Semaine 6 : La dernière page, partie 1

5 minutes de lecture

Elle contemplait ce plafond blanc. Cette couleur blafarde était on ne peut plus déprimante pour Catherine. En plus, ce serait vraisemblablement sa dernière vision avant d’y passer. Oui, cela l'attrisait beaucoup, peut être même plus que de rendre l'âme prochaînement.

La leucémie avait été diagnostiquée très tôt. Ce qui, selon les médecins, était une très bonne chose.

« Plus tôt la maladie est découverte, mieux c’est. Ça met toutes les chances de votre côté.»

« Grâce aux traitements, vous vous en sortirez, vous verrez !»

« On fera tout ce qu’on peut pour vous aider Catherine »

Toutes ces paroles n’avaient malheureusement été que de simples mots, rien de plus. Les résultats n’avaient pas suivis les promesses, et aujourd’hui, Catherine était dans la phase terminale de la phase terminale.

Elle qui, il n’y a pas si longtemps, avait encore un visage rond rayonnant munis d’une longue chevelure brune, arborait maintenant une tête squelettique, démunie de cheveux et aussi pâle que ce « putain de plafond ». Dire que cette maladie lui avait fait perdre du poids serait un euphémisme. Elle était fatiguée. Profondément et très inconfortablement fatiguée.

Pourtant, Catherine s’était fait à cette fin inéducable qui ne tarderait pas à venir la cueillir de sa longue faux. Elle ne l’acceptait pas pleinement pour autant d’un point de vue spirituel. Loin d’être une grenouille de bénitier, elle avait tout de même grandit dans une famille chrétienne et baignait dans la religion depuis toute petite. Elle croyait réellement en l’existence d’un Tout-Puissant. D’ailleurs elle remettait grandement la façon de faire de ce dernier en question.

Elle qui n’avait jamais fait de mal à personne, s’était majoritairement conduite de façon cordiale et amicale, pourquoi devait-elle mourir ? Peut-être que ce dieu en qui elle croyait n’était pas rempli de bonté, peut-être qu'à l'inverse il était vengeur et cruel. Cela expliquerait bien des choses.

Mais une question demeurait toujours sans aucune piste de réponse pour Catherine : pourquoi si l'alpha et l'oméga existait, récompensait-il les mauvaises personnes ?

Elle repensa alors à une ancienne connaissance, Hugo Croux : « Un parfait trou du cul » selon elle. Quand ils étaient au lycée tous les deux, il prenait un malin plaisir à constamment se moquer d’elle avec ses copains. Ils passaient le plus clair de leur temps à la harceler en la traitant de « p’tite grosse », de « gros thon », « d’imbaisable » et bien d'autres nom d’oiseaux.

Hugo était le meneur de ce petit groupe. Il découlait de toutes ses actions une grande fierté pour le jeune homme. Catherine quant à elle, tenait le coup. Elle qui croyait au karma était persuadé que ceux de ces garçon, et plus particulièrement celui d’Hugo, allaient leur jouer un sacré tour.

« Tu parles… » pensa très fort Catherine.

Non seulement Hugo se portait toujours comme un charme, mais il fut en plus récompensé.

En effet, en terminale, Catherine écrivait souvent des histoires lors des temps de pauses, elle qui rêvait de devenir romancière. Un jour, Hugo, accompagné de sa bande, attrapa l’un de ses textes. L’adolescent jeta un oeil à ce qu'il avait en mains. Il fit même plus que ça, il lut la courte nouvelle dans son intégralité. Puis, il releva la tête vers Catherine. Pendant un bref instant, elle vu dans les yeux du garçon qu’elle détestait le plus au monde une forme d’admiration sincère pour ce qu’il venait de lire.

À la suite de quoi son visage repassa en expression de mépris moqueur.

  • R’gardez ça les, mecs. La truie s’prend pour Molaire !
  • Molière tu veux dire, abruti. répondit Catherine sèchement.
  • Ta gueule, sale pute ! rugit Hugo en déchirant le texte violemment. Le travail de l'écrivain en herbe était à présent à ses pieds, en plusieurs petits bouts de papiers.

Après quoi, lui et ses amis sortirent de la salle de classe en riant aux éclats. Catherine, quant à elle, attendit que la bande soit le plus loin possible pour verser plusieurs larmes, les yeux rivés sur son texte en lambeaux.

Malgré cet acte détestable, le pire était encore à venir. Huit ans plus tard, alors au début de sa maladie, elle travaillait sur son premier roman avec passion et assiduité. La radio du salon de son petit appartement diffusait une émission littéraire, une sorte de simili masque et la plume avec des invités écrivains. Elle l’écoutait d’une oreille tout en rédigeant. Quand, une parole du présentateur capta toute son attention :

  • Nous accueillons maintenant un jeune romancier fort prometteur. Il vient de sortir son premier roman, « La cage de la souris » qui fait un véritable carton en librairie : Hugo Croux !
  • Bonjour Patrick, je suis ravis d’être avec vous ce soir. Dit une voie riante que Catherine ne connaissait que trop bien.

C’était bien l’Hugo Croux de ses souvenirs qui passait à la radio, dans une émission de littérature. Catherine n’en croyait pas ses oreilles. Elle voulait que ce ne soit qu’une hallucination auditive. Mais c’était bel et bien « ce gros enfoiré » qui passait sur les ondes.

Le présentateur, avant de poser divers question à son invité, fit un bref résumé du roman d’Hugo. Quant il eu conclu son synopsis, Catherine n’en revenait pas : ce qu'elle venait d'entendre était le résumé du texte qu'Hugo avait déchiré des années plus tôt ! Et ce n’était pas tout : en plus de lui avoir volé ses idées, il déblatérait maintenant un tissu de mensonges à la radio, suite à une question du présentateur :

  • Quand j’étais au lycée, il y avait des garçons qui passaient leurs temps à harceler certaines personnes. J’ai toujours trouvé ça ignoble et c’est ce qui m’a beaucoup inspiré pour créer le personnage principal de mon histoire : un persécuté qui fini par devenir un persécuteur à cause de ses anciens assaillant.

« Sale petit enfoiré de merde, raclure de fond de chiottes, ça t’as toujours révulsé ?! C’ÉTAIT TOI LE CHEF DE MEUTE DES BLAIREAUX !!! RACLURE INFÂME ! RÉSIDU DE CAPOTE ! »

Oui, Catherine ne manquait pas de mots pour définir ce qu’elle pensait d’Hugo à ce moment là. Elle qui pensait ne jamais pouvoir le haïr davantage …

Le lendemain, elle se rendit en librairie pour trouver le livre de « Monsieur Croux ». Refusant de l’acheter, elle le lut sur place. Son ressenti fut particulièrement cinglant : elle trouvait ce roman horrible. Non seulement Hugo lui avait volé son idée, mais il en avait fait un texte cousu de fils blancs, pompeux et racoleurs. Le pire dans cette affaire, c’était l'exellent accueil du public et son succès critique !

Malgré certaines critiques virulentes de le presse spécialisé allant pourtant en son sens.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 8 versions.

Vous aimez lire Garou T. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0