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Lundi matin, 5 heures, les yeux piquent un peu quand le réveil sonne. Solène et moi avons eu du mal de nous endormir. Je ne sais pas trop si c’est la venue de son psy hier, le fait qu’on soit toutes les deux un peu barges ou l’excitation de partir au soleil. Même si c’est dur, je suis contente, je vais enfin rencontrer sa cousine.

Je ne sais pas, non plus, si c’est le fait d’en avoir parlé, mais elle ne s’est pas réveillée cette nuit. Ou alors elle n’a pas eu le temps de cauchemarder, vu l’heure à laquelle on se lève. Je verrai bien ce soir si ça recommence. En tout cas, une seule chose est sûre, elle a du mal à émerger. Je suis encore la première debout. C’est étrange comme on a inversé les rôles depuis qu’on est à nouveau ensemble. À la salle de bain, je vois mon reflet dans le miroir. À part mes yeux rougis de fatigue et des cernes à faire peur, j’ai la banane. Une première depuis mes idées sombres. Ça m’a peut-être fait du bien de parler avec doc Martin.


Une fois fini de me préparer, je retourne à la chambre et je constate que Solène n’a pas bougé d’un iota. Je m’installe dans son dos, l’enlace et laisse mes lèvres faire le reste. Son corps réagit direct en sentant mon souffle près de son oreille.


— Solène chérie, si tu bouges pas de suite, tu seras pas prête quand ta cousine arrivera.


Je l’entends pouffer, elle tourne sa tête vers moi.


— Solène chérie ? T’es sûre ?


— Ouais, pourquoi ? T’es ma chérie, non ?


— C’est pas ça. C’est juste que ma mère m’appelle parfois comme ça…


— Merde, tu déconnes ? Ah ouais, c’est pas glamour du tout, de la secousse.


— Euh non, c’est la meilleure façon pour qu’on ne fasse plus rien.


Elle éclate de rire, au moins, ça l’a réveillée et de bonne humeur en prime. Moi, par contre, je suis plutôt gênée. Je voulais vraiment commencer à l’appeler autrement que par son unique prénom, mais là, je me suis plantée. Je ne sais pas comment elle fait, elle y arrive naturellement et moi, j’adore quand elle m’appelle ma belle. Je ne peux pas l’appeler juste Solène indéfiniment, il va falloir que je continue à cogiter.


— Tu sais que c’est pas grave si tu m’appelles seulement par mon prénom, je t’en voudrai pas pour ça.


J’ouvre de grands yeux, je suis vraiment un livre ouvert. Elle a capté la raison de ma réflexion et de ma gêne.


— Je veux vraiment te trouver un surnom mignon, un truc que je serai la seule à te dire.


— Alors, dans ce cas, je t’invite déjà à ne pas mettre mon prénom dedans et puis, sinon fais comme moi, trouve une caractéristique, un trait de caractère qui peut devenir ce nom. Tu vois, toi, je t’ai tout de suite trouvée belle, quand je pensais à toi, c’était ma belle Ellie. Aujourd’hui, t’es juste ma belle.


— C’est facile pour toi, c’est naturel ce genre de chose. J’ai jamais eu à faire ça avant, même pour ça, je suis novice.


— Je te conseille de pas te forcer, ça servira à rien à part te frustrer. Ça viendra quand ça viendra, ok ? En attendant, tu m’excuses, mais là, je vais vraiment être à la bourre.


Elle m’embrasse et file. Bon ben, je vais suivre son conseil. En attendant, je vais préparer le petit-déj’. Même pas cinq minutes après, je suis rejointe non pas par ma petite amie, mais par ses parents. Les deux encore en robe de chambre me font la bise, à tour de rôle, je suis surprise, c’est la première fois qu’ils font ça. Mes joues chauffent à l’idée que je suis complètement acceptée dans la famille. Sylvia me demande comment je vais, je lui réponds en toute franchise que tout va bien, je me sens légère et, surtout, heureuse. Je les préviens aussi que leur fille ne devrait pas tarder.

On se retrouve tous attablés pour déjeuner, une chose si simple, mais qui me met en joie. Mes yeux s’embuent, ma vue se trouble, tout ce bonheur, c’est trop pour moi. J’en ai tellement perdu l’habitude. Solène me prend la main, ses parents s’inquiètent.


— C’est rien, juste des larmes de joie…


Solène dépose un baiser sur ma joue, Michel me frotte le dessus de la tête accompagné d’un « Va falloir en prendre l’habitude, ma petite Ellie ! » tout sourire. Mince, même son père est doué pour trouver des mots tendres. C’est incroyable, c’est de famille, ce truc !

Après avoir séché mes larmes, j’accompagne Solène pour finaliser nos bagages. Nous sommes prêtes de justesse quand la sonnette retentit. Sylvia ouvre et je vois débarquer une jolie jeune femme, presque le double de ma petite amie. La seule différence, ses cheveux un peu plus clairs ne tombent que jusqu’à ses épaules. C’est fou comme elles se ressemblent, je l’avais déjà remarqué sur les photos, mais c’est encore plus flagrant en vrai. Je me mets légèrement en retrait le temps des salutations, Solène me prend par le bras tout sourire.


— Alice, voici Ellie ma petite amie. Ellie, Alice ma cousine.


— Alors voilà, enfin, la fameuse Ellie !


Elle se jette dans mes bras, me claque la bise et se recule, me tenant les mains, pour mieux me regarder. Je vire au rouge, peu habituée à autant de familiarité. Je suis aussi surprise par sa voix, plus grave que celle de sa cousine et légèrement éraillée.


— C’est vrai que tu es toute mignonne !


Un clin d’œil à Solène, niveau caractère, c’est le jour et la nuit. Et j’avoue ne pas savoir comment réagir, ma chérie vient enfin à ma rescousse.


— Arrête de l’intimider ! Bon, on y va ?


Elle se tourne vers moi, pointe son index vers sa gorge.


— Elle fume, c’est pour ça.


Non, je ne suis pas un livre ouvert, elle est télépathe. Un humain normal n’est pas capable de faire ce qu’elle fait, comment arrive-t-elle à savoir, à chaque fois, ce que je pense ? Elle rit, merde, elle a encore capté mes pensées. Un jour, il faudra que je lui demande son secret.

En attendant, on attrape nos affaires et on fourre tout dans la voiture déjà bien remplie. Derniers câlins, dernières embrassades et nous voilà en route pour le sud de la France. Solène côté passager et moi à l’arrière, vitres grandes ouvertes et autoradio à fond la caisse. Un vrai air de vacances en avance. Soudain, Alice baisse le son.


— Au fait, les filles, Julia nous rejoint samedi. Ça pose pas problème ?


Avant même que je demande qui elle est, Solène se retourne.


— Sa meilleure amie.


— Ah ok, ben non, moi, ça me dérange pas. Plus on est de fous, plus on rit, non ?


Sa cousine se marre.


— Folles, tu veux dire, plutôt !


Solène, elle, semble gênée par la nouvelle, elle me fait signe qu’elle m’expliquera plus tard. C’est quoi le souci avec cette Julia ?

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