Je suis impressionnée par la maison de Hakim, une vraie villa, elle est immense. Il serait facile de s’y perdre. Ma légère assurance s’envole, j’ai envie de fuir. Je prends, tout de même, mon courage à deux mains et j’opte pour un plan d’action très simple. J’entre récupérer un verre puis je me cache dans le jardin, j’ai vraiment trop de mal avec le monde. Peut-être ai-je débloqué une agoraphobie ? Et puis, ce n’est pas pour ça que je suis là. Me faire des potes n’est pas mon objectif numéro un.

J’arrive à me frayer un chemin jusqu’aux boissons, je choisis du soft, un rhum coca léger en alcool. Quand je me retourne, je la vois, elle est à quelques mètres de moi. Toujours aussi belle. Malheureusement, elle n’est pas seule, trois types sont avec elle ou, du moins, aimeraient être avec elle. Je repère tout de suite que quelque chose cloche, merde, qu’est-ce que je fais ? Je la laisse se gérer toute seule ? J’interviens ? Et moi qui voulais juste être tranquille, juste la croiser et peut-être lui parler, c’est loupé.

Je ne peux pas la laisser là, ces mecs n’ont qu’une idée en tête et ça se voit bien dans leurs comportements. J’inspire un grand coup et j’y vais.

— Ellie ! T’étais là, tout le monde t’attend !

Je ne lui laisse pas le temps de réagir, j’attrape son bras et la traîne à ma suite. Le trio se questionne trop pour nous empêcher de partir, nous nous retrouvons dehors où je souffle enfin. Je lui demande si ça va, elle opine de la tête et je comprends très vite d’où vient son manque de discernement : elle est bourrée.

Son sourire ravageur en action, elle se promène dans le jardin, tout innocemment. Je la suis, au cas où, jusqu’au petit bosquet où elle me fait face. Son regard perçant m’intimide.

— On se connaît pas, hein ? Pourtant ta tête me parle.

— Non, on s’est jamais parlé, on prend juste le même bus.

Ses sourcils se relèvent, on dirait qu’elle a une illumination.

— Mais oui, t’es la nouvelle ! Solène, c’est ça ?

— Euh… Oui, mais comment tu connais mon prénom ?

Elle pose son index sur sa lèvre inférieure, semble réfléchir. Un geste qui la rend craquante.

— Je sais plus, on me l’a peut-être dit ou je l’ai entendu. Ça doit être un truc comme ça.

Tiens donc, elle m’aurait aussi repérée ? Elle se rapproche dangereusement, je sens son souffle alcoolisé me réchauffer les joues. J’essaie de garder mon calme, ma raison. Ça ne tiendrait qu’à moi, j’aurais déjà goûté à ses lèvres.

— T’as un peu bu, ce soir, non ?

— Juste deux verres de punch, mais je crois que c’était déjà trop. La dernière fois, j’ai embrassé mon meilleur ami gay. Un petit smack, mon premier smack, d’ailleurs.

— Ah oui, quand même.

Je tente ma chance, on ne sait jamais.

— T’es hétéro ?

— Aucune idée, je n’ai jamais été avec quelqu’un. J’adore fantasmer sur Chris Evans, mais de là, à dire que j’aime les hommes, j’en sais rien.

Elle rapproche encore son visage du mien, je recule de quelques pas, mais ma fuite est stoppée nette par un arbre, elle me colle. Je sens le rouge monté au niveau de mes joues. À ce rythme, je vais avoir du mal à garder le contrôle, mon envie de l’embrasser est de plus en plus forte, surtout qu’elle continue de me chauffer.

— Tu sais que je t’ai déjà matée deux-trois fois, t’es mignonne comme meuf et je me suis toujours demandée ce que ça faisait d’embrasser quelqu’un… Une fille comme toi, par exemple.

Dans la foulée, elle pose ses lèvres sur les miennes. Mon cerveau s’éteint, j’y réponds tout naturellement. Ma langue tente une approche, sa bouche s’entrouvre, je ne suis pas la seule à avoir arrêté de réfléchir. Sa main agrippe ma nuque pour un baiser plus profond, plus intense. Cette meuf embrasse hyper bien, elle est vraiment sûre de ne l’avoir jamais fait avant ? Parce que là, franchement, elle sait se servir de sa langue à la perfection. Une vraie experte.

J’en perds mon souffle, elle aussi. On se stoppe pour reprendre notre respiration, elle me sourit.

— J’adore tes lèvres, elles ont un goût de reviens-y.

Elle retourne à l’assaut de ma bouche, elle devient plus tactile. Ses mains glissent sous mon Tshirt, me caressent les côtes et le dos. Elle réveille tous mes sens. Mon corps frissonne alors que ma raison s’évanouit à chaque contact de ses doigts. Elle recule une nouvelle fois son visage pour me chuchoter :

— T’es vachement bonne, j’ai envie de toi.

Ses lèvres s’attardent sur mon cou, mon oreille, je suis en train de perdre pied. Cette fille sait vraiment s’y prendre pour m’exciter. Elle remonte mon haut pour découvrir mes seins, ses doigts frôlent le tissu de mon soutien-gorge, elle embrasse le haut de ma poitrine avant de retrouver ma bouche, ma langue. Je tente de reprendre le contrôle quand elle défait mon pantalon, mais c’est perdu d’avance quand sa main se faufile entre mes cuisses.

Je suis complètement à sa merci, ma respiration est de plus en plus saccadée. Tout mon corps lui conjure de continuer, je n’en peux plus. Au milieu de mes soupirs, des gémissements se font entendre. J’espère juste qu’il n’y a personne dans le coin, cette fille est une déesse du plaisir ou alors juste une obsédée. Un bonobo. Mon bonobo.

Et, alors qu’elle est sur le point de me faire jouir, on entend son prénom, un mec est en train de gueuler des « Ellie » dans le jardin. Elle s’arrête directe, m’embrasse furtivement et se barre le rejoindre. Je reste là comme une conne, frustrée et abasourdie.

Je n’ai même pas pensé à lui donner mon numéro. Je laisse ma tête partir en arrière contre le tronc et ferme les yeux. Mais qu’est-ce que j’ai failli faire ? Coucher avec une fille dont je ne connais que le nom, n’importe quoi ! Un sourire se dessine sur mon visage. J’ai hâte de la revoir, d’apprendre à la connaître. Finalement, j’ai bien fait d’avoir écouté ma mère et d’être venue.