J'ouvre les yeux, mais ne me lève pas. À peine réveillé que tous mes souvenirs d'hier m'emprisonnent déjà. Je regarde le plafond du lit à baldaquin. Je suis la fille d'Elisa et de Taylor. J'espère que j'ai compté pour eux à un moment donné ou à un autre. J'espère qu'ils sont dans un meilleur endroit. Je ne les connaissais pas, mais j'ai de la peine pour eux, et de la haine pour celui qui leur à fait ça. Je suis donc cette fille, je viens tout juste de découvrir mon identité. Je m'appelle Elizabeth Brume. Si bizarre que cela puisse être, mes parents étaient le roi et la reine de cet univers vampirique. Comment font-ils pour rester discret ? Les humains ne connaissent véritablement pas leur identité ? Est-ce que je le savais moi, pendant mon existence d'humaine ? Le trône ne m'intéresse pas, je ne veux pas vivre comme ça. Je ne suis pas comme ça. Le fait d'être une princesse ne me convient pas, je ne me sens pas digne d'être une princesse. C'est si étrange, ce mot veut tout dire et rien dire en même temps. Où est donc passé Adem, mon seul ami dans ce château... Le fait de le savoir probablement en danger me fait frissonner. Je me fais du soucis pour un rien. Je ne sais pas si je devrais le dire à Léonie, pour moi. Je ne lui fais pas vraiment confiance, pas encore. Je ne la connais pas assez. Je devrais surement l'inviter ici, au château. C'est décidé, je vais lui proposer de venir. Je me sentirais plus sereine de savoir une amie près de moi et plus seulement Eden le vampire intrigant. Je me lève du lit et commence à me préparer pour sortir du château. J'enfile une robe beige et attache mes cheveux en une queue de chevale. Mon regard s'attarde sur la carafe à vin qui se trouve sur la commode de ma chambre. Je m'approche, l'a prend et en bois jusqu'à devoir reprendre mon souffle. Je garde la carafe vide en main. Je descend les escaliers en trottinant, je me sens plus heureuse aujourd'hui qu'hier. Peut-être est-ce le fait d'en savoir plus sur qui je suis et sur le monde qui m'entoure. J'arrive à la petite cuisine et dépose la carafe sur le comptoir avant de me servir d'autres verres de sangs. Je bois bien plus proprement que mes premières fois, j'en suis contente. J'ouvre la porte du château pour retrouver Léonie, j'espère qu'elle se trouve chez elle. En empruntant le chemin pour rejoindre sa maison, je réussi à la reconnaitre près d'un parterre de fleure plus loin. Elle cueille des fleures. Je m'approche rapidement d'elle en souriant.

- Bonjour.

Léonie fait volt face et pose son regard sur moi.

- J'ai entendue quelqu'un arriver, je n'avais pas reconnu ton odeur. Tu as bonne mine aujourd'hui.

Elle me souris en amenant son butin de fleur à ses narines pour en savourer le parfum qu'elles dégagent.

- Toi aussi tu as bonne mine. Ça te dirais de venir au château faire des recherches à la bibliothèque avec moi ?

Léonie parait surprise de ma demande, puis hoche la tête lentement.

- Avec plaisir.

- Parfait, on y va ?

Je jugerais pendant ce moment passer ensemble si elle est apte à savoir pour mon histoire. Nous nous mettons en marche jusqu'au château qui n'est pas très loin.

- Pour qui sont ces fleures ? Je ne peux m'empêcher de le lui demander, par pure curiosité.

Le regarde de Léonie se dépose sur les pétales. Un sourire bête arrive sur son doux visage d'ange.

- Elles sont pour quelqu'un que j'affectionne.

Nous montons les escaliers sans croiser Alfred ou bien Eden. Il faut que je trouve ce dernier pour lui demander des informations sur Adem. S'il va bien et quand il rentrera. Nous arrivons à la bibliothèque, Léonie n'as pas l'air d'être autant émerveillé que moi la première fois que je suis venue.

- Tu connais ce château ?

- Je suis déjà venue quelques fois oui. Elle me sourit délicatement. Je me demande pourquoi elle serait déjà venue.

- Nous allons faire des recherches sur quoi ? Me demande-t-elle en s'avançant dans la bibliothèque.

- Je ne sais pas vraiment, on verra bien ce qu'on trouvera.

Léonie hoche la tête puis prend un livre et le feuillette rapidement avant d'aller s'installer sur un fauteuil.

- Celui-ci m'a l'air intéressant, il traite des plusieurs choses en lien avec les pouvoirs vampiriques.

Je prend un livre à mon tour, je me rappelle de ce que j'avais lu la première fois que je suis venue ici. Le "nouveau-né", donc moi, aurait un pouvoir encore indéterminé. Je n'ai pas l'impression d'avoir un quelconque pouvoir.

