Bienvenue à El Paso ! Chapitre 1 - Il était une fois... deux inconnus.

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Texas, 1880

  Comme à son habitude depuis la mort de ses parents, le gamin se rendit ce jour-là au saloon pour noyer ses pensées dans le whisky. Cela faisait près de deux mois qu'ils avaient disparu dans des circonstances tragiques ; la vie dans l'Ouest se montrait souvent bien cruelle.

  Il franchit les portes battantes, se dirigea en ligne droite vers le bar, sans même prendre la peine de s'excuser auprès des clients qu'il bousculait sur son passage. Autour de lui, des habitués ronds comme des queues de pelle maugréaient dans leur barbe ébouriffée ; il s'en moquait royalement. Puis il se campa devant le barman en jetant son chapeau sur le comptoir. Le barman finit d'essuyer un verre tout en le regardant du coin de l'oeil, un sourcil levé. Le gamin, lui, ne le quittait pas des yeux. Au bout de quelques secondes, le barman s'éloigna. Le gamin abattit alors le plat de sa main contre le comptoir, faisant sursauter les poivrots à proximité.

- Qu'est-ce tu veux, gamin ! lança le barman, agacé.

  Le môme déplaça sa main, laissant apparaître une pièce d'argent. Le barman revint alors sur ses pas pour mieux juger de sa valeur.

- Whisky, dit faiblement le môme sans le regarder.

- Avec ça, t'auras droit qu'à un verre de lait...

- Whisky, répéta-t-il.

- De tout'façon, tu f'rais mieux d'arrêter...

- Whisky !

- Si tes parents savaient c'que tu fais d'leur argent...

  En un éclair, le gamin l'avait déjà attrapé d'une main ferme par son gilet pour l'attirer vers lui, son autre poing serré, prêt à frapper. Les deux hommes se jaugèrent du regard pendant des secondes qui semblèrent interminables à l'assistance. Le pianiste s'était arrêté, les filles de "bonne compagnie" lorgnaient sur ce gamin qui commençait à attiser leur désir et certains joueurs de poker attablés profitèrent de l'occasion pour rendre plus avantageuse une main qui ne l'était pas. Les autres habitués s'en foutaient.

- Whisky, répéta le gamin, le regard noir.

  Un bruit de ferraille attira soudain leur attention. Juste entre les deux hommes, une seconde pièce vint rejoindre la première.

- Aubergiste, vous en mettrez deux !

  Les deux hommes se tournèrent alors vers l'inconnu, toujours prêt à en venir aux mains. À quelques pas en arrière se tenait un gentleman sobrement vêtu quoiqu'un peu dandy dans son style.

  Ils ne cessaient de le regarder. Devant leur attitude perplexe, l'inconnu reprit :

- Mon anglais serait-il approximatif au point que vous n'ayez pas compris un traître mot de ma demande ?

- Ca non, étranger..., murmura le barman.

- Très bien ! Et toi, jeune homme, crois-tu que ce charmant monsieur puisse te servir si tu l'obliges à poser son ventre sur le comptoir ? renchérit l'inconnu tout en posant une main douce sur son poing serré.

- Il a qu'à essayer...

- Ah ! Le sang chaud de la jeunesse... ! Allons ! Viens avec moi, tu ne t'en porteras que mieux...

  À ces mots, le gamin retrouva un semblant de calme, bien que toujours sur la défensive et suivit l'inconnu jusqu'à une table libre à l'extrémité de la pièce. Tandis qu'ils s'installaient, une jeune serveuse au visage d'ange passa un coup de chiffon sur le plateau.

- Alors, dis-moi, quelle raison peut donc pousser un garçon de ton âge à s'énerver pour un simple whisky ? demanda l'inconnu.

- En quoi ça vous r'garde...! lui lança le môme.

- Mon garçon, tu sauras qu'une bonne conversation peut parfois être bien meilleure qu'un simple whisky...

  Sur ces entre-faits, la serveuse revint apporter les deux commandes. Son regard plein de tendresse croisa celui du gamin et, après une brève hésitation, il accepta de s'ouvrir.

- Mes parents sont morts y'a deux mois, au début d'l'automne.

