Notre baiser devient fougueux, Ellie me force à me coucher. Sa langue joue avec la mienne, ses mains s’occupent de défaire le bouton de mon pantalon. Elle est drôlement pressée. D’habitude on prend le temps de se chauffer un peu. Ses doigts entrent déjà en moi, me martèlent. Je tente de la calmer, mais elle s’en fout, elle continue sur sa lancée.

J’ai l’impression qu’elle m’oublie, que mon plaisir lui passe bien au-dessus de la tête. J’attrape son poignet, la stoppe net. Elle me jette un regard énervé, retire sa main de mon entrejambe et s’assoit.

— Comme d’hab’, c’est toi, toi et encore toi ! Tu décides de tout dans notre relation ! Quand on couche, quand on s’embrasse, quand on se sépare, quand on reprend ! J’en ai marre de ton égoïsme !

Je veux bien avoir été celle qui a déconné, mais là, elle commence vraiment à me saouler. Je me redresse et lui fais face. Je laisse aussi ma colère éclatée.

— Tu te fous de moi, j’espère ! En quoi je pense à ma gueule ? Je fais tout pour toi ! Je passe des heures à chercher comment je peux te donner du plaisir quand on se voit. J’ai tout fait pour que tes parents ne t’envoient pas à des milliers de kilomètres. Et je suis égoïste ? Non, mais la bonne blague !

Je quitte le lit, me rhabille tout en râlant.

— Sérieux ? Tu fourres tes doigts sans vouloir me faire du bien et je dois rien dire ? Allez, c’est bon, ça me saoule, je me casse ! T’as qu’à aller voir ta super copine Lydia, elle se fera un plaisir de coucher avec toi !

J’ouvre la porte, me retourne vers elle.

— Je vous souhaite le plus grand bonheur, à toutes les deux !

Je n’attends aucune réponse, je file. Quand je croise mes parents, je les préviens que je vais faire un tour. J’ai besoin de souffler, de changer d’air. Et me voilà à faire le tour du quartier pendant plusieurs heures, marcher m’aide à me vider la tête. Mon énervement redescend, c’est notre première dispute et elle tombe au mauvais moment. Peut-être la tension accumulée ces derniers jours qui a besoin de sortir ?

Merde, et si elle allait voir sa copine ? Je m’en veux, j’aurais pas dû lui dire ça. Ellie a toujours été claire là-dessus, Lydia ne l’intéresse pas. Je m’agace toute seule, je fais vraiment n’importe quoi ces derniers temps. Surtout depuis que je la connais. Cette fille me rend dingue, j’ai jamais été comme ça. Quand je rentre, il faut que je m’excuse. Sur le chemin du retour, je croise les doigts pour qu’elle soit encore là. Je l’ai vraiment dans la peau. Je l’aime tellement que je ne sais pas comment je ferais sans elle.

Devant la maison, je m’arrête quelques secondes, j’hésite à entrer puis je me lance. Après tout, c’est chez moi. Je suis surprise de découvrir Ellie plus détendue au salon avec mes parents. Je la ramène pas, j’avance à reculons. Je finis par m’asseoir à côté d’elle, penaude.

— Je m’excuse.

Elle pose sa main sur la mienne, me sourit.

— Moi aussi. Je sais pas pourquoi j’ai agi comme ça, pourquoi je t’ai parlé comme ça.

— La tension de ces dernières semaines, peut-être. Juste, promets-moi de ne pas aller voir Lydia.

— Ah oui, alors là, il va falloir que tu m’expliques.

— C’est la seule qui savait pour nous, qui savait tout. Elle ne m’aime pas. Il y a bien une raison.

— Tu crois vraiment qu’elle nous aurait trahies ?

— J’en sais rien, possible. L’amour peut faire tourner la tête, parfois. Regarde jusqu’où j’ai été pour toi !

Ma belle pose sa main sur ma joue, y dépose un baiser. Je fonds. On reprend nos investigations. Ma mère participe à nos questionnements, cherche à comprendre si cela est possible. J’apprends aussi qu’ils ont pu parler des possibilités qui s’offrent à Ellie et qu’elles iront chez ses parents demain après-midi. Je propose de les accompagner, ma maman accepte à la seule condition que je ne fasse pas de vagues. Je lui promets d’être sage.

Le soir, nous préparons le repas à quatre. Cela nous fait du bien, Ellie et moi arrivons enfin à nous détendre un peu. Juste après le dîner, elle me propose de nous isoler, nous sortons dans le jardin. La chaleur de l’été est encore là. Je m’installe sur un des transats près de la piscine, elle pose ses fesses sur mes genoux et nous nous blottissons l’une contre l’autre. Je ferme les yeux et profite du moment, je la laisse débuter la discussion.

— C’est vrai ?

— Quoi ?

— Que tu passes des heures juste pour trouver comment me donner du plaisir ?

Je rougis.

— Oui…

— Mince, moi qui croyais que c’était ton expérience qui parlait dans nos moments intimes.

— Mon expérience ?

— Ben ouais, sur nous deux, t’es la seule à avoir une ex !

— Pff, j’ai fait bien plus de choses avec toi qu’avec elle.

— Sérieux ?!

— Ouais, j’avais juste droit de la caresser un peu et d’utiliser ma bouche. Elle me balançait à chaque fois que, si elle voulait se faire pénétrer, elle aurait été hétéro.

— Alors en fait…

Je lève ma main et tends deux doigts, en me marrant.

— On a déjà fait bien plus, oui.

— Arrête !

Elle lève les yeux au ciel.

— T’es vraiment conne.

— Et sinon, oui, je veux que notre relation soit exceptionnelle et c’est pour ça que je fais tout pour varier nos moments à deux. J’ai trouvé un super site pour ça !

J’attrape mon téléphone et lui montre. Elle lit le nom de l’article.

— Kamasutra lesbien, 100 positions à tester… T’as prévu des années de sexe là !

— Non, on testera pas tout ! Y’a des trucs, je me vois mal les faire…

On regarde ensemble, ça a l’air de lui plaire aussi. On a quelques préférences, mais je ne vois pas comment on pourrait actuellement. Je lui fais la promesse de lui offrir des moments inoubliables quand tout se sera arrangé. Il faudra que je réfléchisse à ça. Peut-être voir avec mes parents pour qu’ils m’aident à organiser un truc sympa. Pourquoi pas un weekend en amoureuses ?