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C’était une soirée orageuse en ce vendredi 13 juillet 2018. Un ciel ténébreux s’étendit de tout son long sur la petite commune de Sains-en-Gohelle, formant une masse de nuages noirs, lourds et imposants. Aussi, la foudre dans un grondement apocalyptique hurla sa colère à l’égard des hommes et des femmes de mauvaise foi. Il fût si puissant que des « éclisses électriques » jaillirent de partout laissant sans voix une foule prise par une colère vengeresse qui scandait : « Éléonore Chapline, JUS-TICE ! »

Un peu plus tôt, sur le parvis de l’église Saint-Vaast, Violette, jeune femme à l'allure distinguée, découvrait au loin les cris des manifestants. Véritablement intriguée par ce qu’elle venait d’entendre, Violette ôta alors ses lunettes de soleil de son nez laissant apparaître ses yeux écarquillés, puis se tourna vers le pasteur Albert Humbert qui, quelques minutes auparavant venait de l’écouter en confession :

« Éléonore ? C’est bien le nom d’Éléonore Chapline que l’on scande ? Lui est-il arrivé un malheur, mon père ? demanda Violette qui d'une sa voix tremblante semblait trahir un souffle de panique.

Stupéfait, le vieil homme se tourna vers elle, et dévisagea d’un regard curieux la jolie jeune femme jugeant impensable qu’elle ne sache rien sur l’affaire Éléonore Chapline. Son assassinat n’avait pourtant pas laissé amnésique les Sainsois qui étaient venus en nombre pour manifester leur colère dans les rues du village.

— Violette, il faut que je te dise quelque chose, depuis ton départ en Angleterre, un drame est survenu à Sains-en-Gohelle.

— Quel genre de drame ?

— Un crime d’une cruauté insoupçonnable, laid et beau à la fois.

— Un crime laid et beau à la fois ? Vous excitez ma curiosité. S’il vous plaît, dîtes m’en plus.

— Le temps se gâte, il est à l’orage. Viens donc me rejoindre au presbytère, je te raconterai tout », ponctua le pasteur avant de s’éloigner refermant derrière lui les portes du lieu de culte. Violette regarda alors le pasteur s’engouffrer dans l’église afin de se mettre à l’abri des turpitudes d’une tempête dont les grondements se faisaient de plus en plus violents.

Dehors, l’orage commença à exécuter à coups de tonnerres une toccate des plus terrifiantes, sommant l’ordre aux villageois de se disperser et de se tapir chez eux dans un mutisme des plus religieux.

Sur les toits du presbytère la pluie se mua en de la grêle, elle n’avait de cesse de tomber en trombe. C’était d’un vacarme assourdissant.

Par une fenêtre ouverte, le pasteur Albert Humbert regardait, stoïque, les lampadaires de la rue d’en face qui s’éteignaient et se rallumaient furtivement dès qu’un éclair semblait déchirer le ciel. C’est alors que quelqu’un tambourina à la porte. « ENTREZ ! Hurla, le pasteur tout en refermant la fenêtre, repoussant une bourrasque de vent qui souffla dans la pièce du salon faisant virevolter, au passage, un tas de papiers  posés sur un bureau. Une jeune femme toute frêle se démenait afin de fermer la porte d’entrée. « Pour l’amour de Dieu, fermez-moi cette porte ! » hurla de nouveau le pasteur. La porte fermée. La demoiselle se retourna et ôta son ciré rose. C’était Violette.

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