Je vous le dis : Non, le cheval n’est pas la plus belle conquête de l’homme !

C’est une Buffonnerie !

Oui, les chevaux sont plus grands et plus forts que nous les ânes.

Mais nous sommes plus robustes, plus rustiques, plus calmes et surtout beaucoup plus intelligents, malins et réfléchis.

Intelligent ? Ne dit-on pas « bête comme un âne » ?

L’humain est-il toujours sensé ? répondrais-je.

Non, sûrement pas ! sinon il n’oublierait pas que s’il mettait un bonnet d’âne à ses enfants les moins savants, c’était dans l’espoir que grâce aux oreilles, un de mes congénères pourraient transmettre son intelligence à l’enfant qui en était coiffé.

Admettons, et que diras-tu de l’expression « têtu comme un âne » ?

Je dois bien admettre que, comme tous les représentants des races asines, je suis têtu. À juste titre, personne ne me fera emprunter un chemin inconnu qu’après avoir évalué, tâté du sabot, j’estime insuffisamment sécure.

Nous sommes moins soumis que les chevaux, mais beaucoup plus sociaux et plus attentifs aux autres. Si vous partez en promenade avec l’un des nôtres – chargé du pique-nique par exemple – vous installez la nappe, les couverts, puis déjeunez. Pendant que vous remballez et chargez votre animal de bât, si l’un d’entre vous s’éloigne dans le sous-bois, n’espérez pas partir avant qu’il ne soit de retour, le bourricot attendra le retour de l’isolé avant de partir. Hé ! Maioral, ton O'rare se serait arrêté pour t’attendre si tu étais tombée ?

Si vous voulez perdre vos enfants dans les bois, n’emmenez pas de baudet. Et inutile de tenter de le maltraiter, pour le faire obéir, il est têtu et déteste les tyrans.

Nous sommes doux et affectueux avec les enfants, si G. E. Froideval à six ou sept ans avait été assise sur le dos d’une ânesse, jamais ma semblable douce et patiente ne se serait cabrée, elle ne lui aurait pas plus décoché le fameux « coup de pied de l’âne » que nous réservons exclusivement aux malfaisants. Et maintenant, « le petit robot » serait surnommé[e] burra ou asna.

Puisque je vous parle des femelles de notre espèce, combien firent-elles pour la beauté de tant de belles femmes, dont Poppée, Diane de Poitiers, et Cléopâtre dit-on.

Nombreux sont ceux qui comme Lanam Michi dénoncent, à juste titre la triste fin des chevaux. Qui plaide pour nous ?

Je vais vous conter une célèbre histoire : un vieux berger corse observe deux pinzuti, l’un regardant dans une lunette montée sur un trépied l’autre qui tenait une règle graduée.

« Bonjour, vous faites quoi là ? demanda le berger à l’homme au trépied.

— Bonjour, je relève des altitudes à certains endroits.

— Ha ! Pourquoi vous faites ça ?

— Parce que je dessine la future route pour aller aux bergeries de Grotelle.

— Beh ! Nous on fait pas comme ça.

— Comment faites-vous alors ?

— Ba ! On dit à un âne va aux bergeries de Grotelle, et on fait la route là ou l’âne est passé.

— Et quand vous n’avez pas d’âne, vous faites comment ?

— Beh ! On en fait venir un du continent, là-bas ils appellent ça un géomètre !

Tout cela pour vous dire qu’on fait tout en corse, et qu’elle est la spécialité charcutière locale vantée partout en France et au-delà ? Je refuse de l’écrire.

L’âne est la plus belle conquête de l’homme !

Dicté à scifan – auquel je tiens à faire remarquer que mes oreilles valent largement celles d’une jument Marwari – depuis mon box de l’asinerie du baudet du Poitou.