Chapitre 20

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  • What do you want ? demanda le premier vigile d'un ton hautain.
  • Hello, alors first I'm euh... autorisé to be here, bégaya Johany. Your collegue told me it was ok.

Il avait voulu paraitre sûr de lui, mais c'était raté. Les situations conflictuelles l'effrayaient plus que tout, il les avait toujours fuies. Il décida qu'à défaut de sembler intelligent, il pouvait au moins avoir l'air de savoir ce qu'il faisait. Le jeune homme se racla donc la gorge et poursuivit :

  • I'm looking for Amber, she works here, dit-il devant l'air mécontent des gardes. It's very pressant, no, urgent. I want to see her. Now, please.

Les hommes se regardèrent et commencèrent à parler entre eux à toute vitesse, Johany croisa les doigts pour qu'ils ne se ruent pas sur lui afin de le mettre à la porte malgré l'autorisation du vigile à l'entrée. Finalement, le premier des deux se tourna vers lui en faisant un signe dédaigneux de la tête.

  • Who is Amber ? Where is she ?
  • Heu... Wait a minute, she is par là. I think... répondit Johany en cherchant la jeune fille des yeux.

A quelques pas de lui, Chandara le regardait bouche bée. La plupart des travailleuses s'étaient arrêtées dans leur tâche et observaient la scène ; celles qui continuaient lui jetaient des coups d'œil à la dérobée. Johany s'apprêtait à demander à Chandara si elle savait où était sa copine, mais il repéra Amber avant.

  • Oh ! s'exclama-t-il en la reconnaissant. She is there, look, it's her.

Amber ouvrait de grands yeux ébahis à quelques rangs de lui. Elle avait cessé de coudre la manche colorée d'un vêtement traditionnel laotien et semblait hésiter à se lever pour le rejoindre.

Le jeune homme se demanda ce qu'il allait bien pouvoir lui dire, finalement. Il n'avait pas pensé qu'il serait si difficile de lui parler. Il n'avait pas réfléchi en sortant du 4x4, tout ce qu'il avait voulu, c'était la revoir.

  • You can talk to her, but come back in five minutes, maugré l'un des gardes.
  • Thank you so much, sir, répondit Johany, reconaissant et soulagé.

Après une seconde d'hésitation, il se dirigea vers la jeune femme, qui se leva finalement à son approche.

Il la salua, mal à l'aise, et lui proposa de sortir un instant pour discuter. Elle ne souriait pas, contrairement à ce qu'il avait imaginé, mais semblait gênée, ce qui rajoutait à son propre embarras. Ils sortirent de la pièce en silence, suivis du regard par toute la salle.

Johany réalisa qu'il n'avait même pas dit bonjour à Chandara et se sentit un peu honteux.

Amber s'arrêta dans le couloir et il fit de même. Elle n'avait sans doute pas le droit d'aller plus loin. Le jeune homme chercha à paraitre confiant et accrocha un grand sourire avenant à ses lèvres.

  • Amber, you missed me, murmura-t-il.

Dans le vacarme des machines à coudre qui résonnait autour d'eux, lui-même n'entendit pas sa propre voix.

  • Sorry, I didn't understand, répondit Amber en tendant l'oreille, se rapprochant de lui.
  • You missed me, répéta Johany sans se départir de son sourire de façade, le coeur battant la chamade.
  • Oh hem, yes. I missed you, approuva-t-elle en hochant la tête, comme si elle répondait poliment à une invitation.

Johany mit un instant à comprendre qu'il s'était trompé dans sa phrase et grimaça, encore plus embarrassé. Il venait de déclarer avec aplomb qu'il avait manqué à Amber et la jeune fille n'avait pas osé démentir.

  • No, ah, I'm sorry, it's you, I miss you, corrigea-t-il en sentant le rouge monter à ses joues.

Heureusement, le couloir était encore plus sombre que les salles de travail et Amber n'en voyait rien.

  • Oh, rigola-t-elle, no problem, no problem...
  • So, I'm leaving Luang Prabang. And I see... I saw your usine, so I just wanted to say goodbye.

Amber sourit et ses dents brillèrent dans l'obscurité. Johany se sentait ridicule mais songeait que s'il n'avait pas osé franchir le pas en venant dans l'usine, il l'aurait regretté.

  • How nice, dit Amber d'une voix attendrie. You are very kind.
  • You know, I really liked the other day, thank you for everything...

Ils discutèrent encore un moment, puis Johany sentit que les gardes ne tarderaient pas à venir chercher Amber, alors il se lança, sans avoir réfléchi à ce qu'il allait dire :

  • Here, you are not happy. Enfin, that's what I think. I don't know Laos, and I don't want to be alone in my trip. Please, come with me. We can travel together. You can help me.

Il y eut un moment de silence, uniquement perturbé par le brouhaha qui retentissait toujours derrière les murs gris du couloir. Puis Amber reprit sa voix polie.

  • Johany... I... I live here. And I work here. I really want to help you, but I can't. I'm so sorry...
  • You live here ? In... this building ?
  • Yes, with all my friends. I can't go outside when I want to.

La jeune fille arborait un sourire désolé et courtois. Elle semblait étonnée mais touchée par la démarche de Johany. Ce dernier tenta encore :

  • I'm sure that you work hard for presque nothing. You have no money, right ? But with me, you can live and euh, eat and travel and enjoy the life. I have money. A bit, ajouta-t-il. Don't worry for your work.
  • Johany, répondit Amber, qui avait toujours son petit sourire. I just can't... You are a good person, even if I don't know you well. But... No, I'm sorry. I'm sorry, répéta-t-elle en secouant la tête.

Johany ne laissa pas au silence le temps de retomber et déclara, la gorge sèche :

  • And... If I say that I fell in love with you at first sight ?

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