Chapitre 3

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Je m'assois sur un banc. Le village est agréable à regarder, il ne m'évoque rien de particulier, mais je l'aime bien. Deux femmes passent près de moi, tête baissée. Plus loin, près d'un arbre, des enfants jouent à se courir après. Je me demande pourquoi Adem a été si gentil avec moi. Il a proposé que je reste, alors qu'on ne se connaissait pas. je ne sais pas si j'avais réellement le choix. Les rayons du soleil viennent se refléter sur ma peau, je lève la main droite et la regarde. Je ne vais pas mourir, jamais. Tout ce que j'ai appris sur les vampires est intéressant, je retournerais plus tard à la bibliothèque pour me documenter davantage. J'espère qu'Adem pourra m'aider, comme il le prétend, à trouver des réponses. J'ai l'impression de renaitre, c'est peut-être une renaissance. Je devrais faire part de ma théorie à Adem. Quant à Eden, son comportement n'est pas spécialement appréciable, j'espère qu'il fera des efforts dans le futur. Même si je suis sur son territoire, cela ne lui donne pas d'excuse pour se comporter de façon si arrogante. Une jeune fille s'approche de moi et vient s'assoir à mes côtés, un sourire timide aux coins de ses lèvres.

- Bonjour, tu viens d'arriver n'est-ce pas ? 

Je lui souris en retour, cette fille a des cheveux blonds presque dorés, ses boucles retombent sur ses épaules. Je la trouve magnifique, elle a un visage angélique. 

- C'est ça. 

- Les frères qui gouvernent la région ont été très charitable, je m'appelle Léonie. Et toi ?

- Ils ne sont pas charitables d'habitude ? Je m'appel Elizabeth. 

L'expression de Léonie se transforme une seconde en surprise. Je suis curieuse de ce que cette fille va bien pouvoir me dire sur Adem et Eden. Je suis preneuse de toutes informations. Léonie vient prendre mes mains dans les siennes, un sourire réapparaît sur son doux visage. 

- Tout dépend, mais je comprends mieux maintenant la raison pour laquelle ils t'on prise sous leurs ailes. Que veut-elle dire par là ? Je ne vois aucune raison apparente pour être plus ou moins gentil avec moi. Léonie reprend après avoir détaillé mon visage, je me sens un peu gênée. Ici, il y a une sorte d'équilibre. Adem est souvent confondu avec un ange, et Eden avec un démon. Mais il n'en est rien. 

- Un ange ? Un démon ? Ces créatures existent réellement ? 

Léonie rit légèrement en penchant sa tête sur le côté. 

- Bien sur que non. On les appelle ainsi par rapport à leur différence de caractère, et un peu a cause de leurs couleurs de cheveux. 

Fort intéressent. Les maîtres des lieux ont donc des appellations qui les correspondent. Léonie à l'air gentille, j'espère m'en faire une amie. C'est la seule du village qui ne m'a pas dévisagée. Elle est venue d'elle-même à ma rencontre. 

- Ça fait longtemps que tu habites là ? Je la regarde doucement, faisant abstraction des passants qui peuvent nous regarder de travers. Léonie semble réfléchir, elle cherche la réponse qu'elle va me donner.

- Je pense que ça fait cinquante ans que je suis ici. Les frères nous traitent bien et ne manquent pas de répondre à nos audiences. Ils sont à l'écoute, surtout Adem. 

- Dit m'en plus sur eux. 

Je veux savoir ce qu'il y a à savoir sur mes hôtes. 

- Adem s'occupe du bien-être et de la sérénité des villages aux alentours. Quant à Eden, il s'occupe de la politique et de la paperasse. Je serais toi je me méfierais d'Eden, il peut être espiègle quand il le veut. 

Je souris à sa remarque, ça ne m'étonnerait pas venant de lui. 

- Je te laisse, à plus tard. Si tu me cherches, j'habite juste là. 

Léonie lève sa main vers une maison un peu plus loin. Je regarde dans sa direction et repère l'endroit qu'elle m'indique, je n'hésiterais pas à retourner la voir. 

- À plus tard. Merci encore d'avoir répondu à mes questions. 

