EP1 - Réunion

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 Gohan était en route pour Kamé House. Il vérifia sa montre et fut soulagé. Il devrait être en avance finalement ! Satisfait de son timing, le semi-Sayen s'amusa à effleurer du bout des doigts l'océan qu'il survolait depuis quelques minutes. Le jeune homme avait eu une frayeur lorsque son père avait fait trainer le déjeuner. Il avait même dû inciter Goku à reprendre son entrainement avec Goten, au risque d'éveiller ses soupçons. Heureusement pour lui, le Sayen n'était pas du genre à se questionner sur les demandes de ses proches.

 Se retenant de piquer une tête, Gohan se contenta de fermer les yeux quelques instants pour savourer l'air vivifiant qui lui embrassait le visage, laissant glisser son doigt à la surface de l'eau. Bien qu'il aspirait à une vie rangée, jamais il ne regretterait d'avoir apprit à voler. Le sentiment de liberté qui s'emparait de son esprit à chaque décollage n'avait pas de prix.

 Il s'observa dans le reflet de l'océan et repensa à ce que son père lui avait dit quelques semaines plus tôt. Le puissant Sayen lui avait confié son regret de ne pas l'avoir vu grandir durant les sept dernières années. Il est vrai que Gohan avait bien changé depuis sa victoire sur Cell. Le petit garçon craintif était devenu un jeune homme fringant. Le Son sentait que le rituel du Doyen Kaioshin avait changé quelque chose en lui. Bien que sa timidité et son manque d'assurance reprenait encore trop le dessus à son goût, il avait gagné en assurance.

 Le jeune homme n'avait pas parlé de cette réunion avec Videl. La demoiselle aurait certainement voulu y assister, et il n'en était pas question. Tous deux étaient de plus en plus proche, mais ils n'appartenaient pas au même monde. Gohan préférerait mourir plutôt que de la mettre en danger.

 Au loin se dessinait la Kamé House. A chaque fois qu'il venait ici, Gohan se remémorait la première fois que son père l'avait présenté à ses amis. Alors âgé de quatre ans, cette journée avait changé sa vie jusque là pure et innocente.

 Il posa pied à terre, et fut accueilli par l'un des plus vieux amis de son père. Mais également celui qu'il avait le plus cotoyé tout au long de ses propres aventures.

— Gohan ! Tu es en avance !

— Salut Krilin !

 Le lycéen ne s'était toujours pas habitué à la présence d'une chevelure sur le crâne de l'ancien moine. Non loin de la porte d'entrée de la maison, sa femme, C-18, était en train d'écraser le visage de Tortue Géniale au sol. La belle blonde toisait le vieil homme d'un regard mêlant dégoût et dépit.

— Il a recommencé ? demanda un Gohan tout sourire en se grattant l'arrière de la tête.

— Evidemment, soupira Krilin. Tu le connais, il ne changera jamais... 

 Non loin de C-18, leur fille Marron s'amusait à faire "hu-dada" sur le dos de Tortue. Elle ne semblait nullement inquiète par l'excès de fureur de sa maman. Le couple avait vécu plusieurs années chez Tortue Géniale. Gohan n'avait pas besoin de poser la question pour savoir que ce genre de scène faisait évidemment partie du quotidien de la petite fille depuis sa naissance.

 Marron remarqua l'arrivée de Gohan et demanda à Tortue de le rejoindre lui et son père. De son côté, C-18 agrippa avec hargne la barbe du vieil homme et lui murmura avec froideur :

— La prochaine fois que je te prends sous ma jupe, je te tue.

 Ne lui laissant pas le temps de répondre, elle l'expédia contre la mer. Tortue Géniale fit de nombreux ricochets jusqu'à perdre de la vitesse et couler à pic. Il refit surface quelques secondes plus tard en crachant un filet d'eau de mer.

— Papy Tortue a fait splach ! ria Marron de bon coeur.

 Le rire de Krilin se mêla à celui de sa fille tandis qu'il la prenait dans ses bras. Voir ainsi Krilin en plein bonheur paternel avec son enfant mit du baume au coeur de Gohan et le conforta dans sa décision de réunir ses amis afin d'exposer de ce qui lui trottait dans la tête depuis déjà un mois.

