Chapitre 3 (partie 2/3)

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À présent tous assis autour du feu, les membres de l’unité dégustaient la succulente soupe rouge. Les « marchandes » s’étaient servi un bol avant de repartir vers leur chariot, comme une meute de louves qui ne désirent pas laisser leur territoire sans défense.

Cela n’échappa pas à Joshua. Si le Guerrier-cuistot n’avait guère prêté attention à l’attitude des commerçantes à leur départ de Gèle-fendre, ce soir-là il ne put s’empêcher de se sentir désagréablement observé par le groupe de femmes.

Elles lui lançaient des coups d’œil curieux et parfois méfiants. Le jeune homme se demandait ce qui était à l’origine de ce comportement. Il avait beau chercher dans ses souvenirs, rien ne lui revenait au sujet de ces commerçantes.

Finalement, Joshua mit cela sur le compte de son apparence peu commune. Il termina son repas puis se leva et dit :

-Je vais prendre les premières heures de garde, si vous le permettez capitaine.

Sorya n’y trouva rien à redire, le Guerrier-cuistot souhaita une bonne nuit à l’équipe et alla se poster à l’entrée du bivouac, sa Vorpoêle et son étrange perche en main. En dépit du froid et de la légèreté de son accoutrement, Joshua n’avait pas froid.

En effet, les longues années à mettre au point « la frappe du grill » avait, en plus de donner à sa peau une couleur ambrée, renforcé son corps au point que celui-ci dégageait constamment une puissante chaleur. Si dans un milieu froid ou tempéré, cela ne posait pas de soucis, dans les milieux désertiques, cela l’obligeait à s’hydrater de façon exagérée, pour ne pas surchauffer, comme il aimait dire.

Assis en tailleur sur un rocher plat, le jeune homme scrutait de ses yeux émeraude, la zone sombre opposée au camp de base. Sa poêle en adamantine dans une main, il en suivait machinalement le contour de l’autre. Le vent sifflait dans le col, amenant quelques flocons. Joshua espérait que cela n’était pas les prémices d’un blizzard, cela paralyserait le convoi pendant un temps indéterminé. Ce qui n’était pas envisageable, compte tenu de la quantité limitée de vivres dont ils disposaient.

Afin de se détendre et de rester concentré, le cuisinier passa en revue les plats, qu’il pourrait mitonner dans les prochains jours avec les provisions dont disposaient les Chouettes-Blanches.

***

Dans la nuit glacée du col, un bipède se déplaçait en rampant dans la neige. Sa peau était d’un vert sale tirant sur un bleu pâle, ses dents étaient jaunes et pourries et ses yeux renvoyaient un éclat rouge et cruel. Le gobelin, vêtu d’un simple pagne en peau, était armé de deux lames courtes effilées. Ses semblables, qui l’avaient envoyé en éclaireur pour éliminer la sentinelle, attendaient son signal pour l’attaque. Un assaut facile, oui c’était le mot. Le garde, affublé d’une étrange tunique rouge et noire, ne pouvait le voir, il en était sûr. Il allait l’attaquer par surprise, sur sa droite et lui trancher la gorge sans qu’il ne comprenne ce qu’il se passe.

Lentement l’assassin se redressa, il fit un pas vers le rocher où l’humain était assis. Il n’était plus qu’à deux mètres de sa cible, il leva ses lames, prêt à frapper. Il ne le fit jamais.

En un battement de cils, l’humain disparut de son champ de vision. Un choc fulgurant s’abattit sur son crâne qui se brisa comme du verre. Alors qu’il rendait son dernier souffle, le gobelin cru entendre la sentinelle hurler.

-Des gobelins !! Cria le Guerrier-cuistot en direction du camp.

Aussitôt, toute la troupe se mit en action. Les militaires saisirent leurs armes et les commerçantes s’agitèrent dans leur chariot. Joshua, avait repéré les gobelins dès qu’il avait senti leur assassin approcher. Il avait attendu, qu’il soit le plus proche possible, pour mieux déstabiliser les ennemis. Le jeune homme cracha de colère, la première heure de garde s’était pourtant bien déroulée, mais les peaux-vertes avaient d’autres plans semble-t-il.

