5 (V2)

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L’intérieur de la maison est magnifique, hyper bien rangé, les murs blancs lui donnent un côté clarteux. La déco est sympa, simple, mais efficace. Solène me fait signe de la suivre jusqu’à la cuisine, comme si de rien n’était.


— Un verre de jus de fruits, ça te va ?


J’opine de la tête, plus aucun son ne sort de ma bouche. Ça m’apprendra à agir sans réfléchir, me voilà comme une idiote pas foutue d’aligner deux mots. Alors qu’elle… Sa voix est si posée, si calme. Je ne sais pas comment elle fait, mes mains deviennent de plus en plus moites.


— Mes parents rentrent tard, on aura le temps de parler tranquillement.


Encore un mouvement de la tête pour acquiescer, je suis devenue complètement muette. Mon courage s’est évaporé lorsque j’ai passé le pas de la porte, je ne sais quoi lui dire, ni comment je vais gérer la situation.


— Pour quelqu’un qui voulait parler, on t’entend plus là. Ma parole, t’es devenue une carpe ou quoi ?


Je n’ose pas la regarder, je fixe l’ouverture vers le salon. Je n’ai jamais été aussi intimidée de ma vie, ma voix a du mal à porter.


— C’est super beau chez toi…


— Ma mère a géré la déco. Ma chambre est à l’étage, première porte à gauche, laisse-la ouverte, j’arrive.


J’hésite, je pensais qu’on discuterait sur le canapé, au salon. Dans un lieu moins intimiste. Elle pouffe de rire, elle lit dans mes pensées, ce n’est pas possible autrement.


— No stress, je saute pas sur les premières venues, je sais me tenir. On va juste parler.


J’accepte d’y aller, je monte d’un pas peu décidé et j’ouvre la porte. La vache, sa chambre est comme le bas, rien ne dépasse, même son lit est au carré, pas un pli. Ma parole, ses parents sont militaires pour que tout soit aussi nickel. Quand je pense que ma chambre, c’est un foutoir organisé. J’ai honte. Jamais de la vie, je lui montre, elle pourrait se foutre de ma gueule. Et puis, d’abord, pourquoi je la lui montrerais ?

J’en profite d’être seule pour zieuter un peu partout. Je repère sa boîte à bijoux, c’est fou combien elle en a, surtout pour une fille qui n’en porte quasiment pas au lycée. Je lis tous les titres de ses livres, je m’arrête sur ces CD. Elle a de très bon goût. Et, puis je remarque les photos accrochées à côté du miroir, Solène et une autre meuf qui se tiennent par la taille.


— C’est ma cousine.


Je sursaute, je l’avais zappée, elle m’a fait peur à arriver en sourdine comme ça. Elle pose un plateau sur son bureau, deux verres de jus de fruits, quelques gâteaux et des carrés de chocolat noir, mon préféré, avant de s’asseoir sur le bord de son lit.

Je stresse, ma gorge est sèche. Le plan est pourtant simple, je dois savoir, point. Je bois la moitié de mon verre d’une traite avant de prendre les choses en main. Je ferme les yeux, prend une grande inspiration et je me jette sur elle. À califourchon, je la bloque. Dans son regard, je vois un mélange de surprise et de peur. Elle tente de dégager ses bras.


— Mais qu’est-ce que tu fais ?


Mon index se pose sur ses lèvres, lui demandant de se taire. J’approche, doucement, mon visage du sien, me perds quelques secondes dans ses yeux azurés. J’essaie de prendre une voix plus assurée.


— Je dois d’abord vérifier un truc.


Mes lèvres rejoignent les siennes, ma langue tente de se frayer un chemin. Je me fais plus pressante, elle cède. Notre baiser se fait fougueux et mes mains, naturellement tactiles. Je frissonne quand sa main caresse ma cuisse, ma respiration se saccade. Cette fille me fait un effet incroyable, jamais je n’aurais imaginé cela. On est loin de mon homme idéal et, pourtant, ça ne me dérange pas. Mon corps agit tout seul comme si cela était normal, comme s’il en avait toujours été ainsi.