- J'ose espérer de vieillesse ?

- Oh ça non, m'sieur... z'ont été assassinés.

- Assassinés ? Vraiment ? s'étonna l'inconnu en fronçant les sourcils.

- Un soir qu'ils étaient seuls au ranch. Je les ai trouvés en pleine nuit, le corps troué de flèches sur le perron.

- Tu dis "en pleine nuit", j'en déduis que tu ne te trouvais pas sur place à ce moment ?

- Nan, j'étais... en ville...

- C'est une chance.

- C'est pas mon avis.

- Pourquoi cela ?

- Ma famille était pas vraiment appréciée depuis la fin de la guerre...

- La guerre civile ?

- Ouais... À la fin, y'a eu beaucoup d'ex-soldats confédérés qui ont voulu s'installer dans la région, mais la population d'ici voulait pas.

- Pourquoi ?

- Beh... À cause qu'i z'étaient pas comme nous, quoi...Vous voyez ?

- Je ne vois pas, non, répondit l'étranger dont les oreilles commençaient à saigner.

- Beh... du charbon, quoi...

- Si tu pouvais être plus précis, mon garçon...

- Des noirs...

- Ah. Je suppose donc que tes parents qui avaient reçu une excellente éducation en plus d'avoir une grande ouverture d'esprit, étaient favorables à l'accueil de soldats noirs.

- C'étaient les seuls, m'sieur. Comme mes parents étaient riches, ils ont fait construire un gros bâtiment pour eux. Ils en ont accueilli pas mal pendant des années.

- Bons samaritains..., dit l'inconnu pensif.

- Ouais. Mais un moment donné, les gens d'ici pouvaient plus voir ces noirs. Alors par petits groupes ils ont commencé à les humilier en public ou à les lyncher. Y'a même des commerçants qui refusaient de leur vendre des trucs. Comme ça devenait de plus en plus invivable pour eux, ils ont commencé à décamper. La maison qu'avaient construits mes parents s'est peu à peu vidée, si bien qu'un jour y'avait plus personne dedans.

- Et tes parents ont été assassinés juste après...

- Nan, il s'est passé plusieurs années entre le départ du dernier noir et leur mort...

- Donc aucun lien... à première vue en tout cas...

- Bah j'sais pas...

- C'est évident, mon garçon. Une population qui aurait voulu la mort de tes parents, n'aurait pas attendu des années après le départ de ces noirs pour les tuer. Ils l'auraient fait avant qu'ils ne construisent ce petit coin de paradis... Ajoute à cela le fait que dans ce meurtre, ce ne sont pas les noirs qui peuvent être incriminés mais les apaches, pour la simple raison que les sudistes comme les nordistes n'utilisaient pas de flèches mais des revolvers et des fusils.

- Beh, c'est vrai qu'vous avez raison...

  À l'entente de cette syntaxe si torturée, le visage de l'inconnu se crispa. Pour se changer les idées, il trempa les lèvres dans son verre. Passé l'agacement, il s'apprêta à reprendre le fil de leur discussion, lorsqu'un homme, passablement éméché avec quelques whiskys d'avance sur eux vint s'imposer dans la conversation.

- Par ici, on aime pas parler des nègres, étranger... Et toi, l'gamin, t'as intérêt à fout' la paix à Rudy...

  Le môme s'apprêtait à se lever de sa chaise, le visage rouge de colère.

- Navré, mon cher, mais je crains que les vapeurs d'alcool ne vous embrument l'esprit, poursuivit l'inconnu.

- J'suis pas embrumé... J'suis seul'ment d'bonne humeur ! Et lui là, i'm'fait chier, c'est tout !

- J'apprécie votre sincérité. À présent, si vous voulez bien nous laisser...

- Toi t'es l'genre d'étranger qu'j'aime pas ! T'as l'air d'aimer t'enfiler des nègres et en plus, tu parles trop, ça m'fait mal au crâne !

- Voyons, mon bon monsieur... reprit l'inconnu en un sourire.

  Mais une fois encore, il ne put achever sa phrase, constatant que l'ivrogne portait déjà la main à son revolver.

