Chapitre 7

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- Eh !

Il m'entraine en dehors de la salle à manger puis me fait monter les deux escaliers jusqu'a arriver précipitamment dans son bureau. L'entre d'Eden, l'endroit où il passe le plus clair de son temps. Il me lâche le bras pour se rendre près de l'armoire qui se trouve sur le côté droit de son bureau. Je le regarde faire, muette comme une carpe. Eden ouvre son armoire et en sors deux récipients, l'un est en verre et de forme carré avec de petits motifs incrustés, sa couleur est semblable à ce que buvait Eden hier soir, l'odeur est également la même. Ce doit donc être du cognac. Il récupère le second récipient dans un autre placard, le même qu'il y a à la cuisine, mais en plus petit. Il en sort une bouteille en verre contenant un liquide blanc. Après avoir posé ses deux bouteilles sur son bureau, Eden referme le mini Smeg (il me semble que ça s'appelle comme ça puisque c'est écrit dessus) mais laisse ouvert les portes de l'armoire. Il se tourne vers moi, toujours immobile et muette.

- Voilà notre secret pour résister plus facilement à l'appel du sang, princesse.

Je ne dis toujours rien, je me contente juste de le regarder faire. Eden prend un verre puis y verse un peu de cognac, puis un peu de ce liquide blanc.

- Qu'est ce que c'est ? j'ouvre enfin la bouche, curieuse de savoir ce qu'il me prépare.

Eden relève la tête vers moi, je peux voir son petit sourire au coin de ses lèvres.

- Du cognac et du lait. Bois ça, tu te sentira mieux instantanément après.

J'acquiesce avec méfiance tout en m'approchant de la table. Je regarde du coin de l'œil Eden qui lui ne se cache pas de me fixer avec son léger sourire. Un frissons me parcours le corps. Devrais-je lui faire confiance et avaler cette préparation plus que douteuse ? Ai-je réellement le choix ? je prend la préparation dans mes mains et l'apporte à mes lèvres. J'y trempe le bout de ma langue, ça a un gout étrange, mais ce n'est pas déplaisant.

- Bois. M'ordonne Eden.

Je lui lance un regard méchant puis le bois d'une traite. Je repose le verre sur son bureau, l'envie du sang s'estompe légèrement mais reste présente. Nous nous fixons en silence.

- Ça va un peu mieux.

- Il y a ce genre de préparation dans à peu près toutes les pièces de ce château, tu n'auras qu'a les trouver.

J'hoche lentement la tête. Je ne sais pas si je dois le trouver gentil ou s'il fait ça car il se sent obligé. Dans tous les cas il vient de m'apprendre quelque chose qui pourra m'être utile.

- Merci. Dis-je sèchement en me touchant là où lui m'a touché quelques minutes plus tôt.

- Tu peux disposer.

Mon regard se tourne d'une drôle de façon vers Eden. 

- Comment ça je peux disposer ?

- Tu peux t'en aller. Reformule-t-il.

J'hoche négativement la tête.

- Très bien, je m'en vais.

Je me retourne pour quitter la pièce, énervée. De quel droit me dit-il de m'en aller ? Je voulais rester lui parler, il m'intrigue mais il se fait si distant. Il m'insupporte alors qu'il m'attire. Je ne saurais l'expliquer. Je dois chasser cette pensée de ma tête et me rappeler ce qu'a dit Léonie à son sujet. Je me trompe sûrement, il s'agit peut-être d'un monstre. C'est ça. Il faut me persuader que ce n'est pas quelqu'un de bien. Je tourne pour entrer dans ma chambre afin de me reposer. Je m'allonge et regarde le plafond du lit à baldaquin. Les deux mains jointes sur mon ventre, je n'arrête pas de penser à Eden. J'ai envie de retourner le voir, l'observer. Quelqu'un me sort de mes pensées en toquant à la porte de ma chambre.

- Entrez.

Je m'assois sur mon lit en regardant Alfred passer le pas de la porte. Il tient dans sa main droite un vieux plateau avec les mêmes récipients que m'a fait boire Eden.

- Monsieur Dekrym m'a demandé de vous apporter ceci.

Il va déposer le verre et les deux bouteilles sur la commode.

- Merci Alfred. Vous pourrez dire à Eden que je ne suis pas une assistée et donc que je peux me débrouiller seule.