J’ai besoin de reprendre mon souffle. Je me redresse, ma main fébrilement posée sur son ventre dénudé.


— Pourquoi tu m’as pas dit tout de suite ?


— J’ai cru que tu te foutais de moi, c’est pour ça que je te cherchais des crosses.


— Et tu t’es pas dit qu’y avait un truc qui clochait ?


— Non, vu comment tu t’es barrée à la soirée, j’ai pensé que t’étais le genre de meuf à aimer donner de faux espoir.


— C’est vrai que j’ai tendance à avoir le bisou facile quand j’ai bu, mais je suis pas une connasse, j’assume mes actes. Il fallait juste me le dire que je t’avais embrassée au lieu de faire tout ça.


Elle détourne le regard et rougit. Mince, qu’est-ce qu’il y a encore ?


— Y’a autre chose ?


— Raah, c’est gênant.


— Ben dit toujours, parce que niveau gêne, t’inquiètes, on est déjà bien hautes.


— Quand ton pote t’a appelée, on avait un peu dépassé le stade du baiser et, d’ailleurs, heureusement que t’es partie le rejoindre parce qu’au rythme où t’allais, j’aurais fini à poil dans le jardin de Hakim.


Cette fois, c’est moi qui ai le feu aux joues. Merde, l’alcool, ça me fait faire vraiment n’importe quoi. Je l’aide à se redresser et colle mon front contre le sien. Je ne sais pourquoi, mais j’ai besoin du moindre contact avec sa peau. J’ai encore envie de l’embrasser, je m’efforce de ne pas répondre à mon instinct. Ma respiration est forte. Je ferme les yeux pour me concentrer. Nous devons parler en priorité, mettre les choses à plat, je veux qu’on redémarre sur de meilleures bases.


— Désolée, surtout que c’est pas mon genre.


— T’inquiètes, on est deux sur ce coup. Si j’avais vraiment voulu, je t’aurais arrêtée et je l’ai pas fait.


— Je sais pas pourquoi j’ai fait ça, j’ai toujours fantasmé sur les mecs.


Pour la première fois, je vois un sourire franc et sincère se dessiner sur son visage. Un sourire ravageur qui pourrait faire fondre n’importe qui.


— Je sais, t’es accro à Chris Evans.


Je suis surprise par sa réponse.


— On en a déjà parlé ?


— À la soirée, on a aussi discuté, tu sais, on n’a pas fait que se rouler des pelles.


— Comment on en est arrivée là ?


— T’avais bu, trois mecs ont tenté leur chance, je suis intervenue quand ils étaient un peu trop pressants. On a fini dans le jardin éloignées des autres, on a parlé et ta bouche s’est accrochée à la mienne. Une vraie sangsue !


— Il faut dire que tes lèvres sont douces, elles donnent envie d’y regoûter.


— Pff, on prend les mêmes et on recommence…


— Je te l’ai déjà dit, c’est ça ?


— Oui, mais bon, au moins, là, c’est pas l’alcool qui parle.


— Et j’ai dit quoi d’autres ?


— Que t’étais jamais sortie avec personne, que tu n’avais jamais embrassé quelqu’un de ta vie et que j’étais vachement bonne… Entre autres…


Yeux dans les yeux, mon pouce caresse ses lèvres avant que les miennes reviennent à la charge. Ses mains se font plus entreprenantes, elles me caressent le bas du dos, mes côtes avant de finir leur course sur ma poitrine. Mon corps réagit au quart de tour. À croire qu’il n’attendait que ça depuis toujours. Son visage se décale dans mon cou, sa bouche y dépose de doux baisers, sa langue joue avec mon lobe d’oreille. J’adore sa manière de me gérer, j’ai envie de plus, beaucoup plus.

Nous sommes arrêtées dans notre élan quand quelqu’un toque à la porte.

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