Chapitre 4

11 minutes de lecture

J'ouvre les yeux. Je me redresse et regarde les draps violets. Je n'ai pas fermé les rideaux hier soir, les rayons du soleil viennent se promener dans ma chambre. Je me demande l'heure qu'il est. Je sors de mon lit à pieds joints. Je suis en petite culotte, j'espère qu'Adem m'a trouvé de nouveaux vêtements. J'ouvre l'armoire dans le coin de ma  chambre, celle-ci est à présent pleine. Je parcours les beaux tissus, il y en a de toutes les couleurs. Est-ce qu'il serait entré dans ma chambre pendant que je dormais ? Je prend un pantalon et un pull qui m'ont l'air confortables. Je passe par la douche puis m'habille rapidement. Hier, j'ai oublié de parler à Adem de ma théorie sur le fait que ma mémoire défaillante est sûrement due à une renaissance. Je le ferais aujourd'hui. Je sors de ma chambre, la carafe à vin à la main, je vais la ranger à la cuisine. J'espère qu'Adem ne l'a pas vu s'il est entré dans ma chambre pendant mon sommeil. Je dépose la carafe sur une table, je pense la réutiliser ce soir. Pour le moment, je vais m'hydrater. Je me sers quelques verres de sangs pour bien débuter cette journée. Mes canines sortent doucement, je n'ai plus mal, je n'ai plus aucune démangeaison. Je repose le récipient sur la table, j'en veux encore. Mon regard passe du tonneau a mon verre. Bon, encore un et après j'arrête. La sensation du liquide dans mon corps est incroyable, je me régale tellement.  Je trouve un tissus dans l'un des tiroir de la cuisine et m'essuie doucement la bouche. Je ressors de la cuisine en faisant attention pour ne pas faire de bruits. Je ne sais pas où sont les deux frères, ils doivent être occupé, je ne devrais pas les déranger. je passe par la salle d'entré et m'arrête devant la porte. J'ai envie de sortir, je veux aller voir Léonie. C'est une fille qui me semble être gentille. Il vaut mieux me faire des amis. Et puis, selon moi elle sait tout un tas de chose qui pourrait m'être utile. Ensuite, j'irais à la bibliothèque pour me renseigner d'avantage. J'ouvre les portes du château et me faufile à l'extérieur. Je regarde l'extérieur avec envie, j'ai envie de me promener. J'inspire une grande bouffée d'airs frais. Je regarde les petites habitations, je m'avance vers celles-ci à la recherche de la maison de Léonie. Elle m'a indiqué ou elle habitait hier. Si je me souviens bien, il faut prendre ici a droite, là-bas à gauche, et arrivé à ce banc ou nous étions assises, c'est tout droit. Je me retrouve devant une charmante petite maison, elle penche un peu sur le côté. Elle me semble vieille, j'ai l'impression qu'un petit battement d'aile pourrait la faire dégringoler sur ses fondations. J'espère que Léonie se trouve chez elle, je risque de bien m'ennuyer sinon. Je frappe trois coups à la porte. J'attend. J'entend des pas se rapprocher à l'intérieur de la maison. La porte s'ouvre sur Léonie, toujours aussi belle.

- Bonjour, Commence-t-elle, tu es revenue me voir, ça me fait plaisir. Elle me sourit amicalement.

- J'en avais envie, ça te dis d'aller marcher un peu ?

Je penche ma tête légèrement sur le côté en lui souriant. J'espère qu'elle pourra m'en dire encore plus sur les frères et le monde et tout ça.

- Bien sur, tu veux aller où ?

Léonie sors de sa maison et me tourne le dos pour refermer la porte.

- Je me disais, dans la forêt ?

- Allons-y.