- Vous vous êtes bien trouvés tous les deux ! Z'êtes rien que deux inconnus... Un étranger et un môme d'immigrés qui s'fera jamais un nom... Ouais... Un puceau qui s'ra personne... !

  À ces mots, le gamin bondit de sa chaise.

- Et toi t'es rien sans ton flingue ! Rien que le fils bâtard d'un barman qu'a pas d'couilles ! lança-t-il.

  L'ivrogne dégaina, les yeux rougis par l'alcool et la colère.

- J'suis même sûr que c'est ton paternel qui a payé c'flingue ! renchérit le môme.

- Ouais beh au moins j'ai un père qui peut m'payer un truc... Le tien pourra même pas payer tes quat' planches...

  L'ivrogne leva son arme jusqu'à la poser directement sur le front du gamin avant d'ajouter :

- Tu sais quoi ? reprit l'ivrogne, j'vois une jolie croix où on pourra lire... Personne...

- Un Remington New Army ? s'exclama l'inconnu.

- Ouais... répondit l'ivrogne.

- Modèle 1858 ?

- Vous croyez qu'c'est l'moment ? dit le gamin en serrant les dents.

- Eh ouais, étranger ! dit l'autre en l'ignorant.

- Rassurez-moi, vous l'avez déjà essayé ?

- Qu'est-ce ça peut t'faire ?

- Compte tenu de la puissance de son recul, si vous persistez à le tenir de la sorte, il vous reviendra indubitablement en pleine figure à la première détonation et vous mettra knock out par la même occasion...

  L'ivrogne et le gamin l'écoutèrent sans cacher leur surprise.

- Croyez-moi, reprit-il, il faut être un tireur expérimenté pour utiliser cette arme d'excellence. Si je ne doute pas que votre "paternel" aura voulu vous faire plaisir en vous offrant une telle merveille, aura-t-il aussi pris la peine de vous enseigner les rudiments de son utilisation ?

- Les quoi ? fit l'autre interloqué.

- Les rudiments..., répéta l'inconnu en prenant son verre de whisky.

- M'en fout ! cracha l'ivrogne.

- Soit...

  À ces mots, l'inconnu déversa tout le contenu de son verre depuis le barillet et jusque sur la manche de l'ivrogne tout en lui maintenant le bras immobile.

- Nan mais tu fous quoi, là ?!

- À présent, si vous choisissez de tirer, apprenez que l'étincelle produite par l'amorce enflammera, par réaction en chaîne, toutes les autres amorces. La détonation fera donc non seulement exploser votre revolver, vous arrachant ainsi la main, mais aussi -et c'est regrettable !- mettra le feu à tout votre corps dans un délai de trois secondes. Vous aurez donc la satisfaction d'avoir tué ce jeune garçon durant ces trois secondes avant de le rejoindre dans des souffrances qu'aucune personne présente ici ne vous enviera...

  Rassuré, le gamin saisit l'arme rendue inutilisable par le canon et la posa sur la table, tandis que l'inconnu sortait le sien de son holster. Son arme pointée sur sa tempe, l'ivrogne était fou de rage.

- Sale putain de...

- Silence, je vous prie, dit doucement l'inconnu avant de s'adresser au gamin. Dis-moi mon garçon, parlais-tu à raison lorsque tu disais qu'il était le fils bâtard du barman ?

-Tout l'monde le sais, m'sieur...Vous avez qu'à demander au barman...

- Mon cher ? lança l'inconnu à l'attention du barman. Les paroles de ce garçon sont-elles fondées ?

  Toute l'assemblée, curieuse de l'issue de cette situation, se tourna vers le bar. Derrière son comptoir, le barman qui avait suivit toute la scène, était pétrifié. Il ne sut d'ailleurs que répondre à l'étranger et se contenta simplement de baisser les yeux en rougissant.

- Voilà qui répond à la question, reprit l'étranger.

  L'instant d'après un bruit assourdissant envahit le saloon tandis que s'effondrait le corps inerte de l'ivrogne. L'étranger reprit alors place autour de la table, invitant le gamin à l'imiter, laissant l'assemblée sous le choc. Simultanément, quelques badauds pas trop imbibés se ruèrent au dehors.

- Le shérif va rappliquer..., murmura le gamin.