— Alors Gohan ? l'interpela Krilin, l'extirpant de ses pensées. Vas-tu me dire pourquoi tu as tenu à nous réunir aujourd'hui ? Tu étais bien mystérieux au téléphone.

— Je préférerais attendre que tout le monde soit arrivé, lui répondit Gohan, gêné.

 Il remarqua alors trois énergies familières arrivant dans leur direction. Gohan et Krilin se tournèrent vers eux, tandis que C-18 vint les rejoindre.

— Tu ne vas pas avoir à attendre longtemps, l'informa Gohan, tout sourire.

— Ça va dépendre de Yamcha, ricana Krilin.

 Piccolo, Tenshinhan et Chaozu posèrent à leur tour pied à Kamé House.

— Salut les amis ! les saluèrent Gohan. Comment allez-vous ?

— Bien, répondit Piccolo. Contacter Tenshinhan et Chaozu n'a pas été simple. Heureusement que Dendé peut contacter Kaio lorsqu'il le souhaite.

 Le guerrier à la peau verte était vêtu de sa traditionnelle tenue violette à cape blanche et aborait son turban. Gohan savait que les vêtements de sa tenue faisait partie de son entrainement et qu'il en augmentait le poids au fil de ses progrès. Le jeune homme se demanda à combien de tonnes s'élevait l'ensemble à présent.

— Nous avons toujours autant de mal avec les téléphones , répondit Tenshinhan, bras croisés.

— Dis plutôt que tu ne veux pas être perturbé dans ton entrainement, rétorqua Piccolo d'un sourire entendu.

 Tenshinhan détourna son regard à trois yeux, mais son silence avait plus de valeur qu'une réponse. D'autant que Chaozu pouffa de rire. Gohan sourit à ce tableau. Piccolo qui taquinait Tenshinhan, personne n'y aurait cru il y a dix ans.

 Ten se tourna vers le jeune Sayen. Bien que l'adolescent était à présent bien plus puissant que le Terrien, il devait admettre que Tenshinhan était physiquement toujours aussi impressionant.

— Je suis heureux de tous vous revoir, déclara-t-il. Goku n'est pas là ?

— Non, répondit Gohan. Je n'ai invité que ceux à qui j'avais besoin de parler.

— Besoin, hein ? releva Piccolo. Je constate que Végéta n'a pas été convié non plus.

— Tant mieux, ne put s'empêcher de lâcher Tenshinhan.

 Gohan fut surpris par la réaction de l'ancien élève des Grues. Il est vrai qu'il n'avait pas souvenir de l'avoir vu discuter sereinement ne serait-ce qu'une fois avec l'ancien Prince Sayen. Tenshinhan s'était éloigné d'eux depuis bien des années. Etait-ce lié à la présence de Végéta au sein de leur groupe ?

— Ce n'est pas contre eux, leur assura Gohan. Mais leur absence me facilitera les choses.

— Tu commences à me faire peur, lui avoua Krilin. Mais si Goku et Végéta ne sont pas conviés, cela veut dire qu'aucun nouvel ennemi n'est apparu... N'est-ce pas ?

— Ah mais non ! Pas du tout ! s'exclama Gohan en agitant ses bras devant lui.

— Si c'était le cas, Goku serait déjà en train de l'affronter, réagit Piccolo en esquissant un léger sourire en coin.

 Malgré le ton ferme du Namek, tous éclatèrent de rire. Gohan se pinça la lèvre, quelque peu gêné. C'était justement ce genre de réflexion qui l'avait amené à réunir ses amis guerriers. Piccolo sembla remarquer le trouble qui agitait son ancien pupille. Mais s'il comptait lui tenir quelques mots, il fut interrompu par Tortue Géniale qui venait de rejoindre la côte de son île. Il s'ébroua tout en maugréant contre les bonnes femmes égoistes qui n'avait aucune pitié pour les personnes agées.