Alfred esquisse un sourire en baissant légèrement sa tête.

- Bien, Mademoiselle Elizabeth.

Il s'en va rapidement me laissant comme il y a quelques secondes : seule. Je me sens un peu seule certes. Je m'approche des bouteilles en verres et me sert la préparation pour lutter contre la soif de sang. En regardant par la fenêtre, le petit village, une idée me traverse l'esprit.

*

Je me lève sans avoir réussi à fermer l'oeil. Mes pensées étaient distraites, une étrange impulsion me pousse à retourner voir Eden, lui parler, me confier sur comment je me sens. Je me sens mal et bien à la fois, Je n'ai pas encore réussi à assimiler toutes ses découvertes sur moi et mon passé, bien que je dois vivre avec, me dire que c'est ainsi, que c'est ma vie. Même si j'en ai très envie, une petite voix dans ma tête me dit de ne pas aller vers Eden, qu'il se moquera de moi, qu'il n'en à rien à faire de moi. Je vais m'habiller avec un simple short et un t-shirt beige, je me regarde un instant dans le miroir. J'effleure du bout de mes doigts la peau de ma joue, mon esprit recommence à divaguer. Il faut que je parle à Eden, il faut que je le convainc de réaliser le projet que j'ai en tête. Je me sert un verre de Bulgua avant de quitter la pièce, j'ai décidé d'appeler ainsi la préparation à base de lait et de cognac. 

- Elizabeth. 

Je referme doucement la porte de ma chambre, à l'autre bout du couloir se trouve Léonie. 

- Léonie ! Comment vas-tu aujourd'hui ? 

Elle se tient le bras en avançant vers moi, un léger sourire traverse le contour de ses lèvres. 

- Je n'ai pas réussi à dormir, je n'arrêtais pas de penser à Adem. 

- Moi non plus, je n'ai pas réussi. Mais je te promet qu'on le retrouvera. 

- Je te crois, j'ai envie de te faire confiance. Je t'aime bien. 

- Moi aussi, tu es une amie pour moi. 

Elle me regarde, je la regarde. Un silence un peu pesant s'incruste entre nous. Sans prévenir, Léonie se jette dans mes bras. je passe mes mains dans son dos tout en resserrant mon étreinte. 

- Merci. Murmure Léonie à mon égard. 

Nous restons plusieurs secondes comme ça, puis Léonie se recule de quelques pas. 

- Je vais aller chez moi aujourd'hui, je vais récupérer quelques affaires. 

- D'accord, à plus tard. 

Mon amie hoche la tête puis me contourne pour s'en aller. J'arrive dans l'aile Est, là où se trouve le bureau d'Eden. Je pousse la porte pour entrevoir l'intérieur. Eden ne s'y trouve pas. Pourtant, il passe tout son temps dans son bureau, enfermé entre quatre murs et son fauteuil. Le retrouver ne va pas être une mince affaire mais peut-être qu'Alfred sait où il se trouve. Je m'avance de quelques pas, vers la bibliothèque, mais Eden ne s'y trouve pas non plus. Je rebrousse chemin pour redescendre en bas. J'ai l'impression de me balader dans un château abandonné. Il n'y a personne, même pas de servantes ou d'autres habitants que le majordome ou les Dekrym. S'en est déprimant, mais c'est pour cela que je veux organiser une fête. Pour qu'il y ai un peu plus de vie qu'il n'y en aura jamais dans ce château, au moins le temps d'une soirée. Je me retrouve dans la pièce principale de l'entrée. J'ouvre la porte de gauche, passe par la salle de réception et entre dans le salon d'accueil des invités. Personne. Je retourne près des grandes portes de ce château. Je me demande ce qu'il y a dans l'aile Ouest, je n'y ai jamais mis les pieds étant donné que les chambres et la bibliothèque se trouvent dans l'aile Est. Je songe à y aller, mais pas maintenant. Je dois trouver Eden, à moins qu'il se trouve dans l'aile Ouest. 

- Princesse. 

Cette voix me donne un frisson indescriptible, je me tourne vivement vers son propriétaire. 

- Où étais-tu ? Je ne t'ai pas entendu arriver. 

- Ça ne te regarde pas. Eden reprend son ton cassant et méchant, comme s'il me cachait quelque chose, mon regard dérive derrière lui. Il se trouve là la porte que j'avais remarqué à mon arrivé dans ce château, cette porte qui est plus modeste que les autres. Que faisait-il à l'intérieur ? 

