4 (V2)

3 minutes de lecture

Ellie vient de partir, on s’est, si on peut dire, réconciliée. Enfin, je dirais plus qu’on s’est découvertes, elle embrasse super bien, c’est clair. Je ne sais pas jusqu’où nous serions allées si ma mère n’avait pas débarqué. Elle a, d’ailleurs, très bien compris qui était cette fille dans ma chambre, elle l’a invité à dîner samedi. J’oscille entre joie et stress, mes parents sont quand même cools par rapport à ça. Ils ont tout de suite accepté mon attirance pour les filles. J’espère que ce sera pareil pour Ellie, que ses parents ne seront pas choqués quand elle leur dira. Après tout, c’est leur fille, ils ne pourront vouloir que son bonheur. Et tant pis si c’est avec une femme, avec moi.

En tout cas, une chose est sûre, je suis officiellement avec la meuf qui me plaît. Il aura fallu le temps, mais ça y est, c’est fait, je suis la femme la plus heureuse au monde.


Mon sourire d’amoureuse transie bien affichée, j’aide ma mère à gérer les tâches ménagères. D’habitude, elles sont déjà faites quand elle rentre, mais j’étais un peu trop occupée pour y penser. Dans sa plus grande bonté et sa peur que tout recommence, elle me fait redescendre doucement de mon nuage.


— Tu ne devrais pas trop t’emballer, ma puce, tu la connais à peine.


— Je sais, maman, ne t’inquiète pas pour moi, je gère.


— Tu es sûre ? Si tu as besoin, tu sais que je suis là. Tu peux me parler de tout.


— Oui, sûre et je sais aussi que ton test, samedi, Ellie le réussira haut la main.


— Ooh ma puce, ce n’est pas un test voyons ! Je veux juste m’assurer qu’elle est consciente de tout ce que cela implique, qu’elle ne te fera plus souffrir.


Je comprends parfaitement ses craintes, mais je veux qu’elle sache qu’Ellie n’est pas une irresponsable, qu’on ne fera rien d’insensé.


— Son meilleur ami est gay, elle sait déjà que ce genre de relation peut être compliqué à vivre au grand jour. Et puis, tu sais, on s’est expliquée, c’était vraiment involontaire de sa part et je n’ai pas été tendre avec elle non plus. On a mal démarré, mais on va tout faire pour repartir sur de bonnes bases.


— Promets-moi, au moins, de ne pas aller trop vite avec cette fille, d’accord ?


Je lui fais un bisou sur la joue.


— Promis, on essayera.


Elle lève les yeux au ciel, comment veut-elle que je lui promette cela ? Si elle n’était pas rentrée, on aurait fini à poil dans le lit, je ne vois pas comment on réussira à tenir la prochaine fois qu’on sera toutes les deux seules. Nos corps ont soif l’une de l’autre, on n’y peut rien.

On dîne en tête à tête puis je pars me coucher, des étoiles plein la tête, vers vingt-trois heures. Mon père arrive presque une heure après. Je ne trouve pas le sommeil, je n’arrête pas de penser à Ellie. J’entends mes parents en parler, elle est devenue le sujet principal de toute la famille en à peine quelques heures. J’espère de tout mon cœur que tout se passera bien samedi. Je ne sais pas comment je ferais si je devais choisir entre eux et elle. Et, à force de cogiter, le sommeil montre le bout de son nez.


Le lendemain est difficile, je n’ai pas beaucoup dormi et je galère pour sortir du lit. Ma seule motivation, c’est de savoir que je croiserai ma belle, même si on ne s’adressera pas la parole. La voir dans le bus et au lycée, ses messages, tout me fait plaisir. On se découvre, on apprend à se connaître. J’ai l’impression d’être sur une appli de rencontre, j’ai le sourire facile. On ne m’avait jamais vue aussi détendue au lycée, nos échanges me plaisent, me font du bien. Je suis, tout de même, obligée de calmer ses ardeurs en lui refusant plusieurs fois ses propositions de se voir dans la journée.

Elle pourrait croire que cela ne me dérange pas, mais, au contraire, j’adorerais lui tenir la main, l’embrasser. J’aimerais me tenir à ses côtés, la prendre dans mes bras quand j’en ai envie. Je n’ai qu’une hâte, qu’on se retrouve chez moi, qu’on puisse être libre de s’aimer. Les cours me passent bien au-dessus de la tête, mes pensées sont centralisées sur Ellie. Ses lèvres, ses courbes, ce corps dont je veux en découvrir la moindre parcelle. Je suis désolée, maman, mais y aller doucement sera impossible.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Sophie M Rigger ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0