SANS SUITE 53/ Jour 9 : Ce n'est qu'un au revoir

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Le trajet se déroule dans le calme, je ne suis pas sereine. Sans pouvoir l’expliquer, je sais que Lukas sera là, caché dans le noir, sur la terrasse, à m’attendre pour m’apostropher une dernière fois. À l'inverse, s’il n’est pas là, il sera sans nul doute dans le salon, ou encore, il aura guetté l’arrivée du camion et prendra pour prétexte une subite soif qui l’aura obligé à se relever. Mon appréhension grandit au fur et à mesure que nous nous approchons de la villa.

Je passe en revue les évènements marquants de la soirée, et m'interroge toujours :

— Je ne comprends pas comment tu as pu parler ainsi avec Lukas, à plusieurs reprises et sans t'énerver.

Mickaël, les yeux rivés sur la route, sourit et réflechit quelques minutes avant de répondre :

— Peut-être aurai-je un jour l'occasion de te raconter.

— Il n'a quand même pas osé te dire ce que nous faisons, heu, au lit ? insisté-je, hésitante.

Mon cavalier pouffe alors de rire :

— Non ! Quand bien même, je n'aurais pas écouté ça. Ne t'inquiète pas, il n'a pas été désobligeant, envers personne.


Le véhicule à l'arrêt devant le portail, Mickaël, en parfait gentleman, m’ouvre la portière et me prend la taille pour m’aider à descendre. Les pieds au sol, je m'empresse de reculer. Je crains qu’il ne tente de m’embrasser encore, en guise d’adieu. Il m’a promis de ne pas recommencer, mais la tentation peut anéantir toute volonté ; j’en connais un rayon sur ce sujet. À peine à un pas de lui, mon regard rencontre le sien, triste à en pleurer. Comment faire pour écourter cet instant si douloureux ? Mon coeur se serre, et je ne veux surtout pas qu’il me croie indifférente à sa souffrance, alors que je suis responsable de son tourment.

— Je te fais encore mes excuses, Carly, pour le baiser volé. Ton riche man m'y a poussé tout à l'heure, mais j’en ai toujours envie. Je l’ai vu approcher, et j’ai eu l’espoir que tu ne me repousses pas, qu’il nous voit et qu’il s’en aille. C'était mieux que lui casser la gueule.

— Oublions ça et faisons comme s’il ne s’était rien passé. S'il te plaît, dis-moi juste une chose : que t’a-t-il dit pour que tu ne mettes pas ta menace à exécution ?

— Pour que tu cesses de te tourmenter avec ça : il m’a conseillé d’être patient avec toi. Il a ajouté que je suis l’homme dont tu as besoin. Ce sont ses mots ; je n’invente rien.

Je baisse la tête, incapable de m'expliquer la nostalgie qui me gagne.

Mickaël trépigne et prend une profonde inspiration avant de me regarder dans les yeux :

— Fais bon voyage, Carly. Je te préviendrai quand j’organiserai mon séjour en Guadeloupe. Promis.

Il n’attend pas ma réponse. Il m’enlace, je sens les palpitations de son cœur. Elles sont différentes ; il est ému. Moi aussi. Un noeud dans ma gorge m'empêche d’émettre le moindre son. Mes larmes coulent sans que je puisse les retenir, et il les éponge avec surprise quand il dépose de légers baisers sur mes joues. Il s’écarte alors et plonge à nouveau ses yeux verts brillants dans les miens :

— Ce n’est qu’un au-revoir, Carly. Je sais, c’est platonique. Au moins, je pars en sachant que je compte un petit peu pour toi et que j’aurai la chance de te revoir.

Une sorte de rire sanglotant s’échappe alors de mes lèvres, et je pleure pour de bon, cette fois.

— Il vaut mieux que j'y aille. À bientôt, Carly.

Il m’étreint encore, brièvement, puis monte dans son camion et s’en va, sans un regard en arrière. Il a raison ; c’est mieux comme ça.

Je sèche mes larmes de mes deux mains, que j’essuie ensuite sur ma robe. Puis j’inspire un grand coup. Je veux faire le vide dans ma tête, mais une petite voix me rappelle que ma soirée n’est pas encore terminée et que je dois encore affronter Lukas. L’avantage du manque de sommeil qui se fera ressentir demain, c’est que je n’aurai aucun problème pour m’endormir dans l’avion, et que mes sombres pensées resteront là où elles sont le mieux, c’est-à-dire, ici, en métropole !

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