- On a tout le temps, ne t'en fais pas. Récupère plutôt ce revolver, lui répondit-il tranquillement. Barman ! Deux autres whisky, je vous prie !

  D'un pas traînant, ce dernier s'exécuta et vint remplir directement sur leur table deux nouveaux verres, le visage pourpre et confus. L'inconnu lui jeta une pièce qu'il attrapa au vol avant de tourner les talons.

- À propos de shérif, celui-ci a-t-il fait quelque chose concernant la mort de tes parents ?

- Oui.

- Ah. Quoi donc ?

- Rien...

  L'étranger haussa un sourcil.

- Et concernant le traitement infligé aux soldats noirs ?

- Pareil...

- Il n'était pas au courant ?

- Si, mais il a rien fait...

- Pourquoi cela ?

- Il écoute seul'ment les gens qu'i veut. Et comm'moi j'suis encore qu'un gamin...

- Quel âge as-tu aujourd'hui ?

- Vingt-deux ans, m'sieur...

- Tu es dans la force de l'âge, ne te décourage pas, mon garçon.

- V'là l'shériff...

  À peine avait-il prononcé ces mots qu'un gaillard taillé dans le roc et tout de blanc vêtu s'avançait vers eux, la paume de sa main appuyée sur la crosse de son revolver. Sous son chapeau blanc, l'étranger croisa un regard dur et perçant mais qui ne l'impressionna pas pour autant. À sa suite, il dénombra pas moins de sept adjoints, tous sur les dents, winchester en main, prêts à faire feu.

  Arrivé devant leur table, le shérif regarda d'abord le cadavre à ses pieds, puis le gamin avant de laisser échapper un soupir.

- T'en as pas marre de fout' le bordel dans ma ville ?

- C'est pas moi, lança le gamin, crispé.

- Ouais... et Pit' il s'est refroidi tout seul, c'est ça ? Pff... Allez, gamin, tu viens avec moi...

  Joignant le geste à la parole, le shérif s'était rapproché de lui et lui attrapa le bras.

- Je m'étonne de ne pas voir rougir votre étoile, shérif, lança l'étranger entre deux gorgées de whisky.

  Le shérif, un brin étonné par l'audace du personnage, lui fit alors face.

- Qu'est-ce que vous avez dit ?

- Que si vous emprisonnez ce jeune garçon, vous ferez honte à votre fonction...

- Vous voulez peut-être m'apprendre mon boulot ?

- Puisque vous me le demandez si gracieusement... Comment savez-vous si ce garçon a appuyé sur la détente ?

- Ha ! On voit qu'vous n'êtes pas du coin, vous !

- Inutile d'être shérif pour le savoir...

- Ce gamin vient d'une famille à problèmes, tout le monde vous l'dira, lança le shérif agacé.

- Et qui vous dira qui a appuyé sur la détente ?

- Au beau milieu du saloon ? Vous voulez rire !

- Tout au contraire, je puis vous assurer que je suis très sérieux.

  Le shérif se tourna alors vers la salle plongée dans le silence.

- Ok, les gars ! Dites-moi qu'vous avez vu le gamin tirer ! lança le shérif d'un ton jovial.

- Vous influencez les témoins à présent. Votre étoile commence à rosir...

- Beh dites-le, renchérit le shérif.  

  Pas de réponses.

- Mais putain, c'est qui qui a tiré !

  La demande fut exprimée avec tant de force et de conviction cette fois qu'une voix émana du comptoir.

- C'est l'étranger, dit timidement le barman.

- Vous voyez ? C'est moi qui ai appuyé sur la gâchette...

- Eh ben alors vous allez v'nir avec moi, môsieur "Je-parle-bien", s'enjoua le shérif qui le prit par une épaule.

- Un dernier détail reste toutefois à éclaircir..., reprit l'étranger.

- Allons bon ! Vous auriez dû vous présenter comme shérif !

- Et qui vous dit que je n'en suis pas un, dans une autre ville... ?

  Le shérif ne put s'empêcher de le regarder avec des yeux ronds.

- C'est l'cas ? demanda-t-il, moins sûr de lui tout à coup.

- Avant cela, demandez plutôt qui j'aurais tué il y a quelques instants...

