Taishō, 12 ; Mois des lettres ; Jour de la lune, 20 :

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Aujourd’hui je suis allée au bar. Oui, c’est étonnant d’en trouver un dans une bibliothèque, mais je me dis parfois que ce bâtiment tient plus de la ville miniature que du magasin à livres. Outre la salle centrale, qui elle peut en porter le nom, il y a les réserves à matériel que j’ai déjà mentionnées, les bureaux des alchimistes dans l’aile administrative, une cuisine et une salle à manger, le bar, les chambres des deux catégories d’habitants, un grand jardin et un gigantesque parc ! Oh, et il y a aussi une quantité de pièces aux usages bien spécifiques, dont la plupart servent à entreposer des livres. Je n’ai pas encore fini de l’explorer de fond en comble, mais c’est grand !

Vers l’heure du dragon, je me promenais, et comme je n’étais passée par cet endroit que lors de ma première visite, j’ai eu envie d’y retourner. J’y ai trouvé trois auteurs, qui discutaient tranquillement. L’ambiance est vraiment agréable, au bar, la plupart des fenêtres sont des vitraux colorés qui projettent de jolies lumières sur les boiseries sombres. Ils m’ont fait signe de les rejoindre et je me suis installée au comptoir avec eux. Parmi eux, je ne connaissais qu’Akutagawa, qui m’a accueillie avec un sourire. Nous avons un peu discuté depuis notre mission et nous nous entendons bien. J’étais assise à sa droite, les deux autres auteurs étaient l’un à sa gauche et l’autre à ma droite. Le premier, Masao, est l’un de ses amis de longue date. Je ne le connais pas trop mais il a l’air très réservé, et un peu triste. L’autre m’était familier, en revanche, à vrai dire il se fait régulièrement remarquer pour ses mouvements d’éclat. Il s’agit de Chūya, l’un des poètes, il a un sacré caractère ! On ne le voit jamais sans une bouteille de sake à la main, et je crois que si les deux autres étaient simplement passés au bar à une heure matinale pour discuter, lui avait dû y rester la nuit. D’ailleurs, il était à moitié somnolent quand je suis arrivée. Il m’a tout de même saluée en me demandant quels étaient mes derniers exploits, avant de replonger dans le silence pour quelques instants.

Tous trois discutaient de leurs réunions d’auteurs et de leur avis sur ce qui s’y était échangé. Apparemment, certains des écrivains aiment bien se réunir de temps à autre pour parler de théorie littéraire et partager leurs idées. Akutagawa et Masao le font souvent avec Kan et le professeur Natsume, le jour de l’arbre, mais ils ne sont pas les seuls à avoir ces habitudes et il peut même arriver que des groupes divers se forment spontanément pour débattre d’une question particulièrement épineuse. La dernière fois, ils en étaient venus à comparer les yukar et les récits de fondation tels que le Nihonshoki ou le Kojiki. Comme ils me demandaient mon avis, je leur ai avoué que si je connaissais plus ou moins les deux derniers, c’était la première fois que j’entendais parler de yukar. Masao m’a expliqué que c’était le nom des sagas ainu, racontant leurs mythes sur le monde des hommes et celui des kamuy. Ça m’a intéressé, et nous avons continué la discussion un moment avant de l’étendre aux récits antiques en général dans les autres pays. J’ai appris énormément de choses, et j’ai bien l’intention de me documenter davantage pour être en mesure de mener une conversation digne de ce nom avec eux !

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