46. Chez Gabriel

15 minutes de lecture

Estelle, 16 ans
S’ennuie de Céladopole

Après avoir discuté avec leur mère, les jumeaux ont appris que leur père était à un stade terminal de cancer de la prostate, ce qui explique pourquoi il voulait rencontrer ses enfants avant de mourir.

Kylie n’a montré aucune émotion en apprenant cette nouvelle, mais Scottie a exprimé de la rage et de la tristesse en même temps.

— Tu n’es pas obligée de venir avec nous, m’a dit Kylie alors que nous étions à la gare de Céladopole. Je n’ai pas envie de t’imposer ça.

— Je vous attendrai ici, tout le temps qu’il faudra. Appelez-moi lorsque vous serez arrivés à Bourg Geon, OK ?

— Ça risque de nous prendre au moins deux jours, dit Scottie.

— Soyez forts pour votre mère…

Après leur avoir donné un câlin, Kylie et Scottie se sont dirigés à l’intérieur de la salle d’attente où ils ont attendu pour l’arrivée de leur train. Braségali et moi, nous sommes restés de l’autre côté de la vitre, à l’extérieur du bâtiment, jusqu’à ce que le train arrive enfin. J’ai ressenti un énorme vide lorsqu’ils ont embarqué dans celui-ci. Je me sentais soudainement abandonnée et délaissée, même si je savais que ce n’était pas leur faute.

À peine arrivés à Céladopole, je n’ai pas eu la chance de présenter les jumeaux à mon père, ni à Ludo.

La ville a peu changé depuis mon départ, mais je vois des décorations de Noël un peu partout dans les rues. On n’est pas encore décembre, je déteste ça. Pourquoi les gens ne sont-ils pas capables de respecter que ce n’est pas tout le monde qui aime ces décorations ?

Je marche le long d’un trottoir qui mène en direction du centre commercial, mais je n’ai pas envie d’aller magasiner.

J’ai faim… Je suis perdue dans mes pensées lorsque je percute quelque chose de mou.

— Salut Estelle, dit une voix forte et chaleureuse. Bon retour en ville !

— Oh, coucou Gabriel. Papa est dans le coin ?

— Non, il survole Hoenn en ce moment pour la livraison d’un colis.

— Ah bon… ? Dommage.

— Je vois que ton Pokémon a bien grandi, dis donc !

Gabriel n’a pas tellement changé depuis la dernière fois que je l’ai vu. Grand, bedonnant et barbu. Il porte un chandail de laine festif sous son large manteau rembourré. Son jean est un peu abîmé par les années, mais a l’air toujours assez propre pour être porté.

Il dégage une odeur de cannelle et de bonbons, sûrement parce qu’il a passé une partie de la journée à confectionner des pâtisseries. Sa chevelure châtaine est un peu plus longue, contrairement à la fois où nous nous sommes rencontrés. Ils sont en bataille, sa barbe est plus longue aussi. À voir les nombreuses photos que mon père a postées sur ses murs de réseaux sociaux, il est dingue de lui.

Gabriel pose son regard sur Braségali et lui serre la patte.

— Content de te revoir, toi ! formule-t-il. Et dire que tu n’étais qu’un bébé lorsque je t’ai rencontré. Je me souviens t’avoir porté dans mes bras lorsque tu venais à peine de naître. Cela me fait plaisir de voir qu’Estelle et toi, vous soyez de bons compagnons de route. Tes parents seraient fiers.

— Ses parents ? je demande, confuse.

— Ah ouais ! s’exclame-t-il. Je suis l’éleveur de sa mère, une Galifeu qui travaille avec moi dans mes boutiques. Son père est un Lucario, en passant, donc je crois qu’il a hérité de l’une de ses attaques.

— Je croyais que Braségali venait du labo de Monsieur Seko… Papa m’a-t-il menti ?

— Pas du tout ! La plupart de mes Pokémon ont été capturés là-bas et ma Galifeu m’a été offerte au laboratoire du Professeur Seko, quand j’ai participé à la Ligue Pokémon de la région. Évidemment, quand j’ai cessé de voyager pour combattre d’autres Dresseurs, j’ai offert à Monsieur Seko d’emprunter ma Galifeu et mon Lucario, afin de pondre plein d’œufs. Ton Braségali fait donc partie de l’une des dernières portées de mes Pokémon. Ton père était de passage à Bourg-en-Vol… et, c’est là que nous avons décidé de voyager ensemble pour revenir à Kanto.

— Ah… et que faisais-tu à Hoenn durant tout ce temps ?