- Tu ne t'y connais pas en pouvoirs vampirique ? Je lui demande en regardant l'intérieur du livre que j'ai choisi.

- Un peu, mais pas assez malheureusement.

Je vais m'assoir sur le second fauteuil après avoir lu le titre du livre qui se trouve entre mes mains. "Le grand livre des prophéties", Je vais surement en savoir plus sur la mienne. Je l'ouvre à la table des matières et vais directement sur le sujet qui m'intéresse. Nous commençons donc notre lecture dans un silence agréable. J'ai l'impression de ne rien apprendre de plus que ce que je sais déjà. Il y a moins d'informations dans ce livre que je ne le pensais, je vais tout de même continuer la lecture en espérant tomber sur quelque chose de croustillant.

- Elizabeth ? Écoute ça, je lève la tête vers Léonie qui s'apprête à me lire un passage de son livre : "les créatures assoiffées de sang, plus communément appelé vampire, font partie intégrante de la chaîne alimentaire. Les vampires sont dotés de capacités tel qu'une ouï et un odorat plus développés et une force surhumaine. Cependant, certains vampires ont une capacité hors du commun que d'autres appels pouvoir, ou bien pratique noire. La théorie à se jour qui est la plus encline à être acceptée est celle qui dit qu'un vampire naît avec un don, et qu'il peut, ou pas, se développer. Les chance qu'un vampire naisse avec de tels pouvoirs est si infime que nous ne connaissons pas encore totalement l'étendue de cette force qu'ils ont entre les mains." Tu imagines si j'en avais un Elizabeth ? Ce serais de la folie !

Je souris très légèrement à sa remarque.

- Ce serais fou en effet, et moi alors ? Quel pourrait bien être mon pouvoir si j'en avais un ?

Ma question paraît innocente, puisqu'elle n'est pas au courant de ma véritable nature, mais pour moi, elle est très sérieuse. Léonie fait mine de réfléchir, puis hausse les épaules en souriant. Son regard se tourne au même moment que moi vers la porte de la bibliothèque, quelqu'un approche. Eden ouvre la porte et nous regarde sans aucune émotion.

- Léonie, bonjour.

- Eden. Dit-elle sur un ton que je ne lui connaissais pas, il est froid et sans amabilité.

- Vous vous connaissez ? Je suis plutôt étonné, Léonie ne m'avait pas dit qu'elle connaissait personnellement Eden, néanmoins, elle en connaissait plus sur eux que je ne l'imaginais quand elle m'en à parlé.

- Oui. Me répond Léonie en ne quittant pas du regard Eden.

- Mon frère n'est pas ici, si tu le cherchais.

Léonie fronce les sourcils, que ce passe t'il ?

- Comment ça ? Une pointe d'inquiétude traverse sa voix, mon regard se pose sur le bouquet de fleure posé sur la petite table basse.

- Je n'ai aucune nouvelle de lui. Lui répond froidement Eden. Son regard se pose ensuite sur moi, qui suis muette.

Le visage de Léonie se décompose à vu d'oeil. Aurait-elle un lien avec les frères Dekrym ? Pourquoi ne me l'a t'elle pas dit directement ? Mes yeux passent de Léonie à Eden.

- Attendez, je ne comprend pas tout. Quelqu'un voudrais bien m'expliquer ?

- Léonie entretient une passionnante relation avec mon frère Adem. Me répond instantanément Eden avec une pointe de sarcasme dans la voix.

Léonie me regarde désolé. Je ne sais pas si je dois êtres énervé contre elle ou non.
- Pourquoi tu ne me l'a pas dit ?

- Je comptais te le dire, en temps et en heure... s'empresse-t-elle de me répondre.

Je suis confuse. Léonie reporte son attention sur Eden.

- Où est-il partit ?

- Mon frère est aller voir de vieilles connaissances pour tenter d'en savoir plus sur Elizabeth. Il aurait du attendre un jour de plus.

- Je suis l'héritière du trône, Léonie.

Je préfère le lui avouer moi même, surtout en voyant le regard perdue de Léonie. Lui cacher la vérité n'aurait pas été la bonne solution, surtout si elle aime Adem. C'est en partit ma faute s'il se retrouve peut-être dans une sale situation.

- Je crains que mon frère soit retenu quelque part. Ce qui est embêtant pour nous. Les yeux d'Eden plongent dans les miens. Je comprend que ma sécurité n'est plus autant assuré qu'il l'a prétendue hier.

- Elizabeth est LA Elizabeth ?! S'exclame Léonie.

Eden et moi hochons la tête ensemble.

- Tu ne doit pas en parler, sinon je serais dans l'obligation de te séquestrer. Menace Eden à l'encontre de Léonie. Cette dernière lui lance un regard perçant.

