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On ramène notre couple d’amis et on file à la maison. Je gare la voiture devant le garage, on ne bouge pas, j’ai besoin qu’on parle d’aujourd’hui.


— On fait quoi maintenant ?


— Je sais pas, on assume ? On explique tout à Élodie ?


— Lui expliquer quoi ? Elle a déjà tout compris. Depuis quand, par contre... Et si c’était elle qui nous avait balancées à tes parents ?


— Impossible, c’est pas son genre. Et puis, comment elle aurait su tout sur nous ?


— Lydia. Elles se voient, t’as oublié ?


— Je te dis que c’est pas possible, Élo est trop gentille pour nous faire ça et puis, ça serait quoi sa raison ?


— Aucune idée… Et puis t’as peut-être raison, elle a même pas indiqué à son mec qu’on était là.


— Tu vois. Si vraiment elle voulait nous faire chier, elle serait venue nous voir avec Micka.


— Ouais… Au fait, pourquoi tu m’as remerciée ?


— Se-cret.


J’insiste, elle refuse de me répondre. Quelqu’un toque à la vitre côté conducteur, on sursaute. J’entrouvre en comprenant que c’est ma mère.


— Ben alors, mes puces, vous n’avez pas prévu de rentrer ?


— Si si, on arrive.


Ellie se penche vers elle, son parfum remonte jusqu’à mes narines et ma libido redémarre.


— On avait besoin de parler, on vous expliquera, Sylvia.


Ma maman acquiesce et repart comme elle est arrivée. Ma belle se tourne vers moi, tout sourire.


— Un problème ?


— Non…


Je détourne le regard, sa main bloque mon visage, elle m’embrasse.


— T’oublies pas ce soir.


Elle quitte le véhicule, je reste un moment sans bouger. C’est fou comme, parfois, elle peut être une vraie gosse, mais quand elle sort son côté femme fatale, je suis incapable de rester de marbre. Je n’ai qu’une envie qu’on soit déjà le soir, je vais compter les heures si elle continue sur sa lancée. Elle me sort de mes pensées, je la suis.

On retrouve mes parents dans le salon, on leur parle d’Élodie et puis, sans réfléchir, je me lance.


— Dites, j’aimerais organiser une fête pour l’anniversaire d’Ellie. On pourra faire ça ici ? Avec ses amis ?


Ils s’échangent un regard, sont hésitants. Je remarque leurs inquiétudes, ma petite amie, surprise au début, argumente du mieux qu’elle peut, veut absolument les rassurer.


— On fera attention, toujours à distance de sécurité pour ne pas se faire caler. Personne ne saura, ils penseront tous qu’on est juste amies.


Je lève les yeux au ciel, je m’énerve.


— Non. J’en ai marre qu’on se cache, on en profitera pour leur dire. On est ensemble, et après ! Quoi ? Ils ne l’acceptent pas ? Ok, je m’en fous.


Ma mère quitte le sofa, pose sa main sur mon bras.


— Ma chérie…


Je la repousse.


— Non, mais c’est vrai ! Pourquoi on aurait pas le droit de s’aimer au grand jour ?! Ça fait un mois qu’on ne fait pas attention, qu’on se tient la main, qu’on s’embrasse en public sans aucun problème. Alors quoi ? On devrait revenir en arrière à la rentrée ? Ce sont les amis d’Ellie, ils ont le droit de savoir.


— On comprend, tu sais.


Ils nous regardent tour à tour, je sens très bien qu’ils aimeraient me faire changer d’avis. Mais là, c’est non. Ce n’est pas en continuant comme ça qu’on pourra avancer. Ellie tente désespérément de tempérer la situation, je reste droit dans mes bottes. Je ne flancherai pas, j’en ai marre que les autres décident pour nous ce qui est bon ou non pour notre relation. Je déballe mon sac. De l’extérieur, on pourrait croire que je fais un caprice, mais non, je veux juste qu’on nous laisse vivre notre amour comme on le sent.

Depuis le début, on suit les ordres qu’on nous donne, comme de bons petits soldats. Et ? En y réfléchissant bien, rien de bon n’en est ressorti. Ellie a eu des idées suicidaires, a failli se faire violer, on est toutes les deux vracs au point de suivre une thérapie. On ne sait jamais senties aussi bien, autant sereine que depuis qu’on s’écoute.


— Vous pouvez penser ce que vous voulez, on assumera nos actes et nos paroles.


Mon père se résigne, il sait très bien que dans ces cas-là, il est impossible de me faire changer d’avis.


— Comme ta mère te l’a dit, on comprend parfaitement. Je vous propose d’en parler avec le docteur Martin avant de le faire, d’accord ?


Ellie me prend la main pour me calmer, accepte pour nous deux. Je ne prononce aucun mot de plus et monte dans ma chambre pour m’esseuler, j’ai besoin de calme pour redescendre.

À l’heure du repas, je rejoins tout le monde. Je prends ma mère dans mes bras et m’excuse de m’être énervée, elle me chuchote un « Tu es sûre ? ». Je me recule, la regarde droit dans les yeux et lui lance un « Oui » plus déterminé que jamais. Et, au final, la soirée ne se termine pas comme prévu. Avec Ellie, nous commençons déjà l’organisation de ses dix-sept ans. Je suis sûre que doc Martin sera de notre côté, ce n’est qu’une question de temps pour que mes parents disent oui.

Elle liste les invités, ce sera en petit comité. Nous serons neufs en tout, ce qui m’arrange puisque je lui ai annoncé que je voulais gérer la nourriture. Je ne me voyais pas faire à manger pour une tonne de personnes et je ne suis pas sûre que mes parents auraient accepté de nous laisser la maison. On discute du repas, je veux lui faire plaisir. Les invitations seront envoyées quand l’accord aura été prononcé. On se couche heureuses, fières du devoir accompli.

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