20 (V2)

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Dernière semaine de cours, je suis complètement stone. Les médocs font leur effet, je ne pleure plus, mais je ne comprends plus rien non plus. J’ai l’impression d’être là sans être là. Solène, elle, n’est déjà plus là. Elle est passée à autre chose, elle m’a déjà oubliée. J’étais donc vraiment qu’un simple flirt sans importance pour elle. Les cours lui passent bien au-dessus, le bac aussi, et moi, vu mon état, je ne vois pas comment je pourrai passer les exams.

Je suis tellement shootée que son absence ne me fait rien, penser à elle, non plus. C’est comme si je prenais une cuite non-stop, mes amis s’en inquiètent et me questionnent. Ils se sont persuadés que j’étais en train de faire des conneries, que je me drogue. Ce qui n’est pas totalement faux sauf que je le fais de manière légale. Je reste la plus évasive, je ne veux pas, je ne peux pas leur dire la vérité. De toute façon, avec les cachetons, je ne capte plus rien, mon esprit est totalement embrumé. Même réfléchir, c’est compliqué.

La seule qui peut comprendre et me consoler, Lydia. On passe pas mal de temps ensemble, elle me réconforte comme elle peut. C’est gentil de sa part, mais totalement inutile, rien n’arrive à me faire oublier mon chagrin. Dès que les médicaments ne font plus effet, les larmes reviennent. Il paraît qu’on peut mourir de chagrin, c’est peut-être ce qu’il va m’arriver. Étrangement, la mort ne me fait pas peur.

Comme on dit, « on meurt tous un jour » et mon jour est peut-être plus proche que jamais. J’ai de plus en plus de mal à supporter ma vie, notre séparation est la goutte de trop. Je n’en peux plus, je m’enfonce dans un océan sans fond. Impossible de remonter à la surface.

Je m’affaiblis de jour en jour, mes parents tentent tout leur possible pour m’empêcher de plonger toujours plus. J’ai perdu du poids, beaucoup trop. Quand je me regarde dans la glace, j’ai l’impression d’y voir une morte-vivante. Mes os ressortent au niveau de mes épaules, mes joues se creusent, ma peau est d’une pâleur à faire peur. Une vraie zombie. Je me meurs à petit feu et je m’en fous royalement.

Un soir, mes parents invitent des voisins. Cela faitt longtemps qu’ils ne l’ont pas fait que je ne sais même pas qui sont ces gens. De la maison d’à côté selon ma génitrice. Ils viennent avec leur fils, étudiant qui a fini sa seconde année en je ne sais quoi. Je n’ai pas écouté, je m’en fiche. Il passe la soirée à me parler, ne comprend pas que je n’en ai rien à faire de ses histoires. Je suis tellement shootée que je ne comprends qu’un mot sur trois. Quand ils s’en vont, je n’ai même pas retenu son nom. Le lendemain, ma mère m’envoie, chez eux, apporter un livre de recettes. Je tombe sur lui, ses parents ne sont pas là. Je lui donne le bouquin et j’essaie de m’enfuir, mais il me retient, me propose un verre. Il insiste tellement que je me sens obligée d’accepter.

— Déception amoureuse, hein ?

Je bloque, le fixe en silence.

— Et depuis peu, n’est-ce pas ?

Je baisse la tête, je ne sais pourquoi, mais je fonds en larme. Il me prend dans ses bras.

— Je sais ce que c’est, je suis déjà passé par là. Pleure autant que tu veux. Si tu as besoin d’en parler, je suis là.

Il m’invite à m’asseoir au salon et, je ne sais pourquoi, peut-être parce qu’on ne se connaît pas, je mets des mots sur ma situation. J’entame une thérapie à ses côtés. Tous les jours, on se voit, je lui parle et il m’écoute sans rien dire, sans me juger. Mon cœur se soulage, même si ce n’est pas suffisant pour que mes idées noires s’en aillent.

Au vu de mon état, mes parents m’autorisent à nouveau à avoir un téléphone, je passe pas mal de temps à biper Ian. J’ai besoin de lui, de sa joie et de son humour. Il est le seul à réussir à me redonner le sourire, même si mon cœur saigne encore. La colère m’a fait effacer le numéro de Solène. Après tout, pourquoi le garder ? Elle ne m’a jamais aimée, a joué avec mes sentiments. Je ne sais plus si je l’aime encore ou si je la déteste.

L’oral et l’écrit de Français se passent comme ils doivent se passer, je ne sais pas du tout quel en sera le résultat et je m’en fiche. Les vacances débutent, je vais pouvoir m’enfermer dans mon refuge, oublier tout le reste. Nous ferons quelques sorties avec mon meilleur ami, peut-être avec Lydia. Je continue ma thérapie aussi, avec Mathieu. Je tente de reprendre vie, comme je peux.

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