Episode 2 - Bienvenu en enfer (3)

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A peine Reina était-elle entrée dans son appartement que son portable se mit à sonner. Kataleya. Sa meilleure amie avait dû sentir venir un mauvais coup et tentait d’y mettre les holàs. Le cœur fortifié de la jeune-femme se réchauffa devant la touchante attention de Kataleya de la faire rester sur le droit chemin. Néanmoins c’était peine perdu. Voilà trois ans qu’elle avait perdu la notion du droit chemin. Elle s’était retrouvée à un embranchement et elle avait choisi la survie. Les conséquences de son choix la suivaient à la trace. Ce soir en était la preuve. Son âme se perdait dans les ténèbres de mission en mission et elle ne pouvait rien faire pour arrêter ou bien ralentir le processus. Enfin, c’était ce qu’elle préférait se dire.

Elle ignora l’appel et jeta son sac à main sur l’affreux canapé jaune canari qui mangeait les trois quart du minuscule salon. Reina remplie la bouilloire d’eau et la mit à chauffer pendant qu’elle partait enfiler une tenue plus appropriée. Devant son armoire elle trancha pour un slim noir très serré, un top dos nu bleu électrique et une paire de sandale à talon. Devant le miroir de sa chambre elle releva ses cheveux à l’aide d’une pince et laissa quelques mèches retombées dans son cou pour donner un effet coiffé-décoiffé. Tu peux faire bien mieux niveau puterie, souffla la petite voix dans sa tête.

— Je peux te laisser te faire violer la prochaine fois si tu préfères ? suggéra Reina.

La petite voix se tut et se retira. Bien, un problème de moins à gérer jusqu’à la prochaine fois.

Reina se rendit ensuite dans sa microscopique salle de bain qui contenait à grande peine un miroir, un lavabo et une douche. Elle farfouilla dans sa trousse à maquillage et dénicha un far à paupière bleu électrique, un eye-liner noir, un mascara et un rouge à lèvres rouge mat. avec l’eye-liner elle étira un maximum ses grands yeux en amande. Le bleu du far à paupière faisait ressortir son œil doré et son œil vert. Parfait. Une giclée de parfum et voilà elle était prête. Elle sortit, emprunta le petit couloir et retourna dans la cuisine récupérer son eau chaude. Elle versa le contenu de la bouilloire dans une tasse à l’effigie d’un chat calicot, ajouta un sachet de thé aux fruits rouges avec une lichette d’alcool de cerise ainsi que deux morceaux de sucre. Elle touilla consciencieusement le mélange avec une petite cuillère farfouilla dans son sac, prit son portable qu’elle glissa dans une poche arrière de son slim et ouvrit la porte de son appartement.

— Surprise ! roucoula fièrement Kataleya sur le seuil de la porte. J’ai réussi à te surprendre cette fois ?

— Non, j’ai préparé du thé. T’en veux ?

Sa meilleure amie fit la moue et entra dans l’appartement en faisant voler dédaigneusement ses cheveux rose bonbon d’un geste de la main.

— M’en fiche, j’y parviendrais un jour.

Peut-être, peut-être pas. Reina referma la porte et apporta la tasse de thé à Kataleya déjà installée sur le canapé. La jeune-femme s’installa à côté d’elle et détailla sa meilleure amie. Elle portait un chemisier sans manche magenta qui ressortait superbement bien sur sa peau mate, un short en jean noir et son éternel paire de cuissarde noire en cuir. Bien. Elle allait sûrement la convaincre d’aller boire et danser pour oublier sa journée merdique. Bonne chance.

La belle amazone prit une gorgée de thé et braqua son unique œil visible sur Reina.

— Raconte-moi tout. Et n’omet aucun détail surtout. Et ne va pas me dire qu’il n’y a rien. Mon radar anti-connerie s’est activé et il ne ment jamais figure toi, ajouta-t-elle avant que la jeune-femme ai eu le temps de songer à protester.

Ouais, décidément, Kataleya n’était pas sa meilleure – et seule – amie pour rien. Celle-ci avait un on ne savait quoi de pétillant. Toujours d’excellente humeur, souriante et prête à aider autrui. C’est d’ailleurs grâce à ce caractère que les deux jeunes-femmes s’étaient rencontrées il y a trois ans. Reina se demanda ce qu’elle serait devenue si elle n’avait pas eu la chance de la connaître. Elle aurait très certainement mal tournée. Enfin, plus que maintenant.

Kataleya continua de siroter son thé en attendant la réponse de son amie qui tardait à venir. Que dire ? Qu’elle avait envie d’étriper un sale con pour l’avoir souillée ? Bon. Kataleya pourrait parfaitement comprendre, mais elle allait aussi la sermonner d’avoir eu une idée pareille. « Ne te laisse pas influencer par ton boulot », lui répétait-elle constamment. Mais l’idée avait du mal à se faire un chemin et à s’arrimer dans l’esprit de Reina. Elle savait que c’était mal de nourrir ainsi sa haine et sa soif de sang, mais elle n’y pouvait rien. Son quotidien était maculé de noirceur, comment réussir à ne pas s’y noyer ? C’était dur. Vraiment très difficile pour elle de garder la tête froide. Reina avait essayé bien des choses. Emmurer son cœur et ses sentiments. Devenir aussi froide que la glace. Mais ça n’avait pas été très efficace. En disant adieu à ses émotions elle avait dit aurevoir à son sens du bien et du mal. Kataleya avait œuvrée pour l’aider à les récupérer, mais ils devaient être perdu à jamais à moins d’un miracle.

Reina soupira et capitula en racontant l’incident au bar.

— Mais quel sale con ! jura Kataleya. Je comprends mieux pourquoi tu as cet air renfrogné sur le visage.

— Pardon ? Quel air renfrogné ?

Kataleya rit et sirota sa tasse de thé.

— Celui que tu as en ce moment même. Aller n’y pense plus ! Je sais je sais, dit-elle en voyant Reina ouvrir la bouche pour protester, moi aussi je veux aller lui briser les couilles. Mais aucune de nous deux ne va aller faire ça donc rappel ton animal de compagnie tout de suite.

Reina grogna lorsque celle-ci fit référence à l’âme que la jeune-femme avait fait s’arrimer au blondinet. Cependant, elle consentit à abandonner l’idée de traquer ce connard sans gènes. Aussi, leva-t-elle la main, paume face au ciel et se focalisa-t-elle dessus. Des picotements se firent ressentir une seconde avant que l’âme aux reflets bleutés se matérialise à l’intérieur de sa paume. Reina la couva du regard et de son autre main la caressa délicatement avant de la laisser filer.

— Ce n’est pas mon animal de compagnie au passage, grogna la jeune-femme.

Kataleya gloussa en finissant de boire sa tasse et la posa sur la table basse.

— Je n’en doute pas une seule seconde. J’aimerais vraiment pouvoir faire ça moi aussi !

Reina leva les yeux au ciel et alla nettoyer la tasse et vider le fond d’eau de la bouilloire.

En revenant, sa meilleure amie avait le nez rivé sur son portable un sourire démoniquement satisfait collé sur les lèvres.

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