Mince, Ian, je l’avais complètement oublié. On était tellement dans notre bulle, aussi. Ça devient une habitude, à force il va m’en vouloir. On s’écarte, rouge comme une tomate alors que mon meilleur ami débute, déjà, ses taquineries.

— Au moins, pour une fois, t’embrasses en connaissance de cause !

Je passe en mode « outrée ».

— Dis, si je t’ai invité, c’est pas pour te foutre de ma gueule !

Je quitte le banc, lève la main comme pour le frapper. Il me supplie de l’épargner. On a un fou rire, je lui en tape cinq.

— Je suis trop contente de te voir, poto.

Il serre fort dans ses bras. Un jour, il me pètera des côtes, j’en suis sûre.

— Tu m’as trop manquée, ma petite Ellie. Je vois que les amours sont au beau fixe.

Il prend ma place, jette un coup d’œil à Solène.

— Pas trop dur de supporter un garçon manqué comme elle ?

— Oh non, et puis je lui montre la voie de la féminité.

— Oh quelle bonté d’âme !

— Je sais, je sais, ça me perdra.

À les voir ainsi, on pourrait croire qu’ils se connaissent depuis toujours alors que ce n’est que la seconde fois qu’ils se voient. Je suis heureuse, une telle complicité en si peu de temps. Ils sont faits pour s’entendre, ces deux-là.

Soudain, Ian me reluque. Je lève un sourcil, quelle connerie il va encore me sortir ?

— Quoi ?

— Ben, je me dis que ta copine a une bonne influence sur toi. Je t’ai jamais vue habillée aussi sexy.

— Dis tout de suite que je sais pas me fringuer.

— Tu veux la vérité ou un mensonge ?

Je suis de nouveau outrée. Et voilà Solène qui en rajoute une couche.

— On ne peut pas dire que tu saches te mettre en valeur, sauf pour les sous-vêtements. Là, je n’ai rien à redire !

Mon meilleur ami me lance un regard qui veut tout dire.

— Tu m’as pas dit que vous aviez consommé.

— C’est pas une obligation que tu saches.

— Quoi ? Comment ? Mais quelle offense ! Moi qui t’ai tout de suite annoncé que j’avais couché avec Antoine, je pensais que nous étions amis au point de tout partager.

Index sur le menton, je réfléchis dix secondes.

— Ah oui, c’est vrai que tu me l’avais dit. Bon ben ok, avec Solène, on a couché.

Il attend que j’en dise plus, je me tais tout en lui souriant. « Non, mon cher Ian, tu n’auras rien de plus de ma part ». Et encore une fois, ma petite amie me trahit. Ah c’est beau l’amour, je vous jure !

— Et elle a pris son pied. Deux fois. Et, après, elle s’est endormie comme un loir.

— Sérieux ? Tu l’as épuisée à ce point-là ?

Mon visage est en feu, comment peut-elle parler de ça aussi facilement ?

— Bon, les gars, on arrête de parler de moi comme si j’étais pas là ?

Je pointe du doigt Solène.

— Et toi, affiche pas un tel sourire ! On a l’impression que t’es fière de toi.

Elle voit très bien ma gêne et continue sur sa lancée, comme si de rien n’était.

— N’importe qui serait fier d’avoir donné autant de plaisir à sa copine.

— Tu vas voir la prochaine fois ! C’est moi qui dirigerai et du plaisir, je vais t’en donner et pas qu’un peu ! Je vais t’épuiser, on en reparlera du loir !

Soudain, Ian se rappelle à nous.

— Les filles ! Les filles ! Je suis là, j’ai pas envie d’en savoir autant sur votre vie intime !

Rouge comme une pivoine, on s’excuse. Ma mère vient nous voir dans un timing parfait. Deux minutes plus tôt, elle nous aurait entendus et la journée se serait terminée avec une nouvelle crise. Elle est surprise par la présence de Ian qui lui lance un bonjour enjoué. Comme d’habitude, il se la joue sympa et elle le regarde à peine. Elle nous propose un quatre heures. Mince, le temps passe trop vite. Bientôt, je me retrouverai seule, mon cœur se serre à cette simple pensée.

Avant de partir, Solène demande à mes parents l’autorisation de revenir le lendemain. Après quelques hésitations et de beaux « Sil vous plaît » de ma part, ils acceptent, mais à condition qu’on révise. Ma petite amie me chuchote un « Ça va aller, on se revoit demain », accompagné d’un clin d’œil, avant de me laisser en compagnie de mes géniteurs. J’ai hâte d’être à demain.