Episode 2 - Bienvenu en enfer (4)

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Reina se réveilla le lendemain matin avec une migraine de tout les diables. Purée… comment avait-elle réussi à se laisser convaincre d’aller en boite avec Kataleya ? Sortir « se changer les idées » avec sa meilleure amie était de loin la pire des idées. Elle devrait être habituée depuis le temps, mais non, chaque fois c’était la même chose. Leya lui faisait ses yeux d’angelot battu et la suppliait jusqu’à ce que Reina craque et chaque fois il ne lui fallait pas plus d’une minute et trente secondes. Elle les avait conduites toutes les deux dans la boite la plus huppé du moment avec pour objectif : boire jusqu’à plus soif et danser jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout. Mission accomplie. Leya était une fêtarde dans l’âme dès que la nuit tombait et rien n’était de trop selon elle pour remonter le moral de sa meilleure amie. Quelle soirée. La jeune-femme n’avait prit qu’un seul verre et pourtant il n’a jamais été vidé. A croire qu’il se remplissait tout seul comme par magie avant qu’elle ait pu s’en apercevoir. Ce qui était très certainement le cas.

En grognant la jeune-femme tendit le bras et chercha à tâtons son portable posé sur la table de nuit. En vain. Grimaçant devant l’épreuve qui l’attendait, elle prit son courage à deux mains et entre-ouvrit lentement un œil après l’autre. La lumière diffuse en provenance de la fenêtre accentua son mal de tête et la fit gémir. Bon sang ! Plus jamais elle ne quitterait une seule seconde son verre des yeux. Plus jamais. Prenant une grande inspiration elle rouvrit les yeux et se pencha pour chercher son portable. Après avoir mit la main dessus il lui indiqua 11h16. Super. Et une matinée de gâchée, une ! Et une merveilleuse notification qui lui annonça qu’elle devait voir le patron ce soir dans son bureau. Chouette. Une journée des plus délicieuse en perspective en somme. Et un service qui commençait dans trop peu de temps à son goût. Ne plus jamais succomber aux yeux d’angelot de Kataleya, se jura-t-elle en repoussant laborieusement les couvertures.

Ne sachant pas trop comment, Reina réussi à se trainer dans la salle de bain, puis sous la douche. Le jet brûlant s’écrasant contre ses muscles courbatus. Elle laissa l’eau ruisseler sur son visage un long moment. Priant silencieusement pour que sa gueule de bois s’écoule avec l’eau. Elle persista sans grands résultats, néanmoins, en petite consolation ses maux de tête s’atténuèrent un tout petit peu. De l’aspirine. Oui, l’aspirine allait lui sauver la vie c’était certain. Reina passa les mains dans ses cheveux pour que l’eau se répande bien partout avant d’appliquer son shampoing. Elle se frictionna ensuite le corps avec du gel douche, malaxant un peu plus vigoureusement ses cuisses, ses mollets et ses pieds. Elle se rinça délicatement les cheveux afin d’éviter les nœuds indésirables et pour le bien de sa pauvre tête. Elle coupa l’eau une fois que toute trace de savon eu disparut et sortie de la cabine. Elle s’enroula dans une serviette, l’accrochant au niveau de sa poitrine avant de s’essorer les cheveux au-dessus du lavabo.

L’image que son reflet lui renvoya n’était pas des plus beau à voir, mais bon, un peu de crème, de maquillage et il n’y paraitrait plus. Reina enroula une petite serviette autour de ses cheveux, se brossa les dents et appliqua une crème hydratante sur son visage après l’avoir démaquillé. Un peu d’anticernes, une touche de fond de teint, un soupçon de poudre, une lichette de mascara et de fard neutre sur les paupières et pour finir une pointe de gloss rosé. Oui, le résultat était plutôt pas mal. Elle ne ressemblait plus à un zombie qui venait de braver l’apocalypse. Elle dénoua la serviette et se sécha rapidement les cheveux qu’elle tressa en épi de maïs. Elle enfila ses sous-vêtements, un col roulé noir et un jean bleu délavé ainsi qu’une paire de basquet. De retour dans sa chambre elle s’examina dans le miroir. Oui, ça ferait l’affaire. Elle attrapa son manteau dans l’entrée et avala un cachet d’aspirine avant de tomber sur un post-it accroché au frigo. « 22h30 – Le boss n’attend pas » Chouette. Ça sentait la mission à quatre à plein nez et elle détestait ces missions. Et dire qu’elle pensait que sa journée ne pouvait pas être pire. Sur cette réjouissante constatation elle sortit.

