Il faut admettre que le choix du Costa Riviera ne s’est pas fait spontanément. Initialement, d’autres projets nous animaient, qui devaient plus nous conduire sur les traces des Vikings que celles d’Homère et Cicéron. Puis, l’éternelle opposition de nos tempéraments a resurgi. Perpétuel dilemme entre le chaud et le froid, le calme et l’agitation.

 

Personnellement, je ne verrais aucun inconvénient à m’isoler sous des latitudes extrêmes, au fond d’un fjord oublié, pour perdre jusqu’au souvenir de mes contemporains, ou bien dans un romantique nid d’aigle perché sur les falaises du Temps, d’où l’on entend à peine, au loin, battre les flots tumultueux de cette fin de siècle. (Nous sommes en 1995)

 

Christine, au contraire, aspire à rencontrer toujours plus de monde, à faire de nouvelles connaissances et à se noyer dans le tourbillon de la vie. Le fait qu’elle puisse nourrir de longues conversations sans avoir une seule pensée en commun avec ses interlocuteurs, m’a toujours émerveillé.

 

Les agences de voyage furent écumées, des dizaines de catalogues feuilletés, qui nous emportèrent aux quatre coins du globe. Beaucoup de rêves qui resteront inexplorés. Et finalement, « T’as voulu voir Vesoul, et on a vu Vesoul ». Cela, je le savais dès le commencement de nos recherches, mais la manière avec laquelle tu parviens à tes fins ne cessera jamais d’aiguiser ma curiosité et l’admiration que je te porte. Il fut décidé, sur ta suggestion et celle du poète, « de livrer nos corps d’albâtre aux baisers d’Amphitrite[1] ». Et quelle plus élégante façon de le faire qu’en sillonnant la mer Adriatique et la mer Égée sur un élégant paquebot ? Voilà, c’est dit, on reporte à plus tard les « rêveries solitaires dans le grand nord », et on adopte « la croisière s’amuse sous le soleil ».

 

D'accord, d’accord, puisque vous insistez...

 

   Amusons-nous...

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[1] Femme de Neptune.