— Mmm… Je crois que ton père t’a déjà expliqué que j’ai vécu longtemps à Kalos, mais j’ai ouvert une boutique à Bourg-en-Vol pendant quelques années. Puisque j’avais envie de changer de décor, j’ai vendu ma boutique à mes employés et j’ai décidé de venir m’installer à Kanto. Voilà comment j’ai assisté à la naissance de ton Pokémon. Je n’en reviens toujours pas comment il est grand !

Il gratte Braségali sous le menton, ce qui le fait roucouler. Mon poulet semble le reconnaître. Je cligne des yeux, pendant que j’écoute le gros partenaire de Papa m’expliquer son histoire. Il est jovial et plein d’énergie, ce qui ne colle pas à l’image qu’on se fait des gens de son genre. Je commence à comprendre pourquoi Papa le voit dans sa soupe. Il est adorable, en fait.

— Au fait, je vais te présenter ses parents ! dit-il en cherchant dans ses poches. Elles sont juste ici… Minute… Où ai-je mis leurs Poké Balls ?

— Gali ? couine Braségali qui la tête vers la droite.

— Ah ! Les voilà ! Carmen et Loki ! Venez dire bonjour à votre fils !

Je ne m’attendais pas à ça, mais il me présente une Galifeu chromatique et un Lucario qui sont un peu plus petits que Braségali. Ces derniers sont âgés, mais en bonne santé. Carmen affiche une expression sereine tandis qu’elle observe son enfant qu’elle n’a pas revu depuis des mois. Loki l’observe en silence, les bras croisés. Celui-là a un air sévère, mais admiratif.

— Gali… couine mon Pokémon qui s’incline devant sa mère qui bondit dans ses bras, le serrant aussitôt. Gali, gali, gali !

— Eh bah, elle s’est ennuyée, je remarque.

— Évidemment ! dit Gabriel. Elle était sous le choc lorsqu’elle a appris qu’elle devait le donner à un nouveau Dresseur, mais lorsque je lui ai dit qu’il serait entre bonnes mains, cela l’a rassuré.

— J’en déduis qu’ils ont passé quelques semaines ensemble, au moins.

— En effet. Tu l’as reçu alors qu’il n’avait qu’un mois, je crois.

Loki s’approche de sa partenaire et place une main sur l’épaule de son fils, fier de sa croissance. Je sens que Braségali est très gêné par cette affection soudaine de ses parents, mais je suis heureuse de voir que tout se passe bien entre eux. Loki et Carmen… Voilà de jolis surnoms pour ces Pokémon. Je me demande toutefois pourquoi la mère de mon Pokémon n’a pas atteint sa dernière évolution. Sans doute qu’elle n’en avait pas envie.

— Ça te dit de venir manger un morceau ? me propose Gabriel. Ma boutique est tout près et j’allais justement y faire un tour pour voir si tout va bien avec mes employés. Aujourd’hui, j’ai fait préparer plusieurs gâteaux, ainsi que de la brioche.

— Du gâteau ? Pourquoi pas. J’ai un peu faim…

— Nous avons aussi des sandwichs et des croissants tout chauds. Nos clients aiment bien notre café et nos nombreuses tisanes. As-tu une préférence en particulier avant qu’on commande ?

— Mmm, j’ai bien envie d’un chocolat chaud…

— Ça tombe bien, nous en avons.

Il me montre alors d’un signe de tête la boutique en question. Elle se trouve à quelques mètres près de la gare. Elle est assez grande et recouverte de couleurs pastelles. Sur l’affiche principale, on peut lire :

Café Gabriel : Confiseries et Pâtisseries.

Ça me fait penser que Kylie adore les bonbons, donc je crois que je vais lui en acheter une poignée.

— C’est joli comme bâtiment ! je remarque en clignant des yeux.

— Attends de voir l’intérieur ! On a rénové ça pour que ça ressemble un peu au côté stylé de Kalos.

— Comment vont les affaires, sinon ? Est-ce que ça fonctionne ?

— Oh, très bien en fait ! Ton père a engagé d’excellents journalistes pour venir nous aider dès l’ouverture. C’est pour cette raison que nous offrons quotidiennement de nouvelles recettes afin d’attirer de nouvelles critiques. Nous n’avons pas peur de changer les choses.

— Eh bah, à t’entendre, tu as touché le gros lot, je m’exprime. Ça me donne envie d’essayer quelques desserts…

Nous décidons de laisser nos Pokémon se promener un peu à l’extérieur alors que nous entrons à l’intérieur du Café. Un fort arôme de thé et de gâteaux me chatouille les narines quand je fais quelques pas dans le bâtiment. Je constate que la salle à manger a une ambiance plutôt vintage, mais branchée. Il y a un juke-box près de l’entrée. Les tables et les chaises m’ont l’air d’être sorties des années 50 ou 60, la période de nos grands-parents ou de nos arrière-grands-parents. Malgré l’ambiance vieillie du restaurant, ça reste tout de même cool comme endroit.

