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Quand nous rentrons avec Alice, Ellie se jette directement dans mes bras. J’ai l’impression d’être partie une éternité et de lui avoir manquée. Pourtant, ça ne fait même pas une heure qu’on est séparée ou alors c’est le fait que je ne lui ai pas dit où j’allais. Parfois, j’ai le sentiment qu’elle a peur de l’abandon, comme si c’était possible. Je l’ai laissée une fois, je ne referai plus jamais cette erreur.

Elle recule son visage, me fixe. Je vois bien qu’elle a repéré mes yeux rougis.


— T’as pleuré ?


— C’est rien, un petit tour, ça te dit ?


Elle acquiesce comme une enfant. J’adore ce contraste chez elle, tantôt une belle jeune femme qui cherche à se responsabiliser, tantôt une jolie petite gamine qui est pleine de joie et d’énergie. Une seule chose est identique dans ses deux modes, son sourire ravageur. Et me voilà repartie, cette fois-ci avec ma petite amie. Après tout, nous sommes en vacances, il fait beau, pourquoi rester enfermer ?

Main dans la main, nous faisons le tour du camping. L’ambiance est telle que nous nous sentons libres, libres de nous aimer à la vue de tous. Et c’est fou comme cela fait du bien, ne pas se cacher, n’avoir rien à faire du regard des autres. Pour la première fois depuis longtemps, je suis libérée des non-dits. Ellie me sort, soudain, de mes pensées.


— Alors, tu vas me dire pourquoi t’as les yeux rouges ?


— Je te l’ai dit, c’est rien. J’ai voulu revenir sur cette nuit avec Alice, c’est pour ça, d’ailleurs, qu’on est sortie du bungalow. Et puis, de fil en aiguille, j’ai parlé de nous, de mes… difficultés.


— Il faut croire qu’on a besoin d’en parler.


Je me tourne vers elle, lève un sourcil, elle me dépose un baiser sur la joue.


— J’ai fait pareil avec Julia.


— Avec Julia ?


— Ouais, elle est super sympa, cette fille quand on apprend à la connaître. Elle m’a écoutée, m’a donnée deux-trois conseils.


— Et quel genre de conseils ?


— Surprise ! Tu sauras vendredi, pas avant !


— Vendredi ?


— Elle va tout faire pour qu’on ait le bungalow, rien que nous deux.


— Une petite soirée romantique en perspective…


— Romantique, je sais pas, mais une nuit torride, ça oui.


Je pouffe de rire, cette fille est vraiment une obsédée. Je me stoppe, l’attire à moi et l’embrasse.


— Mmmh, vendredi, ça fait loin.


— Ouais, je sais. Soit on se trouve un coin tranquille, soit on vire, pour une heure ou deux, Alice et Julia.


— On va leur proposer des activités séparées, elles n’auront qu’à aller se baigner, on les rejoindra après.


— Ou pas, maintenant que Julia est là, on n’a plus besoin d’être toujours avec Alice.


On fait marche arrière, c’est décidé, cet après-midi, ce sera chacunes de son côté. En revenant, on les retrouve affalées sur le canapé, en train de regarder des vidéos sur l’ordinateur. On se met d’accord pour les activités après le repas, elles ne nous posent pas plus de questions que ça, comprenant très bien qu’on a aussi envie de passer du temps en couple. Il n’y a qu’un détail qu’elles ne savent, c’est que nous n’avons pas prévu d’aller à droite, à gauche. Nous passerons en mode casanier.

Durant la préparation du déjeuner, Ellie est surexcitée, elle a entrepris de prendre tout le monde en photo. Tout à coup, elle me demande mon portable, on pose avec Alice pour une première prise puis Julia nous rejoint. Je vois ma belle trifouiller avant de me rendre mon téléphone. Je la regarde, pleine de questions.


— Je les ai partagées sur tes réseaux, je veux que tout le monde sache que tu passes de super vacances.


— T’as pas oublié quelqu’un ?


— On peut pas s’afficher ensemble, tu le sais bien.


— Je parle pas de ça. Les photos, c’est pas pour les partager au départ. Viens-là !


Je la prends dans mes bras et nous faisons un selfie. Au moment où j’appuie sur le déclencheur, je pose mes lèvres sur sa joue. Effet réussi, on peut voir sur la photo, de légères rougeurs sur ses pommettes. Sans attendre, je la mets en fond d’écran. Ellie est tout sourire.


— Tu me battras jamais pour le fond d’écran.


Surprise, j’attends son explication. Elle me montre son portable, je découvre une photo de moi endormie.


— Tu m’as photographiée quand je dormais ?!


— Ben ouais, t’es trop mignonne quand tu dors.


Je vois une lueur dans ses yeux, à quoi a-t-elle encore pensé ? Elle me demande de lui envoyer le selfie, je m’exécute sans vraiment savoir ce qu’elle prévoit. Elle pianote sur son écran et me montre le résultat final.


— Sérieux ?


— Ben ouais, quand mon téléphone est en veille, tu dors et il se réveille en même temps que toi.


Je lève les yeux au ciel, secoue la tête, j’ai en face de moi une vraie gamine en puissance.


— Et tu vas expliquer comment, à tes potes, que tu m’as partout en photo ?


— Ils ont pas à voir mon portable !


Ma cousine et son amie s’amusent de nous voir ainsi. Surtout Julia, avec ses vannes et son humour bien à elle.


— Si vous voulez faire des photos plus hot, vous nous le dites, on sortira de la pièce ! À moins que vous soyez plus sextape, alors là, je veux bien faire la réalisatrice !


Ellie est choquée, moi blasée. Il faut toujours qu’elle ramène tout au sexe, une vraie lubie. Ou peut-être même une obsession.


— Non, c’est bon, on laisse ça à tes parents.


On rit toutes les quatre, je remarque qu’Ellie est au courant de l’histoire. En effet, elles ont du bien discuté, toutes les deux.

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