Ce matin, j’ai enfin atteint la taille requise pour commencer à fabriquer des jouets. J'étais vraiment content. Après tout, je suis né pour ça.

Pourtant, les autres lutins m'ont ignoré lorsque je suis rentré dans l'usine. J'ai trouvé ça brutal et déstabilisant. D'après mes souvenirs, les nouveaux sont toujours bien accueillis. Moi qui m'attendais à des câlins et des embrassades, on peut dire que je suis déçu.

Que se passe-t-il? On dirait qu'ils ne me voient pas.

Dépité par leur comportement, je suis allé devant mon poste de travail. j'ai regardé la liste des commandes, sélectionné un jouet et attendu que les premières pièces arrivent.

Au bout de plusieurs minutes, j'ai commencé à trouver le temps long.

Pour patienter, je me suis mis à fredonner. Au bout de plusieurs minutes, j'ai chanté plus fort. J'avais envie de mettre de l'ambiance et de rompre le silence angoissant qui m'entourait.

Ici, personne ne parlait ni ne chuchotait. Alors je me suis dit que ça leur ferait plaisir. C'est bien connu, les lutins aiment s'amuser !

J'ai fermé les yeux et je les ai imaginés en train de danser.

Imaginez ma tristesse quand le regard noir et vitreux de mon voisin s’est posé sur moi.

D'abord, je me suis senti épié. Joyeusement, j'ai ouvert des yeux pleins d'espoir vers mon spectateur. J'en étais persuadé : quelqu'un appréciait la chanson.

En le voyant, j'ai tout de suite compris que je me trompais.

Le pauvre lutin détestait apparemment la musique. D'ailleurs, il n'avait pas l'air d'aimer grand-chose. Peut-être était-il malade ?

Après tout, sa peau était grise alors que la mienne est presque dorée. J’ai observé les autres et j’ai alors constaté qu’ils avaient tous le teint terne. Ils avaient été zombifiés.