Léonie m'adresse d'un sourire puis s'en va tranquillement. Je me relève du banc et regarde tout autour de moi. J'ai appris beaucoup de choses aujourd'hui. Je suis satisfaite de ma journée. Je marche un peu à travers les habitations. Sur le côté droit, près des arbres, se trouvent plusieurs femmes avec un métier à tisser. Elles se parlent entre-elles, je me demande quel est le sujet de leur conversation, je n'ose pas m'approcher pour ne pas les déranger. Je continue de marcher et m'arrête devant un homme d'une quarantaine d'année en apparence. C'est un forgeron qui façonne son art devant moi. Je n'ai pas vu beaucoup de magasin dans ce village. Je continue ma promenade, je passe devant une boutique de vêtements. Je m'arrête une nouvelle fois, je reconnais cette odeur. Cette délicieuse odeur de sang. Je me laisse guider par mon odorat à travers les ruelles de ce petit village. Je passe près de plusieurs maisons et esquive d'autres vampires, ils m'ignorent tous. Pourquoi ne sont-ils pas attirés comme je le suis par cette exquise odeur ? Je m'arrête devant un bâtiment. Il s'agit d'un autre magasin, je lis la devanture " Cave à sang". Alors c'est ça. Ils ont des caves à sang, ça me paraît logique en fin de compte. On en a besoin pour vivre. Je me demande comment ils font pour se procurer du sang d'être humains ? Est-ce qu'ont les chasses ? Ce serait atroce. Je laisse tomber l'idée du sang, je pense pouvoir en avoir en grande quantité au château. Je retrouve rapidement mon chemin, le château étant assez grand, j'arrive à facilement m'orienter jusqu'à lui.

- Enfin rentrée. 

Je me tourne vers Eden après avoir refermé les portes. Il se tient devant moi, à quelques mètres. Que me veut-il ?

- Je suppose que tu n'es pas recensée.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire encore, de quoi me parle-t-il ?

- Recensée ? Non je ne crois pas. 

- Bien, viens avec moi. Sa voix ne s'est pas adoucis entre-temps, il me parle sèchement, comme si je n'étais qu'une affaire à régler. 

Nous nous mettons en route, il monte jusqu'au second étage, là où se trouve la bibliothèque. Il ouvre une porte dans ce couloir, nous n'allons pas à la bibliothèque. Eden me fait entrer en première. Je découvre un bureau, l'odeur du sang m'envahit les narines à nouveau, j'ai envie d'en boire. Il y a également des bibliothèques aux murs. Un canapé avec une table basse sont disposés sur le côté gauche de la pièce. Centré au fond se trouve un bureau et une fenêtre. Il y a une chaise devant et derrière ce bureau. Eden va s'assoir à sa place, sur la chaise de derrière. Il y a plusieurs feuilles posées sur son meuble de travail, et un stylo. 

- Tu comptes rester debout ? 

Je le regarde, il veut que je m'assois devant lui. Je m'exécute et m'avance vers la chaise qui m'est destinée. Cette pièce est à lui, je pense qu'il passe une bonne partie de son temps ici, je le plains. Ça doit être ennuyeux. Ou alors peut-être qu'il aime faire de la paperasse. C'est sur que quand on a une éternité devant soi, il faut s'occuper comme on peut. 

- Je vais transmettre ton recensement au congrès. 

Eden sort une feuille pré-remplie de l'un de ses tiroirs et la positionne devant lui. 

- Ton prénom ? 

- Tu l'as déjà oublié ? 

Cette phrase sort de ma bouche sans que je ne puisse la contrôler, l'envie étant plus forte que la bonne conduite. Eden relève ses yeux et les poses sur moi. 

- Très bien... Je le regarde écrire mon prénom en haut de la feuille. 

- Âge, nom de famille, le sang que tu préfères, nom et prénom de tes parents si tu en as, tu as des frères et soeurs ? Tu penses pouvoirs me répondre ou ce questionnaire est trop compliqué pour toi ? 

Je regarde Eden, il se moque de moi. Il se lève et ouvre une armoire pour y prendre un verre et une carafe à vin. Ce n'est pas du vin. 

- Je peux en avoir ? Je m'empresse de le lui demander avant qu'il ne referme la porte de l'armoire. Eden secoue légèrement sa tête puis prend un second verre. Il revient à sa place et verse le contenu de la carafe à vin dans nos récipients. Je prends le verre à pied dans mes mains et l'apporte à mes narines. Je respire cette merveilleuse odeur. Sans que je ne puisse le contrôler, mes canines se mettent à pousser, comme ce midi. Quand le sang est près de moi, mes canines en font des siennes et appellent ce liquide. Je boit le contenue rapidement, avec envie. Je remercie d'un hochement de tête Eden, qui lui boit calmement, sans se précipiter. Comment fait-il pour garder un contrôle pareil ? 

