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Nous restons l’une contre l’autre, je lui caresse les cheveux pour la réconforter. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, sans rien dire. Je suis, d’un côté, heureuse qu’elle m’ait ouvert son cœur, et de l’autre, troublée par ses déclarations. Je ne pourrai pas l’aider, je le sais très bien. Je resterai à ses côtés, je serai forte pour nous deux, mais il nous faut une aide extérieure. Je ne sais même pas si ses parents le pourront.

Je recule mon visage, lui souris et lui dépose un baiser sur la joue. Sans un mot, je lui fais savoir que je serai toujours là pour elle. Je l’embrasse tendrement avant de la relâcher, me relève et lui tends la main. Elle me regarde surprise, j’ai l’impression qu’elle espérait autre chose. Sauf qu’à l’heure actuelle, je veux qu’on en parle déjà à sa mère. Plus vite nous mettrons en place ce qu’il faut pour aider Solène, mieux ce sera pour elle, pour nous.


— Viens ! Allons voir ta mère !


Elle baisse les yeux, est hésitante. J’attrape sa main, la tire à moi, on se retrouve front contre front.


— Je resterai toujours à tes côtés, n’aie aucune crainte. Je serai ton pilier comme tu es le mien, d’accord ?


Elle rougit, nos lèvres se retrouvent à nouveau. Nous rejoignons sa mère au salon, elle sourit en nous voyant main dans la main. Nous nous installons et je pousse Solène à répéter tout ce qu’elle m’a dit. Comme moi, Sylvia est choquée, elle essaie de ne pas le montrer, mais son regard en dit long. Je ne pense pas qu’elle s’attendait à ça. Elle vient prendre sa fille dans ses bras.


— Oh ma puce, pourquoi tu ne m’as rien dit ?


— Je… je savais pas comment le faire. Il faut être tarée pour faire ce genre de rêves !


Je la reprends dans la foulée.


— Cauchemars, ce sont des cauchemars. Et t’es pas tarée, t’as subi un traumatisme.


Sa mère semble fière de mes propos. Je sais que je ne suis pas la personne la plus futée au monde, que j’ai tendance à parler trop vite, mais, ces derniers temps, j’ai pris du plomb dans l’aile. Je ne suis plus la même personne, certains diraient que j’ai mûri. Moi, je dirais plutôt que la vie m’oblige à penser aux choses de manière différente, que mes sentiments pour Solène m’ont fait grandir plus vite que prévu.

Une longue conversation a lieu, je découvre que ma petite amie a déjà suivi une thérapie auprès d’un psy. Après sa tentative de suicide. C’est un ami de ses parents, le docteur Martin, Sylvia l’appelle dès nos échanges terminés. Plus tôt, Solène pourra le voir, mieux ce sera. Exceptionnellement, il passera à la maison demain, on a réussi à négocier le fait que partir en vacances, loin de tout ce tumulte, pourrait lui faire du bien.

On passe le reste de la journée blotties l’une contre l’autre, je fais tout pour qu’elle se sente au mieux. Et dire qu’on a failli se séparer à cause de tout ça, alors qu’il suffisait juste de parler. Les tensions entre nous ont disparu, je me montre attentionnée, câline. Tout en restant le plus respectueuse vis-à-vis de sa mère. Je veux qu’elle sache que je suis là, que je serai toujours là pour elle.


Le lendemain, je fais la rencontre de ce fameux Monsieur Martin. À son allure, on devine de suite qu’il est psychologue, un vrai cliché à lui tout seul. J’en ris intérieurement, Solène le remarque de suite, on échange un regard complice.


— Oui, je sais, mais c’est un bon psy. On va pas s’en plaindre.


Je reste avec ses parents tandis qu’elle le suit dans le bureau de son père. Ça me paraît durer une éternité alors qu’ils n’y restent qu’une heure et demie. Quand Solène sort, seule de la pièce, les yeux rougis, elle m’appelle, il veut me parler. Je ne sais pas de quoi, mais j’accepte, je ferais tout et n’importe quoi pour elle.

Je découvre dans les grandes lignes ce qu’ils se sont dit, j’apprends qu’elle a parlé des problèmes causés par mes parents, de la dernière soirée, la raison pour laquelle elle s’est fait agresser. Je perds en assurance, il me demande comment je vais, ce que je ressens quand on évoque tout cela. Je lui avoue que je n’en sais rien. J’ai l’impression que quelque chose s’est cassé en moi, je m’emporte plus facilement. Je suis heureuse, mais, parfois, j’ai peur que ce ne soit qu’éphémère. Il me pose beaucoup de questions, cherche à analyser la moindre de mes réponses. Son interrogatoire dure, encore et encore, et puis, soudain, je ne sais pas pourquoi, je craque. Je fonds en larme, mes pleurs ne veulent plus s’arrêter. Je me mets, aussi, à parler sans m’arrêter. Un vrai moulin, et lui, il m’écoute en silence, il note parfois dans son calepin. Quoi ? Je n’en sais rien.

Quand mes larmes se tarissent, que mes mots s’arrêtent, que mon cœur est enfin vide de toute tristesse et d’aigreur, je me sens soulagée comme jamais. Il ne dit toujours rien, me sourit avant de me proposer de rejoindre les autres. On se regroupe dans la salle à manger, tous bien assis autour de la table. Solène et moi, nous tenons discrètement la main, toutes les deux plus détendues ou est-ce juste de la fatigue. Le psy nous explique que tout ce qu’on a vécu dernièrement nous a marquées bien plus qu’on le croit. Avant de le rencontrer, il est vrai que je me sentais merveilleusement bien, mais depuis que j’ai discuté avec lui, je n’en suis plus si sûre. Je me sens plutôt en vrac.


Je jette un œil à Solène, elle n’est pas mieux. On est toutes les deux dans un état pitoyable. Selon le docteur Martin, un suivi serait important pour qu’on se sorte de cette galère, pourtant, je n’avais pas l’impression que j’allais si mal. Oui, ma petite amie en a besoin, mais moi, je ne pense pas. J’hésite, je me questionne et puis, au final, j’accepte cette éventualité, si cela peut aider Solène, allons-y.

En prime, il est d’accord avec nous, nous avons besoin de changer d’air et partir deux semaines peut nous faire du bien. Par contre, il souhaite nous voir à notre retour. Rendez-vous est pris.

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