Semaine 15 - À plus dans l'bus

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Quand le bus de la ligne trente six desservit l’arrêt auquel il attendait patiemment, Martinez y monta avec une certaine nonchalance. Après avoir passé son titre de transport sur l’énième machine jaunâtre, il s’assit à l’avant du bus, sur un siège tournant le dos au chauffeur. De là, il avait une vision dégagée sur l’ensemble de l’intérieur du véhicule.

Ce nouveau déplacement en bus avec le centre-ville pour destination devenait une routine pour le trentenaire. Martinez ne disposait pas d’une vie particulièrement palpitante. À peu de chose près, cette dernière aurait pu être cataloguée au classique « Métro, boulot, dodo ». En fait, les balades intermittentes en ville étaient les seuls éléments empêchant la vie de Martinez d’être ainsi classifié. Ça et le fait qu’il ne prenait pas le métro mais le bus.

Rien ne semblait indiquer que ce déplacement serait légèrement différent des autres.

Il jeta des coups d'oeil aux autres passagers du bus : un vieillard souriant, une femme au téléphone et un jeune en blouson noir jouant les Marlon Brando du pauvre. Pour compléter le tableau, Martinez aperçut en fond de bus un visage familier : Marcus, un ancien camarade et ami de lycée. Il ne l’avait pas vu depuis la fin des grandes vacances qui avaient suivis l’obtention de leur bac. Il se rendit alors compte que les années passaient vraiment trop vite : hier lycéen, aujourd’hui trentenaire. Marcus quant à lui, oreillettes vissées dans les oreilles et les yeux rivés sur son smartphone, ne remarqua pas cet observateur qui fut autrefois un ami.

Martinez se mit à cogiter. Quelque chose l’empêchait de se lever pour aller saluer Marcus, même s’il en avait particulièrement envi. Tous les deux ne s’étaient pas parlé depuis presque quinze ans.

Commença alors le jeu du « et si » :

« Et s’il m’avait oublié depuis le temps ? » « Et si jamais je le dérangeais ? » « Et si il ne me reconnaissait pas ?»

Et bien sûr le pire de tous : « Et s’il n’avait pas l’envi de me revoir ? »

Ces questions se chevauchèrent dans sa tête, l’empêchant de passer à l’action. Quand le bus freina devant son arrêt, ce fut un Martinez bien dépité et déçu de lui-même qui en sorti. Il commença à marcher sur le trottoir, jusqu’à atteindre l’une des fenêtres arrière du bus. Il lança un dernier regard à cet ancien ami.

Mais cette fois si ses yeux croisèrent ceux de Marcus. Ce dernier afficha d’abord un visage étonné. La surprise passée, il envoya un sourire ravi à celui qu’il avait parfaitement reconnu. Martinez le lui rendit tout de suite. Cette agréable partage s’interrompis quand le bus repris sa route.

Etonnamment, il ne fut pas déçu de ne pas avoir trouvé le courage d’aller parler à son ami. Ce cours échange, sans l’ombre d’un mot, lui avait au final parfaitement suffit.

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