- Tu n'as pas répondu à ma question. Reprends Eden, froidement. 

- J'ai tout oublié, je ne me souviens de rien. Désolé.

Eden me regarde incrédule, il ne me croit pas. Comment pourrais-je lui faire comprendre que je dis la pure vérité ? Il me paraît être borné comme garçon. 

- Ah oui vraiment ? Tu n'as pas oublié comment tu t'appelais pourtant ? 

- Non... C'est vrai, je me le suis rappelé brutalement. C'est revenu comme ça. 

- Tu es une fille bien intrigante. 

Un petit sourire en coin apparaît au bout de ses lèvres, il reprend cet air amusé sur le visage. 

- Je n'y peux rien. 

- Je l'expliquerais dans ma lettre. J'en ai fini avec toi petite souris, tu peux t'en aller. 

- Il faut arrêter de m'appeler comme ça, je ne suis pas une souris ! 

Je me lève brutalement de ma chaise. Mes yeux sont rivés dans les siens, ils sont bruns et en amande. Il n'est pas déplaisant à regarder. Mais son arrogance est énervante. Malgré mon comportement, Eden reste calme. 

- Ah oui, et tu voudrais que je t'appelle comment ?

- Par mon prénom, ce serait un bon début. 

- Parce qu'il y a un début de quelque chose entre nous ? Réplique-t-il aussitôt, comme s'il avait déjà pensé à cette phrase. 

Ce qu'il dit me déconcerte, il esquisse un sourire.

- Il n'y a rien entre nous. Je me retiens de l'insulter de mufle, par politesse de son hospitalité, même si ce n'est certainement pas grâce à lui si je suis ici. 

Je sors de son bureau, surprise par con comportement. Heureusement qu'Adem est différent, je lui fais confiance. Je me demande où est-ce qu'il peut bien être. je descends les escaliers pour me rendre dans la petite cuisine où Adem m'a fait boire du sang. J'en veux encore plus. Je ne sais pas si c'est normal de tant en vouloir, je n'ai rien lu sur ce phénomène. Eden arrivait à en boire avec modération, comment fait-il ? Je voudrais apprendre moi aussi car pour l'instant, seul le goût du sang reste dans ma tête. C'est comme une drogue, je ne peux pas m'en passer, j'en ai besoin pour vivre, je ne pense qu'à ça. Mes canines ne se sont toujours pas rétractées, elles demandent encore plus à boire. Je referme doucement la porte après moi, ma vue dans la pénombre est quasiment parfaite. Je ne vois pas exactement comme en plein jour. C'est comme un filtre sombre devant mes yeux, mais j'arrive à parfaitement distinguer chaque meuble présent dans la pièce. Je n'allume pas l'interrupteur. Je préfère rester comme ça. Je m'avance vers les placards et les ouvre un à un jusqu'à trouver des verres. J'en prend un d'une taille assez conséquente puis me serre à rebord avec le tonneau prévu à cet effet. J'essaye de le boire doucement, pour parvenir à me contrôler, mais à la troisième gorgée, je finis le verre aussi rapidement que j'en remplis un second. je le bois cul sec. Je m'en remplis un troisième. Puis un quatrième. J'en veux encore plus. Ma respiration se saccade au fur et à mesure que je bois. Je m'assieds par terre près du tonneau pour continuer de me remplir des verres de sang. Je m'essuie la bouche, je regarde ma manche, m'arrêtant dans mon élan. le tissu est rougeâtre. Mon regard revient sur le verre que j'ai dans ma main gauche. Je le porte à mes lèvres et finis le contenue. Je pose le verre au sol en essayant de reprendre ma respiration. Mon comportement est semblable à celui d'un animal déchiquetant sa proie pour s'en régaler. je me régale. J'entends des pas approcher rapidement. Je me relève maladroitement et essuie une dernière fois ma bouche. Adem passe par la porte, il s'arrête dans sa lancée pour me regarder. 

- Elizabeth, que fais-tu là ? 

Je regarde autour de moi, j'espère ne pas avoir l'air d'une ivrogne. 

- Je suis venue boire du sang. Je n'ai pris qu'un verre. 

Adem hoche la tête doucement puis se tourne vers la porte. Mon mensonge est passé sans difficulté.

