Soirée de gala

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On commençait à faire un pot-au-feu de touristes dans le car chauffé à blanc qui nous ramena au bateau. La climatisation devait souffler de l’air à 40 degrés !

Celle de la cabine était beaucoup plus efficace. Nous n’avions rien à redire sur le confort de ce navire. A peine pouvions-nous imaginer que nous étions sur l’eau. Pas de tangage. Pas de roulis. Une légère vibration, parfois, lors du changement de régime des machines, mais sans plus.

Le seul défaut de la cuirasse, le point faible, le talon d’Achille de ce bateau, c’est la douche des voisins. Lorsqu’ils s’en servent, elle donne l’impression que le bateau coule, que l’eau envahit subitement les coursives. Vous vous surprenez à regarder sous la porte de la cabine, certain que votre moquette va changer de couleur, comme une éponge. La cuvette des W-C est également à surveiller. Lorsque vous l’actionnez, elle provoque un surprenant appel d’air. Vos joues se creusent, vos yeux se collent au fond de leurs orbites et vos dents se déchaussent. Elle a avalé la culotte d’Emilie qui a failli se voir aspirer une jambe. Ensuite, comme par un effet boomerang, l’air revient dans l’espace réduit de votre cabine « douche-WC-lavabos », un vent de tempête vous arrive dans le dos et vous êtes plaqué sur la porte si vous ne vous précipitez pas pour l’ouvrir.

Enfin, pour être complet, je dois vous parler d’un troisième problème : les pieds d’Emilie. Lorsqu’elle s’est déchaussée, nous lui avons fait remarquer que nous n’étions pas seuls sur le bateau et que le garçon de cabine, Tata, malgré sa gentillesse, pourrait se plaindre auprès des officiers de bord, ce à quoi elle a répondu que c’était « notre problème ».

A part ces phénomènes surnaturels, tout est normal et la croisière est un havre de paix.

 

Ce soir c’est « gala ». La tenue de soirée est suggérée par le « Today », mini journal remis tous les soirs en cabine pour le lendemain, qui donne le programme du jour et toutes les informations utiles pour passer un agréable séjour...

Emilie ressemble à une fée avec sa ceinture dorée, Christine est éblouissante, Florent est égal à lui-même et pour ma part, je suis prêt à recevoir Madame Wolff.

Le seul endroit où l’on puisse voir une dame en robe du soir et diadème en croiser une autre en maillot de bain, sans que cela étonne, est un bateau de croisière à sept heures du soir avant une « soirée de Gala ». Il y a aussi des messieurs en smoking et noeuds papillon qui prennent l’apéritif avec d’autres messieurs en bermuda et nu-pieds. Mais après huit heures, les bikinis et les tongs ont disparu... Le spectacle va commencer. Je vous passe les détails sur les numéros du prestidigitateur.

Il avait une collaboratrice qu’il n’aimait pas du tout. pourtant elle était très jolie. Il a essayé vingt fois de la faire disparaître dans une malle après l’avoir solidement attachée. Sans doute voulait-il la jeter à la mer ou l’expédier à l’autre bout du monde. Il n’y est jamais parvenu. La belle réapparaissait constamment et avait même pris le temps de changer de toilette dans l’intervalle. Excédé, il s’appliqua, après l’avoir enfermée, à la transpercer moulte fois à coups de sabre d’abordage. Rien n’y fit. Elle revint à chaque fois sans s‘être départie de son sourire ni de sa bonne humeur. Bref, vous connaissez mieux que moi ces vampires de la scène qui s’acharnent à endormir et à couper en morceaux une aimable et frêle créature.

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