15 (V2)

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Le lendemain n’est pas mieux, Solène est toujours aussi patraque. On s’installe comme la veille. Elle me prête son portable pour que je puisse inviter Ian samedi après-midi pendant qu’elle somnole. J’ai l’impression de me voir le lendemain de mes dernières cuites. Je m’inquiète de plus en plus et les questions fusent.


— T’es sûre que t’as rien d’autre à me dire ?


— Comment ça ? Tu veux que je te parle de quoi ?


— Ben, je sais pas, mais, quand je te vois comme ça, ça me rappelle mon état après une cuite.


— Si tu veux savoir si je bois, non, juste en soirée. Et encore, je n’ai jamais été soûle de ma vie.


— Jamais ?


— Non, je sais me contrôler et je fais attention à ne jamais boire trop. Et je te l’ai dit, c’est juste une migraine.


— Il faut comprendre aussi, t’as pas l’air bien, t’es crevée et la bouffe, c’est une cata !


Je me stoppe, mon cerveau fonctionne à mille à l’heure et les idées les plus farfelues me viennent à l’esprit.


— Tu me le dirais si t’étais enceinte ?


Sa tête quitte mon épaule, son regard en dit long, elle me prend pour une folle. Elle ferme légèrement les yeux à cause de la douleur, sa voix est douce, presqu’inaudible.


— Et comment je pourrais l’être ? Je suis lesbienne, meuf. Je ne couche qu’avec des femmes et tu devrais le savoir.


Je prends le temps de réfléchir un peu. Oui, c’est vrai qu’elle m’a dit que les mecs, elle s’en foutait. Et puis, mes doigts et ma langue ont déjà farfouillé dans ce secteur, et en effet, je n’ai pas l’impression qu’un pénis ait été s’y fourrer. Je rougis, penaude et peu fière de ma connerie.


— Désolée, je sais pas ce qui m’a pris. Mon cerveau s’est un peu trop emballé.


Elle m’embrasse tendrement et repose sa tête.


— Pas grave, j’ai pris l’habitude de tes délires.


— Je savais pas qu’un mal de crâne pouvait mettre dans un état pareil…


— Et je ne te le souhaite pas, c’est une horreur. J’ai l’impression d’avoir un étau autour de la tête en tout temps et, quand la migraine se fait plus forte, j’ai des nausées. Le moindre mouvement me fait mal au niveau des tempes, le bruit ou la lumière, c’est une horreur, ça me donne la gerbe.


— Je comprends pas pourquoi tu viens en cours si t’es pas bien.


— Parce que je ne peux pas manquer à tout va et puis j’aime bien nos moments tranquilles à deux.


Je fonds, cette fille ne se rend pas compte comme ses mots me réchauffent le cœur. Je me tais, la laisse profiter des dernières minutes de silence et de tranquillité. J’espère juste qu’elle ira mieux demain, pour notre début de week-end.


Samedi matin, quand la sonnette retentit vers onze heures, j’accours, tout sourire, pour ouvrir. Solène est juste là, face à moi. Elle semble encore un peu fatiguée, mais a meilleure mine. Je lui dépose un petit baiser sur les lèvres.


— T’as l’air d’aller mieux.


— Oui, oui, ma migraine est partie. Bon, je suis pas encore en grande forme, mais au moins, ma tête va beaucoup mieux. Toi, par contre…


Elle ne finit pas sa phrase, me regarde de haut en bas. Mes efforts vestimentaires lui plaisent, je vois à son regard que mon petit short en jean lui fait de l’effet. Je la prends par la main et l’entraine au salon, nous nous asseyons côte à côte. Quand mes parents reviennent du jardin, elle se lève pour les saluer, leur propose un coup de main. Un savoir-vivre parfait, ils l’accepteraient, ils verraient en elle la belle-fille idéale. Je ne peux m’empêcher de l’admirer. Elle se tourne vers moi, sourit.


— Fais gaffe, tu baves !


Je passe ma main sur ma bouche, remarque qu’elle se fout de moi.


— Ha ha, très drôle !


Elle se penche et pose, délicatement, ses lèvres sur mon front.


— Désolée, c’était tentant.


Nous aidons mes parents pour le repas. Je suis ravie en voyant Solène gérer comme une pro, même si mon cœur ressent un pincement. J’aimerais tellement qu’ils comprennent que c’est une fille bien, qu’ils arrêtent avec leurs préjugés. Après le déjeuner, nous filons dehors pour profiter du soleil et d’un temps juste pour nous. Mes géniteurs sont trop occupés à l’intérieur pour venir nous rejoindre, on en profite pour se bécoter un peu. On a besoin de se retrouver, de se toucher.

Je suis vraiment dingue de sa bouche au point d’en oublier l’heure. Nous sursautons quand une voix nous interpelle.


— Et ben, ça joue de la langue ici !

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