 Dépité par le comportement de son ami, Tortue leur proposa de boire un verre dans la maison en attendant que Yamcha ne les rejoigne. Le retardataire arriva une dizaine de minutes plus tard et se confondit en excuse. Il était habillé d'une petite veste en velours élégante et avait attaché ses cheveux en une queue de cheval. Le parfum qui imprégnait ses vêtements fit deviner à Gohan que l'ancien voleur revenait d'un rendez-vous galant.

— Alors ? demanda simplement C-18 en fixant Gohan, son verre de jus d'orange au bord des lèvres.

 Tous étaient tournés vers lui. Assis en tailleur et les paumes de ses mains posés sur ses genoux, l'adolescent s'humecta la gorge. Leur expliquer ce qui le hantait lui semblait bien plus simple lorsqu'il s'était imaginé la scéne qu'en y étant vraiment.

— Je ne sais pas par où commencer. Désolé si je suis trop direct, commença le semi-Sayen en se grattant la tête. Je pense que nous devons tous reprendre sérieusement nos entrainements.

 Un silence stupéfait suivis quelques instants la déclaration de Gohan. Krilin et Yamcha échangèrent un regard gêné. Tenshinhan, Chaozu et Muten Roshi semblèrent attendre la suite des réflexions de Gohan. Piccolo, assis lui aussi en tailleur et les bras croisés, lui adressa un sourire emplis de fierté.

— Peux-tu développer, Gohan ? lui demanda le Namek.

— Euh... oui, répondit timidement l'adolescent.

 Le jeune homme se permit de prendre quelques secondes afin de structurer convenablement ses pensées. Il déclara ensuite avec calme :

— J'ai énormément réfléchis depuis la mort de Boo. Nous avons eu de la chance. Beaucoup de chance. Sans Végéta et mon père, la Terre était condamnée. Et cela malgré tous nos efforts de dernière minute.

— Tu n'y es pour rien, intervint Yamcha. Boo est l'ennemi le plus fort que nous avons rencontré. Seul Goku pouvait le vaincre. Et encore, il a eu besoin de recourir au Genkidama le plus puissant jamais réalisé.

— Et si ça ne suffit pas la prochaine fois ? Et s'il a besoin d'aide et que nous sommes trop faible pour la lui apporter ? Et s'il s'agit d'un groupe de guerriers, voire d'une armée ? Papa comptait sur moi pour défendre la Terre. Il m'avait passé le flambeau après le Cell-Game. Et mon manque d'application l'a amené à devoir ressusciter. Pareil pour Végéta qui, en étant deja mort à ce moment là, a failli disparaitre définitivement !

 Nouveau silence lourd de sens. Gohan ne s'arrêta pas là. Maintenant qu'il était lancé, il sentait à quel point il avait besoin de se confier sur la culpabilité qui l'étreignait depuis sa défaite face au Majin.

— Je vis mal le fait de ne pas avoir été à la hauteur de son héritage.

 Des larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux. Gêné, il s'empressa de les retirer d'un vif mouvement du poignet.

— Krilin et moi nous sommes fait une raison depuis longtemps, dit Yamcha d'une voix douce. Par rapport à vous, nous ne sommes pas à la hauteur.

— Et c'est là votre erreur à tous les deux, le coupa Muten Roshi.

 Les regards convergèrent vers le vieil homme, qui venait de poser ses lunettes sur la table. Le regard de l'ancien maitre de son père frappa Gohan de par l'expérience qui en transparaissait. Jamais il ne l'avait vu ainsi. Le jeune homme prit conscience que le fossé entre la puissance du maître des tortues et celles de la Dragon Team leur faisait oublier son expertise.

 Muten Roshi se tourna vers Tenshinhan.

— Tu es le seul à avoir saisis ce que j'ai essayé de vous enseigner dans votre jeunesse. Gohan, Goku et Végéta sont les plus forts, certes. Mais qu'en est-il de vos propres voies en tant que combattant ? Etes-vous satisfait de vos vies respectives ?

— Bien sûr que oui ! s'emporta Krilin.

