Franchement, je pense que tout cela est arrivé par la faute de Noxthelie. Je ne comprends pas bien ce qu’elle a fait, mais depuis qu’elle l’a fait tout part en coui… sucette.

Prenez ce chapitre par exemple. Que fait-il ici ? Ce n’est pas vraiment sa place. Mais où est sa place ? De plus, cette histoire se contrefout de le savoir, elle a décidé d’être ici et pas ailleurs.

Donc hier soir, j’étais tranquillement installé, dans mon célèbre fauteuil pivotant de cuir rouge, regardant le premier épisode de la saison deux de Westworld. Ma compagne, qui trouve cette série brouillonne, s’était endormie sur le canapé. La Yorkshire dormait au pied de sa maîtresse, la mienne (de maîtresse) traînait dehors à la recherche d’un partenaire avec qui jouer. Pendant le générique de fin, le téléphone sonne.

M… ! fait ch… ! Si c’est encore moi, je raccroche ! « Allo ?

— Hey man ! réussis-je à identifier comme n’appartenant pas au One love de Bob Marley.

— Baisse le son, je ne t’entends pas !

— OK man ! baragouine mon interlocuteur.

— T’es qui, toi ?

— L’âne rastafari !

— Arrête de te payer ma tête, et tu parles la bouche pleine, c’est pas possible ?

— Hi han ! je mâche ma sainte herbe.

— Crache ta chique de camé et dis-moi qui tu es.

— Tu m’écoutes pas, man ! tu m’as déjà vu à l’asinerie, rappelle-toi le baudet avec les dreads, nous n’avons pas eu l’occasion de parler parce que j’étais occupé avec une jument, j’te dis pas comme. Allez, si t’insistes, une bien gironde, pas une maigrelette comme une jument anglo-arabe, ou une femelle « selle français », pas non plus une Boulonnaise ou une Percheronne, le juste milieu, une mulassière poitevine, à la croupe bien arrondie, qui levait la queue pour faire une place à la mienne. Oui, je sais, tu vas encore faire un complexe. Sans doute, m’as effacé de ta mémoire, parce que je suis beaucoup mieux équipé et beaucoup plus beau que toi. Hiiiii han, hiiiii han, hiiiii han!

— Bonne blague, mais si tu ne me dis pas qui tu es, je vais raccrocher !

— Hi han ! tu crois que c’est plus invraisemblable que ton histoire de téléphone peut-être ? Ne raccroche pas, j’ai besoin de toi !

— Et que pourrais-je bien faire pour un bourricot rasta ou un mec perché qui croit en être un ?

— Voilà, tu es l’avocat des causes perdues et des dénigrés, donc je voudrais que tu défendes la mienne, que dis-je, la nôtre à mes semblables et moi.

— Mais je suis l’avocat de rien ni de personne moi.

— Tu as défendu le plaisir solitaire, Loki et les Jötnar, toutes causes perdues d’avance. Alors, défends-nous, nous les ânes.

— Pourrais-tu m’expliquer, comment je ferais ça ? Parce que pour Loki et ses monstres, je n’ai fait que transcrire ce que me dictait celui qui prétend être son descendant. Et pour le plaisir… heu ! passons !

— OK man, je te dicte. Tu veux un peu de ma sainte herbe ?

— Merci, sans façon, cette histoire est déjà assez délirante comme ça ! »

Et il me dicta le titre de cette œuvre, le titre et le texte du chapitre précédent.

Les fautes sont de mon fait, et j’ai omis le paragraphe qu’il avait dicté au sujet des ânes bergers, qui protégeaient les troupeaux d’ovins des prédateurs.

Je répare donc cette omission ici. L’âne est aussi un héros qui n’hésite pas à affronter vils coyotes, renards, chiens marrons et même loups. Combien tombèrent, victimes de leur fidélité ?

Eh ! Noxthelie, si tu peux réparer mon téléphone, parce que franchement, après moi-même et un âne qui parle, j’attends avec impatience l’appel d’un démarcheur qui se contenterait d’essayer de me vendre un objet. Alors si tu peux le réparer, fais-le ! Merci.