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Assise sur le lit, je suis en train de regarder l’itinéraire pour aller jusqu’à la gare. J’ai bien réfléchi, je lui fais plus de mal que de bien et, si elle ne m’a pas dans les pattes, ce sera plus simple pour elle de retourner auprès de son ex. Le problème est que ce n’est pas la porte à côté, je vais devoir demander à Alice de m’y conduire.

Soudain, j’entends la porte du bungalow, des bruits de pas, Solène apparaît dans l’encadrement. Elle me regarde, ses yeux font le tour de la chambre.


— T’aimes vraiment faire tes valises, toi !


Je baisse les yeux, penaude. Elle s’installe à mes côtés, ses doigts s’emmêlent aux miens.


— Alice m’a expliqué. Elle n’aurait jamais dû te dire tout ça sans mon accord.


— T’as dû être heureuse de revoir l’amour de ta vie, non ?


— L’amour de ma vie ? Il est actuellement à côté de moi, et oui, je suis heureuse de te voir.


Elle dépose un baiser sur ma main, souriante. Ses mots ne m’atteignent pas.


— Arrête de jouer avec moi, tu l’aimes depuis l’enfance, c’est pas rien.


— C’est bien plus complexe que tu le penses, Ellie. Oui, j’ai été attirée par elle, oui, je suis sortie avec elle, oui, elle a été la première… Mais je ne l’ai jamais aimée. J’y ai cru, c’était une erreur. Quand on s’est quittées, je n’ai rien ressenti, juste de la colère parce qu’elle fuyait la situation. J’ai compris, par la suite, que ce n’était que de l’attirance physique.


— Tu m’étonnes, c’est une bombe, cette meuf. Et je comprendrais que tu veuilles recommencer avec elle. Moi, à côté, je ressemble à rien. Ian a raison, je sais pas me fringuer, je suis un vrai garçon manqué. La féminité, c’est un mot qui n’existe pas pour moi.


Je me prends dans la foulée une gifle derrière la tête. Surprise, je me tourne vers elle et remarque de la colère dans son regard.


— T’arrêtes tes conneries, ouais ? Un, je ne vais pas retourner avec Héloïse, c’est du passé. Deux, je viens de te le dire, je n’ai pas de sentiments pour elle. Trois, la seule avec qui je veux faire ma vie, c’est toi et personne d’autre. Quatre, je ne veux plus t’entendre te rabaisser. La première fois que je t’ai vue, je suis tombée amoureuse de toi, je te trouve superbe. J’adore ton franc-parler, moins tes ruminations. Tu es la femme idéale, j’aime tout chez toi. Ton sourire, ta voix, ta beauté, ton côté sexy quand on est toutes les deux. Tu as fait de moi la femme la plus heureuse au monde quand tu as accepté de sortir avec moi. Je t’aime Ellie, toi et toi seule.


Sa bouche part à l’assaut de la mienne, elle me force à me coucher avant de reculer son visage.


— Je te promets que le jour où mon cerveau arrête de déconner, je te ferai l’amour comme jamais.


Je vire au rouge, nos lèvres se retrouvent. On passe le reste du temps à se bécoter, je n’ai même pas remarqué l’absence d’Alice. C’est fou comme la présence de Solène me rassure, ses paroles me font oublier mes pensées négatives. À chaque fois, j’ai l’impression que le reste ne compte pas, seul notre couple est important. Sa bouche trouve mon cou, sa cuisse se faufile entre mes jambes. Je réagis au quart de tour, même avec la barrière du tissu, je suis sensible aux moindres effleurements. Mon excitation monte en flèche, ma respiration se fait plus forte, je soupire, je gémis comme une dératée.

La porte d’entrée claque, accompagnée d’un magnifique « Youhou, les filles ! On est là ! ». Solène s’arrête, mon plaisir se transforme en frustration. Elles ne pouvaient pas arriver plus tard. Ma chérie s’excuse, on se redresse et on quitte la chambre. Nous sommes accueillies en grande pompe par une jeune femme, certainement Julia.


— Coucou ! On vous a pas…


Elle se stoppe quelques secondes en voyant ma tête, avant de reprendre.


— Ah si, vous voulez qu’on aille vers un tour ?


Je secoue la tête de droite à gauche, Solène me donne un coup de coude.


— Réponds pas ! Elle se fout de nous. Salut Julia, toujours aussi… caustique ?


— Et toi toujours aussi ennuyeuse ?


Elle rit, vient vers moi.


— Alors, voici donc la fameuse Ellie…


Un coup d’œil vers ma petite amie, sa main me caresse la joue.


— Finalement, Solène a très bon goût. Si jamais tu veux tester autre chose, tu n’as qu’à demander.


Elle me fait un clin, mes joues chauffent. Solène réagit du tac au tac, me tire jusqu’à ses bras.


— C’est bon, t’inquiètes, elle a ce qu’il lui faut.


C’est la première fois qu’elle réagit ainsi, aussi possessive. Je ressens même un brin de jalousie, pourtant, j’ai juste l’impression que Julia ne pense pas un traitre mot de ce qu’elle dit. Elle fait juste ça parce qu’elle voit bien comment Solène réplique direct. Ma main se pose sur le bras de ma petite amie, mes doigts le caressent pour la calmer.

Mes yeux, eux, se dirigent vers sa cousine. Elle n’a pas pipé mot depuis qu’on est là, elle semble gênée.


— Ellie, je m’excuse. J’avais pas compris que ça te touchait autant, je voulais juste t’aider à relativiser la situation.


J’accepte ses excuses, Solène moins. Elle lui fait la morale, lui demandant de ne pas parler à sa place. Je me tais, malgré le fait que j’ai envie de lui faire remarquer que, justement, si elle en avait dit plus sur son ex, on n’en serait pas là. Après des énièmes pardons, on clôture cette histoire. Après tout, comme le dit Julia, on est en vacances, profitons !

La soirée est plus tranquille, plus cool. Ce soir, c’est crêpe et les filles découvrent mes talents, bien cachés, pour retourner nos fines galettes. Je me surprends moi-même, je n’avais jamais testé avant. Il faut croire que j’ai, quand même, de petites aptitudes. Bien installées, on rigole, on mange dans la bonne humeur, on oublie tout. Fatiguées, on part se coucher avant minuit.

Solène m’offre un super massage des jambes, pour éviter les crampes selon elle. Je pense surtout qu’elle avait des idées derrière la tête, sauf que je m’endors et son projet secret tombe à l’eau.


On est réveillée en sursaut, au milieu de la nuit non pas par un de ses cauchemars, mais des gémissements accompagnés de « Encore », « Plus fort », « J’adore, Julia, continue ». Je m’assois, regarde ma petite amie.


— Sérieux ?


Elle ne dit rien, va fouiller dans son sac et me jette des boules quiès.


— On se bouche juste les oreilles et c’est tout ?


— Tu veux faire quoi d’autre ? On va pas les écouter, je veux pas entendre ma cousine prendre son pied !


Je ne sais pas quoi dire, c’est sûr, c’est gênant, mais moi, frustrée comme je suis, ça me fait un effet bœuf.


— Je te préviens, Solène, je vais pas tenir. Elles nous ont stoppées dans notre moment tout à l’heure et là, on devrait les laisser tranquilles sans rien dire ? Surtout que là, un porno sans images, moi, ça me laisse pas de marbre.


— Et donc, tu proposes quoi ?


— Ben…


Je l’embrasse.


— On va voir si Alice appréciera d’entendre sa cousine gémir plus fort qu’elle !

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