- Je ne dirais rien. Finit-elle par dire, ses yeux se reposent sur son livre ouvert qu'elle tient toujours entre les mains. Elle doit maintenant mieux comprendre mon intérêt sur les pouvoirs.

- Je vais envoyer un espion à la recherche d'Adem. Conclu Eden en quittant la pièce.

Nous le regardons partir puis fermer la porte derrière lui.

- On va le retrouver, ne t'en fais pas.

- J'espère... J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave.

Je me lève en posant le livre sur le fauteuil ou je me trouvais il y a quelques secondes. Je prend Léonie dans mes bras pour la réconforter. Elle ressert son étreinte puis se desserre pour me regarder.

- Tu veux dormir ici ? Je lui propose cette offre sans même y réfléchir. J'agis ici comme si c'était chez moi, alors qu'en vérité il n'en est rien. Je pense qu'au vu de la situation, il serait mieux que Léonie reste près de nous.

- D'accord. Accepte mon amie en essayant de sourire.

Je lui trouve une chambre à deux portes de la mienne. Peu m'importe l'avis d'Eden, mais je devrais quand même lui informer que Léonie dormira ici désormais. Je la laisse quelques temps après pour la laisser seule. Je remonte les escaliers menant au second étage pour trouver le bureau d'Eden. Des voix se font entendre à l'intérieur, j'attend quelques secondes sans frapper puis un homme avec des habits lui collant à la peau sort de la pièce, il me regarde une seconde, puis s'en va sans même m'adresser une formule de politesse. La porte reste ouverte me donnant la vue sur Eden, nos regards se croisent.

- Que veux-tu princesse ?

Mon front se plisse à l'entente de surnom, puis-je le contester alors qu'il s'agit sans aucun doute de mon titre ? Eden est un garçon têtu. J'entre dans son bureau puis m'avance jusqu'a lui.

- Léonie dormira ici cette nuit, peut-être jusqu'a ce que nous retrouvions Adem.

Eden fronce les sourcils à ma nouvelle.

- Et si je ne suis pas d'accord ?

Un sourire narguant arrive sur mes lèvres, une confiance venue de nulle part me prend soudainement.

- J'ai trouvé ça juste de lui proposer de séjourner ici. Et puis, je suis une princesse, contester mes ordres serais bien dommage.

Eden se lève rapidement puis se retrouve à quelques centimètre de moi en une fraction de seconde. Un frisson me parcours la colonne vertébrale et remonte jusqu'a ma nuque. Ma confiance s'évapore tout aussi rapidement qu'elle m'est venue. Pourquoi me fait-il cet effet là...

- Ma princesse aurait-elle oublié qu'elle se trouve sous mon toit ?

Un tressaillement s'empare de mes épaules. J'essaye néanmoins de garder la tête haute. Il est vrai qu'il est assez intimidant parfois.

- Bien... Ma décision est prise de toute façon, Léonie restera dormir ici le temps qu'elle voudra.

Je baisse un instant les yeux sur ses vêtements. Sa main droite remonte légèrement pour venir me caresser la joue. Je relève la tête lentement jusqu'à plonger mon regard dans le sien. À quoi joue-t-il bon sang...

- Je n'y vois aucune objection. Soit.

Je suis comme hypnotisé par sa main touchant ma joue, par son regard profond, par ses lèvres remuant au grès de ses cordes vocales... Je repousse cette sensation indescriptible en reprenant mes esprits. J'essaye d'adopter un autre ton, plus froid.

- Elle se fera discrète ne t'en fais pas.

Sur mes derniers mots, je m'en vais pour reculer puis sortir de la pièce, coupant le lien tactile qu'entretenait ses longs et fins doigts contre ma joue. Le laissant seul, en sentent son regard posé sur moi quand je quitte les lieux, je ne peux que je repenser à ce court moment de flottement. Je ne sais pas trop ce que ça signifie, mais c'était quelque chose que je ne saurais décrire. Une sensation que je viens tout juste de connaître. Peut-être l'ai-je déjà connue par le passé, lorsque j'étais humaine. Je balaye cette dernière pensée de ma tête, je ne m'en souviens pas et ne m'en souviendrais plus. Alors pourquoi s'éterniser sur quelque chose de perdue à jamais. Je redescend tranquillement les escaliers en regardant de temps en temps derrière moi pour m'assurer qu'Eden ne me suis pas. Pourquoi me suivrai-t-il ? Pourquoi ai-je envie qu'il me suive... J'arrive plus vite que je ne l'avais pensé à la cuisine. J'y retrouve avec surprise Léonie, elle sait donc où se trouve le tonneau, peut-être même la réserve de sang du château... Elle tient un verre rougeâtre entre les mains, ce ne peut qu'être ma boisson favorite.

