12 (V2)

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Solène se rhabille rapidement, me parle, tente de me calmer. Elle m’essuie le menton et remet en place mon Tshirt. Ses mains entourent mon visage, ses lèvres se posent délicatement sur les miennes. Elle me chuchote à l’oreille :


— Ça va aller, ne t’inquiète pas.


C’est elle qui ouvre la porte, je n’arrive plus à me contrôler, assise au milieu du lit, en pleurs. En me voyant ainsi, la colère de mon père redescend, ses yeux sont bloqués sur moi, pas un regard vers ma petite amie.


— Ma puce, qu’est-ce qui t’arrive ?


Je suis incapable de lui répondre, aucun mot ne veut sortir, je hoquette. J’ai un mouvement de recul quand il tente de poser sa main sur mon épaule. J’ai peur, je me sens mal. Je n’arrive plus à réfléchir. Solène remarque très bien ma déperdition, je suis à la limite de la crise d’angoisse. Elle prend les choses en main.


— Votre fille a eu peur quand vous avez tambouriné à la porte.


Il remarque enfin Solène, la fusille du regard. Je ne l’ai jamais vu comme ça. Aussi en colère. Son regard est noir.


— Dehors.


Elle le regarde. Tout comme moi, elle ne comprend pas sa réaction. Il s’approche violemment d’elle, lui attrape le bras, la pousse vers le couloir.


— J’ai dit « Dehors ! », tu dégages de chez moi ! Et ne t’approche plus de ma fille, sale dégénérée !


Je prends mon père par la taille, tente de l’arrêter comme je peux. J’ai peur qu’il lui fasse du mal.


— Papa, mais arrête ! Arrête !


Solène se dégage, recule jusqu’aux escaliers, les mains en protection.


— Ne t’inquiète pas Ellie, je vais y aller. Je t’appelle, ok ?


Je n’ai pas le temps de prononcer le moindre mot que mon père se jette presque sur elle. Il est hors de contrôle.


— Plus jamais, tu m’entends, plus jamais je veux te voir ici ! Tu laisses ma fille tranquille, je t’interdis de l’appeler, de lui parler !


Je la vois partir, fuir. Les larmes coulent sur ses joues, mes jambes se dérobent, je me retrouve à genoux. Je suis totalement impuissante, je n’ai pas su la protéger.


— Pourquoi ? Pourquoi t’as fait ça ? Pourquoi t’as été aussi méchant avec elle ?


Il ne se retourne même pas, regarde la porte d’entrée comme s’il avait peur qu’elle revienne. Bien sûr qu’elle ne reviendra pas, qu’elle ne passera plus jamais le pas de cette putain de porte ! La colère en moi monte, je passe de l’état larvaire à furie. Je me relève, l’agrippe par l’épaule, le force à se retourner et le gifle.

Dans la foulée, la tension retombe, je baisse la tête, merde, qu’est-ce que je viens de faire ? Qu’est-ce qui m’a pris de frapper mon père ? J’attends que le verdict tombe, que la sentence s’abatte. Il me repousse dans ma chambre et ferme la porte.


— Je ne veux plus te voir jusqu’au retour de ta mère. Tu as interdiction de quitter ta chambre.


Je reste sans voix. Quelques minutes après, il ouvre à nouveau la porte, tend la main vers moi.


— Ton portable, tout de suite. Je t’interdis d’appeler un des dégénérés que tu côtoies.


J’hésite, je ne comprends pas comment on en est arrivé là. Il hurle « Ton portable », je sursaute et je me résigne. Il repart avec, me laissant seule, sans possibilité de réconfort. Je m’effondre sur mon lit, je pleure toutes les larmes de mon corps. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi ils n’essaient même pas de m’écouter. Je n’ai plus aucun soutien, je suis seule face à ces monstres. Moi qui étais heureuse d’avoir rencontré une personne à aimer et qui m’aime, je ne suis plus que tristesse. Une petite voix me lance même un « Bienvenue en enfer ! » ricanant.

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