— Salut, lança Lovely la barmaid lorsque Reina passa la porte de café.

— Salut, Drake n’est pas là ?

Lovely secoua la tête en astiquant un verre.

— Il a eu un empêchement du coup je le remplace aujourd’hui.

Un empêchement… ça ne ressemblait pas à son collègue, mais bon, il avait une vie après tout.

Reina se rendit au vestiaire et mit son uniforme avant de chiper son plateau derrière le bar. Bloc note en main, plateau coincé sous le bras et sourire de façade collé sur le visage elle se mit au travail. Un couple de personnage âgée était assis près d’une des fenêtre et commanda la spécialité du jour. Une tablée de cinq filles plantureuses très légèrement vêtues commanda une tournée de salade et de gin tonic. Des succubes. Pas très étonnant. Il suffisait de voir les bouches grandes ouvertes de la table d’ouvriers un peu plus loin, on pouvait presque voir de la bave couler. Répugnant. Deux des ouvriers étaient humains et avaient beaucoup de mal à résister à l’attraction des démones qui ne faisaient absolument pas cas d’eux. Le troisième, bien que poilu et possédant beaucoup plus de volonté avait quand même le regard rivé sur elle. Les mâles… Le sexe faible par excellence.

— Qu’est-ce que vous désirez ? demanda la jeune-femme en s’approchant de la table de ces messieurs.

Ils mirent un temps fou à remarquer la présence de Reina.

— Du steak…

— …bien pulpeux.

Reina se racla la gorge et croisa le regard du chien en haussant un sourcil.

— La formule numéro 1 pour ces deux là et la 4 pour moi, répondit-il en se raclant la gorge. Et un pichet de bière.

Elle hocha la tête après avoir tout noté sur son carnet électronique.

— Je vous apporte ça tout de suite, dit-elle en relevant les yeux. Je ne pense pas qu’elles soient très intéressées.

Un grognement échappa de la gorge du canin lorsque Reina fit demi-tour vers le bar pour aller chercher les commandes.

Ce midi était très calme et la jeune-femme n’avait pas grand-chose à faire. Elle observa donc le manège des deux tablées. Les succubes n’avaient vraiment l’air de ne pas avoir remarqué les ouvriers. Les humains semblaient vraiment être au supplice devant ce paradis d’hormones sexuelles mais également en pleine prise à une frustration sans égal. Le canin quant à lui… semblait s’être sortie de l’emprise des jeunes-femmes et croisait régulièrement le regard de Reina qui se contentait de sourires polis. La jeune-femme se surprit à regarder très souvent vers la table du vieux couple, tout occupés qu’ils étaient dans leur bulle d’amour. C’était beau à voir. Vraiment touchant. Ils étaient là, assit à cette table, en train de partager une chose aussi simple qu’un repas et pourtant ils dégageaient comme une aura lumineuse. Comme s’ils étaient présent ici sur le plan physique mais qu’une connexion entre eux leur permettait d’être à mille lieux d’ici. Est-ce qu’elle connaîtra un bonheur aussi simple et pur un jour ? Sans doute pas. Mais c’était quand même beau de rêver et d’imaginer ce que ça vie aurait pu être si elle avait été radicalement différente. C’est exactement ce à quoi tu m’as arraché, cracha la petite voix. Reina n’en fit pas cas et retourna à son travail.

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