Chapitre 8, Nom de famille

5 minutes de lecture

(NdA : j'ai revu toutes l'acceptation de Sasha du nom de Morgan !)( (ah et Pauline est devenue Edith)

Comme souvent depuis quelques semaines, Sasha trouva en rentrant, une Morgan pensive. Assise sur le canapé, il y avait derrière ses yeux lointains les prémices du nouveau jeu qui se dessinaient doucement. La renarde alluma son ordinateur et rangea les courses qu’elle venait de faire, attendant qu’il s’allume. Si Morgan avait insisté pour payer le loyer, les charges et autres dépenses en lien avec l’appartement, elle avait consenti à ce que Sasha s’occupe des courses. Non sans que celle-ci doive sortir quelques crocs.

L’interphone sonna. Sasha dressa une oreille étonnée, vit que Morgan ne se déciderait pas à répondre, décrocha. Écouta. Ouvrit la porte.

— Qui c’est ?

— Quelqu’un pour toi.

Morgan se leva précipitamment, laissant jaillir sa tête de loup. Si Sasha était triste de ne pas la voir plus souvent, elle s’inquiéta de la transformation si prompte. Elle n’eut pas le temps de la questionner, on frappait déjà à la porte. Morgan la devança et la poussa derrière elle en ouvrant. L’alpha connaissait cette odeur.

— Enric.

— Mademoiselle Crodargen, bonsoir.

L’homme était vêtu d’un costume trois-pièces façon majordome et affichait une tête de labrador soignée. Il fut surpris de voir des oreilles blanches dressées derrière Morgan qui se retenait de grogner.

— Votre père m’envoie vous remettre le carton d’invitation au repas familiale annuel.

— Il ne peut pas m’envoyer un mail ? Ou un pigeon voyageur ?

— Inutile de vous agacer contre moi, mademoiselle Morgan.

— Mmh !

— Dois-je annoncer que vous serez accompagnée ?

— Non !

Et Morgan lui ferma la porte au nez sans même récupérer le carton d’invitation. Merde !

— Crodargen… ? Morgan Crodargen ?

Morgan se retourna lentement, redoutant ce qu’elle allait trouver sur le visage de l’oméga.

— Tu comptais me le dire un jour ?

Ses oreilles étaient tournées vers l’arrière, ses canines pointaient. Les Crodargen étaient pour Sasha ce genre d’ultra-familles richissimes régies entièrement par leur animalité. Des alphas bestiaux qui ne voyaient les omégas que comme des lices portières. Perpétuer la lignée.

— C’était ça ton plan depuis le début ? Me jauger puis me proposer à ta famille ? Tenez, une belle poule pondeuse !

Morgan voulut faire un pas vers elle, mais Sasha recula, les oreilles tout à fait plaquées en arrière. Elle attrapa une veste à la hâte et s’enfuit. L’alpha regarda la porte se fermer, la colère lui piquant les narines. La tristesse et la peur viendraient plus tard.

Sasha dévala les escaliers et prit une grande goulée d’air une fois dehors. Elle n’avait nulle part où aller. Il était tard et la nuit ne tarderait pas. Edith ne lui répondit pas tandis que Rachelle s’excusa d’avoir déjà quelque chose de prévu. On aurait pu croire qu’elles ne se souciaient pas d’une amie en détresse, mais Sasha avait été succincte dans son message qui se résumait à « t’es dispo ?". Il ne lui restait donc plus que ses pensées. Ses pas l’éloignèrent de l’appartement de morgan sans vraiment savoir où ils allaient. Le vent forcit. Elle s’emmitoufla un peu plus dans la veste. Serra les dents. La veste de Morgan. Foutue Morgan ! Comment avait-elle pu être aussi négligente ? Faire confiance à une alpha, se laisser protéger ! Foutus alphas. Foutus alphas de merdes qui se croyaient tout puissants ! Des enfants qui jouaient avec des insectes. Qui les regardaient à la loupe et les cramaient d’un rayon de soleil. Foutus alphas de merde qui lui interdisaient son café préféré ! Foutus alphas de merde qui leur faisaient prendre des suppresseurs ! Foutus alphas de merde !

« Rentre, il faut qu’on en discute. »

Sasha balança son portable. Crodargen. Elle aurait du savoir à la seconde où Morgan lui avait révélé le nom de son espèce. Crodargen… Une ultra-famille parmi les ultras. Ils détenaient tout. Combien d’omégas pondaient pour eux !

Sasha était arrivée sous un pont. Bien loin de l’appartement. Elle se laissa tomber et se roula en boule contre la pierre froide. Morgan lui manquait déjà. Foutus alphas de merde… Oublier sa chaleur prendrait du temps. Elle n’avait pas le choix. Hors de question de mettre les pieds là-dedans.Sa liberté n’avait pas de prix. « Les omégas doivent être fiers d’eux. C’est un droit qu’on ne peut pas leur retirer. Ne laissez personne vous dire le contraire, mes enfants ». Sasha avait grandi avec ce mantra.

Tard dans la nuit, roulée en boule dans sa peau de renarde, elle sentit qu’on la soulevait. Son esprit ensommeillé ne s’inquiéta pas de l’odeur de Morgan, si bien qu’en ouvrant les yeux le lendemain matin, elle ne comprit pas tout de suite qu’elle était à nouveau dans la chambre de la louve. Elle sortit et la trouva immobile devant des lignes de codes que ses trois moniteurs laissaient défiler. Sasha la connaissait trop bien pour savoir à quel point elle devait être perturbée pour que le jeu ne suffise pas à la calmer. Cela ne l’empêcha pas de se contenter de prendre un verre d’au à la cuisine et retourner à la chambre. Morgan était venue la chercher. Aucune difficulté étant donné son odorat, mais quoi en penser. Si son instinct était à nouveau apaisé de se retrouver dans le cocon tranquille de l’alpha, ses pensées, n’avaient jamais été plus cacophoniques.

— Laisse-moi expliquer s’il te plait.

Moirage était debout dans l’encadrure de porte.

— M’expliquer quoi ? Que tu as des devoirs envers ta famille ? Que ce n’est pas contre moi, mais que la lignée doit continuer et que je fais une excellente candidate ?

— Tu…

— Que je peux m’estimer heureuse, car au moins je serais protégée, nourrie, logée ?

— Ce n’est…

— Que je peux même négocier un contrat si je le souhaite et retrouver ma liberté après deux ou trois portées ? Que…

— Je ne peux pas avoir d’enfant !

Sasha se tut.

— Enfin je crois.

Le temps s’égrena sans mot.

— De quoi tu as peur ?

— De devenir un jouet pour loup !

Morgane ouvrit la bouche, la referma. Regarda Sasha un long moment.

— Tu me crois capable de te faire ça ?

Le silence de Sasha fut trop long. Morgane baissa la tête et retourna au salon. Le regard fixé sur l’embrasure, la renarde ne savait plus quoi penser. Elle attrapa son téléphone, échangea quelques textos avec Rachelle puis s’empara d’un sac à dos. Quelques vêtements fourrés à la hâte, des affaires de toilettes. Les oreilles tombantes et les cheveux sur les yeux, elle se tenait à côté de Morgan, son sac à l’épaule. L’alpha codait. Visage inexpressif.

— Mo… j’ai besoin de prendre un peu de distance. Je vais chez Rachelle quelques jours.

Les doigts se suspendirent au-dessus du clavier, la mâchoire se contracta en même temps que les yeux qui se fermaient. Sasha voyait le visage de quelqu’un qui réprime un sanglot, mais Morgan ne dit rien de plus et se remit à taper.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Ethan Carpenter ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0