Semaine 2 : le chemin

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Mickaël est bien embêté ; en chemin pour un entretien d'embauche, sa voiture s'est arrêtée net. Cette halte imprévue ne résulte pas d'un manque d'essence, puisqu'il a fait le plein il y a à peine une demi-heure.

La fumée qui commence à s'échapper du capot du véhicule ne le rassure pas. Mickaël s'apprête à appeler une dépanneuse, quand son regard trouve un panneau indiquant, ôh miracle, un garagiste à deux cent mètres ! Tout n'est peut-être pas perdu, il pourra sûrement faire réparer sa voiture et reprendre rapidement la route. D'autant que Kerousse n'est plus très loin ! Il s'empresse donc d'abaisser le frein à main et de pousser cette dernière jusqu'au fameux entrepôt où il espère trouver l'aide nécessaire pour nuire à son problème de véhicule.

Une fois sur place, Mickaël constate la petite taille du garage ainsi que son état un brin piteux : les mûrs sont recouverts d'une peinture sentant le vécu à plein nez, et la grande porte métallique menant à l'atelier légèrement rouillée et cabossée, témoigne d'une jeunesse assez lointaine. Il commence à se dire que cet endroit est peut-être à l'abandon, quand une personne, sortant de ce qui semble être l'accueil du garage, vient à sa rencontre. C'est un homme assez agé, portant un bleu de travail teinté de tâches de rouille, abîmé et décousu. Ses cheveux gris gominés laissent apparaître un front en sueur, marque ultime du travailleur.

  • Bonjour l'ami ! lui lance-t-il d'un ton jovial. Alors qui c'est ti que j'peux faire pour vous ?

Cette gentillesse apparente rassure Mickaël. Le garage semble bien ouvert. Cet homme, à l'air sympathique, va sûrement pouvoir l'aider.

  • Et bien voilà monsieur, ma voiture est tombée en panne. Je suis bien embêté, je dois impérativement arriver à Kerousse avant ce soir, j'ai un entretien d'embauche demain matin...
  • Ha, je vois. Et bin j'vais jeter un oeil à votre voiture tout d'suite.

L'homme s'avance afin d'inspecter le véhicule. Il en soulève le capot, regarde et tripatouille à l'intèrieur cinq longues minutes. Il gonfle les joues, affiche un visage dubitatif, et lâche trois "po" à rythme régulier.

Trois notes qui font tout de suite déchanter Mickaël :

  • Il y a un problème ?

Évidemment qu'il y en a un, la tête de son interlocuteur veut tout dire :

  • Bah c'est le sale état là-dedans. Il va me falloir un bon jour pour réparer tout ça vu l'travail que j'dois faire à côté. J'vous aurais bien accompagné moi même jusqu'à Kerousse, mais j'peux pas, j'suis seul ici jusqu'à demain, j'dois gérer la boutique...

C'est fichu, Mickaël ne pourrait pas se rendre à cet entretien si prometteur.

  • C'la dit, reprit son interlocuteur, vous pouvez toujours marcher. z'êtes à quoi, vingt kilomètres de Kerousse ? C'est faisable à pied.
  • À pied ? Il faut voir... Je ne connais pas le chemin et je...

Le vieil homme le coupe :

  • Vous inquiétez pas, j'vais vous montrer. Suivez moi.

Mickaël emboîte donc le pas de son guide, jusqu'à l'arrière du garage. Deux longs chemins leur font maintenant face, l'un passant par une luxuriante clairière, l'autre par une forêt sombre.

Le vieil homme indique le second chemin :

  • Prenez c'chemin, au bout d'huit-cent mètres vous tomberez sur un ancien cimetière indien où se sont déroulés des actes d'cannibalisme. Ensuite continuez tout droit, vous n'tarderez pas à voir une cabane. Ouais, une vieille cabane maudite. Il paraît qu'une sorcière y a vécu au dix-septième siècle et qu'elle paralysait ses victimes avant d'leur arracher l'coeur. Z'ont jamais pu l'arrêter à l'époque, paraît même qu'elle erre encore dans la forêt. Puis tournez à gauche jusqu'à une intersection, où a eu lieu il y a cent ans jour pour jour l'alliance d'un vampire et d'un loup garou. On dit qu'i' z'ont pillé, violé et dépecé tout un village. Après ça prenez à droite jusqu'au campement d'gitans. Y vous laisserons passer que si vous répondez correctement à une énigme. En cas de défaite, ils vous maudiront. Le dernier à avoir répondu à côté de leur questionette s'est mis à pisser du sang et à vomir du purin ! Continuez à droite et pi c'est tout droit jusqu'à Kerousse.

Mickaël n'en revient pas. Le moins qu'on puisse dire c'est que le discours de cet homme lui a fichu une sacrée chair de poule. Il n'a plus tellement envie de se risquer sur cette petite route. Il regarde le chemin d'à côté un moment. Il semble bien plus accueillant, mais il n'est pas celui qu'il doit emprunter, malheureusement. Ses yeux se posent donc à nouveau sur le «bon» parcours.

Il prend son courage à deux mains et se lance sur cette route pas reluisante pour un sou.

Le vieil homme le regarde s'éloigner jusqu'à ce que sa silhouette disparaisse dans les ombres de cette forêt noirâtre. Une pensée lui vient alors. Il tourne sa tête vers l'autre chemin et exprime son doute :

  • À moins qu'Kerousse ce soit par là...

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