et évidemment, tu dois être la sœur jumelle de Monsieur Sanders, exprime-t-il en se tournant vers ma meilleure amie. Je suis désolé de constater qu’Aaron s’est encore comporté comme un imbécile. Personne ne semble comprendre pourquoi il agit ainsi. Sa mère a abandonné tout espoir qu’il apprenne un jour ce qu’est le respect.

Kylie hausse les épaules, puis se tourne vers son frère qui la regarde sévèrement.

— Venons-en aux faits, dit le Doyen. Je vous ai fait venir ici tous les trois parce que j’ai fait préparer une surprise lorsque j’ai su que vous alliez venir en vacances sur notre île. Malheureusement, je n’ai pas pu trouver quoi que ce soit pour votre ami Jake parce que je ne savais pas qu’il allait venir, il y a une semaine… Cependant, le Professeur Euphorbe devrait s’en occuper. Maintenant… Où ai-je mis celles-ci… ?

Papa Flint se tourne vers moi et ajoute :

— J’ai rencontré Pectorius, il y a quelques années, alors que j’étais en vacances sur cette île. C’était plusieurs mois avant que je devienne Champion de ma propre arène. Nous avons gardé contacts.

— Ah bon ? Tu ne m’en as jamais parlé… je dis.

— Alola a des traditions différentes de Kanto et n’a pas d’arènes. Bien que je n’aie pas participé personnellement au Tour des Îles, j’ai apprécié l’expérience d’ici.

— Ah ! J’ai trouvé ! lance le vieil homme. Maintenant il nous faut un espace plus ouvert… Suivez-moi, jeunes Dresseurs !

Papa Flint nous fait signe de le suivre et opte pour rester près de Papa Gabriel. Donc, Scottie, Kylie et moi suivons le Doyen près d’un grand bâtiment. Je crois que c’est là où il habite. Il sort alors trois Poké Balls et fait apparaître un hibou, un chat et un phoque.

— Vous nous offrez ces Pokémon ? je questionne.

— Oui, Miss ! Le Professeur Chen m’a contacté par la même occasion et souhaiterait étudier ces spécimens, alors j’en ai parlé à votre père et nous nous sommes dits que ce serait un excellent cadeau de Noël pour vous.

— Oh chouette ! lance Kylie. Ils sont trop mignons, je veux le phoque ! Ha ha ! Il est rigolo !

— Et moi le chat, dit Scottie. Il est parfait !

— Eh, pourquoi je n’ai pas eu droit de choisir en premier, cette fois ? je rouspète. Vous me laissez le hibou…

— Brindibou ? dit Pectorius. Il est très gentil et adore se faire des amis. Aussi, son nœud papillon est très classe, pas vrai ?

Je regarde le hibou un moment, puis hoche la tête. Il a raison dans le fond. Il est mignon. Mais je suis choquée de voir que les jumeaux ne m’aient pas laissé le temps de choisir. Si ce n’était pas de l’impulsivité de Kylie, j’aurais pu adopter Salamèche, à l’époque. Je dois admettre que j’aime bien mon Tortank… mais quand même ! Scottie et Kylie sont déjà en train de jouer avec le chat et le phoque.

— Comment ils s’appellent ? demande Kylie au Doyen, alors qu’elle caresse la tête de la petite créature au nez de clown. Bizarre, il me fait aussi penser à un chien…

— Celui que tu tiens dans tes bras, c’est Otaquin. Ton frère possède un Flamiaou. Ils représentent l’eau et le feu, respectivement. Ils sont tous les trois des mâles. J’espère qu’ils vous plaisent !

— Ouais, merci ! lance Kylie en chatouillant le bedon de son phoque.

— Ota, otaaa ! couine Otaquin.

— Évidemment, merci ! ajoute Scottie qui gratte le menton de son chaton. Oh, il est tout beau mon minet !

Il est vraiment obsédé par les chats, celui-là. Un peu plus et il va faire le tour du monde juste pour capturer toutes les espèces félines de la planète.

Je m’avoue vaincue. Tant pis pour les deux autres Pokémon… Au moins j’ai Brindibou. Celui-ci me regarde en tournant la tête un peu vers la gauche puis la droite. Braségali n’est pas dans le coin, j’aurais aimé qu’ils se rencontrent tout de suite.

— Briiin ? hésite le hibou.

Je me penche vers lui et l’observe un moment avant de sourire.

— Bonjour toi, je suis Estelle, je dis. Ça te dirait de devenir mon Pokémon ?