— Et pour toi, Yamcha ? Courir les jeunes filles aussi pulpeuses soient-elles te suffit ? Cela ne m'a jamais empêché de m'exercer aux Arts Martiaux.

 Yamcha se mit à rougir, embarrassé.

— En tant que guerrier, vous vous êtes perdu en chemin, conclut d'un ton détaché Piccolo.

— Ce n'est pas parce que vous n'avez pas de vie en dehors du combat que cela doit être le cas pour tout le monde, rétorqua C-18, poing crispé, déterminée à défendre son mari.

 Elle jeta à Piccolo et Muten Roshi un regard froid, teinté de défi. Marron se serra contre son père et se cacha la tête comme pour tenter d'échapper à la tension qui commençait à monter. Sentant que la situation pouvait dégénérer, Gohan intervint en agitant les mains :

— Stop ! Stop ! Je ne voulais faire culpabiliser personne, ni remettre en cause vos choix de vie !

— Tu voulais quoi alors ? lui demanda froidement C-18.

 Le numéro un de l'univers se passa une main derrière la tête, cherchant ses mots. C'était une bonne question. Fermant les yeux, des souvenirs du mois dernier lui apparurent : une Terre vidée de ses habitants, peuplé uniquement par des cadavres mutilés.

 Il les rouvrit et observa ses amis à tour de rôle, poings crispés contre ses genoux. Piccolo reconnut ce regard. Le même que le jeune homme avait arboré avant d'affronter Majin Boo.

— Je ne veux plus voir la Terre décimée par qui que ce soit, déclara-t-il. Et je refuse qu'elle soit détruite par notre inaction et notre incapacité à la protéger.

 C-18 ouvrit la bouche, mais Gohan ne la laissa pas parler. Le semi-Sayen avait besoin d'aller au bout de sa réflexion :

— Je ne vous demande pas de sacrifier vos vies personnelles. Moi-même, je ne compte pas vivre uniquement pour l'entrainement comme le fait mon père. Je ne suis pas lui. Je n'aime pas me battre. Mais avec nos capacités, nous nous devons de faire de notre mieux.

— C'est exactement pour cela que je n'ai jamais cessé de m'entrainer, ajouta Tenshinhan. Si ma force peut servir à défendre la Terre, je serai là. Si je peux vous soulager d'un poids lors d'une bataille, j'en serai satisfait.

 Gohan lui adressa un grand sourire.

— Je ne vous ai jamais remercié de votre aide face à Boo, lui fit-il remarquer. Merci Tenshinhan.

 Un peu surpris par le ton solennel du semi-Sayen, Tenshinhan lui rendit chaleureusement son sourire. Krilin se gratouilla la joue d'un doigt, ne sachant pas comment se positionner.

— Je vois ce que tu veux dire. Je te promets d'y réfléchir sérieusement.

 Chaozu, qui n'était pas intervenu jusque là, proposa avec innocence et détachement :

— Pourquoi ne pas se jauger les uns les autres dehors ? Nous savons que Gohan nous surclasse tous. Faisons un affrontement d'entrainement entre Terriens !

 Les guerriers s'observèrent quelques instants. Krilin et Yamcha semblèrent hésiter.

— Sans moi, lâcha simplement C-18.

— Pourquoi pas, accepta finalement Yamcha. Toi contre moi, Tenshinhan !

 Le Trois-Yeux ricana. Non pas par dédain, il semblait sincèrement amusé par la suggestion.

— Sans vouloir te vexer, tu ne fais plus le poids contre moi, déclara-t-il. Je serai enclin à me mesurer à Piccolo plutôt.

— Ah, marmonna Yamcha, quelque peu vexé. Toi contre moi Krilin ?

— Vous deux contre Chaozu serait bien plus intéressant, affirma le Trois yeux.

 Yamcha et Krilin constatèrent que le petit bonhomme à la peau blanche était déjà à l'extérieur.

— Sérieusement ? bafouilla Krilin. Nous deux contre lui ? Mais...

— Je sens que ça va être intéressant, affirma avec enthousiasme Muten Roshi en se levant par appui de son bâton. En piste, les mauvaises graines !

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