Léonie prend ma main avec énergie et se met à courir vers les premiers arbres. J'adore courir. Je n'avais jamais couru jusqu'à lors. J'ai l'impression que je pourrais faire ça sans m'arrêter pendant des heures. Nous passons près des femmes et de leur métier à tisser qui était là hier aussi. Toutes lèvent leur tête quand nous passons près d'elle, coupant court à leur discussion. Nous nous arrêtons près d'un arbre, je n'ai pas besoin de reprendre ma respiration. Je me sens parfaitement bien. Léonie me lâche la main. Je regarde tout autour de moi, un sourire sur les lèvres. C'est magnifique, toute cette végétation et ces bruits naturels. Le chant des oiseaux dans les arbres, le frémissement des feuilles, un ruisseau qui coule et s'engouffre dans la terre... Je repose mes yeux sur Léonie.

- Dit moi, comment tu t'es retrouvé ici ? Je regarde Léonie, attendant qu'elle me réponde.

Elle pose ses yeux sur moi en me souriant un peu.

- Je cherchais un lieu pour vivre. Une vieille amie m'a parlé de cet endroit. Et toi comment tu t'es retrouvé là ?

Nous nous mettons à marcher entre les arbres, l'une à côté de l'autre.

- Après m'être réveillée dans la forêt, j'ai marché et j'ai vu ce château. Je voulais voir s'il y avait d'autre personne.

- Je ne m'attendais pas à ce que les frères t'accueillent. Je t'ai vu arrivé tu sais ? Tu avais l'air perdue.

- Je l'étais.

Je tourne ma tête pour regarder les boucles dorés de Léonie qui retombent sur ses épaules.

- Je suis venue te voir hier, car tout le village parlait de toi.

- Raconte moi, ils disaient quoi ? Tout le monde me dévisage dans les rues.

Mon amie hausse les épaules.

- Ils parlaient d'une nouvelle arrivée, ils sont juste curieux. Les nouvelles vont vites ici.

- Donc ici tout le monde se connait. Dit moi... Vous êtes tous des vampires ?

Léonie se met à rire, un rire fort, comme si j'avais dit une bêtise.

- Bien sur que oui ! Tu ne croyais quand même pas qu'un être humain pourrait vivre en paix ici ?

J'hausse les épaules, je ne sais pas je n'y avais pas vraiment réfléchi jusqu'ici. Nous prenons à gauche au croisement d'un grand arbre couvert de feuilles vertes. Nous marchons en silence à présent. Une brise légère vient légèrement lever les mèches de mes cheveux. Dans le miroir, j'ai vu qu'ils étaient blonds. Je suis blonde. La peau de mon visage est lisse et très blanche, comme si j'étais une poupée. J'ai un grain de beauté sur le haut de ma joue droite, Je me trouve belle.

- Qui sont exactement Adem et Eden ? Je ralentis le pas, regarde une seconde Léonie, puis devant moi. 

- Dekrym, me répond elle simplement avant de continuer, Ce sont les frères Dekrym. Ils font partie de la hiérarchie vampirique. Léonie lève le bras et balaye l'air de la main. Ces terrains appartiennent à leurs familles depuis de longues générations. 

- La hiérarchie vampirique ? C'est quoi exactement ? 

- On peut autrement appeler ça la haute société, avec un titre et une renommé. Je dois bien avouer que ces deux là ont une certaine prestance. 

j'assimile tout ce qu'elle m'apprend, d'autres questions me viennent à l'esprit.

- Pourtant, Eden à parlé d'un congrès, je ne comprend pas. 

- Le congrès est très important, il traite de nombreuses affaires et de nombreux sujets. Mais il y a une monarchie toujours en place. À la tête se trouve un dirigeant provisoire, il siège depuis près de 219 ans maintenant. Il est illégitime au trône, alors c'est en attendant que le "Nouveau-né" refasse surface parmi nous. 

Encore plus de questions se bousculent dans ma tête. Nous commençons à faire demi tour pour ne pas trop nous éloigner du village. 

- Qu'est-ce que ce "Nouveau-né" ? 

J'ai lu ce nom dans le livre que j'ai parcouru hier, il n'y avait pas d'autres indications sur ce que ça signifiait.

-  C'est un enfant, l'enfant du roi et de la reine légitime. Ils ont malheureusement disparu 50 ans après avoir donné naissance à l'héritière. C'est à ce moment qu'ils se sont fait remplacer par notre souverain actuel, Mormont. Mais tout le monde sait que c'est un intrus, nous attendons tous l'arrivée de l'héritière avec impatience. 

