13 (V2)

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Le weekend a été génial, j’ai l’impression de revivre. Être à ses côtés, loin de mes parents, tout cela m’a fait le plus grand bien. J’entame ce lundi matin avec le sourire. Lydia le remarque direct et me demande ce qui peut bien me mettre autant en joie. Sans hésitation, je lui parle de ces deux derniers jours loin des crises et du tumulte des dernières semaines. Elle semble contente pour moi, même si elle ne l’exprime pas clairement.

Le midi, je retrouve Solène à notre lieu de rendez-vous habituel, les toilettes du premier étage. Elle est aussi détendue et heureuse que moi. Pouvoir être ensemble, vivre notre amour sans craindre la réaction de mes parents, c’est une chose merveilleuse. On parle de tout et de rien, adossées au mur du fond, comme si nous ne nous étions pas vues depuis un bon moment, nos mains entrelacées. Nous sommes sur un petit nuage.

Quelques baisers furtifs échangés, des doigts qui paressent sur les joues, les nuques et les cheveux. On respire le bonheur, c’est clair et puis, finalement, j’ai hâte d’être à samedi. Cette fois-ci, ce sera chez moi. On sera moins libre, mais bon, je ne peux pas passer tout mon temps chez ses parents, les miens ne l’accepteraient pas. Je lui propose qu’on voie aussi Ian, ça fait trop longtemps que je ne l’ai pas vu, il me manque.


Si j’osais, je l’inviterais avec son petit ami, juste pour faire chier mon monde. On formerait un groupe soudé face à l’adversité, une sorte de « Club des dégénérés », notre QG serait bien entendu ma maison et on referait le monde sous les yeux horrifiés de mes parents. Un doux rêve de vengeance qui restera un rêve, jamais je ne le ferai, trop peur de leur réaction. Je devrais subir leurs foudres dans la foulée. Pour avoir goûté à quelques prémices, ça m’a amplement suffi. Je n’ai pas du tout envie d’en subir plus.


La journée se passe bien, mon père vient me chercher comme tous les soirs au lycée. Il me demande de la lui raconter, j’omet pas mal d’éléments. J’ai parfois des doutes, j’ai la sensation qu’il sait pour Solène et moi, qu’il attend que je le dise. Je ne sais pas d’où sort cette impression, mais, à chaque fois que j’entre dans la voiture, je la ressens.

Et, comme à chaque fois, à peine arrivée, je me prépare un goûter et je m’enferme dans ma chambre. Depuis cette histoire, je garde de la rancœur, je préfère rester seule que d’être dans la même pièce qu’eux. Je sais que je désole mon père, mais c’est comme ça. J’ai besoin de digérer tout ce qui est arrivé. Je n’arrive plus à leur faire confiance et puis il devrait être content, je me concentre sur le futur examen. Je passe mon temps libre à réviser pour le bac français, après, sans téléphone, sans ordinateur, enfermée dans ma chambre, je n’ai rien d’autre à faire.


Quand je descends pour le repas, je suis surprise, ma mère est en retard et nous mangeons sans elle. Elle rentre alors que je débarrasse la table. Elle échange un regard avec son mari, je suis totalement transparente. Encore une nouveauté, elle m’ignore. Je ne cherche même plus à comprendre et retourne à l’étage, au moins là-haut, je suis tranquille. Une chose est sûre, ils sont en grande conversation, même si je ne comprends pas un traitre mot, je les entends parler. Et je parie que c’est encore de Solène et moi, ils passent leur temps à radoter cette histoire qui, pourtant, est d’une grande simplicité : on s’aime, point.

Saoulée, je me couche, attrape mon MP3 et écoute la musique à fond. Je préfère me retrouver dans cette bulle sonore et laisser mon esprit divaguer, penser à ma petite amie, aux projets que nous pourrions avoir. Je ne sais même pas ce qu’elle a prévu pour cet été, est-ce qu’elle part en vacances ? L’année scolaire terminée, comment ça va se passer ? Pourrons-nous nous voir plus souvent ? Au final, j’ai hâte d’être à demain. J’ai mille questions à lui poser.


Le lendemain, on prend les mêmes et on recommence, mis à part que Lydia passe la pause déjeuner avec nous, qu’on a changé de sujets de conversation. J’apprends que Solène part quinze jours dans le sud de la France avec sa cousine, ce sera camping et plage. Elle me propose de l’accompagner, on tire des plans sur la comète, encore faut-il que mes parents acceptent et ça, c’est pas gagné. Ses parents, eux, partent deux semaines en août, elle n’a pas prévu d’y aller et aura la maison pour elle toute seule. De nouveaux plans se mettent en marche. Ce serait vraiment fun de se retrouver toutes les deux, sans personne d’autre.

De doux rêves, de douces illusions, mais rien que d’y penser, d’y réfléchir, cela nous met en joie. On touche presque à l’euphorie en imaginant ces moments de liberté. La sonnerie nous ramène sur terre en moins de deux. Je me plais à penser à tout cela pendant les cours de l’après-midi et, quand je rentre, ma concentration est à zéro, impossible de m’intéresser à mes révisions.

Ma mère rentre encore plus tard que la veille, je ne sais pas ce qu’ils mijotent, mais ça commence à me turlupiner pas mal. Qu’ont-ils encore prévu comme vacherie ? Je ne sais pourquoi, mais je m’attends au pire. Mes rêves d’avenir cèdent leur place à une peur qui me prend aux tripes comme jamais. Quand arrêteront-ils ?

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