SANS SUITE 54/ Jour 9 : Romantisme

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Lukas n’est pas sur la terrasse. Bien, il doit s’impatienter sur le canapé du salon. Mais il n’est pas là non plus. Bon, il ne va pas tarder à se montrer, alors, en attendant, je bois un grand verre d’eau fraîche, règle l’horloge de mon téléphone pour me réveiller demain matin et comme l’objet de mon stresse ne daigne toujours pas se montrer, je me rends aux toilettes. Pas de bruit suspect, si ce n’est le ronflement des climatiseurs. Je n’ai plus qu’à me démaquiller puisque mon intuition féminine me joue de grosses farces.

Ma main ferme la porte de la salle de bain quand mon regard est attiré en direction de ma chambre. Une lumière incandescente rouge-orangée filtre à travers la petite vitre qui surplombe le chambranle. Lukas ! Il est étendu sur mon lit, sous la moustiquaire, en train de lire avec assiduité sur son téléphone-ordinateur. Il ne m’a même pas remarquée.

Je pénètre dans ma chambre quand me vient l’idée qu’il a peut-être trouvé mon roman ! Je fouille dans l’armoire, à la recherche de mon portable. Ouf, il n’a pas bougé. Je pivote vers lui et remarque alors les bougies allumées ; voilà l’explication de ces lueurs ! Un léger parfum de vanille s’est diffusé dans toute la pièce, c’est agréable, doux, chaleureux. Cet homme magnifique, allongé sur ma couette, me dévisage avec curiosité, un sourire radieux sur les lèvres, pendant que je le regarde avec suspicion :

— Que fais-tu là ?

— Je t’attendais, pardi !

— Dans quel but ?

— Assouvir un désir commun. Et conclure notre... relation en beauté.

Je suis incrédule.

— Notre relation ?

— Oui, je n’ai jamais partagé de relation sexuelle suivie ; cela ne m’intéresse pas. Cependant, notre aventure y ressemble, n’est-ce pas ? Grâce à toi, je pourrai dire que j’en ai fait l’expérience, juste une fois.

Comment dois-je le prendre ? D’une certaine façon, je suis l’élue, celle qu’il a choisie pour se laisser aller à de nouvelles découvertes. Un rire nerveux m’échappe ; l’élue, moi, l’esclave du Maitre, jouet sexuel, voire pire, son cobaye ! Forcément, puisque je ne suis qu’une expérience ! Toujours aussi calme, il me charme de son sourire. Il est vraiment très fort quand il s’agit d’obtenir ce qu’il convoite :

— J’espérais juste te faire des adieux dignes de ce nom. Pas comme ceux auxquels tu as eu droit avec Mickey, en pleine rue, devant son vieux tacot.

Il cherchait à m’apaiser là ?

— Tu nous épiais ?

— Vous étiez juste devant ! Je ne te ferai pas pleurer, moi.

— Lukas !

Je n’en reviens pas ! Il n’en a pas perdu une miette ! Pourtant, ça ne le regardait pas ! Il s’est encore une fois immiscé dans mon intimité et dans celle des autres ! Quel manque de respect pour les gens qui ont un cœur et éprouvent des émotions !

En colère ; je le foudroie du regard. Lui, imperturbable, ouvre la moustiquaire et noue ses doigts aux miens pour m’attirer sur le lit. Je reste immobile. Pas question. J’ai tenu bon jusque-là, je ne vais pas lui céder maintenant. Qu’il est beau ! Il ne porte que son boxer et m'offre un spectacle éblouissant de son corps musclé et bronzé. Je parviens toutefois à lâcher ses mains et me tourne pour ôter mes vêtements.

— Un strip-tease ? Quelle bonne idée ! Attends ! Arrête-toi quelques minutes. S’il te plait, Carly.

Je râle. Ma volonté commence à flancher. Les premières notes de Be together, de Major Lazer, s’échappent des hauts parleurs de son téléphone. J’adore cette chanson, et la voix de la chanteuse, mêlée à la musique dégage une telle sensualité ! Je me suis débarrassée de mes chaussures, de mon brésilien ; il ne me reste plus que ma robe et mon soutien-gorge. Tentée par l’idée érotique de Monsieur Perfection, je quitte mes derniers habits avec lenteur. Cependant, ma colère contre lui n’est pas encore assez retombée pour que je me mette à danser nue.

— Si tu as décidé de passer la nuit ici, ce n’est pas moi qui pourrais t’en empêcher. Alors, fais comme tu veux, mais laisse-moi dormir.

— Tu n’es pas drôle. Je ne veux pas dormir, Carly.

Moi non plus. Pourtant, je m’allonge sur le ventre, tête vers l’extérieur, couverture remontée sous le menton. Il soupire. Va-t-il s’en aller ?

Il remue. Il rejette la couette et m’escalade ! Pour s’assoir sur moi. Ça y est, je m’abandonne. Définitivement quand je l’entends s’emparer d’un flacon et que ses mains huilée glissent sur ma peau, caressent mes épaules et délivrent un parfum enivrant de karité.