Léonie marque une pause avant de s'arrêter de tourner brutalement sa tête vers moi:

- Tu as vécu dans une grotte avant ? Comment se fait-il que tu sois si ignorante ?  

Je ne comprend pas vraiment tout ce qu'elle me raconte. Si ce Mormont est arrivé au pouvoir il y a 219 ans et que c'est à ce même moment que les vrais souverains ont disparus... Cela veut dire que cet enfant prodige aurait aujourd'hui 269 ans. Ça n'a aucun sens. Je regarde Léonie, c'est vrai qu'elle ne sait pas que ma mémoire m'a fait faux bond. 

- Je suis amnésique. Peut-être qu'avant je savais tout cela, mais aujourd'hui je découvre le monde. Mais garde ça pour toi s'il te plaît.  Je ne sais pas si c'est une bonne chose d'en parler, je préfère qu'il y ai le moins de personnes au courant. 

Léonie hoche doucement la tête, elle reprend la marche peu de temps après.

- Ton secret sera bien gardé. Elle penche sa tête vers moi et m'adresse un clin d'oeil. 

Je l'aime bien Léonie, j'espère qu'elle ne trahira pas ma confiance si vite accordée. Nous regagnons le village tranquillement. Faire la conversation avec elle m'octroie un peu plus d'assurance. J'en apprend bien plus avec elle qu'avec les frères Dekrym, puisque c'est leur nom, et je ne le savais même pas. Léonie me raccompagne jusqu'aux portes du châteaux. Elle me laisse là en me saluant gaiement, je la regarde retourner dans les rues du village. J'entre dans l'enceinte du château. Je vais aller à la bibliothèque. 

- Elizabeth, bonjour. 

Adem apparait près des escaliers, je ne l'ai pas vu en entrant. Il se tient de façon légère contre la rampe de l'escalier de droite. 

- Bonjour, tout va bien ?

Je m'approche de lui tout en gardant une certaine distance entre nous. 

- Il n'y a aucune raison pour que ça n'aille pas. Le ton de sa voix est comme d'habitude : calme et posée. 

- Je voulais te voir justement... J'ai réfléchis à ce qui s'était passé à mon réveille, je me suis dite que c'était peut-être une naissance, une renaissance... Je souffle légèrement, Je ne sais pas en fin de compte... 

Je lève la tête pour regarder Adem, pour voir sa réaction vis à vis de mon hypothèse mal formulée. 

- Je vais y réfléchir et me renseigner. Je suis déjà sur une piste. 

- Ah oui ? qu'est ce que c'est ? 

Une lueur d'espoir me parcours les yeux. S'il y a véritablement une explication sur le pourquoi du comment je me suis réveillée amnésique, ça m'intéresse. 

- Je préfère ne rien te dire pour l'instant au risque de te donner de faux espoirs. Tu me comprends ? 

J'ai très envie de savoir, d'être au courant de l'avancée de ses recherches. Mais dans un sens je le comprend, je n'aimerais pas, moi non plus, que l'on m'informe de quelque chose qui risque de ne pas être vrai. J'hoche lentement la tête, acceptant son choix. Je lève le bras vers la porte de gauche. Une soudaine envie de sang me prend. 

- Je peux aller me désaltérer ? 

- Bien sur, je te laisse à tout à l'heure. 

Je lui sourit amicalement, Adem se redresse puis quitte la pièce d'un pas élégant. Ce garçon à un certain charisme, son frère aussi, mais c'est un charisme bien différent. Je me dirige vers la porte menant à la salle à manger, puis à la cuisine. Je ne peux m'empêcher de boire encore et encore. À se rythme, j'aurais fini le tonneau en moins de deux. Je me ressert mon énième verre, mes canines sont sortit dès que la pensée du sang m'est montée à la tête. C'est un breuvage tellement exotique. Il me fait tellement de bien. Après chaque verre je me sens un peu plus forte, mais j'en redemande toujours plus. Je me sens addict. Je me résigne et sors de la cuisine. Je monte rapidement à l'étage puis passe la porte de la bibliothèque. À mon plus grand étonnement, quelqu'un d'autre se trouve près d'une étagère. Eden. Celui-ci est tourné vers moi, un livre à la main. Nos regard se croisent de longues secondes. Personne ne prend la parole, je me sens mal à l'aise. Je pensais me retrouver seule à enquêter. Eden me regarde froidement, il à un visage impassible et dur. Les souvenirs d'hiers me reviennent en mémoire. Je m'avance de quelques pas et Eden prend la parole en premier. 

