Semaine 14 - Papa Teïrnel

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Trévis Teïrnel vient de vivre la journée la plus lucrative de sa vie. Selon les standards économiques de son époque, il a plus que réussi son coup. Il s’apprête à quitter les États-Unis pour enfin rentrer en France, où il fêtera, sans aucun doute, l’événement plus que dignement. Bientôt il reverra sa mère, sa sœur ainsi que de vieux amis ! Et son père…

En repensant à ce dernier, Trévis revient sur un sombre constat : il l’a toujours détesté.

Il se souvient de l’école primaire et des devoir à réaliser à la maison le soir. Il avait horreur de ça, parce que son père insistait pour les relire avec lui à chaque fois. Le geste en lui-même ne posait pas problèmes, à l’inverse des réactions que son géniteur pouvait avoir. Par exemple, quand Trévis commettait une ou plusieurs erreurs sur un exercice de maths, son papa s’emportait. Même chose quand il ne comprenait pas une explication paternel : son père s’énervait toujours, traitant son fils d’idiot, d’imbécile ou d’autres expressions définissant une absence de jugeote. Ce manque de patience attristait vraiment le petit garçon.

Puis arriva le collège. Jusque là élève assez correct, les résultats scolaires du jeune adolescent descendirent massivement de la sixième à la troisième. Plus les années passaient et plus son désintéressement pour les cours s'accroissait. Bien-sûr, son père avait cela en horreur. Il ne manquait presque jamais une occasion de le bassiné avec sa nullité scolaire.

Si beaucoup de parents avaient tendance à encourager leur progéniture à s’améliorer par différentes remarques, celle du père de Trévis produisait l’effet radicalement inverse. Et quand le papa était à bout, ses paroles faisaient l' effet de coups de poignards pour son fils : « Honte de la famille », « Nullard », «Tu finiras clochard ».

Enfin, Trévis entra au lycée. Premier et unique redoublement pour l’adolescent complètement perdu dans une classe de seconde non faite pour lui. Il voulu par la suite s’orienter vers une filière littéraire. Son père l’en dissuada. Pas en lui interdisant radicalement, mais en le démotivant complètement.

Ce qui, aux yeux de Trévis, est aujourd’hui bien pire.

Après avoir suivi pendant trois ans une filière « science et technologie du management et de la gestion » ne l’ayant jamais réellement passionné, il opta par dépit à poursuivre ses études en BTS de gestion. Résultat des courses : Il ne tint qu’une petite année dans le cursus. Quand son père apprit cette abandon, il eut, aux yeux de Trévis, les mots les plus durs à son égards : « Tu n’es capable de rien ! DE RIEN ! ». Ces paroles restèrent coincées plusieurs jours dans la caboche du jeune homme.

Trévis se débrouilla ensuite pour trouver un petit boulot purement alimentaire que son père aurait qualifier de « boulot de crevard » si il l’avait su. Mais il ne fut jamais au courant. Car, sans crier gare, son fils se fit la malle du domicile familial ... Dans la tête du déserteur, un seul objectif : « réussir sa putain de vie ». Il s’installa d’abord chez un ami. Puis, grâce à ses modestes revenu, put louer un appartement miteux.

La chance vint alors frapper à la porte de Régis : dans le fast food dans lequel il travaillait, il rencontra un jeune homme qui devint vite un ami particulièrement précieux. Ce dernier avait de nombreuses ressemblances avec lui, dont la plus grande était qu’il n'avait pas gâté par les études. Ils aimaient aussi tous les deux créer, et ce fut en toute logique que les deux compères se mirent à œuvrer rapidement sur un projet commun : un jeu pour mobile.

L’idée ne fut pas d’élaborer la prochaine application hyper tendance qui leur rapporterait le jackpot, mais simplement de passer un bon moment en faisant ce que les deux amis aimaient faire. Rien de plus.

Et pourtant… Une fois leurs projets conclu et mis en ligne, le succès COLOSSAL fut au rendez-vous. Après plusieurs années à s’être enrichi sur leur réussite, les deux amis décidèrent, après moulte réflexion, de vendre l’application à l’acheteur le plus offrant.

Retour au présent. Régis fixe le chèque au montant astronomique qu’il vient d’acquérir. Il reverra bientôt son père et lui annoncera sa réussite. Il sait que malgré tous les mauvais moments, son père l’a élevé, nourrit et aimer malgrès tout. Il pourrait donc faire l’effort de pardonner. Mais il ne peut pas, ou plutôt n’en a absolument aucune envie. Il sait qu’il a tort et il n’en a cure. Il ne peut s’empêcher de haïr son père de tout son être et ça ne risque pas de changer de sitôt. Le petit angelot sur son épaule gauche peut cette fois-ci aller au diable, Régis n’écouterait que le petit démon de son épaule droite.

Quand il reverrait son chère papa, il ne lui dirait pas bonjours, pas « comment ça va » mais simplement : « J’ai réussi, J’AI RÉUSSI VIEUX CON ET JE T’EMMERDE D’UNE FORCE ! »

Puéril, immature, stupide, MAIS FOUTREMENT SATISFAISANT.

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