Il s’approche d’un bond, puis renifle mon odeur avant de prendre son envol. Il atterrit sur mon épaule. Ses griffes sont puissantes, mais il n’enfonce pas celles-ci dans ma chair. Il me regarde un moment ; je l’observe aussi, un peu surprise. Il me lèche alors le bout du nez et j’ai compris qu’il a décidé de m’adopter. J’expire de soulagement et le prend dans mes bras.

— Bah, dites donc, c’est qu’ils vous aiment déjà ! s’exclame Pectorius. Je crois qu’ils ont reconnu en vous d’excellents Dresseurs. C’est un plaisir de voir qu’ils vont quitter notre communauté avec de bonnes personnes.

— J’ai quand même deux ans d’expériences, dit Kylie qui se frotte le nez. Scottie aussi. On a fait la Ligue Pokémon de Johto ensemble.

— Et moi, je vais essayer de me rendre à celle de Kanto avec Kylie, j’ajoute alors que je caresse la tête de mon hibou.

— Correction, dit le frère de la jumelle. J’ai accompagné ma sœur jusqu’au Plateau Indigo, mais je n’ai pas participé au championnat.

— Détails, détails, rajoute sa sœur.

Scottie secoue la tête avant d’ajouter :

— Moi je m’entraîne pour devenir le meilleur Dresseur de Pokémon Psy au monde.

Pectorius hoche la tête puis éclate de rire. Il apprécie les jumeaux.

— Bon bah, que diriez-vous de rappeler vos nouveaux Pokémon ? indique ce dernier. Vos Pokédex devraient reconnaître ces Poké Balls comme les vôtres, désormais.

Je m’exécute alors qu’il me donne la Poké Ball de Brindibou. Une fois le hibou à l’intérieur de la sphère métallique, cette dernière disparaît dans les airs, parce que j’ai déjà six Pokémon dans mon équipe. Les jumeaux font la même chose que moi et tout comme moi, leurs Poké Balls se volatilisent pour se rendre dans les boîtes.

Je compte me rendre au Centre Pokémon bientôt afin de faire un échange, de toute manière. J’ai hâte de mettre quelques-unes de ces créatures que j’ai capturées dans mon équipe. J’espère que Brindibou se fera tout plein d’amis dans mon groupe. Il a l’air un peu timide, mais je l’aime déjà.

Pendant ce temps, derrière nous, la mère d’Aaron passe un sermon à son fils parce qu’il a encore fait une scène. Celle-ci n’est même pas fâchée qu’il se soit fait tabasser par une fille. Elle est même très impressionnée et le tire par l’oreille afin de le ramener chez eux. Le karma a joué contre lui, c’est le cas de le dire.

Je souris de satisfaction, alors que nous retournons tous trois à la table de mes pères. Pectorius nous salue, puis s’éloigne dans la foule en nous souhaitant une bonne fin de vacances. Je remarque que le Professeur Euphorbe et Jake ont disparu. Mais où peuvent-ils bien être ?

En tout cas, ces vacances sont un succès jusqu’à présent. J’ai beaucoup de plaisir à rencontrer toutes ces nouvelles personnes et à capturer de nouvelles espèces. Tous mes petits soucis de ces derniers mois semblent s’être envolés en fumée.

— Rappelle-moi de ne jamais te provoquer, dit mon père qui sert une assiette de sandwich à Kylie. On peut s’estimer heureux que tout le monde le déteste, parce que tu aurais probablement fini dans une cellule de prison.

— Oh relaxe, mec, dit Kylie. Je ne l’ai pas tué, juste… amoché.

— Il y a quand même des enfants dans le coin, soupire Papa Gabriel.

Mon amie hausse les épaules, puis prend une grande bouchée de sandwich avant de sautiller de joie sur sa chaise en plastique.

— Trop bon ! s’exclame-t-elle.

Son frère est du même avis que mon père blond, mais se contente de hausser les épaules.

— Une chance pour nous que ce n’était pas un mineur, dit Scottie.

— Mineur, pas mineur, les enflures de ce genre méritent d’être punis, grogne sa sœur.

— Ouais, mais tu n’es pas une policière…

— T’insinues quoi ? Que je devrais devenir flic ?

— Ouais, toi qui aimes tant l’autorité, plaisante-t-il.

Je m’étouffe presque à cette idée et éclate de rire avec mes parents. Scottie nous imite, quelques secondes plus tard. Kylie cligne des yeux et nous regarde, perturbée.

— Quoi !? lance-t-elle. Qu’y a-t-il de marrant ? Mais répondez, quoi !

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