- Que fais-tu dans ma bibliothèque ? 

Le message est assez claire, je ne baisse cependant pas mon regard posé sur lui. 

- Je fais des recherches, je m'informe. 

- Parce que Madame n'a plus aucun souvenir. 

Un jeu de regard commence entre nous, je ne baisserais pas mes yeux. Lui non plus n'a pas l'air de vouloir se laisser perdre facilement. Je pourrais facilement le comparer à une pierre. 

- Ce n'est pas de ma faute. 

je réplique tout en essayant de garder un ton plus ou moins assuré. 

- Bin voyons.

Eden s'avance lui aussi de quelques pas pour se retrouver plus près de moi. Un mètre tout au plus nous sépare. 

- Que tu me crois, ou non, je dis la vérité. 

- Comment pourrais-je ne pas te croire ? Il lève son bras de libre et vient m'effleurer la joue du revers de son index. Étant donné que tu ne savais même pas que tu étais un vampire en arrivant ici. Continue-t-il sur la même lancée. 

Je me sens quelque peu déstabilisé, je ne m'attendais pas à ce geste. Mes yeux restent ancrés dans les siens, bien que l'envie de les poser n'importe où ailleurs soit intense, je ne peux me défaire de ses yeux noisettes et glaçant. J'arrive finalement à ouvrir la bouche pour articuler correctement mes mots. 

- C'est vrai, et alors ? Au moins je ne suis pas désagréable. 

- Qu'insinues-tu donc petite souris ? 

Je me contente de le contourner, en ignorant sa question. Je sens son regard posé sur moi et suivre mon mouvement. Je m'arrête devant une bibliothèque et regarde les livres qui y sont rangés, espérant qu'Eden quitte la pièce rapidement.

- Rien du tout.

- Intéressent, tu devrais m'être reconnaissante.

Je fait volte-face.

- Reconnaissante ? C'est grâce à ton frère si je peux rester ici. 

- Je reste cependant d'agréable compagnie.

- Pas pour moi, alors. 

Eden s'approche de la porte, il rajoute avant de sortir :

- Je trouverais avant mon frère qui tu es. Tu m'intrigues, petite souris. 

Il quitte la pièce sur ces dernières paroles. Je reste quelques secondes à regarder le mur, je ne sais pas vraiment quoi penser. Je me concentre sur les livres qui se trouvent tout autour de moi. J'en attrape un à la reliure violette, il m'inspire. Je vais m'assoir sur l'un des fauteuils puis commence à le feuilleter. Il s'agit d'un livre sur la transformation. Je lis attentivement pendant quelques heures, je ne vois pas le temps passer. Je m'arrête en plein milieu du bouquin et relève la tête. Je repense à Eden, lui aussi m'intrigue. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais il m'intrigue. Trouvera-t-il vraiment qui je suis avant son frère ? C'est comme une compétition, je le ressens ainsi. Pour moi, je n'ai pas de passé. Je sais qu'en me réveillant cette nuit-là, je me souvenait, je savais qui j'étais. Mais maintenant c'est le trou noir, le vide. Je referme le livre et le range à sa place, je vais aller dormir. En passant dans le couloir, je remarque que la porte du bureau d'Eden est entre-ouverte, laissant un léger filament de lumière s'introduire à l'extérieur, dans la pénombre de ce couloir. Est-ce qu'il fait des recherches à propos de moi ? Ou bien travaille t-il sur de la paperasse comme l'a laissé entendre Léonie ? 

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Kaly_Winter ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0