Région d'Angers - 1955-1958

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 Maman se remit tranquillement de ma naissance mais resta quelques temps encore chez sa mère. Papa, quant à lui, avait retrouvé un nouvel emploi de jardinier au château du Fresne à la pointe Bouchemaine près d'Angers. Il repartit donc avec Jean Claude prendre son nouveau poste et préparer l'arrivée de la famille.

Le châtelain avait mis à notre disposition, une petite maison de gardien et, dès que nos maigres bagages furent arrivés, Maman, Françoise et moi ,les rejoignimes.


 Deux années s'écoulèrent et je commençai à dire quelques mots... Nos parents mettaient un point d’ honneur à ce que nous soyons polis.
Un jour que Maman se promenait avec Françoise et moi, nous rencontrâmes la Baronne. Françoise, un peu plus évoluée en langage dit : « Bonjour la Madame à la Baronne », tandis que moi je me contentai d’ un «Bonjour Baronne » d’un ton peu amène, et lorsqu‘il fallut saluer le baron, je lui assénai un « Bonjour Baron » du même acabit.

 Ma façon de parler, alors que je ne maîtrisai pas encore la langue française, mit maman très mal à l’aise devant un médecin...
Alors qu il me consultait, il me demanda : « Où as-tu mal ? ». Et moi de lui répondre le plus naturellement : « Moi a mal à cul ! »

Cela ne relevait pas du tout d’une impertinence, mais tout simplement du fait que Maman avant d‘appeler le docteur, m’ avait pris la température de la seule manière connue à cette époque. Le docteur déclara sans autre commentaire : « C’est la varicelle. »


 Le temps passa. Jean-Claude était scolarisé à la pointe Bouchemaine et obtint son certificat d’études, mais les relations entre lui et papa se dégradaient de plus en plus, car, en plus de son école, Jean-Claude devait aider papa à entretenir le jardin et le parc du château. Lorsque le fils se plaignait, le père le faisait taire rapidement n’hésitant pas à utiliser le manche de ses outils pour le rosser .

Un jour que papa avait été particulièrement violent avec Jean-Claude, ce dernier profita d’un moment d’inattention pour lui piquer sa montre posée sur un muret et la jeter dans le puits tout proche. Bien que Papa eut des soupçons, il ne put jamais le prouver et lui en garda une profonde rancune. Ce comportement fit que père et fils se vouèrent une haine profonde.

 Protéger de ces problèmes familiaux en raison de notre jeune âge, Françoise et moi menions notre vie d'enfants loin de ces tracasseries, dont nous n'avions aucune conscience.

Ma soeur et moi jouions ensemble. Françoise, qui me prenait pour une poupée, n’hésitait pas à me promener dans la poussette en bois réservée habituellement aux vraies poupées. Ce n’était pas sans risque car si Françoise avait la constitution fluette de certains Labbé, moi, j’avais hérité du côté plus replet de mon père.


 Maman s’occupait de nous tous, se ravitaillant près des marchands ambulants. Ces derniers n’oubliaient pas d’annoncer leur prochain passage d’un « topette à lundi » ou « topette à jeudi » selon le jour de leur tournée.


 La vie était dure aussi pour papa et ses journées passées à retourner la terre à la fourche le voyaient rentrer fourbu.

Un jour qu’il venait de bêcher péniblement un « carré », Mme la Baronne accompagnée d’une amie voulut lui montrer son beau potager. Elles traversèrent donc le jardin en piétinant la terre fraîchement retournée. Papa voyant qu’on ne respectait pas son travail fit une remarque à la baronne qui s’en alla, vexée.

La réaction ne se fit pas attendre : Monsieur le Baron arriva dans les minutes qui suivirent et se mit à sermonner son jardinier. Après avoir essayé d’expliquer les choses, Papa se trouva un peu à bout d’arguments devant ce beau parleur, et finit par lui dire que si Monsieur le Baron n’était pas capable de comprendre c’est que c’était un vieux con.

Outré, le fameux baron lui signifia, que dorénavant il se passerait de ses services et qu’il devait quitter les lieux le plus rapidement possible avec femme et enfants.
Ce fut un autre déménagement pour le Lyon d’Angers, cette fois dans un autre domaine. Malheureusement, ce ne fut que pour une saison et il fallut encore trouver un autre travail. Maman étant à nouveau enceinte, la famille avait besoin de stabilité. Mes parents décidèrent, que puisque papa avait son permis, il pourrait peut être trouver un emploi de chauffeur livreur. Ils cherchèrent à se rapprocher de Rennes, car c’est là qu’il risquait de trouver.

Ils prirent donc une location à la Richardais en Tresboeuf.

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