- Comment ça va ?

Je m'approche du premier placard, où se trouve les verres.

- Ça peut aller, je suis sûre que je m'inquiète pour rien.

Tandis que mon amie porte son verre de sang à ses lèvres, je vais pour m'en remplir un. Puisqu'elle est là, je vais essayer de me contrôler.

- Oui, Adem est quelqu'un de sage, il saura se sortir de n'importe qu'elle situation par diplomatie. J'en suis certaine.

Je bois une gorgée en essayant de paraître maître de ma situation. Je recule doucement mon verre avec l'envie de le boire d'une traite, mon regard sur ce dernier reste plus longtemps que prévue, je reporte donc mon attention sur Léonie. Mes canine réclament plus de sang, je le sens.

- Plus sage qu'Eden en tout cas.

- Que veux-tu dire par là ?

- Adem est calme, il parle, il use de stratège malin. Alors que son frère est têtu et je suis sûre n'hésitera pas à user de la violence s'il était dans une situation délicate.

- Je ne sais pas, je le pense plutôt astucieux.

- Je ne le connais pas autant que son frère, mais ce que je sais de lui ne m'enchante pas.

Mon attention se reporte tout à coup sur mon verre de sang. J'ai plusieurs pensées en tête, mais celle-ci commence à sérieusement m'obséder. J'en bois trois gorgées avant de l'éloigner de moi à contre-coeur.

- Pourquoi tu dis ça ?

Léonie hausse les épaules.

- J'ai assisté à l'une de leur querelle il y a quinze ans. Je n'avais jamais vu personne faire sortir de ses gonds Adem comme l'a fait son frère, ça ma survolté. Elle boit une gorgée puis reprend, Eden est une personne qu'il ne faut pas fréquenter, il peut être dangereux, provocateur, charmeur et arrogant.

- Donc tu le déteste, c'est noté. Je n'ai pas non plus une belle image de lui, ne t'en fais pas je le fréquente seulement par obligation.

J'essaye de lui sourire, les traits de son doux visage étant devenu tendus. Elle me le rend puis fini son verre d'une traite.

- Je te laisse, je vais aller me reposer.

Léonie vient doucement m'étreindre puis s'en va directement, me laissant seule avec toute cette tonne de sang à ma disposition. Il n'y a plus que moi, mes canines, et mon envie de croquer dans quelque chose d'inexistant. Je fini d'une traite mon verre, je n'en pouvais plus d'attendre. J'ai cependant réussi à me contrôler quand Léonie était là. Maintenant, je ne m'en sens plus capable. J'ai l'impression que je vais imploser si je ne bois pas. Résister n'est plus qu'une lointaine pensée, je ne pense plus qu'a me désaltérer. Je vais m'assoir après avoir écouter aux alentours, il n'y a personne. Je m'assis donc par terre en prenant soin de bien disposer ma robe. Je suis dans mon confort habituel. Je me sers un second verre de sang. Je le bois d'une traite puis m'en verse encore un autre. Je lève les yeux aux ciels... C'est exquis. Mes papilles gustatives sont en extases. Je bois mon troisième verre en savourant jusqu'a la moindre goûte traversant mon oesophage. J'arrive à suivre l'écoulement de ce prodigieux liquide dans tout mon corps, il me procure un léger frisson de bien-être. Mon regard s'arrête devant moi, j'ai soif. Je me rempli mon quatrième verre de sang puis l'engloutit tout aussi rapidement. J'en veux et en reveux encore. Je ne demande que ça... Alors que j'amène mon cinquième verre à mes lèvres, une faible lueur venant de l'extérieur traverse la pièce. Mon regard suis ce rayon de soleil, je regarde d'où il peut provenir. À la porte se tient fièrement mon hôte. Que j'ai honte. Je le regarde, puis mon verre que je pose délicatement près du tonneau. Je peine à me relever pour me retrouver face à lui. Je suis confuse qu'il m'est vu dans cet état là. Je n'ose même engager la discussion. 

- Tu n'as aucun contrôle. Il fallait bien s'y attendre. 

Ça l'agace, ou bien ça l'amuse... Je ne sais pas trop comment interpréter son commentaire. Voyant que je ne dis toujours rien, il reprend après s'être raclé la gorge.

- Tu en ai à ton combientième ? 

- Cinquième. 

Je lance un petit regard à mon dernier verre de sang, je meurs d'envie d'aller le terminer. 

- Ça fais longtemps que c'est comme ça ? Me demande t-il sèchement. 

- Depuis le début. 

Eden semble grogner une seconde. Il me prend sans ménagement par le bras et m'entraine malgré moi en dehors de la cuisine, et par conséquent : de mon verre de sang inachevé.