11 (V2)

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Mes parents sont enfin partis travaillés, après dix minutes pour être sûre qu’ils ne reviennent pas, je sors enfin de ma chambre pour aller dans la cuisine. Je n’ai rien mangé depuis hier midi, mon estomac crie famine. Il devra se contenter d’un sandwich.

Vers dix heures, je reçois des réponses à mon message, les deux veulent passer cet après-midi. Le rendez-vous est pris, ils seront là à quatorze heures, j’ai vraiment besoin d’eux, j’ai besoin de réconfort et puis je dois annoncer la mauvaise nouvelle à Solène. Le test ne sera pas pour maintenant, et même peut-être jamais. Si je suis l’idée principale de mes parents, ma vie sociale sera réduite à néant, plus d’amis, plus de petite amie. Plus rien. Il faut croire qu’ils préfèrent me voir seule et triste qu’accompagnée et heureuse. Je ne savais pas que des parents pouvaient souhaiter le malheur à leurs enfants.


Je passe la matinée affalée devant la télé. Je n’ai envie de rien, un nouveau sandwich le midi en guise de repas est amplement suffisant. De toute façon, je ne pourrais rien avaler d’autre. Ma vie est un désastre, merci à mes géniteurs !


Quatorze heures pile, on sonne, je me traîne jusqu’à la porte. Je retrouve un peu le sourire quand je les vois tous les deux dans l’encart. Je les fais entrer, Solène me prend directement dans ses bras, Ian m’explique qu’ils se sont croisés à quelques mètres d’ici. On s’assoit sur le canapé, je me blottis contre ma douce. C’est peut-être la dernière fois que je pourrai le faire, je fonds à nouveau en larme. Elle m’écarte de son corps, plonge son regard dans le mien, son pouce tente d’essuyer mes larmes. En vain.


— Arrête de pleurer, dis-nous ce qu’il se passe.


— Mes parents me croient malade parce qu’on sort ensemble. Ils ont décidé de limiter au max ma vie sociale, je n’ai plus le droit de vous voir. Le bus, c’est fini et tu peux oublier samedi.


Je baisse la tête, je suis épuisée par tout ça. Le dire à voir haute me fait mal, c’est comme si j’acceptais ma condition. Ian, lui, monte direct. Il les aurait devant lui, il leur dirait leurs quatre vérités.


— Mais c’est n’importe quoi ! Qu’est-ce que ça change que tu traînes avec nous ?


— Ian, ils se sont persuadés que c’est à cause de votre homosexualité…


Il est en boucle, « N’importe quoi, c’est n’importe quoi » alors que Solène tente de trouver une solution.


— À mon avis, ils ont juste peur pour toi, regarde comment j’ai subi ma relation avec mon ex ! Les brimades, le harcèlement, ce n’est pas évident à vivre. On pourrait peut-être leur parler pour essayer d’arranger les choses. Je pense qu’il faut les rassurer, c’est tout. Je suis sûre qu’ils peuvent comprendre, il faut juste leur expliquer.


Ce « on » me fait sourire, on cherche des solutions, on prépare notre argumentaire, on est devenue une entité à trois cerveaux. Peu avant dix-sept heures, Ian s’en va, je propose à Solène de rester encore un peu. De toute façon, je suis seule jusque vingt heures. Un peu de compagnie, sa compagnie me fera du bien. J’ai besoin de croire à un quelconque espoir.

Je ne réfléchis pas et l’invite dans ma chambre, ferme à clef. Depuis la veille, j’ai pris cette habitude, à croire que cette pièce doit devenir mon sanctuaire. On s’embrasse, arrivées près du lit, je la pousse et la chevauche. J’ai besoin de tendresse, de me sentir aimer.


— Je t’ai toujours pas donné ce que je t’ai promis.


J’ôte son haut, mes lèvres se posent partout sur sa peau dénudée, ma langue n’est pas en reste. Sa peau frissonne à chacun de mes assauts, mes mains se font aventureuses, câlines. Je me redresse pour la contempler, elle est magnifique, je suis heureuse d’être la seule à pouvoir goûter son corps. Je dégrafe son soutien-gorge, elle le retire. Naturellement, ma bouche s’occupe de ses globes, j’adore sucer ses tétons, une belle découverte.

Elle pose sa main sur mon épaule, relève la tête.


— Euh, mon bébé, tu sais que je donne pas de lait ?


Je relâche son téton, l’embrasse. Je me fais taquine.


— Dommage, j’aurai adoré y goûter.


On rit de nos conneries avant de reprendre où nous en étions. Mes doigts caressent délicatement ses seins, Solène sent mon hésitation à aller plus loin. Elle attire mon visage vers le sien, sa main sur ma joue, elle m’embrasse.


— Je peux gérer la suite si ça te gêne autant…


Je rougis et lui souris.


— Non, non, c’est bon. Je vais le faire.


Mes lèvres glissent vers son cou puis, à nouveau, sa poitrine avant de descendre vers son ventre. Je ne sais pourquoi, mais ma langue joue avec son nombril. Son ventre se contracte, sa bouche laisse échapper des soupirs. Je comprends ce qu’elle me disait la veille, toutes ces petites réactions me font un effet incroyable. J’ai de plus en plus envie d’elle. Dans la foulée, je l’aide à retirer le reste de ses fringues. Pour la première fois, je découvre son corps entièrement nu. J’en admire chaque parcelle, ressens une certaine fierté d’en être privilégiée.

Je deviens joueuse, lui masse et baise les pieds. Elle relève la tête, ça semble lui plaire. Ma main file vers son mollet, ma bouche suit le même chemin. Solène laisse échapper des sons inaudibles, je ne pensais pas être capable de lui faire cet effet. Mes gestes se font plus hésitants au fur et à mesure que je me rapproche de mon objectif de départ. C’est bien beau de la chauffer, mais comment je fais pour le reste ? Surtout que la mettre dans tous ses états, ça me plaît. Je me vois mal lui dire que je n’ose pas aller plus loin.

Je ferme les yeux et prends mon courage à deux mains. Je remonte jusqu’à son pubis que j’embrasse fébrilement. Je glisse mon pouce entre ses grandes lèvres, touche sa zone clitoridienne. Je jette un œil vers ma douce, ce simple contact la fait réagir. Elle est hyper réceptive, comme si c’était la première fois que quelqu’un lui faisait ça. J’ose plus en laissant la pointe de ma langue prendre la place de mon doigt. J’y vais doucement, de manière peu assurée. Solène se redresse, passe sa main dans mes cheveux tout en m’indiquant comment faire.

Je suis ses directives, laisse ma langue être plus présente, plus pressante. Je prends de plus en plus d’assurance au fur et à mesure que ses « c’est bon » et ses « continue comme ça » deviennent excitants. Elle mouille grave et c’est pas la seule. Tout en m’abreuvant de sa jouissance, j’écoute ses plaintes mélodieuses.

Soudain, elle m’agrippe les cheveux, bloque ma tête entre ses cuisses, elle halète de plus en plus fort. Solène est à deux doigts de l’orgasme. Elle m’excite comme une dingue quand, soudain, mon père hurle derrière la porte, tente de la fracasser.


— Ellie, ouvre la porte ! Qu’est-ce que vous foutez là-dedans ? Ouvre-moi cette putain de porte !


Je me redresse et regarde Solène, on s’affole. Mais pourquoi il est là ? Qu’est-ce qu’on va lui dire ? Les larmes ressurgissent, mon espoir s’envole.

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