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La semaine passe extrêmement vite. Entre la supérette, l’entretien que le patron m’a fait rapidement passer et les préparatifs pour nos vacances, j’ai l’impression que le temps s’est écoulé à vitesse grand V, et nous voilà déjà vendredi soir. Une seule chose ne change pas, les réveils incessants de Solène. Son sommeil est de plus en plus agité et je passe mes nuits à la réconforter comme je peux. Difficile d’aider quand sa petite amie ne donne aucune explication.

Surtout que je ressens aussi de la frustration. Depuis qu’on est à nouveau ensemble, elle ne m’a pas touchée. Elle me prend dans ses bras, m’embrasse, elle est attentionnée, je ne dis pas le contraire, mais il n’y a rien de plus. C’est vrai que je lui ai reproché d’endosser le rôle de l’active, qu’elle m’a avoué aimer quand je prends les devants. Mais il y a une différence entre alterner les rôles et ne plus rien faire.

Ce soir, c’est décidé, elle me fera grimper aux rideaux !

Je monte la première, je ne l’attends pas. Dans la chambre, je me déshabille, ne gardant que ma lingerie, et m’installe sur le lit dans une pseudo-pose sexy. Quand je l’entends dans les escaliers, je croise les doigts pour qu’elle ne me trouve pas ridicule. Elle ouvre la porte, bloque. Je suis fière de mon effet. Elle referme tout en me fixant, ses yeux en disent long. Elle me rejoint, s’allonge à mes côtés. Ses mains trouvent ma taille tandis qu’elle approche son visage du mien.

— T’es sexy, ce soir.

Mon plus beau sourire, je me décale pour l’inviter à venir au-dessus de moi. Elle ne se fait pas prier, ses doigts caressent ma joue, sa bouche trouve le chemin de mes lèvres. Effet garanti, je me liquéfie, le manque peut-être. Je l’aide à ôter son haut et lui effleure les seins à même le tissu. Je l’attire à moi pour un baiser appuyé. Ses mains parcourent mon corps, m’électrisant aux moindres contacts, pendant que ses lèvres en flattent chaque parcelle.

Bouche, joue, oreille, cou, elles suivent un chemin tout tracé vers le haut de ma poitrine. Ma respiration est de plus en plus forte, j’ai déjà très chaud. Sa façon de prendre soin de moi m’a tellement manqué, je suis aux anges. Solène s’occupe de ma poitrine, le plus lentement possible pour faire monter mon excitation. Je suis à doigts de lui dire inutile, je suis déjà chaude comme la braise. Une de ses mains se dirige, enfin, vers le lieu défendu quand, soudain, elle s’arrête et enfonce son visage entre mes seins.

— Merde, je peux pas…

Je relève la tête, comment ça elle peut pas ? Bien sûr que tu peux ! T’en as envie, j’en ai envie, il est où le problème ?

Elle se couche sur le dos, juste à côté de moi. Je ne bouge pas d’un iota, seuls mes yeux la suivent, je n’arrive toujours pas à comprendre ce qu’il se passe. Elle fixe le plafond, je ressens son malaise.

— Je suis désolée.

Je la fixe, mes yeux la supplient de me donner une explication. Mais, elle ne vient pas, à la place, elle me baise le front, n’ose pas affronter mon regard.

— Désolée, je suis crevée. Si ça ne te dérange pas, j’aimerais qu’on dorme… Bonne nuit, Ellie.

Sans me laisser le temps, elle se tourne et éteint la lampe de chevet. Je reste comme une conne dans le noir, mes questions restent sans réponse. Je ne sais plus quoi penser, est-ce ma maigreur excessive qui la rebute ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Je sens les larmes monter, je me pince l’arête du nez, inspire profondément. Solène capte mon mal-être, elle se tourne à nouveau vers moi, m’enlace tendrement et enfouit son visage dans mon cou.

— Ellie, calme-toi. C’est pas toi le problème, c’est moi, ok ?

— Alors, dis-moi ce qui ne va pas ! Tu t’réveilles en sursaut toutes les nuits, tu n’me touches plus, je… Tu m’as fait promettre de te dire tout, pourquoi tu suis pas ton conseil ? Pourquoi tu ne me dis jamais rien ? Pourquoi tu ne me parles pas ?

— Je… J’y arrive pas… Je…

— Laisse tomber, j’ai compris.

Vexée, blessée par son manque de confiance envers moi, je la repousse et lui tourne le dos. Elle soupire avant de se recoucher. Je n’arrive pas à trouver le sommeil, la colère et mes questionnements m’en empêchent. Solène, elle, y arrive très bien, sa respiration est d’un calme. Elle est peut-être réellement crevée. Cette pensée me soulage un peu, les vacances à venir lui feront le plus grand bien et peut-être que notre couple retrouvera enfin une once de sérénité après ça.

Alors que la fatigue me gagne enfin, je suis réveillée en sursaut par ma petite amie. Elle a encore fait un cauchemar, sauf que là, c’est différent des autres nuits. Elle quitte carrément le lit, la chambre presque en courant. J’allume et la suis, je ne comprends pas ce qu’elle a. Je la retrouve aux toilettes en train de vider son estomac.

— Solène, ça va ?

Je reste dans le couloir, inquiète. J’attends qu’elle ait fini. Le bruit a aussi réveillé sa mère qui vient aux nouvelles, je secoue la tête et les épaules. Je n’en sais pas plus qu’elle. Quand Solène sort de la pièce, elle file à la salle de bain sans un mot. Je réitère ma question.

— C’est rien, d’accord ! C’est juste un truc qui n’est pas passé, c’est tout.

Elle voit ma mine déconfite, lève les yeux au ciel et s’emporte.

— C’est bon, Ellie, tu peux aller te recoucher. T’as jamais vu quelqu’un dégueuler ou quoi ?

Je suis choquée et énervée, je m’inquiète pour elle et voilà comment elle me reçoit. Je lui lance un « va te faire foutre ! » et je repars jusqu’à la chambre pour récupérer mes affaires. Je m’enferme dans la chambre d’amis, elle a gagné, c’est bon. Ses vacances, elle peut se les carrer où je pense ! Demain, je me barre. Je préfère encore me retrouver à la rue que de rester sous le même toit qu’elle ! Merde, je m’inquiète comme pas possible pour elle, je fais tout pour qu’elle soit bien et voilà comment elle me traite ? Sérieux, elle croit qu’elle peut me prendre et me jeter à tout va sans que j’aie mon mot à dire ?

C’est bon, j’en ai ma claque. Je n’ai pas fait tout ça pour qu’on me parle comme ça, pour qu’elle… Merde à la fin ! Dans la foulée, je fonds en larme et regrette de l’avoir rencontrée. Je n’en peux plus de cette relation à sens unique. J’entends Sylvia qui lui fait la morale, qui tente de la calmer, mais en quoi, ça va aider ?

Au final, je suis quoi pour elle ?

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