— Ça sent sucré, dis donc ! je m’exclame. Wow…

— Effectivement, déclare Gabriel qui pouffe de rire. Notre Café est non seulement un casse-croûte reconnu pour ses nombreuses odeurs qui plaisent à nos clients, mais aussi pour ses nombreuses saveurs. Nous servons du café aux noisettes, thé à la menthe, tisanes, café noir, café au lait, etc.

— Oh, un mille-feuille aux pommes ! je dis en regardant par une vitrine. Ça fait des lustres que j’en ai mangés avec Papa.

— Je t’en offre un morceau, si tu veux ?

— Mmm… Faudrait que je déjeune avant. Minute… Vous avez des bagels gratinés… ? Wow… Oh mon doux ! Les nombreuses garnitures…

Gabriel s’esclaffe en remarquant ma réaction alors que j’observe les nombreux choix qui s’offrent à moi. Je détecte une odeur de soupe qui vient de la cuisine. Décidément, Gabriel sait ce qu’il fait. Une soupe avec un sandwich avec un dessert, ce n’est pas trop cher, si j’en juge les prix sur les panneaux au-dessus de ma tête. Je décide donc de prendre un combo avec un chocolat chaud. Gabriel m’offre alors d’aller m’asseoir où je désire, puis va rejoindre ses employés en cuisine.

Assis au fond de la pièce, un jeune homme vêtu d’une chemise rouge aux motifs de flammes partage une brioche aux pommes avec son Reptincel. Ses cheveux mauves sont attachés en queue de cheval. Je remarque que ses yeux sont de la même couleur que ses yeux. Sur la table, à côté de lui, je vois une veste noire avec une tête de squelette couronnée. C’est un cycliste, je crois, à en juger le reste de ses vêtements. Ses souliers noirs avec des rayures rouges ont beaucoup servi. Près de la veste, je vois un objet étrange que je n’ai pas l’habitude de voir… On dirait une montre, mais je ne pense pas que c’en est complètement une.

— Bon, on y va mon p’tit Rep ! dit-il à son Pokémon.

— Tincel… grogne son partenaire.

— Allons, le devoir nous appelle. Faut qu’on circule.

— Tsst, reptin, reptincel.

— Ne rouspète pas ou l’Union va encore nous réprimander pour notre manque d’assiduité !

Le Reptincel se croise les bras et lève son pif dans une autre direction, soufflant un peu de fumée à travers ses narines. J’entends mon estomac qui grogne toujours en cherchant une place à laquelle m’asseoir.

— En retard pour le boulot ? je demande.

— Ouais, je suis un Ranger, explique le jeune homme. Lui, c’est mon partenaire, Reptincel.

— Ah, vous êtes de l’U.R.K. dans ce cas ?

— C’est ça. Mais en fait, je viens d’Hoenn. J’ai été transféré par ici après qu’on m’a expliqué que la Team Rocket s’en prend aux Pokémon sauvages. J’enquête présentement sur le braconnage des Pikachu.

— Ah bon !?

L’U.R.K. ou plutôt, l’Union des Rangers de Kanto, est connue pour assister les policiers dans la nature, en ce qui concerne les crimes commis envers les Pokémon. Ils sont aussi entraînés pour aider les Pokémon sauvages dans certaines tâches, comme cesser certains combats ou bien transférer certaines espèces d’endroits s’ils sont en danger. Je crois que le bidule près de la veste pourrait être un CapStick… Ce genre d’objet a la faculté de capturer des Pokémon temporairement, le temps de quelques ordres, puis les Rangers les relâchent dans la nature. Je ne comprends toujours pas comment ça fonctionne, mais lui, sûrement.

— Ouep, me répond le jeune homme. La forêt au nord de Jadielle a été terrassée par la Team Rocket il y a quelques mois et d’après mes pistes, leur base serait cachée quelque part dans cette ville ou à Safrania.

— La base de Céladopole a déjà été vidée l’an dernier… Je me souviens que cela a fait les manchettes lorsque Giovanni a pris la fuite.

— Mm… Donc mes pistes sont froides, ça veut dire.

— Oui, mais aux dernières nouvelles, la Team Rocket est passée par Safrania pour libérer quelques sbires qui étaient emprisonnés dans les cellules de la ville, dit Gabriel qui s’approche de nous avec mon plateau.