- Vous "auriez" tué ? s'étonna le shérif.

- Demandez..., répéta l'inconnu.

  Face à tant d'assurance, le shérif obtempéra.

- Rudy ! lança le shérif au barman. Tu peux témoigner qu'ce gars a refroidi ton fils ?

  Le barman n'osa même pas le regarder, trop occupé à essuyer ses fonds de verres.

- J'peux pas shérif...

- Comment ça tu peux pas ?!

- Bah c'est pas mon fils...

- Pas ton fils ?! Tu t'fous d'moi, là !

- Non, shérif...

- Et c'est qui alors si c'est pas ton fils !

  Après un très long silence, le barman se décida à ouvrir la bouche.

- Personne...

- Personne ?! Qu'est-ce tu m'chantes là !

- Moi, j'ai tout vu, tout entendu shérif !

  La voix provenait du fin fond de la salle. Une voix tonique mais éraillée dans les aigus. Dans un coin, un vieil homme se balançait d'avant en arrière sur son rocking chair...

- Egger ! Je savais qu'on pourrait compter sur toi !

  Le vieillard crispa sa barbiche en un sourire édenté et malicieux en agitant sa pipe d'une main.

- Allez, dis-moi tout, que j'les boucle ! reprit le shérif.

- Pit' le grincheux a commencé à chercher des noises à l'étranger et au gamin.

- Ah bon ?

- Le gamin était sans arme...

- Et alors ?

- Le gamin s'est défendu...

- Et alors ? répéta le shérif agacé.

- Ca a pas plu à Pit'...

- Egger ! cria le shérif à bout de patience.

- Pit' a sorti son revolver et il a commencé à tenir des propos bizarres...

- Quel genre de propos !

- Il a dit que sur sa croix, y'aurait marqué "Personne"...

- Personne ? répéta le shérif, déconcerté.

- Personne, répéta le vieux Egger.

  La salle retomba dans un bref silence.

- En d'autres termes shérif, le barman ne saurait témoigner pour la bonne et simple raison que je suis fautif de n'avoir tiré sur personne...

  Le shérif le regarda hébété. À voir son visage, il semblait évident qu'il était en proie à une réflexion dont il n'avait pas l'habitude. Devant la singularité de la scène qui se déroulait sous leurs yeux, les habitués ne savaient que penser, tout comme le shérif. Bien qu'ils étaient conscients qu'aucun d'entre eux ne voudrait témoigner, même pour soutenir leur ami Rudy, ils ne comprenaient pas comment cet étranger avait pu entourlouper le shérif aussi simplement...

- Ouais... bah, après réflexion... y'a quand même un mec refroidi dans ton bar, Rudy. Alors moi j'dis qu'c'est pas clair et qu'vous allez m'accompagner ! lança le shérif à l'attention de l'étranger.

- Je ne m'y soustrais pas, mon bon monsieur, déclara l'inconnu décontracté. Me permettez-vous cependant d'abuser de mon statut de shérif de Lubbock afin de télégraphier de mon impossibilité de reprendre mes fonctions avant quelques jours ?

  Le shérif opina du chef et se tourna vers l'un de ses adjoints.

- Shorty ! Tu l'conduis au télégraphe, qu'i fasse son truc et après tu l'mets en cellule !

- Ok, shérif, répondit le Shorty en question.

- Je vous remercie infiniment pour votre geste, shérif. Vous ne le regretterez pas ! déclara l'étranger, tout sourire.

Le shérif, le regarda encore un instant d'un air perplexe, en silence, avant de lui répondre :

- Bienvenue à El Paso...

  Puis il tourna les talons et prit le chemin de la sortie, suivi par ses adjoints.

- J'espère que leurs cellules sont confortables, je n'ai pas eu le temps de trouver une chambre à louer... dit l'étranger en ajustant son costume.

- Vous m'avez mêm'pas dit vot' nom... ! dit le gamin, déçu.

- Tu ne m'as pas dit le tien non plus, mon garçon, répondit l'étranger en clignant de l'oeil. Ce fut malgré tout une fort bonne conversation...

  Il vida son verre cul-sec et rejoignit l'adjoint en faction.

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