Malgré tout, je suis bien décidée à lui donner du fil à retordre. Immobile, je me laisse aller à une douce quiétude ; je prends garde à n'émettre aucun son. Il se demande peut-être si je me suis endormie. Ce qui me permettrait de ne pas succomber à la tentation, mais ai-je vraiment envie qu’il se lasse ? Les légères pressions qu’il exerce sur tout mon dos commencent à détendre mes muscles tendus, surtout à la base de mon cou, où mes idées noires s’envolent en fumée pour laisser place à des sensations de bien-être. Je savoure le frôlement de ses doigts sur mes hanches, et ne râle pas lorsqu’ils passent entre mes fesses pour trouver de chaque côté l’aine de mes cuisses. Ils poursuivent leur chemin sur toute la longueur de mes jambes, toujours avec douceur après qu’il les ait écartées pour s’assoir. Je sursaute :

— Pas les pieds !

— Vraiment ?

Il en attrape un avant que je n’ai eu le temps de m’échapper et gratte entre les orteils. Un rire sonore jaillit de ma gorge et je me débats pour l’obliger à lâcher prise. J’obtiens satisfaction et me retourne pour lui faire face. C’est alors qu’il ôte son caleçon que je remarque son sexe gonflé, coincé sous sa protection de latex. Il se penche au-dessus de moi, de tout son long et, sans quitter son sourire amusé, il murmure à mes lèvres :

— J’adore t’entendre rire. Ça me donne envie de rire aussi, et de te croquer.

Il s'exprime avec une telle douceur, son regard semble si sincère et ses lèvres si gourmandes que de petits picotements me taquinent entre les jambes. Pour confirmer ses dires, il pince ma lèvre avec ses dents.

Puis il se redresse, laisse couler quelques gouttes d’huile entre mes seins, sur mon ventre, et sur mes cuisses. Le massage reprend. C’est chaud, doux, exaltant. Je me cambre lorsque ses mains glissent autour de mon sexe. Leur descente à l’extérieur de mes cuisses calme un peu mon excitation, mais la pause est de courte durée et je frémis quand elles remontent sur tout l’intérieur. Au moment où elles atteignent à nouveau les contours de mes petites lèvres, mes halètements doivent être perceptibles par de-là les murs de la chambre.

J’étouffe un cri lorsque l’un de ses doigts s’immisce en moi. Il s’étend à nouveau sur moi, s’empare de ma bouche, tandis que son membre s'enrobe de ma moiteur avant de me pénétrer avec une pointe de retenue. Je me tords, j’en veux encore ; j’en veux plus.

Je sais. Je cesse de bouger et lui demande de se retirer. Il est surpris, mais il m’écoute. Je me remets sur le ventre et relève les hanches. Il a compris ; je l’entends respirer fort ; il caresse mes fesses avec délicatesse, les embrasse. Son sexe retrouve le mien. Lentement, il me pénètre à nouveau. Juste au bord. Comme j’aime. Comme il aime. Comme nous aimons tous les deux. J’entame un roulement des hanches, langoureux. Pour l’instant, il se contente de râler mais suit mon rythme, les mains posées sur mes fesses, comme pour me retenir de trop approcher. Quelques secondes plus tard, ses doigts se baladent et rencontrent mon humidité, qu’ils explorent, furtifs. Quand ma danse prend vitesse et profondeur, ils s’énervent à leur tour. Nos respirations se font plus saccadées, plus lourdes. Ses râles deviennent rauques et mes gémissements de plus en plus prononcés. Les sensations atteignent maintenant les limites du supportable. Je ne vais bientôt plus pouvoir les empêcher d’éclater, de sortir de mes entrailles.

Fébrile, il se retire encore et me retourne, avant de s’enfoncer en moi, quelque peu brutal. Sa bouche se précipite sur la mienne, avide, puis ses yeux hagards fixés aux miens, il grogne, tel un animal. Chaque nouveau coup de rein nous apporte plaisir et volupté, jusqu'au moment où nos deux corps unis ne forment plus qu'un.

Il s’étend à mes côtés et me prend dans ses bras. J’apprécie la tendresse de ce geste inespéré chez cet homme ambigüe, et je savoure ce moment. Nos souffles repris, et sans me quitter des yeux, il me demande si j’ai aimé.

— À ton avis ? Tu n’as rien senti ? Tu ne m’as pas entendue ?

— Si, et je te remercie, pour tout ça. C’était vraiment… super.

Super n’est pas le terme que j’aurais employé, mais bon, venant de lui, c’est déjà beau. Pour confirmer, il m’embrasse, longuement, avec tendresse, en caressant mes cheveux et mes épaules, de sa main libre.

— Tu te souviens de la Grande Ourse ? me demande-t-il subitement. À partir de maintenant, tu penseras à moi à chaque fois que tu la chercheras.

C’est romantique, ça. Que lui arrive-t-il ? Et lui, il aura une pensée pour moi quand il verra cette étoile ? Ou y voit-il chaque femme à laquelle il a fait la même suggestion ? Partez, les idées noires ! Laissez-moi rêver au plaisir d’être aimée, juste une fois ! J'imagine : nous fixons l’astre au même instant, et nous nous remémorons tous les bons moments passés ensemble, malgré la distance qui nous sépare.

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