— Je sais, j’y étais, je mentionne.

— Ah bon ?

— Ouais, j’étais coincée dans un ascenseur quand c’est arrivé. La panne et tout. Je n’ai pas vu l’évasion, par contre.

Le Ranger claque des doigts en se parlant à lui-même, vexé de ne pas avoir été sur place lorsque cela s’est produit.

— Je vais donc devoir poursuivre mes recherches là-bas, dit-il avant de prendre une dernière bouchée de sa brioche. Merci pour l’indice !

Il se lève alors d’un bond, ramasse ses affaires, puis sort du restaurant en vitesse tandis que son Reptincel le suit de son mieux. Il ne m’a même pas laissé lui donner des détails concernant le kidnapping des Pikachu.

Tant pis.

Je m’installe à la table près de celle qu’il vient de quitter avec son partenaire, ensuite Gabriel s’assoit devant moi. Il est tellement large qu’il dépasse la petite table des deux côtés lorsqu’il s’assied. Il est même si grand que je ne peux même plus voir le comptoir derrière lui. Je cligne des yeux en prenant une bouchée du sandwich. Il sirote une tasse de thé et nous échangeons quelques phrases afin de faire un peu plus connaissance.

Je constate qu’il est un amateur de films d’actions et d’aventures et qu’il s’intéresse aussi à des trucs geeks comme des jeux vidéo ou des bandes dessinées, à entendre certaines de ses expressions. Il s’entendrait bien avec Scottie et Jake, dans ce cas. C’est surtout sa passion pour la nourriture et les gâteaux qui me font remarquer pourquoi Papa s’entendait bien avec lui.

Papa a toujours adoré cuisiner et il est aussi un amateur de films. Il aime aussi lire plein de trucs, et cela inclut des bandes dessinées. Donc quelque part, Papa et Gabriel partagent certains centres d’intérêts similaires.

Lorsqu’il termine son thé, Gabriel me demande si tout est bon. Je hoche la tête, bien que je n’aie pas encore goûté au mille-feuille. Celui-là, j’ai hâte de le dévorer.

— Dis Gabriel… je demande.

— Oui ma chère ? réplique-t-il en levant le petit doigt pendant qu’il boit son thé, afin de me faire rire surtout.

— Euh… T’es un vrai clown, en fait…

— Hi hi hi, oui… dit-il avant de rougir.

— Enfin, je voulais te demander comment ça se passe avec mon père… Est-ce que vous avez planifié d’aller plus loin… dans votre relation ?

— Euh… Enfin… C’est étrange à dire, mais plus je passe du temps avec lui, plus j’ai l’impression que nous sommes faits pour être ensemble. Il est tellement romantique et affectueux avec moi, un vrai gentleman.

— Tant mieux, Papa a passé trop d’années sans amour dans sa vie.

Je prends une gorgée de mon chocolat chaud et détecte une légère saveur d’arachide… C’est un café noisette.

— Oh, à en juger ton expression, nous nous sommes trompés sur la commande, dit Gabriel en grimaçant.

— Ce n’est pas grave. J’aime bien.

— Ma caissière est encore en formation, soupire-t-il. L’autre a dû s’absenter pour une semaine, car elle est en visite chez une amie malade. La nouvelle est très nerveuse, mais elle est ponctuelle.

— Essaie de la complimenter lorsque c’est nécessaire, je crois que ça pourrait lui remonter le moral. Je sais que ce n'est pas vraiment ton emploi, mais ça aide les employés à savoir lorsqu’ils sont sur la bonne piste.

— Ta manière de parler me fait penser à ton père, remarque-t-il en souriant. Vous avez passé beaucoup de temps ensemble, pas vrai ? Je constate qu’il t’a appris plusieurs trucs sur l’entrepreneuriat.

— Évidemment. Il m’a appris des trucs en ce qui concerne l’emploie de nouvelles personnes et quand il est nécessaire de les congédier dans une quelconque compagnie. La majorité des gens qu’il emploie dans la sienne ont tous commencé en bas de l’échelle et il a dû se montrer patient chaque fois qu’il faisait leur formation. Au bout de plusieurs gaffes, Papa donne des avertissements, mais au bout de trois avertissements, il congédie les gens s’ils échouent l’épreuve des trois mois.

— C’est en principe ce qui arrive dans les compagnies exigeantes comme la sienne, mais c’est beaucoup moins strict dans un dépanneur ou bien un centre commercial.