Joshua ignorait combien d’ennemis allaient leur tomber dessus, mais il y en avait plusieurs dizaines, ça il en était sûr. Le combat s’annonçait difficile. S’il avait été seul, il serait allé au-devant de l’ennemi, mais là il avait des gens à protéger.

Il resta donc à la lisière du campement, pour se déplacer sur le flanc droit, là où il sentait l’odeur fétide des ennemis. Ses deux jambes plantées jusqu’à mi-mollet dans la neige, Joshua raccrocha sa perche dans son dos et fit tournoyer sa Vorpoêle dans ses mains.

Alors que les Chouettes-Blanches se déployaient, le Guerrier-cuistot commençait à voir les yeux rougeoyants et à entendre les glapissements des gobelins qui approchaient en sautillant. Trois d’entre eux entrèrent dans la lumière du bivouac, affublés du même capuchon en peau de bête et des mêmes lames que leur congénère décédé.

Bondissant, comme d’infâmes crapauds, aux yeux luisants de colères, les trois peaux-vertes bondirent sur l’humain à la peau orangée. Leurs dagues accrochèrent la lueur des flammes, et brillèrent dans la nuit comme des éclairs. Joshua passa à l’action, ses muscles d’acier se tendirent et il exécuta le « Poêle-furie ». Le premier ennemi sentit sa cage thoracique éclater en mille morceaux, au moment où le disque d’adamantine lui percutait la poitrine. Le second voulut trancher la jambe du Guerrier-cuistot, ses lames sifflèrent dans le vide, avant de recevoir un puissant coup en pleine figure qui lui dévissa littéralement la tête.

Joshua n’eut malheureusement pas le loisir de tuer le troisième, celui-ci fut fauché par un carreau de Borbon, qu’il reçut en pleine tête. En se retournant, le jeune homme aperçut le semi-homme perché, une fois de plus, sur l’un des nombreux rochers de grande taille, lui offrant ainsi une ligne de tir parfaite.

Les autres militaires jaillirent à leur tour du campement, l’elfe noir armée de sa hallebarde, la naine avec son marteau massif et un bouclier d’acier rond, le jeune Gabriel en arme et bien sûr la capitaine Romar son sabre étincelant dégainé. L’unité Chouettes-Blanches allait vendre chèrement sa peau.

Les autres gobelins jaillissaient du manteau noir de la nuit, l’écume aux lèvres et arme aux poings. Les membres de l’escouade formèrent une ligne de défense, prêts à en découdre. Le premier fut pour Shilva, un Hob, un spécimen de gobelin plus grand et musclé que la norme, armé d’un gourdin. La Drow effectua un moulinet dévastateur qui trancha net le bras du peau-verte, avant de le décapiter d’un coup net et précis.

Ce fut au tour de Mirka de faire parler le fer. D’un puissant coup de son marteau de guerre, elle balaya trois gobelins comme des fétus de pailles. Sorya débita en tranches quatre peaux-vertes d’une passe d’arme digne d’un pas de dance. Gabriel fit front commun avec sa supérieure. Il bloqua les attaques à l’aide de son bouclier tout en répliquant à coups de tailles et d’estocs, repoussant deux ennemis simultanément.

La horde était à présent sortie de l’obscurité, dévoilant son nombre : une trentaine de gobelins se déversait droit sur le camp. Joshua cracha à nouveau, en signe de colère, et sans hésiter alla au-devant du danger. Le Guerrier-cuistot s’avança, il devait endiguer le flot d’ennemis avant qu’il ne soit trop tard et il savait exactement comment s’y prendre. Une fois qu’il fut assez proche, Joshua avala une immense goulée d’air avant de la recracher avec force. Une fois encore, il utilisa le « souffle du fourneau », mais cette fois la gerbe de flammes fut gigantesque, engloutissant sans peine le tiers de la marée verdâtre dans son flux incandescent.

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