- Tu étais dans cette pièce derrière, pourquoi ? Qu'y a t-il là-bas ? 

Un grognement s'échappe entre les dents du vampire, je me fiche de l'énerver, j'ai le droit de savoir. 

- Ça ne te regarde pas petite souris. 

- Si justement. 

- Le monde ne tourne pas autour de toi ! 

- Ah oui ? Dans ce cas tout ce que l'on m'a dit à mon propos est faux ? 

J'hausse le ton comme lui le fait, tant qu'il reste loin de moi, il ne me fait pas peur. Mais à cette pensée, je n'ai pas le temps de cligner des yeux qu'Eden s'avance d'un pas rapide jusqu'a ma hauteur. Il m'empoigne fermement le cou avec sa main gauche, comme si cela était un automatisme. 

- Ne dis pas n'importe quoi.  

Je grimace de douleur, il me fait mal. 

- Lâche moi. Je réussi à articuler entre deux respirations coupées. 

Un second grognement s'échappe de sa bouche. Nos yeux se perdent l'un dans l'autre, les miens sont suppliant tandis que les siens sont sans âme. Il desserre sa prise sans pour autant me lâcher, juste de quoi me permettre de respirer sereinement. Je pose mes deux mains sur son costume élégant, il est noir et bordeaux. Je veux toucher sa peau, sa chair, son torse. Je l'imagine musclé et parfaitement taillé, je veux l'imaginer à moi, mais pas comme ça. Je ne veux pas de sa violence. Ses yeux profond sont maintenant animé par quelques choses d'autres, je ne saurais les décrypter, mais ils ne sont plus sans âme.

- Lâche moi. 

Je répète mes mots d'un ton froid et lent. le contact entre sa peau et la mienne me donne d'autres frissons, j'aime ce contact, ne me lâche pas. Eden enlève sa main de mon cou dans un dernier mais agréable effleurement. 

- Il faut que l'on parle. 

J'essaye de penser à autre chose que lui, ce n'est pas sans peine que j'essaye. J'ai envie de lui prendre la main, mais la petite voix dans ma tête n'arrête pas de me répéter que ce vampire n'est pas bon, qu'il est violent et méchant, sans âme ni sentiment. Cette petite voix à certainement raison, mais peut-être que j'aime le danger. Peut-être, puisque je continue de me découvrir petit à petit. 

- Qu'y a t'il ? 

- Je veux organiser une fête. 

- Nous ne faisons que rarement ce genre de chose. Non. 

- Mais c'est vide ici, Nous inviterons ceux que vous avez l'habitude d'inviter pour ce genre de chose. 

- Non, c'est non, Élizabeth. 

Il m'a appelé par mon prénom. 

- Pourquoi ? Ce serais une bonne chose de faire croire que tout vas bien, que je ne suis pas l'héritière. 

- Explique toi. 

- Si nous faisons une réception ce sera l'occasion de montrer et de prouver que nous n'avons rien à cacher ni à nous reprocher. Au contraire, si nous nous faisons discret, cela donnera raison à ceux qui sont pour le régime totalitaire de ce Mormont. 

Eden se pince la bouche mais garde son regard appuyer sur moi, il semble réfléchir et peser le pour et le contre de mon idée. 

- Ce n'est pas bête, petite souris. Tu es plus maline que tu voudrais nous le faire croire en fin de compte. La tonalité dans la voix de mon interlocuteur de radoucis un peu. Il n'est plus énerver et c'est une bonne chose, il me fait peur quand il l'est. 

- Alors ? 

- D'accord, Je m'occupe des invités. Par contre ce sera difficile de leur faire croire que nous te gardons ici par simple charité. 

- Que veux-tu dire par là ? 

Un sourire malicieux s'empare de ses jolies petites lèvres. Un sourire qui me dit qu'une mauvaise idée vient de germer dans sa tête. 

- Nous leur ferons croire que nous sommes ensemble, que j'ai jeter mon dévolu sur cette charmante et perdue jeune femme. Il me semble qu'il s'agit là de la meilleure tactique. 

- Je... Je ne pense pas non. 

Son sourire s'élargit davantage. 

- Très bien, alors il n'y aura pas de fête. 

