10 (V2)

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Avec Ellie, nous mettons en place une routine. La semaine au lycée, nous nous voyons uniquement après la cantine. À ma demande, nous limitons nos entrevues, j’ai encore en tête la phrase de son père « si nous apprenons que vous passez du temps ensemble. » Comment pourraient-ils l’apprendre ? Elle tourne en boucle et je me mets à me méfier de tous ses amis. Et puis, si Lydia a capté notre relation, d’autres le pourraient. Moins nous nous verrons en semaine, mieux ce sera.

Résultat, j’ai hâte d’être au weekend, nous avons réussi à négocier pour qu’elle vienne chez moi. Elle pourra même rester dormir. Nous avons dû promettre à ses parents qu’on sera sage et qu’on ne fera que dormir. En même temps, avec mes parents présents, je me vois mal faire autre chose. Même si leur chambre est la pièce la plus éloignée de la mienne et qu’ils ne pourraient rien entendre. Question de respect, c’est tout.

Ellie a retrouvé son sourire, elle est tout autant excitée que moi à l’idée de ces deux jours. Pouvoir passer autant de temps ensemble ne peut que nous réjouir.

Tous les matins, j’attends son arrivée au portail et, quand elle descend de voiture, je file dans la cour sans demander mon reste. Je me sens obligée de prouver à ses parents que je suis une personne sérieuse, que je ne les décevrai pas ou alors je culpabilise. Après tout, on les arnaque en leur faisant croire qu’il n’y a aucune interaction entre nous au lycée.

Je n’ose imaginer leur réaction s’ils savaient. Ce serait la fin de ce « nous » pour lequel nous nous battons et Ellie, qu’adviendrait-il d’elle ? Même si elle ne le montre pas, qu’elle veut faire croire qu’elle est redevenue cette fille imprévisible, un peu délurée, je sais que, comme moi, elle a peur. Peur de ce que l’avenir nous réserve, et je croise les doigts tous les jours pour qu’il reste aussi radieux.

Samedi est enfin là, et, à peine arrivée, elle se jette dans mes bras. Nous passons l’après-midi avec ma mère, collée l’une à l’autre sans aucun geste déplacé. Juste quelques démonstrations de tendresse et d’affection. Après le goûter, ma maman part faire quelques courses, nous laissant la maison « une heure ou deux » selon elle.

Cela ne fait même pas deux minutes qu’elle est sortie qu’Ellie m’embrasse plus fougueusement. Cette fille me fait fondre, notre envie se fait intense et nous voilà dans ma chambre en train de déshabiller l’autre. Je la pousse sur le lit, l’y rejoins. Nos bouches se soudent, nos langues se lient, ses mains flirtent avec mon dos. Mes doigts parcourent son corps, je fais monter son désir. Je m’attarde sur son cou, ses épaules, ses flancs avant de m’occuper de sa poitrine. Ses mains descendent, se concentrent sur mes fesses, ses doigts frôlent mes lèvres intimes, Ellie sourit quand ils remontent, trempés, vers mon sillon.

Nous sommes toutes les deux excitées comme jamais. Je me redresse, je trace, de mes doigts, un chemin de sa bouche vers son ventre. J’effleure son pubis, ils continuent sa route, elle mouille tout autant que moi. Tout en la fixant, je suce mes doigts, un à un, son regard lubrique en dit long sur sa soif de plaisir. Je glisse mes cuisses sous les siennes, rapproche mon visage du sien, l’embrasse. Nos sexes collés l’un à l’autre, je débute de légers mouvements du bassin, effet garanti. Ellie laisse échapper de magnifiques soupirs.

— Ça te fait de l’effet, on dirait !

— Tais-toi, continue !

Mes lèvres esquissent un sourire, cette si grande pipelette n’a pas envie de parler. Tout en accentuant l’allure, je la regarde prendre du plaisir. De son bras gauche, elle attrape mon cou. Appuyée sur son bras droit, elle surélève son torse, pose son front contre le mien. Ses hanches entrent dans la danse pour un ballet en parfaite osmose. La chaleur envahit nos corps, la chambre n’est plus que moiteur, gémissements et frottements humides, repoussant le plus possible la finalité de cet instant.

Notre jouissance explose en simultané. Nous restons sans bouger, tête contre tête, yeux fermés, reprenant notre souffle. Quelques secondes, quelques minutes, je ne sais pas, nous perdons totalement le fil du temps, ne compte que ce moment à deux. Il n’y a plus que nous, et rien d’autre. Ellie est la première à bouger, elle se couche, m’attire vers elle et, tout en m’embrassant tendrement, elle me caresse la joue.

— Je t’aime.

— Moi aussi.

Nous restons bien installées dans les draps puis je lui propose d’aller prendre une douche avant que ma mère ne rentre. Quand nous quittons la chambre, sa voix maternelle m’interpelle depuis le rez-de-chaussée.

— Solène, quand vous aurez pris une douche, vous viendrez me donner un coup de main pour le repas !

Je me tourne vers Ellie et lâche un « merde » murmuré. On était tellement dans notre bulle qu’on ne l’a pas entendu rentrer, et surtout, depuis combien de temps est-elle là ? On file jusqu’à la salle de bain, honteuses. Il est clair qu’elle nous a entendues. Je ferme la porte derrière nous et me retourne, Ellie est rouge comme une pivoine.

— Tu crois que…

— Qu’elle nous a entendues ? C’est sûr. C’est pas une tradition de parler de douche quand sa fille sort de sa chambre…

— Je vais plus oser descendre, c’est trop la honte !

— T’inquiètes pas pour ça, ma mère n’est pas du genre à nous afficher. Mais bon, il faudra qu’on soit moins bruyante la prochaine fois.

J’ai un fou rire nerveux, il est clair que je n’en mène pas large non plus. On se prépare. Au-dessus des escaliers, on se donne du courage mutuellement, une bonne inspiration et on descend. Lorsque nous arrivons dans la cuisine, ma maman est déjà en train de couper les légumes pour le soir. On garde les yeux baissés, elle nous demande de l’aider en sortant le reste des ingrédients. Elle nous regarde à peine, nous adresse très peu la parole, s’affaire à ses découpes. Je suis de plus en plus gênée au point où je me sens obligée de m’excuser.

— Désolée, maman.

Elle pose ses yeux sur moi, de la surprise puis un sourire sincère.

— Pourquoi t’excuser, ma puce ? Cette maison est moins bien isolée que l’ancienne, ce n’est pas de ta faute. Il faudrait que je voie avec ton père pour insonoriser les chambres…

Ellie est troublée par cette remarque. Il faut beaucoup pour choquer ma mère, son pragmatisme est parfois surprenant. Ma belle échappe son couteau et se taillade l’index. Ma mère réagit direct en attrapant un torchon et lui compresse le doigt, je cours chercher la trousse de soins. Ça saigne bien, mais la coupure est peu profonde, une désinfection, un petit bandage et c’est réglé. La préparation du diner est plus détendue, même si la gêne est encore présente.

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