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Solène est choquée, je me marre et l’embrasse.


— Je rigole, je vais pas te faire ça.


Je récupère les bouchons, commence à les mettre dans mes oreilles.


— Qu’est-ce qu’il faut pas faire quand même... Par contre, on est d’accord, elles ont pas intérêt à le faire toutes les nuits parce que là, je vais vraiment péter une durite !


Elle pouffe.


— Tu leur diras demain matin au déj’.


— T’inquiètes, elles auront la remarque !


Un petit bisou et je me couche sur le côté, ma petite amie se blottit dans mon dos, son bras enlace ma taille, sa main se pose naturellement sur mon ventre. J’ai chaud et je n’ose pas lui dire que ce simple contact me fait fondre. Un frisson remonte le long de ma colonne quand sa tête s’installe contre ma nuque. Elle bouge, s’écarte légèrement et m’ôte la boule quiès.


— Ah ouais, quand tu disais que ça t’excitait, c’était pas faux.


— Bien sûr que non, surtout en ce moment.


— Tu veux que je m’éloigne ?


— Non, c’est bon. Je me débrouillerai, ne t’inquiète pas pour ça.


Elle se réinstalle, je m’endors avec difficulté. Au moins, Solène n’a pas cauchemardé cette nuit, le seul point positif de tout ce pataquès. Avant de quitter la chambre, je prends de grandes inspirations, même si je suis bonne humeur, nos voisines m’ont saoulée. Cela fait rire ma chérie, si elle savait que je fais ça pour elle. Ce ne serait pas sa cousine, je les aurais déjà engueulées.

Je m’encourage, un petit bécot sur ses lèvres et hop, en route pour les pièces communes. Alice et Julia sont déjà attablées, toutes guillerettes. Tu m’étonnes, avec la nuit qu’elles ont eue, je serais pareille. Merde, mon cerveau divague, concentration, concentration. Elles m’ont bien pourri la mienne et celle de Solène, quand même. Un rapide bonjour sur un ton bien neutre, pas un coup d’œil vers elles, je file directement me servir un café. J’en profite pour mettre en route la bouilloire pour le thé de ma petite amie qui s’installe directement face à nos deux comparses. Je fais de même et là, je les fixe, regard méchant en route. Elles nous regardent sans rien dire, elles n’ont pas l’air de capter. Je me lance la première.


— Alice, tu te souviens que les murs sont fins ?


Son sourire s’efface, ses yeux s’écarquillent.


— Parce que vous nous…


— Oui, en même temps, vu comment tu criais « Julia, encore », je pense même que tout le camping t’a entendue.


Pour la première fois depuis que je la connais, ses joues s’empourprent. Elle bredouille des excuses tandis que sa meilleure amie rit à gorge déployée.


— Lui en voulez pas, c’est entièrement de ma faute. J’ai voulu fêter nos vacances en grande pompe.


Solène lève les yeux au ciel, elles nous promettent en cœur de ne pas recommencer. Moi, de mon côté, je leur fais savoir que si jamais on est une nouvelle fois réveillée, je les vire du bungalow direct, elles se débrouilleront pour expliquer pourquoi elles sont à poil dehors. On met en place la règle du « Envie d’un moment intime ? On demande aux autres d’aller faire un tour ». Surtout qu’entre mon état et le fait qu’avec Solène, on ne l’a fait qu’une fois depuis qu’on est là, je vais finir par craquer si je les entends encore prendre leur pied.

Les choses mises au clair, on finit de se préparer. Quand je sors de la salle de bain, Solène et Alice ne sont pas là.


— Elles sont parties faire un tour, une discussion entre cousines, certainement.


Sans réfléchir, je mets une distance entre Julia et moi. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis un peu mal à l’aise avec elle. Pourtant, nous n’avons quasiment pas parlé ensemble. Elle remarque mon comportement.


— Tu sais, j’ai jamais mangé personne et, même si j’ai dit hier qu’on pourrait toutes les deux, je sais me tenir. T’es la chasse gardée de Solène, je suis pas folle.


— Ah non, c’est pas ça, c’est juste qu’on se connaît à peine.


— Oh, le coup de la timidité ? J’y crois moyen. Allez, viens t’asseoir, on va discuter en les attendant.


Je la rejoins sur la banquette, laisse une place libre entre nous. Elle en sourit.


— Alors, il paraît qu’elle est ta première ? Ça t’a fait quoi de découvrir que t’étais lesbienne ?


J’ai un moment d’hésitation, elle est vraiment cash.


— Je… Je suis pas gay.


— Comment ça ?


— Ben, en fait, je suis, à la base, attirée par les hommes. Solène, c’est Solène, je l’aime et je m’en fous que ce soit une femme.


— Ah ben, t’es bi alors !


Je bloque, mince, je n’avais jamais pensé à ça. C’est la première fois que quelqu’un met un mot sur ma sexualité. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens soudain plus légère. Oui, c’est ça, je suis bisexuelle.


— Toi et Alice aussi, non ?


— Moi, non pas du tout. Je suis juste une touche à tout, Alice, je sais pas.


— Une touche à tout ?...


— Ouais, je m’en fous avec qui je couche tant que j’y prends du plaisir. Par exemple, avec Alice, on a commencé à s’amuser toutes les deux, le jour où elle se plaignait de pas savoir embrasser. J’ai fait cobaye et de fil en aiguille, on était dans son lit. On a pris l’habitude de pallier au célibat de l’autre, on a même entraîné nos mecs dans l’histoire. Juste pour le fun. Et puis, bon, hétéro, homo, bi, c’est que des mots. C’est pas ça qui te définit.


— Peut-être quand même un peu…


— Mais pas que ! Tu vois, ma tante vit avec une femme, quand j’étais jeune, j’ai cru que mes parents étaient acteurs pornos. Tout ça pour te dire que c’est pas important qui tu aimes. T’as le droit d’être avec qui tu veux. Homme, femme, on s’en fout tant que tu te sens bien avec la personne.


C’est hyper sensé, je ne m’attendais pas à ce genre de pitch de sa part. Cette fille a vachement les pieds sur terre.


— Je comprends pas pourquoi tu t’entends pas très bien avec Solène. Quand je t’écoute, je la retrouve un peu.


— Ah ça, c’est de ma faute ! J’adore voir sa tête quand je la saoule. Ta copine démarre au quart de tour, elle a le sang chaud et ça me fait marrer. Mais tu sais, Solène, je la respecte, je la kiffe trop cette meuf !


— Enfin, la kiffe pas trop non plus.


On rit, finalement, on s’entend super bien toutes les deux au point où j’ose me livrer sur les problèmes qu’on rencontre avec ma chérie. Elle m’écoute, me conseille. On est en grande conversation quand les cousines reviennent. Quand je me lève pour rejoindre les bras de Solène, Julia me fait un clin d’œil.


— Vendredi soir, je ferai tout pour amener Alice en boîte de nuit pour se dégoter un mec. On vous laissera le bungalow toute la nuit, d’accord ?


Je lui chuchote un merci avant d’enlacer ma petite amie.

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