- C'est normal, tu dois avoir faim. 

Il sort de la pièce, je décide de le suivre pour pouvoir le questionner. Adem penche légèrement la tête pour me regarder du coin de l'oeil. 

- Allons au salon pour discuter. Annonce-t-il quand nous sortons de la salle à manger. 

Je ne sais pas où se trouve le salon, je ne savais pas qu'il y en avait un. Adem s'avance et ouvre la porte de droite quand on entre dans le château, il s'agit de la salle de réception que j'ai vue ce matin. Il tourne à gauche et passe par une seconde porte, je rentre après lui en refermant l'accès derrière moi. Le salon est tout aussi beau que les autres pièces de ce château. Devant moi se dressent deux sofas, l'un en face de l'autre. Une table basse en bois incrusté se trouve entre ses deux canapés. Il y a un fauteuil disposé de chaque côté des sofas, légèrement orienté vers l'intérieur. Contre le mur d'en face se trouve une immense cheminée en pierre. Les fenêtres en arcs brisés donnent une vue sur l'un des côtés du village. Un magnifique tapis d'orient orne le sol du salon. Mon regard se repose sur Adem, il est assis sur le sofa de droite. Je m'avance lentement vers celui de gauche afin d'être face à lui. Je suis surprise par le confort du mobilier, il est moelleux et agréable, j'ai l'impression qu'il épouse parfaitement la forme de mon derrière. 

- Je t'écoute. Commence Adem. Il pose sa jambe gauche sur sa jambe droite, il ne me lâche pas du regard.

- Je me suis documenté dans la bibliothèque. J'ai lu que les vampires peuvent avoir des dons ou des pouvoirs, je n'ai pas trop compris. Vous avez ça vous ?

Adem prend une respiration, il sourit légèrement puis entre ouvre sa bouche pour me répondre.

- Ça existe, effectivement. Il parle doucement, les vampires possédant ses talents incroyables sont pour la plupart reconnus. Plusieurs théories pensent que ce don est en chacun de nous, d'autres disent que c'est génétique. En ce qui concerne Eden et moi-même, nous sommes de simples vampires dotés d'une force supérieur à la moyenne de notre espèce. 

J'affirme de la tête ce qu'il m'avoue, écoutant attentivement tout ce qu'il me dit. 

- J'ai également lu qu'un vampire pouvait se faire transformer, ou naître déjà vampire.

- Les vampires transformés arrêtent de grandir à l'âge où ils transmutent. Ceux qui naissent ainsi arrêtent de grandir automatiquement une fois leur croissance terminée. 

- Et moi, si j'étais né vampire ? 

- Elizabeth, il est fort probable que ce soit le cas. Je mène des recherches de mon côté, espérons que je suis sur la bonne voie. 

- Espérons. 

Un silence s'immisce entre nous, je me redresse mais ne me lève pas, la discussion n'est pas terminée. Je décide de lui poser une autre question.

- Par rapport au sommeil, j'ai lu que certains d'entre nous pouvaient choisir de dormir ou non, c'est vrai ?

- Oui, c'est mon cas. J'aime toujours dormir, je trouve que ça a un côté apaisant. Eden ne dort pas, il est bien trop occupé pour ce genre de loisir.

- Alors c'est un loisir ? 

- Pour nous, c'est un passe-temps, oui. Tu devrais essayer.

Je le regarde en souriant, je vais l'écouter dès ce soir. Je vais dormir, je dormais bien avant de me réveiller ce matin. Ça ne devrait pas être compliqué de recommencer. Je balade mes yeux derrière Adem, à travers les fenêtres, la nuit commence déjà à tomber. 

- Tu as d'autres questions ? Demande mon ami, je repose mon regard sur lui. 

- Je pense que c'est tout pour le moment. Je peux aller prendre du sang avant de monter dans ma chambre ? 

Adem se lève. 

- Bien sur, fais comme chez toi. 

Je le remercie en me levant du confortable sofa. 

- Passe une bonne soirée Elizabeth. 

- Bonne soirée. 

Adem s'en va rapidement, me laissant seule. Je parcours le salon des yeux, la lumière est tamisée, mais ma vue reste claire et précise. Je m'avance pour sortir de la pièce et rejoindre la cuisine où se trouve le tonneau de sang. Je trouve une carafe semblable à celle d'Eden et la rempli pour monter dans ma chambre, en espérant ne croiser personne. 

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