— En effet, dis-je après une gorgée. Il faut toujours s’assurer d’être à la hauteur des attentes de son employeur et de ses clients. C’est dur sur le stress de Papa lorsqu’il voyage, mais il est toujours fier de lui lorsqu’il revient à la maison.

— Je trouve ça quand même étrange qu’il soit le fondateur de sa compagnie et qu’il décide tout de même de piloter. Il passerait beaucoup plus de temps en ville s’il se limitait aux papeteries.

Je hoche la tête. Mais Papa ne se sentirait pas à son aise s’il restait cloué sur place trop longtemps. C’est un aventurier dans l’âme et piloter son avion ou bien des jets privés lui permet de visiter quelques endroits quand il travaille. En ce qui concerne les papiers importants, il a plusieurs employés qui travaillaient là-dessus lorsqu’il s’absente.

Gabriel a un petit sourire lorsqu’il remarque quelque chose par-dessus ma tête. Je me tourne donc vers la grande vite derrière moi et vois Loki et Braségali qui se chatouillent et luttent en s’amusant. Ils semblent rire et passer du bon temps ensemble. J’imagine que Carmen est heureuse de retrouver son fils et de le voir s’entendre si bien avec son père.

— Il faudrait les réunir plus souvent, ces trois-là, dit Gabriel. Il leur a cruellement manqué, tu sais ? J’imagine que tu ne pourras pas passer fréquemment à Céladopole, pour les prochains mois, alors je ne te forcerai pas à revenir avant que tu aies terminé ton aventure.

— De toute façon, Papa compte m’amener à Alola cet hiver. Tu devrais en profiter pour venir avec nous.

— J’y ai pensé… mais j’ignore si mon adjointe sera disponible pour ces semaines.

— Dommage. On te rapportera des souvenirs.

— Il n’empêche que j’aimerais bien aller bronzer au soleil… Je m’ennuie déjà de l’été avec cette fichue température.

On croirait qu’il aurait chaud avec tout ce qu’il a autour de la taille, mais il semblerait que Gabriel soit quelqu’un qui aime la chaleur. Intéressant. La porte du restaurant s’ouvre alors et on entend un bruit de clochette. Je l’ai oublié, celle-là.

Gabriel se lève aussitôt, pousse la table accidentellement avec son gros bedon et s’éloigne vers la caisse à monnaie après s’être excusé. J’imagine qu’il veut aller aider la caissière et accueillir le client. Il y a quelque chose de particulièrement mignon chez lui, malgré ses maladresses et son côté légèrement niais. C’est un bon vivant, comme on dit. Après… que Papa ait ses propres préférences sexuelles, ça m’est égal. Tout le monde a le droit d’aimer ce qu’il veut d'après moi. Sauf… les criminels liés au sexe.

Je crois que Papa a bien choisi son petit ami. Même que je suis fier de lui d’enfin assumer son orientation sexuelle, après tout ce temps.

Je goûte donc au mille-feuille et tout à coup, c’est comme si le paradis venait de s’installer dans ma bouche. Ohhh… excellente texture ! Ce léger goût des pommes caramélisées sous la croûte et la crème chantilly me donne presque envie de chanter, tellement je suis aux anges !

Cette recette est un succès, ma parole ! Je comprends maintenant pourquoi cet endroit fait un tabac. Kylie va adorer ce restaurant… Son frère aussi, à présent que j’y pense !

Je reçois aussitôt un texto et je lève mon smartphone de ma poche. J’appuie sur l’écran tactile pour dévoiler un texto de mon amie.

C’est bizarre de ne pas t’avoir avec nous. Prends soin de toi, Est’.

Je souris, puis lui envoie un selfie de mon mille-feuille.

Elle me répond, alors :

Ah bordel de couilles ! Tu me donnes faim, maintenant. Je te boude !

Cette phrase est accompagnée d’un émoji de grimace, afin de me montrer qu’elle n’est pas du tout fâchée. Cela me fait rire.

Je finis par lui envoyer un texto pour lui parler du restaurant, alors que Gabriel revient à ma table. L’autre client a été servi.

Il me demande si j’ai besoin d’autre chose. Je fais signe que non, puis il repart en cuisine pour aller aider ses employés. Il a oublié son thé sur la table, c’est bête… Dommage. Aussi, je ne peux pas m’empêcher de croire que Gabriel me cache quelque chose… Sa façon de me regarder depuis toutes à l’heure et de me parler me laisse sous-entendre quelque chose et je ne sais pas ce que c’est… Peut-être que je me fais des idées aussi…

Je crois que je vais rendre visite au manoir une fois que j’aurai terminé mon repas. Il est temps pour moi de rentrer chez moi.

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