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Le mois de juillet se termine aussi rapidement qu’il a commencé. Depuis notre retour du sud, nous avons repris notre rythme d’avant, excepté nos rendez-vous chez le docteur Martin. Chaque semaine, il nous voit chacune de notre côté et une fois ensemble. Si on m’avait dit un jour que je ferais une thérapie de couple, j’aurais ri au nez de la personne. Selon lui, nous avons mis, inconsciemment, des systèmes de défense pour nous protéger et protéger l’autre.

Les premiers rendez-vous se sont plutôt bien passés, Ellie m’a posé beaucoup de questions la veille de son premier entretien. J’ai l’impression qu’elle a plus stressée pour ça que pour son bac français.


Demain est son dernier jour de vacances, elle débute son boulot lundi. Depuis hier, elle ne fait qu’en parler, elle a même déjà préparé ses fringues au cas où. Au cas où de quoi, je ne sais pas. Je passe mon temps à la taquiner au point où ma mère m’a demandé d’arrêter de l’embêter. Mais c’est peine perdue, je n’arrive pas à m’en empêcher.

Et puis, il faut bien que je m’occupe. Actuellement, je n’ai que ça à faire, sinon je tourne en rond. Depuis que nous sommes rentrées, je me sens obligée de bouger, d’être active en tout temps. Comme si me poser allait me coûter quelque chose. J’ai peur de tomber dans une routine et ne pouvoir en sortir. Ellie évolue et moi, je ne veux pas rester en arrière, devenir un fardeau pour elle.

Durant notre séjour, mes sentiments se sont renforcés, je ne peux plus vivre sans elle. Je me dois de tout faire pour suivre son rythme, avoir le droit de me tenir à ses côtés. L’immobilisme m’est interdit, je le sais et je ferai tout mon possible pour avancer avec elle.


Soudain, je sens quelque chose s’enfoncer dans ma joue. Je recule la tête et a un sursaut en voyant un doigt avec, au bout, ma belle en train de rire.


— Ben alors, tu dors les yeux ouverts ?


Je tape gentiment son index.


— Non, ma chère, je pense à l’avenir.


— Et il est comment ? Radieux, j’espère.


Je l’enlace, tout sourire.


— Avec toi, toujours.


— Y’a intérêt !


Elle dépose sur mes lèvres un baiser furtif.


— Sinon, rien à voir, j’ai envie d’aller me dégourdir les jambes. Tu m’accompagnes ?


— Pourquoi pas, tu veux aller où ?


— Là où le vent nous portera !


Je pouffe de rire à cette réponse bateau, il n’y a qu’elle pour me sortir fièrement un truc pareil. On prévient mes parents et on file dans la joie et la bonne humeur. Tout naturellement, on se prend la main comme au camping, sans prêter attention au risque d’être vue. Arrivées au bout de la rue, on tombe nez à nez avec sa copine Elodie. Encore ! Nos mains se lâchent direct, nous sommes gênées.

Elle ne semble pas avoir remarqué et nous claque la bise comme si de rien n’était. Je n’arrive vraiment pas à la cerner, je ne sais pas si elle est naturellement gentille ou s’il faut se méfier d’elle. J’en discuterai avec Ellie, plus tard. J’ai besoin d’en savoir plus sur son amie. Elodie nous regarde à tour de rôle.


— Vous êtes radieuses, les filles ! On voit tout de suite que vous profitez au max du soleil.


Je laisse ma petite amie gérer.


— Merci, c’est gentil. Ton bronzage est pas mal aussi !


— Tu rigoles ? J’aurais pas la marque des vêtements, on saurait pas que ma peau a légèrement bruni. En tout cas, ça fait plaisir de vous voir ensemble, c’est quand même super les vacances d’été.


— Ouais, c’est pratique pour traîner seule ou à plusieurs. D’ailleurs, c’est pas ton quartier ici…


— J’ai rendez-vous avec Lydia, elle veut absolument me voir, mais j’en sais pas plus. Tu veux que je lui passe le bonjour ?


— Euh ouais, si tu veux… Après c’est pas une obligation, c’est pas grave si t’oublies…


— Je lui passerai, ça lui fera plaisir, je suis sûre. Bon, c’est pas tout ça, mais je vais vous laisser vous promener. En tout cas, j’ai été heureuse de vous voir toutes les deux. D’ailleurs, il faudra qu’on se fasse un truc, ensemble avec Micka, un de ces quatre !


— Oui, pas de souci. On a été aussi contente de te croiser, passe une bonne après-midi !


— Vous aussi, les filles.


Je la regarde s’éloigner avant de me tourner vers ma belle.


— Ta copine a capté, non ?


— Tu crois ? C’est peut-être juste une coïncidence.


— Tu rigoles ? La dernière fois, elle nous parle de réconciliation, là, ça lui fait plaisir de nous voir ensemble. En prime, elle veut faire un truc avec nous et son mec alors qu’elle me connaît à peine.


— Ouais, ok, vue comme ça, la question se pose. Après, Elodie est hyper sympa avec tout le monde. Son surnom dans le groupe, c’est bisounours. Et puis, ça gênerait qu’elle l’ait compris ?


— Non, ça serait peut-être même mieux…


— Mieux ?


— Je voulais t’en parler, après il faudra aussi voir avec mes parents, mais j’aimerais qu’on arrête de se cacher.


— T’es sérieuse ?!


— Oui. Quand on était en vacances, on a vécu au grand jour, personne n’a rien dit en nous voyant nous tenir la main, nous embrasser. J’ai bien réfléchi et je veux que tout le monde sache que je t’aime plus que tout. Après tout, pourquoi là-bas, ça n’a posé aucun problème et ici, y’en aurait ?


— Je comprends, moi aussi, j’ai adoré cette liberté, mais t’es sûre de toi ? Je sais que ta dernière relation s’est mal finie à cause de ça, je voudrais pas que ça recommence.


— J’en suis sûre à cent pour cent, j’en ai marre de me cacher. Rien que là, regarde comment on a réagi, comme si on était prise en flagrant délit de connerie alors qu’on ne fait rien de mal. On s’aime et c’est tout.


— Je suis pour aussi, par contre, tes parents, j’ai un doute.


— C’est pas à eux de décider pour nous. On leur en parle, on les rassure, c’est tout.


— Après, s’ils considèrent que c’est trop risqué, on peut déjà essayer avec mes amis. On élargit au fur et à mesure. Regarde, par exemple, t’as jamais rencontré Antoine, le mec de Ian ! Ça pourrait être un début.


Je hoche la tête, oui, on peut y aller petit à petit, ne pas brusquer les choses.

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