- Sérieusement ? 

- C'est la condition. Pour ta sécurité, je t'ai promis que je veillerais à te protéger. 

Il m'énerve. 

- J'accepte alors. Mais on ne fera rien de ce que les couples normaux font, quoiqu'ils fassent... 

- Pas en publique, bien sur, princesse. 

Je lui donne une tape sur le torse. Un sourire incontrôlé me prend. 

- Hors de question ! 

- Eh, une princesse doit garder son calme dans toutes circonstance. 

- Je ne suis pas une princesse comme les autres.

- Ça, je l'avais bien remarqué. 

Ce moment deviens un peu plus agréable, alors je ne vais pas lui reposer la question. Même si je me demande vraiment ce qu'il faisait derrière cette petite porte, je n'aurais qu'à aller jeter un coup d'oeil. 

- Je dois te laisser, je vais préparer les invitations, la fête aura lieux demain. 

- Demain ? C'est tôt non ? 

- Nous avons les meilleurs messagers et pigeons voyageurs de tout l'État. 

J'hoche la tête, je n'ai pas envie qu'il me laisse, je veux continuer de profiter de sa présence. Pourquoi les bons moments sont toujours écourtés ? 

- Tu t'occuperas des préparatifs avec Alfred, il doit être en train de dépoussiérer l'aile Ouest. 

Je le regarde se retourner pour monter les escaliers puis disparaître derrière le mur à l'étage. Je soupire, ça avait mal commencé entre nous, et voilà que quand ça se passe bien, il doit s'en aller. Je monte les escaliers à mon tour et tourne a gauche au lieux d'aller à droite pour me rendre dans l'aile Ouest du château. Je parcours le long et premier couloir, j'en profite pour ouvrir les portes que je trouve, il y a quelques autres chambres, un salon et deux bureaux qui n'ont pas l'air d'être utilisé. Je continue mon chemin et trouve un escalier au fond du couloir. C'est un petit escaliers en colimaçon discret, arrivé en haut, il y a un autre couloir qui à l'air un peu moins entretenue que le reste de la maison. Je m'engage et ouvre la première porte, je découvre une pièce rempli de plusieurs choses, il y a des documents, des archives peut-être, des livres, des objets anciens... 

- Mademoiselle Élizabeth. Je claque la porte et fait volte face, Alfred se tient à un mètre de moi, un plumeau à la main. 

- Alfred, vous m'avez fait peur ! Je vous cherchais justement. 

- Je vous écoutes Mademoiselle. 

- Eden et moi allons organiser une fête, j'aurais besoin de vous pour les préparatifs. 

Alfred souris à la nouvelle, il me parait content d'apprendre qu'une fête sera donnée en ces lieux. 

- Où voulez-vous discuter de cela ? Il me semble qu'un vieux couloirs ne soit pas adapté. 

- Vous avez raison, j'ai vu des bureaux en bas, on pourrait s'y installer pour parler.

Alfred hoche la tête et me laisse passer devant, je retrouve facilement l'un des deux bureaux que j'avais vu quelques minutes auparavant. Il est très différent de celui d'Eden, mais il n'en reste pas moins jolie et chaleureux, il y a une cheminé sur le côté droit de la pièce et une seule bibliothèque sur l'autre côté du mur. Un tapis trône sur le sol et le bureau se trouve devant l'une des fenêtres qui donne sur l'extérieur. Je remarque qu'il y a une armoire semblable à celle qu'il y a dans le bureau d'Eden, je m'avance vers celle-ci et l'ouvre. Il y a effectivement de quoi préparer  du Bulgua. 

- Vous voulez un verre de Bulgua Alfred ? 

- Du bulgua mademoiselle ? Qu'est-ce ? 

- Oh c'est du cognac et du lait, vous savez... Pour la soif de sang.

- Merci mademoiselle Élizabeth, mais ça ira pour moi. 

- Comme vous voulez ! 

Je me sert la préparation dans un verre puis en boit une petite gorgée que je savoure. J'apprend à aimer ce mélange assez étrange. 

- Bien installez vous. Je désigne la place devant le bureau à Alfred tandis que je m'installe derrière celui-ci. 

Je cherche dans les tiroir s'il y a de quoi écrire, j'y trouve plusieurs feuilles et des crayons bleus. Nous pouvons commencer. 

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